Le jardin des mots - TodoDeku
Le vent se lève doucement, mais il n'est pas agressif. Une douce brise caresse ses cheveux verts sapin et il sourit, mélancolique. Ce jardin qu'il a tant chérie et qui renferme des souvenirs douloureux, est pourtant son seul et unique héritage. Sa grand-mère lui a légué la maison et tout ce qu'elle abrite. Un jardin feuillue, une cuisine d'un ancien temps, un salon sans télévision et une chambre dépourvu de lit. Izuku pourrait se débarrasser de cette maison, et ainsi effacer tout ce dont elle contient, mais il n'en fait rien. C'est la dernière chose qui lui reste de sa défunte grand-mère et il est hors de question de la donner à quiconque, peu importe la douleur que cela lui procure de franchir le seuil de la porte.
D'un soupire théâtrale il s'assoit sur la marche et regarde l'étendue des dégâts. Dix ans qu'il n'est pas venu ici, l'endroit n'a pas changé. À défaut de ne plus pouvoir bouger, et alité depuis quelques années déjà, elle a pourtant entretenu les lieux du mieux qu'elle le pouvait. Izuku souligne l'effort car le jardin reste tout de même très accueillant. Il essuie une fine goutte de sueur qui menace de s'échouer sur ses cils, et repose sa tête contre le mur de brique rouge. Il a du travail devant lui, et ses vacances vont passer beaucoup trop vite. Déjà un an qu'elle est décédée, et c'est le temps qui lui a fallut pour oser venir ici. Il ne s'attendait pas à un cadeau de sa part, car il est parti lâchement. Souhaitant quitter ce village, et tous les défauts qui y règnent, il a suivi sa mère vers la capitale. C'est seulement aujourd'hui qu'il regrette ce choix.
Il n'a accordé qu'à la vieille dame un "Au revoir" à peine audible, et un appel par an pour son anniversaire. Il pince ses lèvres en imaginant la pauvre femme dîner seule, passant ses journées à lire dans le jardin. Jamais il n'est venu pour les fêtes, alors que sa propre mère travaille toute l'année. Il n'habite pas loin, à une heure de route en voiture, et une heure trente en train. Maintenant que lui aussi travaille d'arrache pied, il a de quoi se payer un billet. Pourquoi n'est-il jamais revenu ? Pourquoi cet endroit hante à ce point ses nuits ? Pour de multiples raisons mais aucune ne justifient sa non présence auprès de sa grand-mère. Il reste au fond de lui, malgré ses vingt cinq ans, un petit enfant perdu et apeuré, hanté par ses démons du passé.
Le premier démon est le plus redoutable, et c'est celui qui a, au final, commit tous les maux. Dénommé Katsuki par ses amis, et Katchan par Izuku lui même, ce terrifiant personnage était autrefois le meilleur ami du vert. Ayant grandis ensemble, allant dans la même maternelle et passant le plus clair de leur temps collés l'un à l'autre, les deux garçons sont devenus inséparables. Au départ, l'un était fasciné par l'autre, le trouvant génial en tout point, tandis que l'autre, en parfait égoïste assumé, ne voulait surtout pas partager son Deku. Habitant dans un petit village les rumeurs vont bon train et très vite, le duo a été connu de tous. Cela ne dérangeait pas les concerné qui s'en fichaient. Ils vivaient tous les deux dans leur propre monde fait d'insouciance et d'imagination, pour ne pas dire qu'ils vivaient dans une bulle hautement privée. C'est d'ailleurs le plus naturellement du monde qu'ils se sont mit à changer en grandissant. Katsuki devenait plus violent, et Izuku encore plus introverti. Le blond s'est mit naturellement à protéger le plus petit, et cela jusqu'au collège.
En grandissant leur esprit se sont également mit à évoluer et bien vite, Katsuki a eu des envies différentes de son ami d'enfance. Un besoin presque viscérale d'être constamment entouré et plus seulement par le vert.
