Chapitre 10
Après mon entrevue avec Léo je rejoins mon domicile et je m'écroule dans mon lit, le sentiment d'être vide.
C'est comme si tous mes muscles avaient cessé de fonctionner. Comme si je n'étais plus vraiment là à l'instant présent.
Comme si j'habitais pas réellement ce corps. Comme si je n'étais plus mettre de mon destin et que je n'étais seulement spectateur.
Cette sensation ce n'est pas la première fois que je la ressens. La première fois qu'elle m'a rendu visite c'était après le déménagement, après que mes parents m'ont séparé de Jules.
Je me sentais extrèmement seul et j'avais l'impression que personne ne pouvait combler le manque de mon seul ami.
Aujourd'hui, tous ces sentiments reviennent à la surface suite à la conversation que j'ai eu avec mon copain.
Je n'arrive pas à gérer le fait que ses parents l'aient rejeté alors que moi ils m'ont accepté avec le temps.
Je me sens inutile. Je ne sers à rien, je ne suis même pas capable de réconforter mon petit-ami dans ce moment difficile.
Je me sens responsable de son malheur, c'est moi qui l'ai incité à révéler son homosexualité et maintenant il souffre par ma faute.
Je ressens de la culpabilité au sujet du rejet de ses parents à son égard alors que je n'y suis pour rien.
Je ne peux m'empêcher de me sentir fautif. Il ne mérite pas d'être mis à l'écart, de ne pas être aimé pour la personne qu'il est réellement.
C'est un homme avec un grand cœur, toujours là pour les gens qu'ils aiment. Il se dévoue à ses proches et les laisse toujours passer avant lui. Il est d'une générosité sans faille.
Avec lui la vie est plus facile, plus légère. C'est comme si on flottait en continu sur des nuages avec lui.
Comme si tous les défis et rêves les plus fous étaient possibles. Il est d'un optimisme déconcertant et c'est ce qui me plaît chez lui.
Il essaye toujours de voir le bon côté des choses. Il essaye toujours de te faire rire, il a toujours une attention affectueuse à ton égard.
Il est toujours là pour toi, quoi qu'il arrive.
Ce sportif, borné, maladroit et blageur a conquis mon cœur. Il m'a accepté, il m'a donné confiance en moi et il m'a prouvé qu'on pouvait m'aimer.
Il m'a montré que ma vie n'était pas forcément destiné à la solitude. Avec lui, je me suis révélé, je me suis découvert à ses côtés et je continue chaque jour d'en apprendre davantage sur moi et sur les autres.
Sans lui, je ne serai pas devenu l'homme que je suis devenu aujourd'hui.
Si je n'avais pas croisé son chemin, je doute que j'aurai connu l'amour.
Je ne suis pas sûr que s'il n'avait pas été là au bon endroit au bon moment notre histoire aurait pu se concrétiser.
Lorsqu'il a rompu avec moi au bal du lycée j'étais anéanti. Ne pas l'avoir à mes côtés, ne pas avoir son soutien, ne pas le sentir prêt de moi après notre rupture m'a détruit.
J'étais inconsolable, exactement pareil que le jour du déménagement, le jour où mon chemin s'est éloigné de celui de Jules.
La seule différence c'est que lors de ma rupture avec Léo, mes amis m'ont soutenu et m'ont aidé à aller mieux et aller de l'avant.
Sans eux, je me serai retrouvé dans le même état lamentable où j'ai du faire mes adieux à mon ami d'enfance.
Aujourd'hui je me rends compte de la chance que j'ai d'avoir mes proches à mes côtés. Je leur en serai éternellement reconaissant d'être présent pour moi alors que de nombreuses fois je ne l'ai pas été pour eux.
En particulier mes parents qui ont tant donné pour satisfaire tous mes besoins.
Mais à l'époque malgré tous leur effort, un seul ne pouvait être rempli : celui d'être aimé par la personne élu par mon cœur.
Cela personne ne pouvait parvenir à le combler.
J'en ai tellement voulu à mes parents mais surtout à mon père du déménagement qui m'a séparé de Jules que je les effaçais de ma vie pendant un certain temps.
Je les ignorais, je les voyais le stricte minimum c'est à dire uniquement pendant les repas. Et pendant ces déjeuners, je n'échangeais pas un mot.
Je savais que mon silence les faisait souffrir. Je savais que les mettre à l'écart les rendait malheureux.
Et je voulais qu'ils aient mal comme moi j'avais mal de la perte de Jules.
Ils n'avaient pas le droit de m'éloigner de Jules qui était la seule chose de bien qui était arrivé dans ma vie.
Ils n'avient pas le droit de m'éloigner de ma seule source de bonheur.
