Post Mortem

dédicacée à Etshell

Avant-propos : Description glauque et violente (surtout début et fin), âme sensible s'abstenir

Ceci est un texte que j'ai voulu écrire depuis longtemps. Après une réflexion personnelle "et si toutes les régions existaient, et que tous les enfers/paradis/autres fins existaient mais dépendaient simplement de la personne qui meurt ?"
Bref, vous comprendrez en lisant.
C'est plus un texte philosophique qu'une vraie croyance personnelle, j'ai juste trouvé ça beau donc je l'ai écrit. Et comme c'est souvent le cas : oui, c'est triste mais ça ne veut pas dire que je le suis ^^

Voilà tout est dit. Bonne lecture !


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PAN

Bruit de pistolet qui fuse au milieu de la nuit. Les oiseaux s'envolent. Les murs se tapissent de rouge. Le garçon tombe. La lumière disparaît. Les ténèbres l'envahissent. Son sang coule au ruisseau sur le tapis. Il est partit.


« Alors c'est la fin ». Une silhouette murmura quand le garçon ouvrit ses yeux. « Tu es mort ».

Le garçon hocha la tête, serein. Il se sentait vide. Sans haine, sans surprise, sans peur. Il était mort.

Autour de lui il y avait une salle noire. Devant lui la silhouette sans visage. Ombre anonyme dans la nuit.

« Et maintenant ? » demanda le garçon. «Maintenant quoi ? »

«C'est à toi de me le dire » fit doucement l'ombre. « Tu le sais au fond de toi ».

La silhouette lui tendit la main, comme un parent la tendrait à son enfant. Et le garçon la saisit, comme un fils prendrait celle de son père. Comme un fils prendrait celle de sa mère.

 
Ils marchèrent ensemble dans le noir, sans mots. Peut-être pendant des heures, peut-être juste un instant. Ici le temps semblait ne plus exister.

L'ombre plongea sa main libre dans le mur noir. Et ouvrit une porte. Ils la franchirent tous deux.





La lumière blanche envahit les yeux du garçon. Lumière apaisante, calme. Une atmosphère douce régnait dans ce lieu.

La première chose que l'on y remarquait, c'était les gens. Heureux. Épanouis. Vêtus de blanc. Assis dans leur coin, se remémorant leur vie. Certain assis dans un carré d'herbe fraîche, d'autre grimpant dans des arbres d'or. En compagnie de ceux qu'ils aiment.
En haut, des Anges volaient dans les airs en chantant des mélodies qui apaisaient les âmes.

« Le paradis » en conclu l'enfant. La silhouette noire hocha la tête. Le garçon se tourna vers elle : « Est-ce là que je dois aller? ».
L'ombre le regarda de ses yeux invisibles : « Non. Ici n'est pas ta place ».

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon se retourna. Il regarda les Hommes en blanc et leurs sourires aux lèvres. Un des visages lui sembla familier. Mme Meunier. Sa vieille institutrice de CP, qu'il haïssait tant elle l'avait mal traité.

« Qu'est-ce qu'elle fait là ? » demanda-t-il à l'ombre. « C'est la pire personne que je connaisse. Raciste. Méchante. Elle m'a toujours fait du mal. Comment peut-elle avoir fini au Paradis ? »

« C'est ainsi » répondit la silhouette en reprenant sa marche, l'entraînant doucement avec elle.

« C'est injuste. »

« C'est ainsi».



À travers le mur blanc, l'ombre ouvrit une nouvelle porte. Elle donnait sur un bureau. Des gens faisait la queue. Un troisième œil au milieu du front brillait avec dans la pupille une sagesse infinie. Derrière les bureaux, d'autres ombres. Derrières elles des portes ouvertes. Le garçons s'approcha des portes. Dedans des animaux jouaient, un troisième œil au milieu du front.
Les gens passaient les portes, se transformait en animal, et allaient les rejoindre.

« Où sommes-nous ? »

« Là où les gens commence leur nouvelle vie » répondit la silhouette.

« La réincarnation » compris le garçon. « Est-ce là que je dois aller ? »

« Non » répondit l'ombre. «Ici n'est pas ta place »

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon se retourna. Il vit une grande porte où des bébés venaient au monde. Des humains au troisième œil franchissaient la porte, ils naissaient alors. Une seconde fois.

« Ils ont le droit à une deuxième chance ? » demanda le garçon.

« Plus que deuxième. La vie est parfois un cycle. »

« Pourquoi est-ce qu'ils ont le droit de repartir à zéro ? Pourquoi pas tout le monde ? C'est injuste »

« C'est ainsi».



L'ombre reprit son chemin et l'entraîna avec elle, paisiblement. Il ouvrit la seule porte fermée, d'apparence banale. Elle donnait sur une salle remplie d'étoile et de nuage. Des gens assis dessus brillaient, penché vers le sol, contemplant ce qui se passait en bas. Le garçon baissa les yeux. Il n'y avait aucun sol sous ses pieds. En bas, les vivants continuaient leurs vies.

Les astres, âme des défunts veillaient sur eux depuis les nuages.

« Où sommes nous ? »

« Là où les âmes des morts veillent sur les vivants » répondit l'ombre.

« Est-ce là que je dois aller? »

« Non, Ici n'est pas ta place ».

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon jeta un œil aux vivants d'en bas, protégés par leurs bonnes étoiles.

« Pourquoi les autres morts n'ont-ils pas le droit de veiller sur leurs proches ? C'est injuste . »

« C'est ainsi» répondit la silhouette noire en reprenant son chemin, entraînant le garçon doucement avec elle.
Au milieu du ciel, l'ombre ouvrit une porte. Ils la franchirent tous les deux.