Katsuki, à bientôt quinze ans, rêve de changement. Une petite amie, une bande de copain. Bientôt, il devient le centre d'attention de tout le collège. Izuku, mit sur le banc de touche, ne trouve rien à redire. Trop timide pour aller de l'avant, trop effrayé pour oser froisser son ami, il est le témoin de l'ascension de Katsuki, et tout cela depuis son ombre. Bien évidemment, ne possédant plus son chevalier servant pour lui venir en aide, Izuku est de nouveau le bouc émissaire, le sous fifre de toute une école. N'étant plus des enfants, les sévices qu'ils infligent à Izuku n'ont plus rien d'enfantin. Tirage de cheveux, crachat sur le visage, coups et croche pied, il vit cela au quotidien. Quant il atteint quinze ans, il pense enfin pouvoir respirer en cette journée d'été, car l'école est terminé pour deux mois. Malheureusement pour lui, qui dit village, dit impossibilité d'échapper à ses bourreaux. Il a prit l'habitude de passer la journée avec Katsuki, comme quand c'est l'anniversaire du blond. Tout naturellement, Katsuki trouve du temps à lui consacrer, ainsi qu'une petite surprise. Izuku se demande ce que cela peut bien être, car il sait que son ami redouble d'imagination chaque année. Ce qu'il ne sait pas, c'est que cette année sera la dernière qu'il passera ici.
Il s'est rendu chez Katsuki, son sac de couchage dans la main. Il prévoit toujours une soirée pyjama en ce jour particulier et le vert sait que cette année encore, malgré les événements, il ne dérogera pas à la règle. Katsuki de son côté, a tout prévu. Il s'en veut d'avoir délaissé Izuku, et veut à tout prix se rattraper. Quoi de mieux que d'inviter ses nouveaux amis ? Nouveaux amis qui sont accessoirement les bourreaux actuels de Izuku, mais ça, notre pauvre Katsuki ne le sait pas.
Dans la maison silencieuse, à deux heures de l'après-midi, il n'y a que Katsuki et Izuku, jouant à la console. Le blond n'est pas étonné de le voir choisir "Animal Crossing" lui qui adore ce type de jeu où il suffit de passer sa vie à se faire de nouveaux amis tout en arrosant ses fleurs. Typique du jeune vert. Après une heure de jeux, l'horloge sonne trois heures et à la porte la sonnerie retentit. À la maison il n'y a personne car les parents de Katsuki travaillent à la capitale comme employé de bureau, donc Izuku se demande qui cela peut bien être. Que ne fut la surprise de ce dernier de voir les quatre garçons qui passent leur vie à pourrir celle de Izuku. Ni une, ni deux, il perd son éternel sourire candide. Le massacre va pouvoir commencer.
Katsuki, devenu trop aveugle avec le temps, ne voit pas les coups d'épaules, les pincements et autre douleur physique discrète que lui font les adolescents. Ce manège dure toute l'après-midi, et plus encore. Le blond s'est endormi, trop épuisé par la nuit qu'il a passé à jouer lui-même à "Animal Crossing", et se retrouve avec une nuque bien raide. Sur le canapé, il ne reste que lui, et les couvertures qu'il a donné à ses camarades. Quand il regarde l'horloge qui annonce sept heure du soir, il sait que ses parents ne vont plus tarder. Néanmoins, il n'a pas souvenir d'avoir congédié les cinq garçons, et puis, Izuku est censé rester dormir.
La bouche pâteuse, un verre d'eau lui semble être le meilleur remède, mais il grimace en voyant qu'il a une fois de plus oublié son téléphone dans sa chambre. À coup sûr, il va avoir une dizaine d'appel manqué de la par de sa copine actuelle. Il préfère donc emprunter les escaliers pour sauver le coup, et au moins répondre à un message. Mais bien évidemment, tout ne se passe pas comme prévu. La porte de sa chambre entrouverte ne laisse rien présager de bon, même pour lui. Inquiet, mais avant tout curieux, il regarde à l'intérieur comme pour vérifier une hypothèse. Son regard devient soudain vide, et son sang se glace dans ses veines.
Etendue sur sa moquette bleu, le visage tuméfié, Izuku peine à garder un œil ouvert tant la douleur dans sa tête l'assomme. Cette fois, les bourreaux ont franchis la barrière du non retour et Izuku lui-même a abandonné. Au dessus de lui, le plus gras des quatre rit en lui assénant un énième coup dans le ventre qui commence à prendre une teinte mauve. Le t-shirt relevé, Katsuki faillit vomir. Le pauvre vert est méconnaissable. Il s'est même, à sa plus grande honte, fait pipi dessus par peur. L'odeur d'urine et de sang est insupportable, mais le plus horrible sont les pleurs du bouclé qui en dépit de son état, ne cessent de redoubler.