Ils n'avaient pas le droit de m'éloigner de la personne que j'aimais le plus au monde.
Sans lui, j'étais perdu. Sans lui, je redevenais le garçon timide, bizarre, qui bégayait et qui avait peur des gens.
Je redevenais le garçon que l'on embêtait à l'école, le garçon que l'on martyrisait et harcelait.
Et cette fois-ci je n'avais plus mon chevalier pour venir à ma rescousse. Je devais me débrouiller tout seul dans ce monde qui me reniait.
J'étais seul sans soutien. Je n'avais personne pour me distraire. Je n'avais personne pour me faire rire. Je n'avais personne pour être avec moi à la récréation, en classe, ou en dehors.
La seule chose qui m'accompagnait était ma peine, ma tristesse de la perte de mon ami d'enfance.
J'étais d'un chagrin permanent lorsque que l'on me l'a arraché. Je n'avais plus aucune raison d'aller à l'école. Ni aucune raison de me lever chaque matin.
Je le faisais par automatisme mais ce n'est pas moi qui contrôlait mon corps. Moi je n'étais pas là.
Dès l'instant où j'ai quitté ma maison, le vrai Aloïs est resté là-bas. Le garçon qui était heureux, qui arrivait à vaincre ses peurs au fil du temps à disparu.
Je les laissais m'attaquer sans lutter. Je les laissais m'envahir. Je les accueillais avec plaisir sans les repousser.
A quoi bon lutter quand la seule personne qui me le permettait n'était plus là ?
Je me laissais donc sombrer. Sombrer jusqu'à ne plus reconnaître l'image que je renvoyais dans le miroir.
J'avais la peau sur les os, des cernes énormes, la peau pâle, je faisais peur à voir. Je me dégoutais. L'image que je renvoyais me répugnait.
Je n'avais plus le courage de me regarder dans une glace tellement j'avais honte de m'être laissé aller. Je ne faisais plus aucun effort pour paraître présentable aux yeux de tous.
Mon moral, ma santé périssaient à petit feux. Et les seuls responsables étaient mes parents.
J'étais le seul capable d'inverser la tendance et de faire en sorte d'aller mieux. Mais je ne pouvais pas guérir. Je ne pouvais pas remonter la pente alors que je n'avais pas la force de me tenir debout.
A un seuil critique, mes parents ne m'ont pas laissé le choix et j'ai été hospitalisé de force. J'ai raté l'école un long moment, cela me dérangeait pas le moins du monde, c'était le seul point positif au fait d'être à l'hôpital.
Les médecins ont décrété que je souffrais d'une dépression sévère. Ils m'ont donné des antidépresseurs et m'ont conseillé d'aller voir un psy pour que mon état s'améliore.
J'ai refusé pendant un certain temps car je ne voulais pas avoir affaire avec cette personne du domaine médicale.
Cela aurait signifiait que j'étais dérangé dans ma tête. Cela aurait signifiait que j'étais fou. Cela aurait signifiait que j'étais tout sauf une personne équilibré. Cela aurait donné raison à mes camarades de classe qui me prenaient pour un malade mental.
Malheureusement, je me suis rendu à l'évidence que j'avais besoin d'aide. Malgré toute la souffrance que je ressentais, je ne pouvais continuer d'en vouloir à mes parents pour le déménagement. Il fallait que je me fasse aider et un moyen pour y parvenir était le psychologue.
Je suis donc aller à un premier rendez-vous, puis un deuxième, puis on a commencé à se voir toutes les semaines. Ce rituel que je considérais comme une contrainte au début est devenu libérateur.
Je sous-estimais le pouvoir de se confier sans être jugé. Cela enlève un poids énorme sur tes épaules.
Cette personne du domaine de la santé m'a aidé à remonter la pente étape par étape sans me presser. Cela a pris énormément du temps mais j'y suis parvenu.
Cela m'a permis d'être l'homme que je suis devenu aujourd'hui. Cela m'a permis de faire de merveilleuses rencontres et d'être entouré de fabuleuses personnes sur lesquels je peux m'appuyer pour avancer dans la vie.
Maintenant que je vais bien, que je me sens bien dans ma peau mon rôle est d'être présent pour les personnes que j'aime.
A commencer par Léo qui a besoin de moi. Je sais que je peux être à la hauteur, je sais que je peux essayer de réduire sa peine.
Je peux être la personne sur laquelle il peut compter. Cela je sais que j'en suis capable.
Pour lui, je serai là, je ne partirai pas et affronterai les obstacles avec lui qui seront au travers de sa route.
On forme une équipe, soit on gagne à deux soit on échoue. Il n'y a pas d'alternative possible.
~•~•~•~
Voilà le 10ème chapitre où on en apprend davantage sur le passé d'Aloïs :)
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