Elle donnait sur une pièce séparée par une vitre. Le garçon et l'ombre s'en approchèrent. De l'autre côté, on y voyait des esprits invisibles, qui erraient au milieux des vivants. Voletant à travers les maisons, les objets.

« Des fantômes ? » s'interrogea le garçon.

« Ils ont bien des noms » répondit la silhouette.

Le garçon colla sa main contre la vitre, pensif. « Est-ce là que je dois aller ? »

« Non, ici n'est pas ta place ».

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon se détourna et observa les esprits. Certains avaient l'air malheureux, comme enfermé dans leur condition. Comme s'ils souffraient qu'on ne les voit pas. Pris au piège. Condamné à jamais.

« Pourquoi eux et pas les autres ? Pourquoi sont-ils maudits ? C'est injuste !»

« C'est ainsi» répondit l'ombre en s'éloignant de la vitre, entraînant doucement le garçon. Il la suivit sans haine, sans surprise et sans peur.





La silhouette ouvrit une porte grise et tous deux la franchirent, main dans la main.

Cette pièce était grisâtre comme sa porte. Des gens assis sur des bancs attendaient.

« Qu'attendent-ils ? » demanda le garçon.
« Ils attendent de savoir où aller » répondit l'ombre.
« Comme moi ? ».
« Non. Toi tu le sais déjà. Au fond de toi-même ».

Le garçon les regarda, tous ces gens aux yeux pleins d'incertitude. Certains semblaient attendre depuis toujours.

« Alors ce n'est pas ici que je dois aller ? »
« Non » répondit la silhouette. « Ici n'est pas ta place »

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon contempla les gens à l'ennuie infini, rongés par l'inquiétude.
« Pourquoi doivent-ils attendre alors que les autres non ? C'est injuste ! »

L'ombre se tourna vers lui et dit « C'est ainsi».

Elle continua son chemin et entraîna doucement avec elle le garçon.



Ils traversèrent la pièce et la silhouette ouvrit une porte noire. Derrière se tenait le vide. Des gens y étaient allongés. Morts.

« Où sommes-nous ? » demanda le garçon.

« Là où les morts restent vide de conscience » répondit l'ombre.

Le garçon s'approcha d'eux, pâle comme des cadavres. Sans vie. Sans âme.

« Pourquoi sont-ils ainsi ? » demanda le garçon. « Ils ne croient pas au concept de l'âme. Pour eux la vie se finit à la mort, et nulle suite n'existe après elle. »

« Et est-ce vrai ? »

« Selon certains »

Le garçon regarda la silhouette puis les corps gisants, tour à tour. « Est-ce là que je dois aller? »

« Non. Ici n'est pas ta place. »

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon détourna ses yeux des cadavres.

« Mais pourquoi n'ont-ils pas le droit de voir les autres fins ? C'est injuste ! »

« C'est ainsi. »



L'ombre s'éloigna des corps, entraînant doucement le garçon vers une porte rouge.

Cette fois, la garçon l'ouvrit seul. Derrière, les flammes brûlaient. Des gens pleuraient sans que leurs larmes ne parviennent à éteindre le feu qui les brûlaient. Des démons les piquaient de leur fourche.

« L'enfer »compris le garçon. La silhouette hocha la tête.

« Est-ce là que je dois aller ? »

La silhouette se tut. Le garçon connaissait en son fort intérieur la réponse. « Ici est ma place », murmura-t-il.

« Ici est ta place » confirma l'ombre.

Sans haine, sans surprise et sans peur, le garçon lâcha sa main et s'assit sur le sol couvert de braise. Il les sentit le brûler mais ne fit rien.

Il tourna sa tête sur le côté, où brûlait son grand-père.

« Qu'est-ce qu'il fait là ? » demanda-t-il à l'ombre. « C'est la meilleure personne que je connaisse. Généreux, brave, humble. Il a toujours veiller sur moi. Comment peut-il avoir fini en enfer ? »

« C'est ainsi » répondit l'ombre.

« C'est injuste » pleura le jeune homme, sentant petit à petit ses émotions revenir en son cœur.

« C'est ainsi ».

« Expliquez-moi » demanda le garçon, « Avant que je ne sois condamné, je veux savoir pourquoi ? »

« Tu sais pourquoi » répondit la silhouette. « Tu le sais au fond de toi »

Ses souvenirs revinrent à lui sans qu'il puisse y échapper. De ses mains qui dérapèrent sur le volant. Le bruit de l'accident. L'éclat des vitres. Le cri de sa sœur. Le bruit de son crâne qui se brisait contre le par-choc. Le bruit des sirènes de pompiers.
Il se souvint des jours sombres qui suivirent. De l'hôpital. Du deuil.

« Elle est morte à cause de moi » murmura-t-il. « Par ma faute. C'est pour ça que je suis ici. » Une larme roula sur sa joue. « On m'a puni de se que j'ai fait ».

La silhouette s'assit à côté de lui.

« Personne ne t'a puni. Tu t'es puni toi-même ».

Et le garçon pu mettre un mot sur ce qu'il ressentait. La culpabilité.

Il se souvient du pistolet. Celui qu'il avait collé contre sa tempe. Il se souvient de son doigt qui appuya sur la gâchette.

« Ce sont les Hommes qui choisissent leur croyances » dit l'ombre. « Ce sont eux qui se condamnent à tord où qui s'amnistient de leurs erreurs. Eux qui décident quelle est la fin qu'ils pensent mériter. Eux qui décident comment leurs morts sera. Car ce sont eux qui ont décidé comment ont été leurs vies. »

« C'est injuste » murmura le garçon.

« C'est ainsi »

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