Malgré nos différences - BakuDeku

Couché sur le flanc, un livre à la main, Izuku flâne le cœur léger.

En ce jour de printemps, il n'y a aucune activité de prévus et personne ne demande ses services. Du haut de ses dix huit ans, il est le plus jeune du village. Il ne s'en plaint pas, n'ayant aucune envie de vieillir. Il regrette d'ailleurs son enfance qui reste pour lui la meilleure partie de son existence. Gambader dans les forêts, courir après les renards, de belles années de rire et d'insouciance. Il ne se souvient plus très bien de sa mère, et encore moins de son père. Quelques bribes, une ou deux phrases tout au plus, mais pas l'esquisse d'un visage. Il est d'ailleurs très triste de ne pas parvenir à mettre des images sur ses souvenirs.

Dans un soupire de lassitude il referme son livre et le dépose à ses côtés. Izuku n'a aucune envie de bouger. Cette clairière est à l'écart du village, en léger contrebas, et lui offre une solitude appréciée. Un petit ruisseau passe en son centre et s'échoue dans un lac immense. L'endroit est très beau en été, et encore plus en hiver. Les cèdres ont beaucoup grandis et maintenant, l'endroit est magnifique à regarder. Il n'y a pas beaucoup de passage, c'est donc une aubaine pour lui. Il a découvert les lieux quand il était jeune, à peine plus grand qu'un sanglier. Ici, personne ne vient se moquer de lui. Ici, personne ne vient lui faire des remontrances, et pour cause.

Izuku fait partie d'une espèce très rare, que l'on a tendance à oublier. Il fait partie de ces nombreuses créatures magiques vivant à l'écart des hommes, dans les pays les plus reculés, au corps animal et au buste humain. Vous l'avez compris, Izuku est un centaure dans la fleur de l'âge. Justement, il n'est pas n'importe quel centaure. Alors que ses semblables sont des centaures tout ce qu'il y a de plus normal, lui est né avec un corps plus fin, des sabots fendus, une queue courte et des tâches de rousseurs sur ses flancs. Izuku est né faon. Personne n'a compris comment, ni pourquoi, sachant que ses parents étaient de fières centaures. En grandissant, lui comme beaucoup ont pensés qu'il changerait, mais absolument pas. Ses tâches ont laissées place à une robe fauve tirant sur le bourbon, et dans ses cheveux verts forêt, de petits bois ont commencés à pousser. Il est et restera un cerf-centaure.

Après le décès de ses parents, alors qu'il n'était âgé que de huit ans, c'est la communauté qui a prit soin de lui. Il était impensable de laisser l'un des leurs mourir, qu'il soit différent ou non. À cause de la croissance des hommes, leur population a drastiquement chuté. Une naissance est une aubaine, un décès une perte regrettable. Ses parents ont étés victime de braconnage, et les hommes ont laissés l'enfant, ne souhaitant pas s'encombrer. Même si le traumatisme est énorme, Izuku est parvenu à se relever. Désormais, il n'a plus de cauchemar et plus la peur viscérale de sortir hors du village.

Contrairement aux autres jeunes il n'a pas grandis entouré d'amour. Aucun câlin, aucun baiser. Il se sent différent des autres mais plus seulement à cause de son physique. À cet époque, il était le seul enfant, il n'avait donc aucun camarade de jeu avec qui jouer. Alors que lui était un enfant perdu, les autres centaures étaient de fières adolescents. Ils ne jouaient pas dans la même court.

Izuku se relève, n'aimant pas se remémorer le passé. Il délaisse son livre pour aller tremper ses sabots dans l'eau fraîche. Ce n'est pas suffisant pour le rafraîchir. Il finit donc par se coucher entièrement dans le ruisseau, savourant le contact de l'eau sur son corps. Même si Izuku aime le printemps pour la floraison des arbres et des fleurs ainsi que la chaleur, il y a des désagréments qui s'ajoutent au tableau. Si il s'éloigne du village en cette saison c'est pour une raison bien particulière.

