Chapitre 2 : pleine lune et lac noir
Un mois déjà s'était écoulé depuis la rentrée et les élèves de septième année avaient découvert les joies des ASPICs, chaque professeur donnant plus de devoirs que le précédent. Par chance, malgré que le mois d'octobre soit déjà bien entamé, le temps était exceptionnellement clément et nombre d'élèves révisaient dans le parc.
Ce n'était pas le cas de Lily, qui, assise au bord du Lac Noir, profitait simplement du soleil en compagnie de ses deux meilleures amies, Marlène et Mary.
- Vous savez que c'est la pleine lune, ce soir ? lança soudain Mary en tournant une page de Astro-sorcière.
- Tu lis encore ton magasine d'astrologie ? demanda Marlène d'un ton las. Tu sais, je ne suis pas vraiment sûre que ce soit fiable.
- En fait, c'est bien plus intéressant que les cours de divination. Et ça n'a rien à voir avec dire la bonne aventure.
- Dire la... quoi ? s'exclama Marlène, les sourcils froncés.
Lily étouffa un rire. Marlène avait été élevée dans une famille de sorciers, tandis que Mary et Lily étaient nées-moldu. Il y avait parfois des petits chocs culturels comme celui-ci, mais le plus amusant avait eu lieu lors de leur cinquième année, lorsque les trois amies avaient regardé ensembles une cassette vidéo. Marlène avait passé des jours à tenter de comprendre comment le lecteur cassette fonctionnait. Après cela, il avait encore fallu une bonne semaine pour lui expliquer que les personnages feraient toujours exactement les mêmes gestes dans le film, contrairement aux photos des sorciers.
- Dire la bonne aventure, expliqua Lily, c'est prédire leur avenir à des moldus en échange d'argent... mais comme les moldus le font eux-même la plupart du temps, c'est généralement n'importe quoi.
- Ah, les moldus, soupira Marlène en secouant la tête. Il y a des fois je me demande comment vous faites...
- C'est une question d'habitude, j'imagine... , répondit Mary d'un air absent. Vous pensez que c'est comment le Lac Noir, de nuit ?
- Encore plus noir que d'habitude ?
- Marlène ! protesta la brune en lui donnant une tape. Tu brises tous mes rêves ! Bref, ce que j'essayais de vous dire, c'est que, demain -jour de mon anniversaire-...
- Si c'est pour nous dire que tu veux un gâteau au chocolat, ça ne fera jamais que la troisième fois en une semaine, commenta Lily, amusée.
- Si même toi tu commences à me couper la parole ! Non, je voudrais que pour une fois dans notre scolarité, on fasse quelque chose d'interdit et qu'on aille se baigner dans le lac noir cette nuit sous la pleine lune.
Il y eut un silence. Mary regardait ses mains, anxieuse, Marlène paraissait réellement intéressée par la proposition mais ce fut Lily qui parla la première :
- Mary... je suis préfète-en-chef. Je suis supposée donner l'exemple...
Marlène lança un galet dans le lac.
- Allez Lily, dix-sept ans, ça se fête ! On peut bien faire ça si c'est ce qu'elle veut, dit-elle avec un sourire. Juste pour une fois ! Enfin —une fois pour vous. Je n'en suis plus à une retenue près.
- Et regarde James, ajouta Mary. Il est préfet aussi mais il passe son temps à enfreindre les règles !
Lily se rappela la surprise qu'elle avait éprouvé en entrant dans le wagon des préfets et en y trouvant James, son insigne de préfet-en-chef épinglé sur la poitrine. Elle s'était demandée à voix haute si Dumbledore n'était pas devenu sénile pendant les vacances, et cela avait beaucoup fait rire le garçon. Ils avaient même eu une conversation où ils avaient fini par plaisanter ensemble pour conclure que c'était une maneuvre de McGonagall qui voulait secrètement le voir plus souvent.
Lily sourit en se remémorant leurs éclats de rire, puis secoua la tête pour s'éclaircir les idées.
- Je rêve où elle vient de sourire bêtement quand tu as dit "James" ? lança Marlène. On a réussi ! Mary, on a réussi ! Par Merlin, il faut que j'aille dire ça à Peter !
- Hé ! protesta la principale intéressée. Personne ne va dire quoi que ce soit ! Je pensais juste à autre chose. Et Potter n'est pas... ce n'est pas un exemple.
- S'il-te-plaît, Lily... , supplia Mary avec des yeux de chiot battu. Pour me faire plaisir ?
La cloche sonna, lui évitant ainsi de répondre.
- Sauvée par le gong !
*
Peter se redressa brusquement lorsque Remus lui donna un coup de coude. Pendant un court instant, il crut que le professeur Binns lui avait posé une question, mais c'était impossible bien sûr. Il ne posait jamais de questions.