Ce jour là, Katsuki n'est pas parvenu à bouger, et personne, même lui, n'a su pourquoi. C'est le bruit d'une porte que l'on referme qui fait tourner les yeux de Izuku, mais il n'y a personne. Le blond a enfouit ce moment, et s'est persuadé que ce n'est jamais arrivé. Du moins, c'est ce qu'il tente de se dire. À peine dix minutes plus tard, ils descendent, et menacent le maître des lieux. Si il vient à en parler, ils feront en sorte qu'il soit lui aussi accusé, et son beau monde s'effondrera. Ne voulant pas que ses parents trouvent le plus jeune dans cet état, il fait son possible pour maquiller la scène. Il emmitoufle Izuku dans son sac de couchage, lui dépose un baiser sur son crâne, et le laisse un peu plus loin, à un arrêt de bus. Faire cela, c'était comme tuer son ami. Il sait que désormais, plus rien ne sera comme avant.
Et en effet, tout a changé. C'est un usager qui trouve le pauvre garçon, et le reconnaît immédiatement, malgré son visage. Il faudra deux mois à Izuku pour retrouver la vue de son œil gauche, et une paire d'années pour s'en remettre. Vivant chez sa grand-mère depuis toujours, les adieux ont étés difficiles mais nécessaire. Trop de chose le rattachent ici, et encore plus cette maison qui abrite encore les rires de Katsuki. Son ami a commis un acte de haute trahison, car si personne n'avait trouvé Izuku ce jour là, les médecins sont formels, il serait mort de ses blessures. Le bouclé ne parvient pas à expliquer en détail, mais quatre noms lui reviennent. Il omet de dire que cela s'est passé chez son ami, comme par réflexe de protection. Savez-vous ce que le corps enseignant a fait ? Ainsi que la police ? Les enfants ont étés placés sous garde à vue pendant quatre heures avant d'être relâché. Ils ont simplement déplacés le problème en les envoyant dans un autre collège, à soixante kilomètres de là.
Izuku, qui garde un arrière goût de cette injustice, préfère fuir, et aujourd'hui encore il s'en veut.
Maintenant, de l'eau a coulé sous les ponts et dans le village, il ne reste plus que des vieillards sans histoire. Finalement, Izuku a remonté la pente grâce à sa mère, et son optimisme. Il est on ne peut plus fier de lui. Reste son seul regret, le temps manqué avec sa grand-mère.
Au fond, la vieille dame ne lui en a jamais voulu car, qui aurait pu lui en vouloir ? Elle même a subit ce type de harcèlement quand elle a épousé un japonais, alors qu'elle est française. Elle a perdue sa famille et une bonne partie de ses amies, et dans le village, c'était également mal vu. Alors elle comprend parfaitement ce besoin d'éloignement et de renouveau. La seule chose qu'elle regrette, c'est ce jardin. C'est cette même pelouse qui a guidé Izuku dans ses premiers pas. C'est cette même marre qui a accueillit ses premiers barbotages. C'est ce même arbre qui l'a vu grandir durant quinze courtes années. Ensemble, ils ont même plantés des azalées qui, depuis le départ du rayon de soleil de cette maison, n'ont jamais plus fleuris. Oui, elle n'a pas uniquement cédé la maison à son petit-fils. Ses dernières paroles sont formelles, Izuku doit donner une seconde jeunesse à cet endroit, et il s'y est engagé.
Il a le droit à un mois de vacances qui en soit, est plutôt court. Pourtant, Izuku n'est là que depuis deux jours et il a déjà bien avancé. Les poussières sont faites dans toute la maison. Il a trouvé un futon dans les vieux cartons qui sera désormais son lit pour les prochaines semaines. Il a également passé la journée d'hier à faire le déplacement entre chez lui et ici pour amener de vieux meubles, ainsi que quelques ustensiles de cuisines. Maintenant que tout cela est déjà fait, il lui reste le fameux jardin.
D'où il est il voit déjà les longues journées qu'il va passer à désherber. Sa grand-mère vivait dans un autre temps et plus de la moitié des outils de jardinage sont sois rouillés, sois impossible à utiliser. La tondeuse qu'elle utilisait n'est pas une tondeuse. Où est le moteur et le sac pour la mauvaise herbe ? Non, vraiment, il a bien fait de prendre son porte monnaie. Il a posé les gants sur la table du salon, et ses yeux sur la vieille horloge. Ce matin il n'a rien mangé, s'étant levé très tard, et il a fini les derniers gâteaux hier soir. Les placards sont donc vides.