Le printemps est également synonyme de batifolage. Les jeunes centaures entrant dans l'âge adulte recherchent un partenaire. Contrairement à ce qu'il se dit, les centaures peuvent choisir d'avoir différent partenaire avant d'en choisir un pour la vie. Malheureusement, cette pratique n'est pas au goût du jeune daguet. Hors de question de laisser une femelle centaure utiliser son corps comme un défouloir. Premièrement, il ne va pas vers elles et deuxièmement, elles ne viennent pas vers lui. C'est son apparence et sa forte timidité qui rebute les autres. Ce n'est pourtant pas sa faute. Étant un cerf-centaure, il n'a pas le physique pour rivaliser avec un de ses congénères.

Son corps est robuste mais pas autant que celui des autres. Alors que certains ont un corps fin et puissant, Izuku a un corps qui est peu habile, très petit et maigre. Souvent, il s'est comparé aux cerfs sauvages et même eux ont plus d'allure et d'assurance que lui. Il ne se voit pas défier Hanta, le centaure au corps de sprinter, ou Denki, le centaure au corps de combattant, ou encore Shoto, le centaure au corps de chasseur. Il a tout à les envier, absolument tout. Il n'a aucune chance de trouver une partenaire maintenant ou bien plus tard.

Il finit enfin par se lever, et reprendre son livre. Même si l'envie n'est pas là, il faut bien rentrer avant la nuit tombée. Le soleil commence à peine à se coucher mais un nuage rose couvre les arbres, signe qu'il fera bientôt nuit. Tenant son livre contre son torse, Izuku rebrousse chemin. Il porte seulement un fin gilet en laine blanche sur le dos, et pourtant il n'a pas froid. Il fait très lourd pour un début de printemps.

Quand il reconnaît l'entrée du village, un léger frisson parcoure sa croupe. Il a hâte de devenir assez grand pour s'émanciper de cet endroit et faire sa vie ailleurs. Il veut vivre dans une montagne gorgée de vie animale, sans personne pour lui dicter quoi faire. Juste lui et son amour pour les romans à l'eau de rose.

Ses sabots foulent le sol rocailleux alors qu'il avance doucement. Il y a beaucoup de monde, surtout près de la fontaine au centre du marché. Il voit plusieurs centaures se tourner autour, se faisant la court mutuellement. Izuku n'est pas à l'aise avec ce genre de pratique. Il ne sait absolument pas y faire ni comment s'y prendre.

Il dépasse plusieurs couples déjà formés, et se rend compte que beaucoup ont trouvés chaussures à leurs pieds. La plupart ont soit quatre ans de plus que lui, ou bien le double de son âge . Il va finir vieux et seul, il le sait. Il est tout de même heureux pour certain. Il connaît bon nombre de centaure présent, et tous ont un partenaire. Il est heureux pour eux. L'un de ses seuls ami proche, Yuga, a trouvé un partenaire dès le début de la floraison. Toya, un mâle connu pour être volage et violent, s'est complètement transformé en côtoyant le jeune centaure. Izuku ne connait pas ce mâle personnellement, mais connaissant la personnalité de son ami il est plus que ravi de le savoir en bonne compagnie. Les deux font un couple atypique qui fait parler de lui, alors que les deux amants sont ivres l'un de l'autre.

Quand il arrive près de la hutte du chef du village, il voit un attroupement. Les chasseurs viennent de rentrer après trois jours de chasse. Ils ont suivis un troupeau de bison et sont parvenus à en amener trois. C'est suffisamment assez pour nourrir tout le village. Izuku s'en lèche les babines d'avance en pensant au repas de ce soir. Même si il n'est pas spécialement apprécié, le chef du village, Shota, tient toujours à ce que Izuku soit présent et qu'il ait sa part. Cela fait plaisir au jeune daguet qui n'a pas l'habitude d'autant de considération. Shota fait partie de ces rares centaures à l'apprécier. Après tout, c'est différent. Shota a connu ses parents et a même tenu Izuku dans ses mains alors qu'il n'était qu'un jeune faon. Il est donc un centaure à par entière à ses yeux.

