Chap 4
Les mains posées sur la barrière de l'enclos, je souris méchamment en observant Ugo qui discute avec virulence non loin. Il n'est pas ravis de me voir, et le pauvre palefrenier en paye les frais.
Après m'avoir interdit de revenir, je n'avais qu'une envie : faire le contraire ! Ce mec si glaciale aux premiers abords était un mystère pour moi. Et puis, il faut bien que je trouve une façon de me venger de Rebecca. Je ne suis pas encore sûr de ce que je vais faire, après tout je risque quand même d'être dans la même classe qu'elle début septembre.
— Je serai toi, je n'approcherai pas trop Ugo. C'est chasse gardée. Rebecca a marqué son territoire.
Je détache les yeux du jeune homme et réponds à July :
— J'avais compris... mais je ne suis pas intéressée ! Black est dans son box ?
— Ouh...! Madame n'est revenu que pour l'étalon alors ?
Je ne réponds pas et me contente d'un sourire. Elle m'oriente dans le centre et m'accompagne jusqu'à Black qui renâcle dans le manège. Un moniteur essaye de le faire trottiner à l'aide d'un long fouet tandis que le cheval fait des embardées. Il a l'air d'avoir peur.
— Qu'est ce qu'il fait ?
— Mike doit l'habituer au fouet afin qu'il comprenne les différentes allures qu'on attends de lui, mais Black est indressable... un vrai rebelle...
— Il a peut-être simplement peur... je suggère en l'observant.
— Totalement ! Il doit être terrifié... c'est Ugo qui l'a trouvé dans une grange à l'abandon il y a trois semaines. Les propriétaires l'ont laissés mourrir de faim. Apparement, il aurait été maltraité...
Mon cœur se serre à l'idée que des êtres humains aient pu agir de la sorte.
— C'est horrible...
Soudain, l'équidé se cabre et hennit voilement, faisant tournoyer ses sabots en direction du moniteur. Puis il s'élance au galop avec fureur, tournoyant dans l'enclos. Mike tente de l'arrêter mais le cheval fou renâcle et manque de le blesser.
— Mike, reviens vite ! Crie la voix de July.
Le moniteur ne se le fait pas dire deux fois et cours jusqu'à la barrière qu'il grimpe. Nous observons la course meurtrière de l'étalon avec effroi. À le regarder, j'ai l'impression qu'il ne s'arrêtera jamais.
Déboule alors à ma gauche Ugo qui se fige immédiatement. Son regard se pose sur nous jusqu'à m'envoyer des éclairs avec ses yeux comme si tout cela était arriver par ma faute. Il ouvre le portail et s'avance doucement dans le manège où le cheval continue son long defouloir.
— Mon dieu... il faut appeler Émilia ! Dit July en agrippant la barrière avec ses doigts.
Tout le monde acquiesce mais personne ne bouge. Le spectacle qui s'offre à nous, nous hypnotise. Ugo se place au centre du manège en suivant des yeux l'animal. Il parle doucement comme si chaque parole pouvait apaiser son cœur tourmenté.
Au bout de ce qui paraît être des minutes interminables, l'étalon noir s'arrête à sa hauteur. Ugo le caresse, le rassurant.
— Tu viens de te faire piquer ton amoureux Max... me dit July avec un clin d'œil lorsque la pression retombe.
Je ne sais pas s'il y a un sous-entendus dans sa phrase. Est-ce de Black qu'elle parle ? Ou de l'autre abrutit ?
— Mike je t'avais dis que je m'en occuperai ! Rugit Ugo en ramenant le cheval vers nous.
— Sauf que tu n'étais pas disponible, rétorque le moniteur agacé.
Ugo secoue la tête en passant devant nous, ramenant l'équidé dans son box.
— Tu viens au festival ce soir ? Demande July.
Sa façon d'aborder les choses me déroute. Il y a à encore quelques minutes, elle était paniquée et s'inquiétait pour le cheval. Maintenant, comme si la tempête meurtrière avait disparut, elle discute d'un ton nonchalant.
— Le festival ?
— Oui ! Le festival d'été. Tu n'en a pas entendu parler ?
