Tu as bien changé - BakuTodo


Shoto détestait ce type d'événement. Non seulement c'était bondé de monde, mais en plus de ça, il fallait à tout prix rester propre sur soi. Tout ce qu'il voulait en ce moment, c'était une bonne douche et son lit. Quand son père était venu le voir tout à l'heure, le prévenant à la dernière minute, il s'était attendu à tout sauf à ça. Un bal de charité, rien que ça. Cela se résumait à un nombre incalculable d'agence présente, énormément de héros différents mais surtout, beaucoup trop de célibataires. Son père ne l'avait pas convié dans le seul et unique but de faire bonne figure, mais aussi pour lui trouver quelqu'un. Comme une sorte de meeting avec beaucoup trop de prétendantes potentielles. Quand Shoto avait compris son manège, c'était déjà trop tard. Habillé de son costume bleu nuit, un verre de champagne à la main, il faisait plante verte devant le bar près de l'estrade.

En héro et garçon bien élevé, il avait salué bon nombre de personnes influentes, avait serré beaucoup de mains avant de s'enfuir lâchement vers les boissons. Le champagne n'était pas ce qu'il raffolait mais c'était la seule chose qui lui permettait de tenir la soirée sans faire d'écart. Après un moment de réflexion, Shoto commençait à ne plus en vouloir après son père. Son intention n'était pas mauvaise, c'était simplement pas pour lui. Maintenant qu'il avait vingt quatre ans et qu'il faisait partie du Top 3 des plus grands héros, il est vrai que sa vie sentimentale commençait à le peser. Pourtant, il ne remuait pas ciel et terre pour trouver quelqu'un. Ne sachant et n'aimant pas draguer, il avait du mal à sortir de son célibat. Sa plus grande histoire et sa plus sincère était celle qu'il avait vécu aux côtés de Yaoyorozu à l'époque du lycée. Une amourette qui avait durée pas moins d'un an, avant de fondre comme neige au soleil un soir d'hiver. Pourquoi ils s'étaient quittés ? Lui-même ne s'en souvenait plus. Cela remontait à si loin déjà que c'était compliqué de se souvenir de l'époque de l'insouciance. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elle s'était éprise d'un français deux ans plus tard, à l'aube de ses vingt ans. Shoto était heureux pour elle, car malgré tout, elle était resté une amie très proche. Non pas qu'ils se voyaient régulièrement mais ils s'appelaient souvent.

En ressassant le passé, le dos appuyé contre le bar, Shoto avait un sourire amer. Tous ses amies du lycée avaient, pour la plus part, une vie bien rangée. Kaminari et Jiro avaient annoncés leurs fiançailles en décembre, après quatre ans de couple. Ashido et Kirishima venaient d'accueillir ensemble leur premier enfant qui venait d'avoir deux mois. Hagakure et Ojiro venaient d'annoncer qu'ils étaient enfin en couple, après plus de deux ans à se tourner autour. Tokoyami avait été prit en train de demander à Asui de sortir avec lui, alors que tous deux étaient au restaurant. Et pour finir, Uraraka avait dû prendre un congé forcé car cette dernière, enceinte de sept mois, n'avait pas envie de quitter son travail. Quand Midoriya lui avait annoncé la nouvelle, il était resté sans voix. Bien évidemment qu'il s'attendait à ce que ces deux là finissent ensemble, mais de là à avoir un enfant. Shoto avait eu du mal à s'y faire.

Le reste de ses amis, dont Sero, Mineta, Iida ou encore Sato, préféraient rester seuls pour le moment. Shoto n'avait croisé aucun d'eux ce soir, mise à part Aoyama un peu plus loin. Ce dernier rayonnait comme toujours dans un ensemble à paillette. Le français était aux bras de son mari, le sourire aux lèvres. C'est en passant plus d'une demi-heure à le regarder, qu'il devenait jaloux. Quelle chance ses amis avaient. Il donnerait n'importe quoi pour être aussi insouciant que Mineta ou aussi dévoué que Midoriya. Mais malheureusement, il était Shoto Todoroki, l'éternel homme au regard de glace. Malgré quelques efforts, il ne parvenait pas à changer et n'en avait pas envie. Il arrivait à être sarcastique ou à faire des blagues, mais son éternel visage restant de marbre, beaucoup avaient du mal avec lui et au fond, Shoto ne leur en tenait pas rigueur.

