La boîte au trésor
akyansha
Il s'avança doucement, sournoisement, comme le félin qu'elle le soupçonnait secrètement d'être. Une panthère parmi les moutons. Son sourire en coin ne lui laissait pas vraiment le choix. Elle devait fuir si elle ne voulait pas devenir la proie de ce prédateur en pleine chasse.
Et il lui donnait l'impression de ne vouloir faire qu'une bouchée d'elle. Figurativement et littéralement. Un frisson lui traversa l'échine. Pourquoi est-ce que ses foutues hormones se déchainaient à chaque fois qu'il regardait dans sa direction?
Elle se sentait faible alors qu'elle se savait forte. Il s'arrêta, stoppé dans sa chasse par un ami, ignorant de l'interaction qu'il venait d'interrompre. Ou plutôt de repousser de l'échéance de l'inévitable. Une tape dans le dos, une promesse de se rencontrer pour une partie de Quidditch, peu importe et le revoilà repartit.
Elle avait pourtant eu l'occasion de s'échapper. Mais elle était restée prostrée, fascinée par sa démarche, malgré le danger qu'il représentait. Une fascination perverse semblable à celle qui nous assaille lorsque nous sommes témoins d'un accident. Elle était la proie consentante. Prête à se sacrifier par sa curiosité maladive. Qu'allait-il faire d'elle?
Il s'arrêta finalement devant elle. Il fallait retrouve son sang-froid. Maintenant.
Malheureusement espérer quelque chose et faire en sorte que ça se produise sont deux choses distinctes. Et elle était bien incapable de réagir logiquement devant lui. Il semblait conscient de son problème. Du moins c'est ce que son sourire en coin, très agaçant, suggérait.
-Granger.
-Malfoy.
Son cœur battait furieusement contre sa poitrine et son souffle se fit plus rare. Comme toujours, il l'hypnotisait Elle ne savait plus trop où elle se trouvait, seulement qu'il était près d'elle. Avec un sourire en coin, il lui prit la main et l'entraina à l'écart des autres.
Les portes en chêne massif de la salle de bal se refermèrent derrière eux sans un bruit, leur coupant le brouhaha de la fête qui se tenait toujours de l'autre côté.
-Malfoy, on ne devrait pas partir comme ça...
Draco se retourna et la regarda, un air de défi dans les yeux, puis, sans un mot, il lui lâcha la main et se mit à courir dans le couloir.
Hermione resta figée un moment, ne sachant pas quelle mouche l'avait piquée, puis elle enleva ses souliers qui lui meurtrissaient les pieds, les prit dans la main gauche, puis s'élança à sa poursuite sans trop savoir ce qu'elle faisait au juste.
Après un moment, elle perdit sa trace. La lionne tourna sur elle-même pour tenter de savoir dans quelle partie du manoir elle s'était retrouvée, mais elle ne s'était jamais aventurée aussi loin. A vrai dire, elle venait rarement au Manoir Malfoy et c'était toujours pour de très brèves rencontres avec Narcissa Malfoy qui se morfondait, seule dans sa trop grande demeure.
Frustrée de ne pas trouver Draco elle se planta au milieu du couloir, croisa les bras et attendit qu'il revienne. Il n'allait quand même pas la laisser seule, non?
Plusieurs minutes passèrent, mais l'ancien Serpentard n'était toujours pas visible. Hermione se balança d'un pied à l'autre, incertaine de ce qu'elle devait faire. Il avait souvent tendance à la déstabiliser et aujourd'hui en était encore la preuve.
Puis elle entendit son rire, comme un écho, qui semblait rebondir sur tous les murs. Fascinée par le son, et surtout soulagée de plus être totalement seule dans le silence étrange de l'endroit, elle avança prudemment vers la source du bruit. Elle sortit sa baguette et la pointa devant elle.
Le rire s'éloignait et elle se remit à courir pour le rattraper avant qu'il ne disparaisse.
Le son arrêta soudainement lorsqu'Hermione arriva devant une porte de bois claire, la seule qu'elle avait vue jusqu'à maintenant. Elle tourna la poignée et entra lentement dans la pièce, très éclairée après la semi-noirceur du couloir.
-Je me demandais si tu étais perdue.
Draco était assis sur le tapis au centre de la pièce, une boite de carton sur les genoux.
-Pourquoi est-ce que tu m'as laissé seule?
Sa voix était triste et Draco releva la tête pour la fixer un moment.
-Désolé, j'ai assumé que tu me suivais et quand j'ai vu que tu n'étais plus derrière moi, je t'ai envoyé le sort de repérage que tu m'as montré. Et tu vois, ça a fonctionné, tu es ici...
Hermione rougit. Elle lui avait effectivement montré un nouveau sort qu'elle avait trouvé dans un vieux livre racorni. Un peu comme un Patronus qui représentait un animal associé à celui qui lançait qui lançait le sortilège, celui-ci faisait entendre à celui qui le recevait le son qu'il préférait pour le guider jusqu'au lieu voulu. Apparemment le bruit qu'elle aimait le plus était le son de son rire. Comme si elle allait le lui dire un jour...
-Humm et pourquoi voulais-tu que je vienne ici?
Elle regarda autour d'elle. Les murs étaient verts et le mobilier foncé, presqu'austère. Elle pouvait sans aucun doute dire qu'elle était dans sa chambre. La bannière des Serpentards confirmait ses soupçons. Curieusement, il ne l'avait jamais emmené à cet endroit.
Sans un mot, il lui indiqua le tapis à côté de lui et elle alla le rejoindre sur le sol.