Binns était le seul professeur fantôme de Poudlard, et Peter —comme beaucoup d'autres élèves— était persuadé qu'il ne s'était jamais rendu compte de sa mort. Peter espérait bien être définitivement débarassé de lui en arrêtant l'histoire de la magie, mais Dumbledore n'étant pas parvenu à trouver quelqu'un pour assurer les cours de défense contre les forces du mal au premier septembre, il les avait temporairement remplacés par des heures de permanence. Et comme Poudlard ne comptait aucun surveillant, le professeur Binns faisait des heures supplémentaires.
Le bruit qui l'avait réveillé était seulement celui de la chaise de Sirius qui avait raclé le sol lorsqu'il s'était retourné vers eux.
Le garçon jeta un papier qui atterrit devant Remus. Peter l'attrapa avant lui et le déplia. Il n'y avait que deux mots sur le morceau de parchemin : Ce soir ? suivis d'un dessin de lune.
Un peu anxieux, il se tourna vers son ami. Celui-ci grimaça, approuva d'un signe de tête et étala de l'encre sur le message de façon à ce que personne ne puisse le lire.
Même s'il ne l'avait jamais avoué à ses amis, Peter avait toujours peur du loup-garou que devenait Remus une fois par mois. Après tout, Sirius et James se changeait en animaux de grande taille, mais lui ne devenait qu'un rat facile à écraser d'un coup de patte...
- Hé, Peter! l'interpella James comme en écho à ses pensées. Tu as la carte sur toi ?
- Oui, mais...
- Passe-la moi, s'il-te-plaît... je voudrais vous montrer un truc.
- Mais James, on...
- Tu n'arrêtes donc jamais de parler, Queudver ? coupa Sirius d'un ton exaspéré. C'est un truc vraiment cool !
Peter se tut et sortit la carte de son sac, se demandant vaguement ce qu'il pourrait se passer si le professeur Binns tentait de la confisquer sans se rendre compte qu'il était immatériel.
- Voilà, expliqua James, en étalant la carte. Vous voyez le grand miroir au quatrième étage ?
Remus acquiesça.
- Celui qui est complètement opaque ? demanda-t-il.
- Exactement. L'autre jour, après notre retenue dans la salle des trophées, Sirius et moi on s'est dit que, après tout, les murs étaient un peu ternes...
- Qu'il aurait fallu y rajouter un peu de couleur, compléta Sirius.
Peter en resta cloué à sa chaise. Ils n'avaient quand même pas osé... ?
- Bref, ça se pourrait que Rusard nous ait poursuivi et qu'on se soit retrouvés bloqués face au miroir sans possibilité de faire demi-tour, avoua James, le coin des lèvres frémissant.
- C'est là que Cornedrue a fait quelque chose de complètement dingue, ajouta Sirius tandis que l'intéressé se passait la main dans les cheveux en tentant de cacher sa fierté. Il a appuyé sur le cadre du miroir avec sa baguette trois fois de suite, et derrière, il y avait...
- Un passage secret ! s'exclama James, surexcité. Immense en plus !
- Tu gâches mon effet, là, marmonna Sirius en fronçant le nez.
- Tu es toujours tellement dramatique, aussi !
- Bref, c'est là qu'on s'est cachés pour échapper à Rusard, et il ne nous a pas trouvé. De toutes façons, il ne pourrait pas jeter le sortilège pour ouvrir, alors ça ne risque pas grand-chose.
Peter réprima un sourire. Les maraudeurs en savaient plus sur le château que Dumbledore lui-même, et c'était en partie grâce à lui, qui avait dessiné la Carte du Maraudeur. En revanche, c'était Remus qui avait eu l'idée de la créer, et c'était pour cela que son nom apparaissait en premier lorsqu'ils voulaient consulter la carte.
- Alors c'est génial les gars, mais on ne pourra pas visiter ça ce soir.
- Pourquoi ? demanda James, déçu. Tu penses qu'il n'y aura pas le temps avant qu'on ait à gérer ton... hum... problème de fourrure ?
- Pas si fort ! supplia Remus. Et non, nous n'aurons pas le temps. C'est... un mauvais mois, disons.
- T'inquiète pas... tenta de le réconforter Peter. On fera comme d'habitude, on pourra aller un peu dans le parc et dans la forêt.
Le loup-garou eut un petit sourire devant les efforts de son ami.
- Rien d'imprévu, alors ? Parce que la météo n'annonce pas de nuages, il faudra être prudents.
- Voyons, Remus ! La prudence, ça nous connaît ! affirmèrent en choeur James et Sirius.
***
Peter leva les yeux vers la silouhette des arbres qui se découpaient devant une lune énorme et frissonna. Il remonta son écharpe sur son visage et s'engouffra dans le tunnel qui menait à la Cabane Hurlante, sur les talons de James.
Au milieu du tunnel, il se transforma avec un bruit sonore semblable à celui d'un bouchon de champagne. Sirius se tourna vers lui et l'imita.