Le bicolore allait s'asseoir, lâchant enfin le français des yeux. Il portait ses prunelles sur son père, discutant aux côtés de Keigo, et d'autres héros. Leur relation avait bien évolué au fil du temps, et malgré une certaine rancœur toujours présente, ils avaient finis par avoir enfin une vraie relation père/fils. Ils n'étaient pas comme les deux doigts de la main, mais ils arrivaient à s'entendre et se supporter, c'était déjà mieux que rien.

Shoto terminait sa coupe d'une traite, et la déposait sur le bar. C'était déjà son cinquième verres, il fallait ralentir sinon à ce train là, il serait saoule avant la fin de la soirée. Il se devait de se tenir, notamment pour lui-même, mais aussi pour les autres. Il y avait encore quelques événements à prévoir avant que la soirée ne se termine. Le temps paraissait tellement long, surtout quand on s'ennuyait. Il regardait sa montre et constatait avec horreur qu'il n'était que vingt heure. C'était définitivement une longue soirée qui l'attendait.

Mais malgré un ennuie profond, qui commençait à virer sur la fatigue, une gêne commençait à lui prendre le corps. Il n'était pas bête, pas à ce point là. Il savait d'où venait ce désagrément et cette sensation désagréable d'être observé. Depuis le début de la soirée, il avait capté quelque regard dont la plupart étaient des femmes. Certaines d'âges mûres et d'autres semblaient avoir son âge. En bon gentleman, il aurait pu en inviter une à boire un verre, discuter avec elle, apprendre à la connaître. Il savait que pour en arriver au stade de l'amoureux transit, il fallait passer par la case faire connaissance, mais mon dieu, Shoto avait horreur de se passage. Il n'avait pas de filtre, et pouvait dire tout et n'importe quoi. Il ne savait jamais par où commencer. À certain moment, il pouvait même lui arriver d'avoir une montée de stress. Hors de question de revivre pareil souffrance psychique.

Mais sa bonne étoile semblait avoir prit congé ce soir. À peine avait-il le temps de reprendre une coupe, le barman étant presque à attendre bouteille en main, qu'une femme venait à sa rencontre. Il l'avait vu arriver de loin, malgré le brouhaha. Quand elle arrivait à sa hauteur, droit comme un I, elle lui offrait un immense sourire. Shoto ne savait pas si il était sincère, mais en tout cas, il était grand. Elle avait déposé sur ses lèvres un gloss rose poudré qui allait parfaitement avec sa tenue. Une robe de soirée longue et élégante, moulant son corps à la perfection, d'une jolie couleur lilas. Ses ongles, d'un rouge vif, cliquetaient sur son verre de vin rouge. Elle était le parfait cliché de la veuve noir croqueuse de diamant. Elle fit bouger ses longs cheveux châtains, battant des cils. Shoto se demandait si elle n'effectuait pas une parade comme certains mammifères avaient coutume de faire pour attirer un partenaire. C'est ça que Shoto trouvait ridicule et affligeant, se pavaner pour attirer l'attention.

- Todoroki-san, vous me paraissez bien seul ce soir. La femme ne se fait pas prier pour le détailler à son tour, laissant ses prunelles mauves le scanner de bas en haut. Vous ne serez pas contre le fait que je vous tienne compagnie ?

Déjà que la soirée lui semblait affreusement longue, si elle venait à rester à ses côtés, ce serait une horreur pour lui. Il ne se voyait pas refuser. Au vu de ses bijoux et de sa robe, il avait immédiatement comprit qu'elle faisait partie des donneurs. Si il venait à décliner son offre ou lui faire faux bond, il savait à l'avance que cela se retournerait contre lui. Le seul soucis est qu'il n'en voulait pas, de sa compagnie. Alors comment lui faire savoir sans la froisser ? Il fallait ruser, et avec les quelques années d'expériences, il commençait à être expert en la matière.

- Ce serait avec plaisir mais, j'attends justement quelqu'un. Cette personne doit simplement être en retard. Dit-il en reposant sa coupe, ses mains étant devenus soudainement trop moites. Il ne savait pas pourquoi un tel mensonge, sachant qu'il n'attendait personne, mais il espérait que c'était assez pour la faire déguerpir. Le seul bémol était qu'apparemment, il en fallait plus. D'un regard de défis, elle sourit plus fort encore.

- Vraiment ? Cette personne ne doit pas vous aimer plus que ça, pour être aussi en retard. Disait-elle en se rapprochant de lui.