Il doit passer à la droguerie du coin pour trouver de quoi terminer les travaux, puis trouver une supérette pour se nourrir et enfin, des outils adéquat pour le jardinage. En soit, il va commencer par les courses puis, il fera un tour chez le fleuriste. Quand il était jeune, il se souvient y être allé plus d'une fois avec sa grand-mère. La gérante possède de long cheveux blancs et des yeux magnifiques. À chaque déplacement, il adorait regarder les cheveux de la fleuriste. Un passe-temps pendant que sa grand-mère discutait.
Il se munit donc du cabas, de ses clés ainsi que de son portefeuille et en avant pour une demi-heure de marche. Izuku est légèrement à bout de souffle. Peut-être qu'éviter les cours de sport n'était pas une si bonne idée, il est moins endurant qu'il ne l'aurait espéré. Il a prit le temps de ranger ses courses avant de prendre direction chez le fleuriste, seulement il lui faut reprendre son souffle. Il ne peut pas se présenter ainsi.
Une fois qu'il est présentable, il pénètre dans le magasin et une petite clochette retentie. Il est assaillit par les odeurs fleuris, et par les couleurs éclatantes. C'est magnifique à regarder. Il est immédiatement attiré par les cactus et les plantes grasses, ainsi que par le rayon d'outillage. Il commence à regarder de près, détaillant chaque étagère, allant même jusqu'à toucher délicatement les feuilles.
- Excusez-moi, j'étais occupé dans l'arrière boutique.
Quand Izuku se retourne pour faire face au vendeur, il en perd ses mots. Le jeune homme est d'une beauté à couper le souffle. Une peau laiteuse, des yeux hypnotisant et un sourire resplendissant. Izuku ne fait même pas attention à la brûlure qu'il a sur le haut de son œil, trop absorbé par ses yeux profonds. Il est tout de même étonné par la couleur de ses cheveux, qui est pour le moins singulière.
- Rei ne travaille plus ici ? Izuku s'avance jusqu'à la caisse et le vendeur utilise sa main comme repose tête.
- Vous devez sans doute parler de ma mère. Ça fait un moment qu'elle a arrêté pour des raisons de santé. Je suis son fils, Shoto. Il tend une main puissante que Izuku saisit, avalant difficilement sa salive.
- Je suis Izuku, le fils d'Inko. Shoto lève les sourcils une demi-seconde avant de secouer la tête.
- Je me disais bien que ton visage m'était familier. Il contourne le comptoir pour se rapprocher des tulipes, caressant délicatement leur tige.
- On se connaît ? Demande le vert en déposant son dos contre le bois, détaillant le dos de Shoto. Malgré son col roulé blanc et son tablier, on peut distinguer une musculature plutôt intéressante selon Izuku.
- Je te connais. Avoue le bicolore en arrosant les jacinthes. J'habite au dessus de la boutique, je te voyais souvent venir et repartir avec ta grand-mère.
Izuku baisse les yeux, triturant ses doigts, et semble tourmenté.
- Je pensais que tu me connaissais... Par rapport à autre chose. Shoto tourne son visage un court instant avant de reporter son attention sur les jacinthes.
- Le village n'est pas bien grand, les nouvelles vont vites, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Shoto a un air désolé sur le visage, mais préfère regarder les plantes pour ne pas gêner Izuku.
- Je me disais aussi.
Un silence s'installe durant lequel Shoto finit d'arroser les fleurs pendant que Izuku fixe les horizons à travers la baie vitrée.
- À par ça, tu es venu pour quoi ? Izuku sort de ses pensées, regardant le bicolore frotter ses mains sur son tablier maintenant couvert de terre.
- J'aurais besoin d'outil pour jardiner. Ceux de ma grand-mère ont rouillés et sont inutilisables.
Shoto part en direction du rayon et regarde Izuku comme pour attendre ses ordres.
- Il me faudrait de quoi tondre mais aussi tailler les buissons. Les arbres sont également devenu dangereux et je n'ai pas de quoi les élaguer. Celui aux yeux particulier commence à prendre une bêche, une paire de cisaille, un taille haie et un arrosoir. Izuku le regarde, fasciné. Il semble réfléchir, calant sa langue entre ses lèvres, la main sous le menton. Il revient déposer le tout et attend le verdict du vert. Heu... Il ne sait pas quoi répondre, et malgré la gêne entre eux, Shoto rigole discrètement.