-Qu'est-ce que c'est?, demanda t'elle en pointa la boite qu'il tenait toujours entre les mains.
Il ouvrit le couvercle et sortit son badge de préfet qu'il posa devant lui.
-Ça c'est le badge que j'ai reçu en 5e année. J'aurais aimé avoir celui de Préfet-en-chef tu sais?
Non elle ne le savait pas. Il n'avait pas complété sa 7e année. Tout comme elle.
Il sortit ensuite un vif d'or.
-Je l'ai attrapé contre les Serdaigles en 6e année. C'est le dernier match auquel j'ai participé. J'aurais aimé gagner contre Gryffondors. En fait j'aurais juste aimé jouer encore.
Il sortit une fleur fanée.
-C'est ma cousine Nymphadora qui me l'a donné quand j'avais 6 ou 7 ans. Ma mère avait invité sa sœur en cachette au manoir et j'ai joué avec Tonks toute l'après-midi même si elle n'arrêtait pas de se plaindre que j'étais un sale gamin. Elle m'a donné cette fleur avant de partir.
Le cœur d'Hermione se brisa. Il lui montrait des fragments de sa vie qui n'étaient que des regrets. Sans la guerre, il aurait probablement été Préfet-en-chef et aurait continué à jouer au Quidditch, bien qu'il n'aurait surement pas battu Harry. Et il aurait peut-être grandi avec sa famille unifiée.
-Est-ce qu'il y a des souvenirs heureux dans ta boite?
Il lui lança un regard de côté. Son sourire en coin était de retour. Quoiqu'un peu plus gêné qu'à l'habitude. Intriguée, elle lui fit signe de continuer à vider sa boite.
Il sortit un exemplaire usé de Comment réussir en affaires sans se faire trop d'ennemis par Gideon Widlet.
Effectivement, il était le directeur de la branche de développement des produits aux sorciers de Malfoy corp, division qu'il avait fondée. Depuis deux ans, il avait monté une équipe qui transformait des produits moldus pour les transmettre aux sorciers. Les bénéfices tardaient à venir, la société sorcière étant très conservatrice, mais tranquillement, de plus en plus de boutiques offraient leurs produits.
-Satisfaite?, demanda t'il en la regardant du coin de l'œil.
Elle avait les bras croisés et faisait semblant de ne pas essayer de regarder ce qui restait au fond de la boite.
Elle haussa les épaules nonchalamment. Et prit un air détaché
-C'est tout ce qui te rend heureux dans la vie?
Draco éclata de rire et l'attira à lui pour la faire asseoir sur ses genoux, la boite oubliée pour un moment à ses côtés.
-Je t'aime.
Elle se jeta sur lui et l'embrassa à pleine bouche, le poussant du même coup jusqu'à ce qu'il soit couché sur le tapis. À bout de souffle, Hermione colla son front contre le sien et le regarda longtemps dans les yeux.
-Je t'aime aussi.
Un petit sourire apparut sur les lèvres du Serpentard et il se releva lentement en position assise, entrainant la lionne avec lui.
-Veux-tu voir la suite?
Elle feignit l'indifférence et regarda partout sauf la boite de carton qui attendait à côté d'eux. Elle était extrêmement curieuse et il le savait.
-Si tu préfères que je te montre le reste plus tard...
-Rhaaa...tu as gagné. Tu sais que je veux savoir ce que tu caches là-dedans.
Draco étira un bras pour reprendre la boite sans pour autant faire bouger Hermione de sur lui. Il sortit une boucle d'oreille rose en forme de fleur qu'il pose dans sa main. Elle sursauta en voyant l'objet.
-Mais...c'est à moi! Je l'ai porté au bal de Noël en 4e année...
-Hum...oui. C'est bien à toi.
-Mais, comment?!
Elle se retourna pour lui faire face et plaça une main sur son visage quand elle vit qu'il tentait d'éviter son regard. Draco mit sa main sur la sienne et serra ses doigts.
-Je ne vais pas t'avouer que je t'aimais secrètement durant nos années à Poudlard. Ça serait faux. Je te méprisais vraiment. Mais bon, je ne pouvais pas m'empêcher d'être fasciné par toi.
Elle leva un sourcil, l'incitant à continuer.
-Tu étais plus intelligente que moi et assez mignonne, dans le style rat de bibliothèque.
Il lui prit les poignets d'une seule main pour l'empêcher de le frapper, ce qu'elle réussit quand même à faire.
-Et maintenant?
-Maintenant...hum disons que tu as assez bien vieillit.
Il se tassa pour éviter sa main qui s'approchait dangereusement de son visage et lui noua les bras autour de son cou.
-Idiot. Est-ce que tu caches autre chose dans ta boite?
-Non. Tu as tout vu mes réussites et mes échecs. Maintenant, tout ce que je veux, c'est passer le reste de ma vie avec toi. Viens, ma mère et ses invités vont se demander où on est passé. Je te promets qu'on part bientôt d'ici et qu'on n'est pas obligé de revenir avant un moment.
Elle hocha la tête et se releva. D'une main, elle lissa sa jupe qui était maintenant fripée et remit ses souliers.
Vérifiant qu'elle ne le voyait pas, Draco remit les objets dans la boite qu'il cacha dans la penderie.
Il prit la main de sa femme et sortit de la pièce sans un regard derrière lui. Il lui sera un peu plus la main en pensant aux minuscules chandails de Quidditch au creux de sa boite et se demanda comment il réussirait à parvenir à ses fins cette fois-ci.
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