Il continue d'avancer jusqu'à ce que son regard accroche celui d'un autre centaure. Les yeux rubis éclatants le fixent avec une intensité sans nom. Izuku sent une vague parcourir son corps mais cela n'a rien de désagréable. Il est couvé du regard par ce centaure qu'il ne connaît que trop bien.

Katsuki.

Il fait partie des meilleurs chasseurs, des meilleurs coureurs mais surtout, il est l'un des centaures les plus prisés par la gente féminine. Son torse taillé à même la roche céleste, sa robe d'un blond cendré immaculé, ses cheveux et sa queue d'un blond explosif, ses sabots d'un noir profond, ses yeux carmins, sa bouche pulpeuse, sa mâchoire carrée. Le meilleur, c'est sa peau caramel parsemé de cicatrices. Cela lui donne un léger côté combattant qui fait chavirer les cœurs. Katsuki est définitivement le meilleur partenaire qu'une femelle puisse avoir. De par sa carrure et ses prouesses, il n'a plus rien à prouver. Néanmoins, il approche les vingt cinq ans et n'a toujours pas de partenaire.

Même si il possède un caractère un peu bourru et colérique, il n'en reste pas moins courtois et avenant. Oui, Izuku et Katsuki sont l'exact opposés l'un de l'autre. Quand on voit le centaure blond, il dégage une aura de puissance et de respect tandis que le daguet dégage une aura plus discrète et délicate. Qu'il se sent nul à côté d'un mâle comme lui.

Il baisse ses yeux émeraudes, vaincus, et part se réfugier dans sa maison de bois. Elle n'est pas bien grande mais c'est suffisant pour lui. Il y a un côté chaleureux qui lui plait grandement. Sa maisonnette se résume à une chambre faite de paille et de plume, une cuisine avec une table et une chaise, ainsi qu'un placard pour ranger ses affaires. Les centaures ne sont pas connu pour s'attacher à des biens mais comme d'habitude, Izuku est l'exception à la règle. Il aime surtout collectionner des livres que les chasseurs ou les marchands du village ramènent après leur voyage. Contre des plats ou des plantes, car les centaures ne connaissent pas la valeur de l'argent, Izuku peut se procurer des livres sans problème. Son auteur préféré est Jules Verne, car il apprécie énormément les récits de cet homme. Même si certains humains sont foncièrement mauvais, Izuku sait que ce n'est pas le cas de tous.

Il dépose son livre sur la table en bois et fait le tour du propriétaire. Il va dans sa chambre pour faire un peu de ménage, c'est à dire remettre en ordre son tas de plume, et quand cela est fait, il retourne dans l'entrée pour fixer l'horloge. C'est bientôt l'heure du repas. C'est avec cette optique en tête qu'il sort de chez lui une petite boule au ventre comme à chaque fois.

Le soir est enfin là, la pleine lune occupant le ciel. Les yeux de Izuku se perdent dans l'immensité astrale durant une fraction de seconde. L'univers doit être très beau vu de la haut.

Quand il arrive autour du feu de joie, tout le village est déjà présent et commence à festoyer. Izuku voit une place de libre près des flammes, un peu en retrait. Il se hâte pour s'y asseoir. Il prend un morceau de viande planté sur une pique et commence à déguster. Beaucoup rient, parlent ensemble, s'amusent. C'est la fête au village. À chaque prise aussi belle que celle-ci, les centaures ont l'excuse pour faire la fête. Tout comme les naissances, c'est un bon moyen pour s'amuser, danser et boire. Izuku ne boit pas, n'étant pas très friand d'alcool, et il ne danse pas non plus, n'étant pas doué de ses pattes. Il ne fait que manger tout en regardant autour de lui. Des fois, il apporte un livre, appréciant beaucoup de lire au coin du feu.

Après trois brochettes, Izuku est déjà repu. Il boit une choppe d'eau avant de s'installer plus confortablement. La soirée va se prolonger jusque très tard, comme d'habitude. Certains couples sont déjà rentrés pour mieux terminer leur nuit tandis que les plus âgés sont près de Shota pour discuter. Quand le chef aperçoit Izuku, il lui offre un sourire suivit d'un mouvement de tête.