Elle commençait à être beaucoup trop proche à son goût. Cela le mettait d'autant plus mal à l'aise. L'action de la jeune femme attirait quelques regards, notamment celui de leur voisin accoudé au bar. Pourtant, cela n'était pas n'importe quel voisin.

Un regard carmin colérique, une tignasse blonde allant dans tout les sens, une légère barbe bien taillée au menton et un sourire goguenard plaqué sur ses lèvres. Katsuki Bakugo en personne. Il n'avait pas loupé une seule miette du spectacle hilarant que lui offrait le bicolore. Déjà qu'il avait commencé à trouver sa soirée foncièrement ennuyante, elle commençait enfin à devenir intéressante. Il agitait son verre de bourbon, faisant s'entrechoquer les glaçons entre eux. Vêtu d'un costume rubis, surmonté d'un veston noir, le tout accompagné d'une paire de mocassin, il jubilait intérieurement. Bien évidemment, cela se voyait que la situation l'amusait. Le grand Todoroki, numéro 2 du classement des héros, était en train de se faire lourdement aguicher par Akita Tsukaima, une riche héritière croqueuse d'hommes. Du haut de ses vingt sept ans, il fallait plusieurs paires de mains pour compter le nombre de prétendants qui étaient passés dans son lit. Beaucoup trop au goût des autres, pas assez selon elle. Apparemment, seul Shoto ne semblait pas la connaître et il comprenait. Katsuki aimait juste un peu trop les ragots.

- Mon compagnon m'aime énormément, je peux vous l'assurer. Shoto avait contre-attaqué sans réfléchir.

Il était à deux doigts de se mettre une baffe physique et mental. Mais quel idiot ! Un compagnon ? Car en plus de prétendre attendre quelqu'un, il fallait en plus dire qu'il était soit disant gay. Le défi était de taille. Jamais il n'aurait le temps d'aller voir un homme au hasard et lui demander de jouer son compagnon. De un, ce serait d'une honte monumentale mais en plus, si l'homme venait à contrer ses paroles, il était fichu. Les seules personnes qu'il connaissait étaient des héros beaucoup trop connus mais surtout mariés. Il était dans de beaux draps.

- Vous attendez votre compagnon ? Demandait la jeune femme, appuyant fortement sur le mot "compagnon" comme pour être sûr de ce qu'elle avait entendu.

Shoto tournait sa tête vers elle, alors qu'il était en pleine recherche d'un homme qui pourrait faire l'affaire.

- L'optique que je puisse aimer les hommes vous dérange ?

Elle fronçait les sourcils avant de déposer elle aussi son verre.

- Aucunement. Si j'ai réussi à avoir un homme marié dans mes bras, un homme comme vous ne sera pas bien difficile à obtenir.

Le sang de Shoto se glaçait, littéralement. Il était vraiment tombé sur la pire femme qui soit. Il détestait ce type de personne. Même si certains de ses amis étaient volages, ils n'étaient sûrement pas comme elle. Dans un dernier mouvement de tête désespéré, son regard bicolore tombait dans celui de son voisin, ce fameux voisin beaucoup trop silencieux. Katsuki captait ses yeux, et s'accrochait à eux. Shoto lui envoyait un signaux, espérant que ce dernier en comprenne le sens. Il n'avait pas fait attention à la présence du blond, il ne l'avait même pas vu une seule fois. Il se demandait depuis combien de temps il était là et n'espérait qu'une seule chose, qui lui vienne en aide.

Pourtant, Katsuki ne bougeait pas. Même si il n'aimait pas cette femme, pour diverses raisons, il se demandait pourquoi Shoto ne profitait pas de la situation. Il avait très bien comprit que ce dernier mentait, n'étant pas doué dans l'art de tromper son monde. Sa voix avait légèrement vibrée quand il avait parlé d'un compagnon. Katsuki était certain de plusieurs choses. De un, le bicolore n'était pas gay, et de deux, il n'attendait personne. Conclusion finale, il s'était mis dans de beaux draps. Le blond aurait pu l'en tirer, mais contre quoi ?

À aucun moment Katsuki était venu ici de son plein gré. La société de ses parents avait organisé cet événement et c'était uniquement en soutien, quelque peu forcé, qu'il était venu. Il ne voulait parler à personne, voir personne et encore moins sauver quelqu'un. Mais un mouvement venant de la veuve noire le fit grincer des dents. Elle avait déposé sa main sur l'épaule de Shoto, faisant glisser ses doigts sur le tissu. Le fils d'Endeavor ne bougeait pas, étant comme figé sur place.

