Le début du désespoir

-Le jeu ? répéta Miyû. Pour la cérémonie d'ouverture ?

Personne ne lui répondit. En fait, personne ne l'écoutait. Tout le monde était trop occupé à fixer l'ours et à se demander comment il avait fait pour parler.

-Ça doit être un animatronique, déduit Itona.

-Je ne suis pas un animatronique ! s'énerva l'ours. Je suis Monokuma, le principal !

Monokuma. Ce nom était répété comme un écho dans la tête de la fille aux cheveux blancs. Elle connaissait ce nom. Elle l'avait déjà entendu quelque part. Mais ce n'était pas possible. Elle devait se tromper.

-L'Ultime Tricheuse a parlé de cérémonie d'ouverture, dit l'ours bicolore. Sachez...Qu'elle a tort.

Un silence suivit ses paroles tandis qu'il fixait les lycéens de son abominable œil rouge. Tous étaient terrifiés, figés, incapable de parler jusqu'à que Karma s'avance.

-C'est quoi cette blague de merde ? demanda-t-il.

-Ce n'est pas une blague. Vous êtes réellement enfermés ici pour l'éternité, upupupu !

L'ancienne 3-A sentit ses jambes trembler puis lâcher. Elle se serait écroulée par terre si Gakushû ne l'avait pas rattrapé juste à temps. Elle ne le regarda même pas, les yeux grands ouverts par la peur. Elle tremblait tellement qu'elle faillit donner un coup au roux.

-C'est pour ça qu'il y a des plaques de métal, comprit Itona. Pour qu'on reste enfermer.

-C'est ridicule ! s'écria Rio, perdant son sang-froid. Laissez-nous partir !

-Oh, mais bien sûr.

Suite aux paroles de Monokuma, ils s'étaient sentis rassurés. Ils allaient rapidement sortir de cet endroit bizarre, rentrer chez eux, changer de lycée et....

-Seulement si vous tuez quelqu'un sans vous faire prendre.

Tuez

Ce mot frappa violemment les élèves. Ils se regardèrent. Personne n'allait le faire, hein ? Ils allaient sortir par leurs propres moyens, n'est-ce pas ? Ils ne devaient pas se laisser corrompre ainsi !

Pourtant, l'un d'entre eux le savait. Ils allaient s'entre-tuer. Ils allaient le faire. Pourquoi ? Parce que le désespoir allait s'acharner sur eux. Et que certains allaient craquer beaucoup plus vite que d'autres.

Ceux qui survivent ne sont pas les plus forts, ni les plus intelligents. Ceux sont ceux qui s'adaptent au changement.

-Où est mon téléphone ? paniqua Kayano. Ça suffit, laissez-nous partir !

La panique, voilà ce qui les gagnait tous un par un. Ils sentaient pris au piège comme des rats dans une cage. Ils savaient qu'il allait leur arriver quelque chose d'horrible mais ils ignoraient quoi exactement. 

-Vous avez chacun un agenda électronique avec le réglement et les clés de votre chambre. Les chambres contiennent une salle de bain, qu'on peut fermer à clé pour les filles. Bonne vie scolaire d'assassinat mutuel, upupupu !

Monokuma mit ses mains devant son museau, comme pour retenir son rire. Puis il sauta en arrière et disparut complétement de la salle, sous les regards terrifiés des lycéens.

-Je...Je me sens pas bien..., réussit à articuler Miyû malgré son état. Je vais aller dans ma chambre.

-Je t'accompagne, dit aussitôt Gakushû. Faut pas que tu t'évanouisses en étant seule.

La fille aux cheveux blancs hocha la tête et les deux meilleurs amis partirent du gymnase. Quelques minutes plus tard, le bruit de leurs pas s'était déjà évanoui.

-Et si on essayait de trouver une sortie ? proposa Sugino.

-Bonne idée, acquiesça Isogai. Et si on se séparait pour aller plus vite ?

Les autres approuvèrent cette idée et les groupe se formèrent rapidement. Ils décidèrent de se rejoindre dans le gymnase à dix heures pour partager les résultats de leurs recherches.

Kayano, Okuda et Kanzaki étaient parties ensemble et avaient trouvé une immense cuisine. Elle était étrangement bien approvisionnée, ce qui pouvait être bien pratique si leur séjour ici s'éternisait.

Karma, Nagisa, Sumile et Rio étaient tombés quand à eux sur un escalier menant à l'étage supérieur. Mais il était barricadé par d'immenses barreaux de fer.

Kirara, Chiba et Itona avaient découvert ce qui semblait être un incinérateur, ce qui ne leur disaient rien qui vaille. Qui sait ce que les autres pourraient en faire...

Sugino, Isogai et Ren étaient entrés dans une étrange pièce avec des tables en plastique et exactement quinze chaises. Comme si la pièce avait été faite pour eux.

Quand ils retournèrent dans le gymnase à dix heures, Gakushû les attendait là-bas, seul. Miyû n'était pas avec lui.

-Vous en avez mis du temps, se plaint-il.

-Où est Miyû ? demanda Sumile en l'ignorant.

-Elle a fini par arrêter de dire des trucs bizarres et s'est endormie.

 -Des trucs bizarres ? répéta Karma, un peu inquiet pour sa sœur.

-Elle arrêtait pas de dire qu'on allait tous crever, que c'était mort, que personne viendrait nous chercher, qu'elle se détestait, qu'elle ne pouvait pas parler...Je l'avais pas vu comme ça depuis longtemps.

Ces paroles trottaient dans la tête des lycéens. Et si l'Ultime Tricheuse avait raison ? Et s'ils étaient fichus ? Non, ils devaient garder espoir ou ils étaient réellement fichus.

-Mais elle délirait juste, pas vrai ?

Le soutien que l'Ultime Génie cherchait, il ne l'eut pas. Personne ne voulait parler parce que personne ne le croyait. Ils avaient peur de se donner de faux espoirs.

-Changeons de sujet, proposa Isogai. Avec Sugino et Ren, on a trouvé une espèce de salle à manger.

-A-Avec Kanzaki et Kayano, bégaya Okuda, on a trouvé une cui-cuisine.

-J'ai trouvé un escalier bloqué qui doit mener au premier étage avec Karma, Nagisa et Sumile, intervint Rio.

-Un merveilleux incinérateur de notre côté, indiqua Kirara de sa voix effrayante.

-Et toi, Asano ? Tu as trouvé quelque chose ? le questionna Ren.

-Les chambres sont toutes dans le même couloir. Elles ont apparament des clés individuelles. Elles peuvent être fermées de l'extérieur et ne peuvent dans ce cas pas être forcées. Même arracher la serrure ne servirait à rien.

Alors les autres comprirent. Ils comprirent que Gakushû savait pertinement que des meurtres allaient être commis, et qu'il s'y préparait. Sinon, pourquoi aurait-il essayé d'ouvrir certaines chambres avec des clés qui n'étaient pas les leurs ?

-Personne ne tuera personne, pas vrai ? demanda Kayano d'une voix tremblante.

-Personnellement, je ne vous fais pas confiance, se contenta de répliquer le roux. N'est-ce pas, la classe des assassins ?

Pour toute réponse, ils gardèrent le silence. Itona s'approcha des plaques de métal et les inspecta en fronçant les sourcils. Il se tourna vers les autres, la même expression sur le visage.

-Même en étant l'Ultime Ingénieur je ne peux rien faire, déclara-t-il. On est bloqué ici.

-Je vous l'avait dit. On est mort.

Nombre de survivants : 15

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