- Ne t'en fais pas, il y a une notice avec chaque outils et ils te seront tous utiles, crois moi. Izuku lui fait confiance et hoche la tête. Il règle ses achats, met le tout dans un grand sac et s'approche de la porte.
Shoto s'est accoudé au comptoir caisse, le regardant partir. Le bouclé se retourne et sourit en guise de au-revoir, ce à quoi Shoto répond par un petit signe de main. Quand Izuku est assez loin, disparaissant entre les maisons, le bicolore souffle, plongeant sa tête entre ses bras. Ses joues se mettent à rougir discrètement et il parle tout bas.
- Il est toujours aussi mignon.
_____
Trois jours qu'il travaille sur ce jardin, et il n'en voit pas le bout. Seulement vêtu d'un t-shirt noir et d'un short en coton, la chaleur frappe sa peau tachetée, colorant sa chaire d'un jolie doré. Assis sur un vieux tabouret, essuyant ses mains pleines de terre, il profite un peu du soleil et du chant des oiseaux. Il n'y a pas à dire, à la campagne le calme règne.
Mais ce calme est de courte durée, puisque à peine a-t-il le temps de souffler, que l'on vient sonner à sa porte. Il a beau être au jardin, la sonnette est si stridente qu'il peut l'entendre de loin. Il se lève difficilement, son dos lui rappelant qu'il travaille depuis des jours, et il se hâte d'aller ouvrir. N'attendant personne, il ouvre sans réfléchir et paraît plus qu'étonné devant son invité surprise.
- Shoto ? Izuku regarde le jeune fleuriste, les mains pleines de sac, et l'invite immédiatement à entrer. Je n'attendais pas ta visite. S'empresse de dire le vert, embarrassé.
C'est au tour de Shoto de ne plus savoir où se mettre.
- Je me disais que tu devais avoir besoin de ça pour le jardin. Il dépose les sacs en papier sur la table du salon, et en sort de l'engrais, ainsi que diverses outils pour prendre soin des arbres et des buissons. J'ai également pris de quoi manger, je ne sais pas si...
- Oh merci, c'est vrai qu'il est déjà quatorze heure passé et je n'ai pas pris le temps de me préparer quelque chose. Il sort des tupperware et deux bouteilles d'eau au litchi. C'est toi qui a cuisiné ?
- Oui, quand je ne suis pas à la boutique j'aime bien expérimenter de nouveau plat, que ce soit du salé ou du sucré. Shoto frotte sa nuque, regardant Izuku sortir tout les contenues des sacs, s'émerveillant à chaque découverte.
- Justement, tu ne travailles pas aujourd'hui ? Izuku regarde Shoto tout en pliant soigneusement les sacs.
- Et bien, on ne peut pas dire que j'ai foule. Tu étais mon premier client depuis des semaines. Il prend ses aises, s'asseyant sur l'une des nombreuses chaises.
- Vraiment ? Pourtant, on ne dirait pas.
- C'est ma mère qui commande les fleurs, et elle prend toujours de trop. Au final, chaque semaine j'en jette toujours plus. Je ne peux rien faire. Tous les jeunes quittent le village pour la ville, et les personnes âgées ne s'occupent pas vraiment de leur jardin.
- Je trouve cela dommage. Tes fleurs sont magnifiques, elles ne devraient pas faner sans profiter d'une famille.
- Que veux-tu, je ne peux pas obliger les gens à rester ici.
Un silence se fait durant lequel les deux hommes regardent dehors, sans prononcer un seul mot.
- Tu avances bien ?
Izuku avance, et Shoto le suit. Ils rejoignent le jardin par la baie vitrée, alors que Izuku met les outils dans un coin pour montrer là où il a commencé.
- Comme tu peux le voir, j'avance pas à pas. Je me rends compte que seul, c'est plus compliqué. Je n'aurais jamais fini avant mon départ.
Le bicolore constate qu'effectivement, il reste beaucoup de travail. Des mauvaises herbes dans tous les coins, des arbres très feuillus et des buissons indomptables.
- Tu veux de l'aide ? Izuku faillit trébucher sur une racine d'arbre, et se rattrape in extrémis sur la branche.