Pourquoi est-ce que ce simple geste remettait en cause toutes les paroles de Katsuki ? Il s'en fichait de lui ou bien d'elle. Mais à la seul optique qu'elle puisse l'avoir dans son lit, il grognait pour lui-même. Katsuki avait grandit, il n'était plus l'adolescent écervelé et braillard de l'époque. Grâce à l'entraînement de Best Jeanist sur son comportement et à sa nouvelle amitié avec Midoriya, il avait considérablement mûrit. Il se rendait compte seulement maintenant de ses paroles sans aucun fondement et de ses actions exagérées. Il avait été tellement bête à cette époque, anéantissant deux longues années au lycée à se braquer pour un rien. C'était sans doute ce recul qui lui permit de comprendre.

En somme, il avait toujours été homosexuel. Bien avant le lycée, bien avant le collège, c'était comme une évidence. Ses propres parents n'avaient pas bronché quand il s'était amené avec un homme à son bras un dimanche midi. Ses amis, du moins maintenant il les considérait comme tel, n'avaient eux non plus pas étaient surpris. Mais jamais, oh grand jamais Katsuki n'avait envisagé un seul instant de se mettre en couple ou de draguer une connaissance. Déjà, c'était contre ses principes. Cela risquait de créer des problèmes ou de ramener des ennuis. Pourtant, il fallait qu'il se rende à l'évidence, ce sale glaçon lui avait toujours plut. La façon dont il se comportait avec lui, était le ressentiment d'une attirance à sens unique qui s'était traduit par des mots durs et une froideur constante. Il était puéril à cette époque, qu'on lui jette la première pierre si personne n'avait jamais fait une seul erreur dans sa vie.

À aucun moment il avait pensé le croiser de nouveau. Peut être de loin, ou durant une mission, mais pas dans ce genre de situation. C'était cruel de lui tendre pareil perche sachant qu'elle n'aboutirait à rien.

- Voyez-vous, mes yeux vous suivent depuis tout à l'heure et, malgré vos paroles, je vous trouve à mon goût, Todoroki-kun~

Katsuki balayait ses propres paroles d'un geste de la main et bondissait sur ses pieds. Il finissait son verre cul sec, et ne bronchait même pas quand le liquide lui brûle l'œsophage. Il faisait claquer son poing sur le bar et en deux enjambées, se retrouvait aux côtés du duo. Il ne réfléchissait même pas.

Il collait l'entièreté de son flanc gauche contre Shoto, passait son bras autour de ses reins, et encrait ses doigt. Il affrontait la mégère, un éclair traversant ses yeux. La femme jaugeait le nouveau venu.

- Bakugo-san, c'est un plaisir. Je ne savais pas que vous et Todoroki-san aviez ce genre de... Relation. Disait-elle en reculant, une aura meurtrière entourant les épaules de l'explosif.

Il lui offrait un sourire carnassier.

- Et bien maintenant vous le savez. Alors allez poser vos mains ailleurs que sur mon homme.

Aucun mot fleuri, mais un ton tranchant. Shoto observait l'échange sans broncher. Katsuki était littéralement son sauveur. Le dit sauveur baissait les yeux sur sa proie, enfin, la victime, et faillit défaillir. Depuis quand Shoto avait des yeux aussi beaux ? Et ces cheveux un peu en pétard ? Et cet air complètement mignon ?

- Je crois que je suis de trop. Disait-elle mais personne ne l'entendait. Elle finissait par claquer ses escarpins sur le sol avant de déguerpir, vaincu.

Il fallait cinq bonnes minutes pour que le duo incongru remarquent l'absence de la veuve. Pour autant, la main de Katsuki restait à sa place. Il détachait ses yeux du bicolore et scannait les environs. Elle avait trouvé une autre proie.

- Merci, Bakugo. Tu n'étais pas obligé.

- Tu te moques de moi ? Demandait-il en rigolant. Tes yeux appelaient littéralement à l'aide.

Shoto se mettait à regarder ses chaussures, les trouvant soudainement très intéressante. Katsuki n'avait pas tord, c'était dur de l'admettre mais il avait raison.

- Je n'aime pas me retrouver dans ce genre de situation et encore moins quand il y a du monde.