Autour du jeune daguet, il ne reste plus que les célibataires n'ayant pas encore trouvés leur moitié. Il y a plus de mâle que de femelle, signe que certains resteront seuls encore quelque temps. Un bruit sur sa gauche le sort de sa rêverie. Shoto, le meilleur archer du village, vient de prendre place à ses côtés. C'est rare que Izuku ait de la compagnie, voir même inédit. Pourtant, Shoto est un des rares centaures à venir vers lui.

Il se couche près de lui, sans le toucher ni entrer dans son espace privé. Les centaures, comme tout autre être, n'aiment pas que l'on piétine leur intimité. Il est de rigueur, quand deux individus ne sont pas assez proche, de respecter l'espace vitale de l'autre. Izuku regarde le centaure de haut en bas, se permettant sans aucune gêne de le détailler.

Une robe blanche parsemé de point rouge, des sabots gris et une queue ivoire battant l'air follement. Shoto est un mâle dans la fleur de l'âge. Il a à peine vingt deux ans, et il a fait parler de lui plus d'une fois pour son insolence et sa froideur légendaire. Ses yeux bleus et gris regardent le feu danser tandis que ses cheveux retombent devant ses prunelles.

- Tu ne te sens pas trop seul ce soir ? Il dépose ses pupilles sur Izuku, le regardant droit dans les yeux.

Ce dernier, extrêmement gêné, baisse les siennes instinctivement.

- J'aime le calme et la solitude. J'ai pris l'habitude d'être seul de toute manière.

La voix calme et apaisante de Izuku raisonne par dessus le bruit des flammes.

- Je peux te tenir compagnie si tu le souhaites.

Izuku fronce les sourcils. Il n'est pas né de la dernière pluie et comprend parfaitement les intentions de ce dernier. Il a beau être gentil, il ne veut pas accepter ses avances. Izuku l'a vu venir avec ses grands sabots, même d'un peu trop loin.

- C'est très appréciable Shoto, mais je ne peux pas accepter. Dit-il en regardant au loin.

- Quelqu'un d'autre te fait la court ? Demande Shoto en décalant une de ses pattes pour la faire frotter sur les flancs du jeune daguet.

Izuku se crispe et se décale, n'appréciant pas d'être touché de la sorte sans son accord.

- Non, personne ne veut de moi. Je veux simplement que tu me laisses tranquille.

Shoto se lève, comprenant qu'il n'a aucune chance avec le plus jeune. Il n'est pas rancunier, loin de là, et est encore moins un centaure entreprenant. Il trouve simplement Izuku très beau.

- Très bien. Bonne soirée, Izuku.

Il disparaît entre les huttes, sans se retourner. Izuku souffle de soulagement. Cela ne le dérange pas que l'on vienne vers lui, mais il ne ressent pas cette étincelle quand Shoto le regarde. Il sait bien que c'est sans nul doute sa seule et unique chance d'avoir quelqu'un, mais il n'est pas désespéré au point de prendre le ou la première venue comme partenaire.

Évidemment, ce petit spectacle n'a pas échappé aux autres centaures, en particulier Katsuki. Assit un peu plus loin, il a une belle vue sur le dos de Izuku. Ayant l'oreille fine, il n'a pas loupé une seule miette de l'échange. Il a même eut un fin sourire en voyant Shoto se faire repousser aussi franchement. Mais ce sourire fane bien vite en voyant un second centaure, Eijiro, prendre la place du bicolore. Les mâles ne sont pas désespérés, il y a une raison face à un tel comportement. Izuku a grandit et il est devenu un très beau cerf-centaure. C'est surtout les mâles qui le trouvent à leur goût. Ce constat ne plait pas à Katsuki.

La saison des amours bat son plein, et beaucoup ne vont pas se gêner pour tenter d'avoir Izuku dans leur filet. Katsuki voit Eijiro partir la queue entre les jambes et cela le fait de nouveau sourire. Le centaure est tenté de rejoindre le jeune homme pour le courtiser lui aussi mais, en a-t-il le droit ?