Je secoue la tête en signe de négation. A dire vrai, hormis le ranch et la bibliothèque, je n'ai pas vraiment visité les lieux.
— C'est un festival qui a lieu tous les ans ! Il dure trois-quatre jours pendant lesquels tous le centre-ville est décoré pour l'occasion, explique Eliot en arrivant avec son éternel sourire. La journée c'est ventes de stands et le soir soirées dansantes. Tu vas venir alors ?
Je grimace intérieurement. Se mouvoir sur des danses traditionnelles ne me tente pas des masses...
— Allez Max ! Sinon je vais me retrouver seule avec Eliot et Jason !
July me supplie du regard. J'hésite tout de même. Ma première règle en arrivant était quand même de ne pas me socialiser afin de m'éviter la tristesse du départ... Cependant, rester enfermée dans ma maison de campagne, seule, commençait à m'user.
— Bon... d'accord...
— Super ! S'exclame July en m'attrapant Le bras. Je finis de panser Citronnade et on décolle.
— Si tôt ? Je demande en consultant mon smartphone.
— Le temps de se faire belle ma chère, répond-elle avec un clin d'œil avant de s'éclipser.
Eliot leve les yeux aux ciels et m'emmène aux écuries.
— Tu vas voir, le soir il n'y a pratiquement que des jeunes, de quoi se faire des amis rapidement !
Je ne réponds pas. Amis, amis, le mot est vite dit ! Lorsque l'on se balade d'un pays a un autre, qu'on s'éloigne de plus en plus des gens, la notion d'amis devient relative. Combien de fois mes « amis » ont préférés me faire des commentaires sous les publications de mes photos plutôt que de m'appeler ou de m'envoyer un sms ? Je crois que nous n'avons pas la même vision de l'amitié, tout simplement.
— Ah Maxence, je te cherchai ! S'exclame Émilia en débarquant de son bureau.
— Moi ?
— Oui, Ugo aurait besoin d'aide avec Black et étant donné que tu es l'une des seules personnes qui peut l'approcher...
Je grimace intérieurement. L'étalon, aucun problème, Ugo c'est une tout autre histoire. Après nos petits échanges foireux et l'avertissement de Rebecca je n'ai pas forcément envie de le rejoindre.
— François n'est pas là ? Demande Eliot.
— Non... il a eu un problème chez lui. Ça ne te dérange pas Maxence ?
Je me vois mal refuser en sachant que je dispose d'un pass droit pour me déplacer librement au sein du ranch depuis l'incident avec Black. La générosité et le sourire maternelle d'Emilia me font flancher et je réponds :
— Non, non, je vais le faire !
— Merci beaucoup ! Eliot, peux tu lui trouver des bottes ? La prochaine fois que tu reviens je te fournirai une tenue adéquate ma puce, tu seras beaucoup plus à l'aise.
Le surnom qu'elle utilise me pince le cœur. « Ma puce » J'ai l'impression d'entendre ma mère. Pas ça, je vous en prie.
— Pas la peine, je réponds gênée.
— Oh ça ne me dérange pas tu sais ! Je vais sûrement te donner l'une de mes anciennes tenues...
Avant que j'ai pu refuser, elle m'envoie me trouver une paire de chaussures adéquates avec le blondinet.
— Tu fais du combien ?
Il fouille parmi un tas de bottes rangées dans un énorme bac, a l'intérieur du local où les brosses et autres outils de pansages sont rangés.
— Trente-sept...
J'attends quelques secondes avant qu'il me tende deux bottes vert forêt.
— Essaye ! J'ai pris du 36 étant donné que tu n'as pas de chaussettes d'équitation.
Je m'empare des bottes et les essaye. Elle s'adapte parfaitement.
— Merci !
— Viens, je t'emmène voir Black.
Je le suis dans le centre et arrive près d'une « douche », disons plutôt l'endroit où les chevaux sont lavés. Ugo astique l'étalon en lui parlant tandis que celui-ci tente de se dérober. Eliot pose une main sur mon épaule et me chuchote d'un ton joueur :
— Bonne chance !