Queudver secoua la tête, momentanément désorienté par ses perceptions de rat. Il sentait des odeurs par milliers qui lui arrivaient toutes en même temps, et les pas de James envoyaient des vibrations dans ses moustaches. Être un rat resterait probablement toujours la sensation la plus étrange qu'il pouvait ressentir. A moins qu'être un rat sur le dos d'un cerf qui était en fait son meilleur ami gagne la première place des sensations étranges ? Décidément, il faudrait qu'il fasse un classement, un jour...
Naturellement, se transformer en animal nocturne avait ses avantages, en particulier celui non négligeable de voir dans le noir. Il s'en serait pourtant bien passé en arrivant le premier dans la Cabane Hurlante.
Remus, étendu sur le lit, avait les doigts crispés sur la couverture, le visage déformé par la douleur. Peter s'approcha, et, lorsqu'il effleura la cheville de son ami, celui-ci ouvrit les yeux un bref instant. Ses traits contractés se relâchèrent brièvement, puis un terrible craquement résonna dans la cabane. Queudver recula, et lorsque son ami porta à nouveau son regard sur lui, ses iris étaient devenus jaunes et ses pupilles s'étaient réduites à deux fentes.
Pourquoi Sirius ne peut-il pas arriver maintenant ? pensa désespérément Peter, soudain inquiet de se trouver seul avec le loup.
Une vague de soulagement coupable l'envahit lorsqu'il entendit le grand chien noir arriver. Il s'était demandé, un court instant, s'il n'avait pas été le Severus d'une mauvaise blague... Sirius avait fait très fort en mauvaise blague impliquant Severus et le loup, en cinquième année. En fait, l'amitié des Maraudeurs avait bien failli se briser à cette occasion.
Remus avait catégoriquement refusé d'adresser la parole à Sirus durant des semaines après cela. James avait passé l'essentiel de son temps à courir après un Sirius obstinément muet pour tenter de recoller les morceaux, et Peter, malgré la présence de Marlène (qui sortait alors avec un certain Kevin) ne s'était jamais senti aussi seul.
Un os craqua de nouveau, résonnant dans toute la pièce. Queudver releva le museau et vit la lumière de la lune qui coulait par l'interstice des planches poussiéreuses.
Le souffle chaud du loup fit se dresser ses poils sur son dos.
****
La surface soyeuse du Lac Noir s'étendait sous la lune, reflétant les étoiles. A quelques mètres de la rive, une tête rousse émergea, troublant le calme des eaux satinées.
- On se les gèle, ici, marmonna Lily.
C'était à elle qu'appartenait la tête rousse et elle commençait à regretter d'avoir voulu faire plaisir à sa meilleure amie. Évidemment, un lac écossais en octobre, ben, c'est froid. Et ça, elle n'y avait pas pensé au moment où elle avait accepté cette baignade nocturne avec ses amies.
- Ne râle pas Lily, s'il-te-plaît, lui dit Mary avec un sourire. Ça me fait vraiment plaisir.
- Je ne râle pas, répliqua Lily avec une mine qui disait clairement le contraire, je constate. Et mon constat, c'est : on se les gèle, ici.
Marlène les rejoignit à cet instant, ses cheveux blonds plaqués le long de son visage.
- Ça pourrait être pire, dit-elle. L'une d'entre nous pourrait avoir apporté de quoi nourrir le calmar géant.
Mary leva les yeux au ciel.
- ll n'est même pas venu au final ! Et je te signale que ton maillot de bain est ouvert.
Lily aida Marlène à refermer son soutien-gorge de maillot de bain, ce qui s'avéra plus ardu que prévu -la faute à ses doigts engourdis.
- Je savais que j'avais encore grossi cet été, soupira la blonde. Honnêtement, ça se voit beaucoup ?
- Ne dis pas n'importe quoi, contra Lily. Tu es très bien comme tu es.
Si elle était tout à fait honnête avec elle-même, elle devait même reconnaître qu'elle était un peu jalouse de la silhouette si féminine de son amie.
L'incident clos, les trois Gryffondor repartirent nager. Lorsque, à bout de souffle, elles regagnèrent la berge, Lily s'immobilisa soudainement.
- Regarde ! souffla-t-elle à Marlène en lui tapant le bras pour attirer son attention.
Un grand cerf se tenait à une vingtaine de mètres d'elles.
La préfète s'avança silencieusement vers l'animal, ses cheveux trempés dégoulinants dans son dos.
Lorsqu'elle ne fut plus qu'à deux mètres de lui, le cerf se retourna soudainement.
Il resta un instant figé face à la jeune fille, et, alors qu'elle tendait la main, il partit soudain au galop en direction du Saule Cogneur.
- Il a disparu..., constata Lily, déçue.
Un hurlement de loup résonna au loin.
***
Bonjour :)
Au départ, je voulais faire un long chapitre avec des évènements beaucoup plus significatifs, mais j'ai été obligée de le couper en deux :')
Du coup, vous verrez, je me suis arangée un peu comme j'ai pu en intercalant d'autres morceaux... bref.
Il faut dire que sinon ça faisait plus de 5500 mots.
Sinon, des retours sur ce chapitre ?
Des hypothèses sur la suite ?
A dans deux semaines !
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