Katsuki, compatissant, hochait la tête pour lui même plus qu'autre chose.

- Tu croyais quoi ? Tu es Todoroki, le héro de feu et de glace. Bien évidemment que tu vas attirer du monde. Encore plus quand il y a un événement.

- Je n'ai pas demandé à être présent ce soir, mon père m'a forcé la main.

Katsuki levait les sourcils avant de rire. Un léger rire, à peine audible, qui faisait frissonner Shoto sans qu'il ne sache pourquoi.

- On est dans le même bateau alors. Moi c'est ma mère qui m'a hurlé dessus pendant une semaine entière. J'ai fini par céder pour ne plus l'entendre brailler. Disait Katsuki en bougeant ses doigts machinalement. Son pouce commençait à caresser le tissu du costume de Shoto, dans un mouvement circulaire parfait.

- Mise à part toi, moi et Aoyama, il n'y a personne d'autre que nous connaissons personnellement. Disait Shoto en regardant le français au loin.

Katsuki suivait son regard et tombait sur le blond étincelant, ses yeux étaient posés sur l'homme à son bras. Un héro que les deux compères ne connaissaient que trop bien.

- C'est sûr que demander de l'aide à Aoyama n'aurait pas été une mince affaire. Souriait Katsuki.

- Je n'insinue pas que tu étais ma seule option. Le rassurait Shoto. Mais je ne me voyais pas demander ça à un homme marié.

- Justement, qui te dis que je ne suis pas pris actuellement ? Contrait le cendré, son côté mordant revenant au galop.

Shoto pivotait sa tête, et le regardait longuement. Il croisait les bras sur son torse, un sourcil levé.

- À aucun moment un homme casé ne poserait ses mains sur quelqu'un d'autre.

- Je n'ai pas posé mes mains sur toi ! S'offusquait Katsuki qui se retint de dire "pas encore".

Shoto n'ajoutait rien mais baissait ses yeux sur le bras musclé qui entourait ses reins. Katsuki suivait son regard et comprenait le quiproquo.

- Ça, ce n'est rien. C'est simplement une barrière de sécurité.

- Contre quoi ?

- Les éléments indésirables.

Shoto paraissait étonné avant de sourire, puis de rire devant la mine sérieuse de Dynamite.

- Donc nous allons passer le reste de la soirée ensemble ? Demandait le bicolore, les yeux rivés sur la foule.

- Si tu n'y vois pas d'inconvénients. Continuait le blond en rapprochant son corps du sien.

- Aucun. Il répondait de but en blanc.

C'est donc ainsi que la soirée continuait.

Peu importe où allait Shoto, Katsuki n'enlevait jamais sa main de ses reins. Il exerçait parfois quelque pression, soit pour attirer son attention, soit par automatisme. Shoto n'avait aucun inconvénient avec cette proximité soudaine et inédite. Il fallait se rendre à l'évidence, l'explosif était loin d'être laid. Malgré un costume qui ne laissait pas beaucoup de place à l'imagination, Shoto se souvenait du corps de son ami quand il se changeait dans les vestiaires à l'époque du lycée. Il se disait donc, par pure déduction, qu'il devait être encore plus désirable. Malgré les vêtements, on voyait très bien les muscles de ses bras et ceux de ses cuisses. Ses épaules larges et son torse implacable devaient être parfaits pour donner et recevoir des étreintes. Sans parler de son visage. Étant plus haut que lui, d'une bonne dizaine de centimètres, il pouvait le regarder différemment. Une légère barbe blonde bien taillée, des yeux rubis éclatants, une mâchoire carrée, un nez fin et des pommettes légères, le tout surplombé par la même tignasse de l'époque, mais avec sa nuque rasé. Définitivement, magnifique.

Oui, Shoto n'aimait pas les hommes, mais il pouvait apprécier la beauté sous n'importe quelle forme. Encore plus si c'était aussi parfait.

- Shoto, Katsuki, je suis étonné de vous voir ici.

Cette voix, impossible de l'oublier. Elle leur avait cassé les oreilles et donné des frissons pendant leur adolescence. Quand ils se retournaient en un seul homme, ils tombaient sur le duo qui devait sans nul doute faire plus jaser que le leur.

- Aizawa-san, cela fait longtemps. Dit Shoto sans aucune expression. Katsuki se rendait compte que depuis tout à l'heure, cette même expression était figée sur son visage. Il n'y avait qu'à lui que le bicolore lui avait offert un sourire ?