Je grimace. Je m'avance en me raclant la gorge :
— Euh... Émilia m'a dit que tu avais besoin d'aide ?
Il relève la tête vers moi en affichant une mine agacée.
— Et elle ne pouvait envoyer personne d'autre ?
— Ça ne me fait pas non plus plaisir je te signale, je réponds en croisant les bras. Je fais ça juste pour Black.
— Ah oui ? La citadine qui s'intéresse à la pauvre vie de campagnard ? Pourquoi ? Pour remplir ton blog ultra branché de photos ?
Le ton hautain qu'il prends m'agace alors je réplique en m'emparant d'une brosse :
— Déjà d'une, les blogs ne sont plus à la mode et deux, je m'excuse d'avance si tu as l'impression d'être un simple bouseux.
— Comment ce magnifique canasson à pus laisser une fille de la ville l'approcher ? Le pauvre, son cerveau risque d'être détruit par le flot de stupidité qui sortira de ta bouche !
— Tu sais quoi Ugo ? Ferme là et lave le !
— Ok !
Sa réponse enjouée me surprend jusqu'au moment où il dirige le jet d'eau vers moi, m'aspergeant de la tête au pied.
— Ugo !
Mon cri d'indignation se perds dans son rire moqueur. Ce mec a un problème ! Comment avoir une mère aussi douce et être un sale gosse ?
Je m'empare d'une éponge mouillée et lui lance à la figure. Son air indigné m'arrache un rire que je regrette aussitôt. Il braque le jet en ma direction pour se venger.
Nous commençons à nous chamailler lorsque le cheval renâcle.
— Arrêtons là Ugo, Black est nerveux.
Son sourire narquois ne disparaît que lorsqu'il m'asperge une dernière fois.
— Putain Ugo t'es chiant !
— Qu'est-ce que t'y connais en chevaux d'abord ?
Je lui lance un regard noir avant d'essorer mes habits. C'est moi ou à chaque fois que je décide de venir ici je me retrouve en situation inconfortable : soir dans le fumier soit dans l'eau. Je soupire en chassant l'eau de mes bottes et l'aide à s'occuper de l'équidé.
***
— Mais que s'est-il passé ? Me demande Émilia en observant mes vêtements mouillés.
— Rien de grave... une petite bataille c'est tout ?
Je lance un regard incertain à Ugo qui hausse les épaules. Sa mère ne semble pas fâchée plutôt inquiète que son fils se soit déchaîné sur moi. Cependant, puisque je la rassure elle m'offre une serviette afin de me sécher et disparaît dans son bureau.
— La princesse est contente ? On lui a apporté une serviette pour se sécher.
— Tu sens le chien mouillé.
Il me lance des éclairs avec ses yeux pendant que je retiens le sourire naissant sur mes lèvres.
— Wow ! Que s'est-il passé pour que vous soyez dans cet état ?
La voix de la rouquine met fin au jeu de regard qui s'était installé.
— Juste un crétin qui ne sais pas se servir d'un jet d'eau.
— Ok... bon, on va chez moi du coup ? Comme ça on s'habille pour ce soir et...
— Ça ne te dis pas plutôt de venir dans ma maison ? Il faut que je prévienne Laura pour ce soir et l'intégralité de ma garde robe se trouve dans mon dressing.
— T'as un dressing ?!
On dirait que ses yeux vont lui sortir de la tête. Derrière moi Ugo lâche un rire moqueur avant de tourner les talons. Qu'est-ce qui lui prends encore ?
— Euh... ouais...
— Je pourrai t'emprunter des fringues pour ce soir ?
Je souris et acquiesce tandis qu'elle sautille sur place. Toutefois, je ne sais plus si j'ai réellement envie d'assister à la fête. Est-ce qu'Ugo sera là ? Si c'est le cas, ne risque-t-il pas de m'humilier une seconde fois ?
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Coucou !
Comme je vous l'ai dit plutôt, j'écris au fur et à mesure de ma plume donc je n'ai pas forcément d'idée sur l'endroit où je vais. Néanmoins j'espère que l'histoire vous plait !
Bisous mes p'tits loups 🐺
Ruby ❤️
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