Il se souvient de l'époque où il aurait pu jouer à ses côtés, parler avec lui, lui tenir compagnie. Sept années les séparent et c'est sans nul doute cela qui a rendu leur relation impossible. Alors que Izuku venait de perdre ses parents et qu'il était effroyablement seul, la moitié du village l'a rejeté par superstition. À cause de sa différence, certains centaures plus âgés ont omis l'hypothèse qu'il pouvait porter malheur. De ce fait, les adolescents de l'époque dont il faisait partie, l'ont délibérément mis à l'écart. Katsuki a suivit ses aînés ainsi que ses "amis" par peur d'être rejeté comme Izuku.

Maintenant qu'il est adulte, il regrette amèrement son choix. Il a toujours trouvé Izuku unique et magnifique, bien avant qu'il devienne un adulte. Si il avait agit différemment, peut être qu'il serait son partenaire.

Il se souvient parfaitement de chaque moment, de chaque brimade, de chaque crasse qu'il a subit. Il a regardé de loin, sans agir. Pendant deux longues années, avant que le chef du village ne prenne soin de lui, les jeunes centaures s'en sont prit à lui. Dérobant le peu d'affaire qu'il possédait, le bousculant lors des sorties classe verte. Impuissant, il a regardé et n'a jamais rien dit. Qu'il a honte de lui même. Izuku a quitté les cours de vie à dix ans, car un précepteur avait été engagé pour lui faire les cours à domicile.

Le temps s'est écoulé et de loin, il l'a vu grandir et s'embellir de jour en jour. Sortant de ses pensées, il voit Keigo se faire également refouler par Izuku. Ne tenant plus, il se lève, faisant tinter ses sabots sur le sol.

Arrivé à la hauteur du daguet, il fait comme ses congénères, et s'installe près de lui. Izuku faillit s'étrangler avec sa propre salive en voyant Katsuki à ses côtés.

- Je peux m'asseoir où tu comptes me faire partir moi aussi ? Avec un étrange sourire aux lèvres, Katsuki prend une brochette de viande et commence à la déguster, attendant une réponse.

Izuku sourit légèrement avant de passer une main dans ses cheveux, effleurant ses bois.

- Tu peux rester. Ta présence ne me dérange absolument pas.

Fière de cette première approche, Katsuki dépose sa brochette vide et contemple Izuku. Le bruit du crépitement des flammes mêlé au son des hiboux est reposant. Il regarde le feu danser sur la robe du plus jeune, le rendant encore plus attrayant.

- Tu ne vois aucun inconvénient si je viens à te faire des avances ? Katsuki se rapproche de lui, leur robe se touchant.

- Tu es différent des autres, je le sais.

Les joues de Izuku prennent une teinte rosée tandis que Katsuki pose avec précaution sa main sur les reins du vert. Au contact des doigts rugueux, Izuku sent un frisson parcourir sa colonne. Il se laisse couler contre le centaure, savourant l'étreinte. À se tenir ainsi, on aurait pu penser que les deux êtres étaient inséparables. Katsuki le tient d'une poigne de fer alors que Izuku a posé sa tête sur son épaule. Katsuki dépose son menton dans les cheveux bouclés, évitant les bois au passage.

- Je ne sais pas si mes excuses valent quelque chose, mais saches que je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi quand tu en avais le plus besoin.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Tu n'as rien à te faire pardonner.

Les deux centaures regardent le feu danser sans tenir compte du regard des autres.

- Ce que les autres t'ont fait subir durant ton enfance. J'aurais dû intervenir. Katsuki enfoui sa tête dans la chevelure, se délectant de sa douceur.

- Ne dis pas de bêtise, tu n'en étais pas l'auteur. Nous étions jeunes et naïfs. Le passé appartient au passé. Il faut avancer si nous voulons oublier.

Katsuki fronce les sourcils, resserrant son étreinte.

- Alors tu ne m'en veux pas ?

- Absolument pas. Izuku dépose cette fois sa tête contre le torse offert et ferme les yeux pour profiter au maximum de ce moment. J'ai toujours voulu être proche de toi.

Katsuki commence à caresser ses reins, aimant particulièrement le voir frémir sous ses doigts.