- Je ne veux pas que tu te sentes obligé.
- Si je te propose mon aide, c'est parce que j'ai le temps mais je n'ai surtout pas envie de te retrouver sous un tas de feuille à moitié desséché.
La blague fait l'effet escomptée puisque les deux hommes rigolent légèrement, oubliant l'embarras de tout à l'heure.
- Puisque c'est si gentiment demandé, j'accepte volontiers.
C'est donc dans cette bonne ambiance que les deux amis commencent à travailler ensemble. Ils passent le début de l'après-midi et la fin de journée dans le jardin, alternant entre discussion joyeuse et travail de la terre.
Ils continuent ainsi pendant une semaine, et des habitudes s'installent, leur donnant l'impression de se connaître depuis toujours. Shoto amène de quoi manger le midi, Izuku cuisine le soir, et la journée ils jardinent ensemble. Sans dire pourquoi, le lendemain même le bicolore a donné à Izuku un bouquet de jacinthe mauve. Et chaque jour de la semaine, il donne un bouquet de fleur différente, lui seul sait ce qu'elles signifient. Un bouquet de violette, puis un de pensée jaune, s'en suivit un de lys rose, après un autre de jonquille, et un d'hortensias bleues. Le dernier jours, juste avant son départ, Shoto ne peut venir la journée, mais Izuku l'invite à dîner. Le jardin a retrouvé une seconde jeunesse, leur permettant de passer du temps à faire autre chose. Ils discutent, rient beaucoup, et flirtent en toute délicatesse. Cela leur convient parfaitement.
Alors que Izuku termine de dresser la table, non pas pour un dîner entre amis, mais bel et bien pour un dîner galant, Shoto réajuste sa chemise noir. Il n'a pas eu le temps de la repasser, la sortant telle quelle du placard, mais heureusement, elle est peu froissée. Il a plaqué ses cheveux en arrière et porte fièrement un bouquet d'arums dans sa main. Il a mis le paquet, mêlant du rose avec du jaune, du rouge avec du orange, le tout avec une pointe de mauve. C'est le bouquet parfait. Le bicolore est quelque peu attristé que Izuku reparte demain, mais il sait qu'il ne peut rien pour l'arrêter, alors il compte au moins passer une soirée digne de ce nom.
Quand Izuku vient lui ouvrir, il porte un pull près du corps et un jean très moulant, faisant rougir l'invité.
- Shoto, tu n'aurais pas dû. Il prend le bouquet, humant l'odeur comme à chaque fois, et sourit de toutes ses dents. Elles sentent merveilleusement bons. J'aime surtout leurs couleurs. Il trouve bien vite un vase, ayant commandé un nombre inhumain au court de la semaine, et les place sur le buffet, avec les autres.
- Tu en prends grand soin. Les jacinthes sont encore rayonnantes. Constate Shoto en s'approchant.
- J'ai un bon professeur. Taquine le vert en prenant place près du bicolore, devant les bouquets colorés. Cela apporte un peu de gaité dans la maison. Izuku caresse les feuilles des arums avec un tendre sourire. Tu pourras t'en occuper quand je serais parti ?
Shoto regarde les fleurs, puis Izuku, et sourit à son tour.
- Bien sûr, c'est un peu comme mes propres enfants. Tenant compte du double sens, les deux hommes se mettent à rougir, détournant le regard.
- Installe-toi, je vais amener le dîner. Shoto s'exécute, docile.
Izuku reprend son souffle dans la cuisine, à l'abris des regards, tentant de calmer les battements de son cœur. Il prend les bols, ayant fait des donburi pour ce soir, et amène le tout sur la table où Shoto attend sagement.
- Comme tu le sais, je ne cuisine qu'avec du riz alors... Izuku a essayé de faire une ratatouille pour changer de ses plats à base de riz, mais malheureusement, il a échoué lamentablement.
- C'est parfait, Izuku, vraiment. Le vert sourit timidement, soulagé.
Shoto étant placé sur la gauche de Izuku, et leur espace étant limité, leurs coudes s'effleurent, et leurs pieds se touchent. Ils sont deux êtres effroyablement timides et réservés, mais grâce au saké et à l'ambiance, ils commencent à se détendre. Le plat engloutit, la bouteille vidée, leurs doigts se sont liés juste avant le dessert. Tarte aux pommes, et supplément crème glacé. Presque naturellement, et sans se poser de question, ils ont mangés avec la même cuillère, Shoto la tenant.