- Pas assez à mon goût. Raillait le noiraud en grimaçant. Je suis surtout surpris de vous voir ensemble, attaché l'un à l'autre. Leur faisait remarquer Eraser.

La première remarque tombait et il fallait s'y attendre. Beaucoup les avaient regardé sans parler mais c'était sans compter sur Aizawa et son sans filtre légendaire.

- Je peux vous retourner le compliment. Disait Katsuki, se réveillant d'une soudaine micro sieste.

Leur ancien enseignant baissait les yeux sur son compagnon, accroché à son bras, devenu très discret depuis quelques années. Il brillait sans cesse et attirait les regards constamment, mais ce dernier n'avait que son mari en tête. Aizawa se souvint de leur rencontre après qu'il ai finit ses études, de leur relation platonique puis d'un dérapage un soir qu'il s'était invité chez le plus vieux. Le noiraud n'avait regretté aucune seconde, aucun baiser. Quatre ans qu'ils étaient ensembles et filaient le parfait amour, jusqu'à en faire jalouser plus d'un. Ils s'étaient mariés en France, à Paris, pour combler le cœur de son amour. Vraiment, il ne comprenait pas la remarque de Katsuki.

- Je ne vais pas cacher mon bonheur pour ton bon plaisir. Disait-il en posant sa main libre sur les doigts de son homme accroché à son bras.

- Laisse Aizawa-san et Aoyama-kun tranquille.

Katsuki grinçait des dents, et alors que les deux mariés s'attendaient à une esclandre, le blond faisait claquer sa langue avant de regarder ailleurs. Une attitude bien docile pour un chien enragé comme lui.

- Veuillez le pardonner. Disait Shoto à leur intention. Tout comme moi, ce genre d'événement n'est pas sa tasse de thé.

- Ah, je te comprends. Disait aussitôt Aizawa en grimaçant. Yuga m'a forcé de l'accompagner mais je ne serais jamais venu de mon propre chef.

Le français faisait la moue, posant sa tête sur son épaule. Aizawa se faisait violence. Si il le regardait, il savait qu'il ne résisterait pas. Il l'aimait trop pour lui refuser quoi que ce soit.

- Shota ne peux jamais me dire non. Disait le plus petit des quatre avec un grand sourire. Comme nous travaillons énormément et que nous ne sommes pas dans la même agence, nous peinons à passer du temps ensemble. Cette soirée est en quelque sorte un bon prétexte pour l'avoir avec moi.

Aizawa soupirait, un sourire attendrit sur le visage.

- D'ailleurs, nous n'allons pas vous déranger plus longtemps. Disait Shoto en sortant le cendré de ses pensées. Nous allons nous aussi profiter de quelques heures de répit.

Un mouvement de tête et quelques sourires plus tard, les faux amoureux avaient laissés le couple se diriger vers le bar.

Ils s'étaient mis à l'écart des regards, sur le balcon mise à disposition pour les fumeurs. Il était assez large pour mettre trente personne, mais pourtant, Katsuki était toujours accroché à lui. C'est quand ils approchaient du bord que le plus grand le lâchait, posant ses mains sur la pierre. Shoto en faisait de même, regardant la ville illuminé dans la nuit enneigée. Le bicolore, malgré son alter, frissonnait face au froid mordant. Katsuki le voyait frotter ses mains et n'hésitait pas une seule seconde. Il passait son bras sur ses épaules et rapprochait son corps. Dans d'autre circonstance, Shoto l'aurait envoyé baladé, mais pas cette nuit. La chaleur que dégageait son corps était trop exquise pour lui donner l'envie de se défaire de l'étreinte. Ensemble, le regard rivé à l'horizon, seul le bruit du vent et de leur respiration se faisait entendre.

- Tu sais, c'est quand je vois Aoyama et Aizawa, ou encore Midoriya et Ochaco que je me dis que c'est ça que je veux.

Katsuki posait son menton dans ses cheveux, respirant l'odeur de son shampoing : pomme verte. C'est naturellement que Shoto avait finit complètement dans ses bras, le dos reposant contre un torse puissant, ses bras l'encadrant. Les mains du bicolore étaient posées sur les avant bras du blond, sa tête calé sur un pectoral. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu pareil touché qu'il se dit que finalement, homme ou femme, ce n'était pas si mal.

- Toujours un éternel célibataire ? Marmonnait Katsuki dans ses cheveux.