- Tu sais, je ne te regarde pas depuis que tu es entrée en âge adulte. Cela fait des années que mes yeux se sont posés sur toi.

- Katsuki ? Izuku lève les yeux pour regarder le blond qui fixe toujours le feu.

- Au départ, je pensais que c'était simplement de la curiosité mal placé car tu es différent. Au fil des années, je me suis rendue compte que... Tu es effectivement différent et c'est ce qui fait que je t'aime. Tes yeux, ta peau, la couleur de ta robe, jusqu'à la pointe de tes sabots. Je sais que nous ne sommes pas des êtres romantiques mais pour toi, je suis prêt à le devenir.

De longues années que ces mots sont bloqués dans la gorge du plus vieux. Depuis le temps qu'il formule cette phrase, il a enfin eu le courage de la dire à voix haute. Les centaures sont effectivement des êtres simples, n'étant pas portés sur la tendresse sauf dans de rare cas. Pour Izuku, Katsuki est prêt à faire fie de cette règle saugrenu. Lui compter fleurette, lui apporter des présents, lui faire la court avec délicatesse. Oh oui, pour les beaux yeux émeraudes de Izuku, et sa personnalité délicate, il est prêt à tout.

Izuku reste sans voix face à cette déclaration aussi inattendue que magnifique. Jamais il n'aurait pensé que le grand Katsuki ait des vues sur lui, jamais. Il pensait même être le dernier qu'il remarquerai. Il ne sait pas si il a une bonne étoile, mais aujourd'hui c'est plutôt son jour.

Le plus jeune se détache de Katsuki et se lève. Il lui tend sa main avec un immense sourire plaqué sur son visage.

- Suis-moi. Dit-il simplement.

Katsuki ne se fait pas prier et enlace ses doigts aux siens.

Les deux centaures partent au pas de course et quittent le village sans se retourner. Dehors, en pleine nuit, ce n'est sans doute pas une excellente idée mais Izuku veut un peu d'intimité. Après une bonne dizaine de minute au trot, ils sont arrivés dans la clairière préféré du plus jeune. Il ne fait pas trop froid, et l'air est divinement doux.

Izuku lâche la main de Katsuki et va se mettre au centre, là où le ruisseau passe. Les rayons de la lune et les étoiles se reflètent sur sa robe, le rendant plus beau qu'il ne l'est déjà. Sa peau blanche est parsemée de tâches de rousseurs et le blond a envie d'arracher l'unique vêtement qu'il porte pour en voir davantage. Katsuki s'approche de lui et vient l'enlacer. Il passe ses mains dans le creux de ses reins et le rapproche d'un coup sec. Le torse dénudé du blond se colle à celui de Izuku, caché derrière son gilet de laine. Les mains du vert se perdent dans les cheveux qu'il prend un malin plaisir à décoiffer.

- J'aimerais que cette nuit ne finisse jamais. Dit Katsuki tout bas, ayant peur de briser le moment.

- Elle pourrait, si on le souhaite très fort. Izuku baisse les yeux tandis que ses sabots frappent le sol avec hargne.

- Tu es anxieux ? Demande le blond avec un sourire discret.

- Un peu, je n'ai jamais eu de partenaire. Avoue Izuku difficilement. Cette réponse ravi le blond qui ne tarde pas à agrandir son sourire.

- Tu n'as pas à être aussi mal en ma présence. Je ne te ferais rien que tu ne souhaites pas.

Izuku encre ses prunelles dans celles de son futur partenaire et rougit de plus belle. Ses yeux sont plein d'assurance.

- Je... Je ne sais pas quoi faire. Avoue t-il à demi-mot, l'air perdu.

- Laisse toi guider. Dit Katsuki en rapprochant son visage. Suis mes mouvements.

Leur front se rencontrent en un bruit sourd tandis que leur souffle commencent à se mélanger. Bientôt, après de longues minutes, leurs lèvres finissent par se rencontrer pour la première fois. C'est une explosion de sentiment pour Izuku. Une chaleur monte dans ses reins, sa tête bourdonne et ses oreilles sifflent. Il s'est tellement monté la tête pour un simple baiser. Il finit par se laisser guider, mouvant ses lèvres contre celle du plus vieux.