Izuku laisse échapper un peu de glace sur le coin de ses lèvres, et la goutte tentatrice fut récupérée par le pouce de Shoto qui l'amène à ses lèvres. Izuku suit son mouvement, et se lèche les lèvres instinctivement. La cuillère est abandonnée, tout comme le succulent dessert. Leur bouche se sont trouvées, et leur langue se mélangent. Un goût sucré, une pointe de pomme, c'est le baiser parfait. Quelque peu timide au début, mais plus fougueux après plusieurs tour de langue. Les mains de Izuku attrapent la chemise de Shoto, et celles du bicolore se posent sur les cuisses du vert, n'allant pas plus loin.
C'est uniquement quand le besoin de respirer se fait sentir qu'ils s'éloignent, leurs pupilles noires, et leurs lèvres rouges.
- Ce n'était pas prévu au programme. Dit Izuku en bécotant de nouveau les lèvres fines offertes.
- Je sais, c'est pour ça que c'est encore meilleur. Répond Shoto entre deux baisers enflammés.
- On ne devrait pas. Izuku laisse sa tête partir en arrière tandis que Shoto se rapproche, bécotant le cou sensible. Je repars demain.
- Et alors ? Laisse moi te goûter encore plus. Il part en exploration sur une clavicule, mordillant doucement l'os. Je veux te montrer à quel point je t'aime.
Leurs yeux se cherchent, et leur regard s'accrochent. Il n'en faut pas plus à Izuku pour faire tomber ses dernières barrières, balayant ses bonnes résolutions. Le fleuriste le porte jusqu'à la chambre, le déposant sur le futon, délaissant la table et la nourriture, et commence à déshabiller son amant.
Leur souffle se mélangent, leur peau se collent, et eux, ils profitent. Shoto découvre les points sensibles de Izuku, les retenant jusqu'au dernier. Il se délecte de chaque grain de beauté, de chaque tâche de rousseur, et de chaque courbe. Sa peau caramel, ses yeux émeraudes et sa sensualité, il est si beau ainsi nu et exposé. Quand leur corps ne font plus qu'un, il faut plusieurs minutes aux bouclés. Shoto est plus qu'heureux d'être son premier, et se jure d'être son dernier. Un coup de bassin lui informe qu'il peut bouger, et Shoto lui fait l'amour. Tendrement, sauvagement et profondément. Gémissement, baiser et grognement, la pièce se remplit de son obscène et excitant. Aucun des deux ne réfléchissent ou ne pensent au lendemain. Seul le moment présent a de l'importance. Même si tous deux veulent que cette nuit ne meurt jamais, ils ne se disent rien, gémissant leur prénom. Il n'y a presque aucune cohérence dans leur parole, et de toute façon, ils n'écoutent pas. Arrêter le temps, ne serait-ce qu'un instant pour graver ce moment de plaisir intense.
Ils atteignent l'extase ensemble, comme deux amants amoureux, et s'endorment l'un contre l'autre, comme deux amoureux aimant. Morphée les accueille avec plaisir, leur tendant ses bras cotonneux. Ils dorment jusqu'au petit matin, les oiseaux chantonnant gaiment, les rayons du soleil perçant le fin rideau. Personne ne sait de quoi l'avenir est fait, ni même si cette idylle naissante va prendre racine, mais en bas, sur le buffet garnis de mil et une couleur, le bouquet d'arums est plus beau que jamais, alors qu'à ses côtés, les fleurs profitent d'un bain de soleil.
Dans le jardin maintenant taillé et vivant, un petit buisson dégarnit se met à bouger. En regardant de plus près, un minuscule petit bourgeon venait de faire son apparition, et bientôt, alors que le soleil se lève haut dans le ciel, le buisson en accueille d'autre encore.
Cette année, et pour la première fois depuis son départ, les azalées fleurissent, illuminant le jardin de leur beauté violacée. Leur message est clair.
L'azalée symbolise les émotions mais également des événements spécifiques.
" Souvenez-vous avec tendresse de votre maison, et ayez envie d'y revenir. Prenez soin de vous, de votre famille, et de votre amour naissant."
______
Un petit one-shot qui change, et j'espère que vous en avez aimé sa pureté ^^
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top