- Ce n'est pas voulu. Je ne trouve simplement pas la personne qui me correspond. Répondait le plus petit dans un murmure.

- Tu réfléchis trop mais surtout, tu ne regardes pas autour de toi.

Délicatement, avec précaution, ne voulant surtout pas l'effrayer, l'explosif posait ses doigts sur son visage et pivotait la tête de Shoto. Ce dernier levait les yeux et rencontrait ceux de son vis-à-vis. Il semblait percevoir une passion mêlée à de l'appréhension. Le plus petit comprenait les intentions du plus grand quand il fermait les yeux et penchait sa tête. Pourtant, il ne bougeait pas. Ce qui le surprenait, c'était d'avoir lui-même avancé vers lui.

Quand leurs lèvres se rencontraient pour la première fois, Shoto en appréciait le goût. Un mélange de bourbon et de caramel. Pour Katsuki, du champagne saupoudré de fraise. Les deux hommes ne faisaient que poser leurs lèvres, mouvant un peu leurs muscles. Pas de langue, ni de mouvement brusque. Juste un chaste baiser voulant dire mil et une chose. Quand ils se décollaient, les yeux légèrement brumeux, Shoto frémissait non pas de froid mais d'excitation devant le regard plus que gourmand du cendré.

- Pourquoi ?

C'est tout ce que parvenait à dire le fil d'Endeavor. Il n'avait pas les idées en place, avec seulement un simple baiser.

Katsuki déposait son front contre le sien, son souffle chaud s'écrasant contre sa bouche. Il percevait une odeur d'alcool plutôt forte.

- Joyeux anniversaire.

Shoto ouvrait les yeux en grand, avant de faire un tendre sourire.

- Tu as quelques jours de retard. Lui faisait remarquer son presque amant.

- Quelques jours de retard, un an d'avance, quelle différence. L'importance c'est que je te l'ai donné.

- Depuis combien de temps ce baiser était-il caché entre tes lèvres ? Demandait Shoto en passant sa langue sur ses propres lèvres, se remémorant cette sensation légère.

- Beaucoup trop longtemps.

- Pourquoi as-tu attendu ?

- Il m'a fallu du temps pour mûrir, comprendre et accepter. Soufflait Katsuki en fermant brusquement les yeux. Je ne veux pas passer un jour de plus seul. Cela me bouffe de l'intérieur. Il les ouvrait de nouveau, captant le regard perdu sous lui.

- Tu penses que je suis le bon ?

Katsuki ne répondait pas mais hochait juste la tête.

- Je ne suis pas comme les magazines me décrivent, et tu le sais. Je n'ai pas encore réussit à m'ouvrir aux autres et à prendre en main mes sentiments, mes émotions.

- J'avais compris rien quand te regardant mentir à cette femme. Le coupait Katsuki. J'aimerais pourtant que ce mensonge soit vrai.

- Lequel ?

- Celui où tu dis attendre ton compagnon. J'aimerais espérer que cet homme puisse être moi.

- Je n'aime pas les hommes. Disait Shoto rapidement.

- Je sais. Disait Katsuki la voix cassée.

- Je n'aime pas les hommes mais toi, oui toi, tu es différent.

Katsuki rouvrait les yeux, un espoir brillé dans les yeux noirs et bleus de Shoto. Il lui offrait un sourire pour le rassurer.

- Mes sentiments ne sont pas égaux au tien mais je pense que si nous nous laissons le temps, je remplacerai le vide qui te ronge.

Un sourire était offert à Shoto, ainsi qu'un autre baiser tendre et aérien.

- J'en suis convaincu.

Plusieurs autres baisers volaient cette nuit là, sous un océan d'étoile. Les deux héros, perdus dans la tendresse de leur étreinte, oubliaient l'endroit où ils étaient pour profiter de ce cocon chaleureux. Ils finissaient même la soirée assis, regardant le ciel étoilé, l'un contre l'autre.

Ils ne savaient pas par où commencer, et les premières semaines risquaient d'être compliquées, mais la solitude en plus de l'admiration qu'ils se vouaient l'un à l'autre les avaient poussé dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient le temps devant eux, et des années à rattraper.

Heureusement, ils avaient pris le temps de mûrir et ainsi, ils allaient pouvoir profiter de ce fruit juteux qu'était la vie, main dans la main.

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Alors, ce BakuTodo, ça vous plaît ? ^^

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