Katsuki aspire et passe sa langue humide sur les lèvres du plus jeune. Izuku entrouvre la bouche sans comprendre tandis qu'une langue se faufile. Leur langue s'emmêlent, se découvrent, s'apprivoisent. La langue de Katsuki est râpeuse et légèrement encombrante. Elle passe dans chaque recoin, ne lui laissant aucun répit. Izuku suit le mouvement, répétant chaque geste. Leur souffle se mélangent, la chaleur monte d'un cran. Les imposants sabots de Katsuki frappent le sol tandis que la queue de Izuku frétille dans son dos. Ils commencent à gémir, respirant par le nez. Les mains de Izuku se perdent dans le dos offert qu'il prend plaisir à griffer. Katsuki fait de même et caresse avec envie le torse fin. Ils commencent tous les deux à devenir excités, et ce n'est sans doute pas le bon moment pour l'être.

À contrecœur, ils se détachent l'un de l'autre et reprennent leur respiration tant bien que mal, sans détacher leurs mains, front contre front.

- Tu as aimé ? Demande Katsuki, fermant ses yeux pour se remémorer le goût de ses lèvres. Elles sont légèrement sucrées.

- C'était divin. Izuku dépose un léger baiser sur les lèvres encore humides, et il rougit de son initiative. Tu veux venir chez moi ? Izuku sait que l'invitation est précipité mais ce n'est pas pour faire quelque chose de spécial, pour l'instant il veut seulement passer la nuit avec lui.

- Ce serait avec plaisir. Je voulais te demander la même chose. Chez toi ou chez moi, peu m'importe tant que je suis à tes côtés.

Izuku rougit de plus belle.

- C'est juste pour dormir, hein ? Demande t-il pour être sûr.

- Évidemment ! S'empresse de répondre Katsuki pour le rassurer. Nous avons le temps devant nous. Apprenons d'abord à nous connaître un peu mieux.

Main dans la main, les deux centaures retournent au village le pas léger, se scrutant du coin de l'œil.

Ils n'échappent pas aux regards de quelques centaures encore éveillés qui les scrutent, envieux. Les amants ne les regardent pas, trop absorbés par eux-mêmes.

Ils finissent par pénétrer dans la maisonnette et Izuku l'emmène vers sa chambre. Toutes les chambres se ressemblent mais pour Katsuki c'est différent, c'est celle de son partenaire. Elle a un côté interdit très excitant.

Izuku se couche le premier sur le sol, déposant son flanc sur la paille fraîche. Katsuki l'imite, se mettant derrière lui, déposant son corps contre le mur. Izuku accepte volontiers l'étreinte, n'ayant pas l'habitude d'avoir de l'attention. Jamais quelqu'un n'a porté une main sur lui et, alors qu'il pensait ne jamais connaître ça et ne pas parvenir à accepter qu'on le touche, il se surprend lui même à apprécier les caresses de Katsuki sur sa peau.

Le vert commence à se détendre, les caresses l'aidant à s'endormir. Quelques minutes suffisent pour que Morphée l'accueille à bras ouverts.

Katsuki regarde son amant, le visage paisible et détendu. Il se fait violence pour ne pas l'embrasser une nouvelle fois. Il est heureux de voir que Izuku n'est pas insensible à lui, et espère que bientôt il deviendra son partenaire. Il sait que la probabilité d'avoir une famille avec lui est infime, mais il s'en moque. Katsuki ne désire que lui, et personne d'autre. Peu importe leur différence, peu importe le passé. Il veut que son avenir soit avec lui.

C'est sur cette dernière pensée qu'il dépose sa tête dans le dos finement musclé, et commence lui aussi à plonger dans le doux pays des rêves, juste après un léger baiser sur la peau tachetée.

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Petit One-shot écrit il y a pas mal de temps, et qui a inspiré ouraganjolie  pour son histoire qui est tout bonnement bien meilleur que ce que j'ai à vous proposer ici ! ><

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