Chapitre six

Pour ne pas changer, le réveil est difficile. Mes membres sont en compote, c'est limite si j'arrive vraiment à les bouger. Je m'extirpe de mon lit et me gratte la tête. Mieux vaut m'attacher les cheveux, je dois ressembler à un troll. J'ouvre la porte de ma chambre et fais mon chemin jusqu'au salon où se trouve déjà ma sœur.

- Salut, je lui fais un signe de la main et m'étale à côté d'elle sur le fauteuil.

Pour toute réponse, elle baille et secoue la main.

- Tu te souviens d'hier ? Je lui demande et ses joues chauffent rapidement.

Alors là j'ai manqué quelque chose.

- Camberra ?

Elle réunit une mèche de cheveux derrière son oreille et joue avec ses mains. Je fronce les sourcils et me redresse. C'est si grave que ça ?

- Dan m'a raccompagné hier soir, me dit-elle et je hoche la tête. Ça je le sais. Et il m'a déposé devant l'immeuble et m'a aidé à monter jusqu'à l'appartement.

- Et ?

- Quand on est arrivés devant la porte, je l'ai embrassé.

Mes yeux sortent limite de leurs orbites et ma bouche s'ouvre en grand. C'est...

- Génial ! Tu l'aimes bien, non ?

- Ouais, elle s'étale plus sur le canapé, mais je pense qu'il a cru que j'étais le genre de fille qui se tape tous les mecs et...

- Donc il t'a vu avec Julie hier ?

- Anna...

- C'est vrai ! Tu le sais aussi bien que moi que c'est pour ça !

Elle se lève du canapé, part jusque dans la cuisine où je la rejoins. Mes parents ne semblent pas être là, encore au travail certainement puisque nous sommes lundi.

- Camberra...

- Je sais pas quoi faire, elle prend sa tête entre ses mains, peut-être qu'il ne veut même plus me parler.

- Il t'a embrassé en retour ? Elle hoche la tête. Alors vas lui parler. Peut-être qu'il t'aime vraiment bien.

Je prends tout ce dont j'ai besoin pour mon petit déjeuner et pars m'installer dans le salon. Autant profiter de l'absence des parents.

*

Mon ordinateur sur les genoux, je cherche dans des listes une chanson que je pourrais bien interpréter vendredi à l'audition. Plus de trois cent chansons et pas une seule qui me plaise.

- Yoooo ! S'exclame mon meilleur ami en entrant dans le salon.

- Hey salope tu vas bien ? M'interroge gentiment Alex.

- Toujours un plaisir de vous voir, je souffle et roule des yeux.

Nous parlons pendant plus d'une heure, de la fête d'hier, Alex nous parle de son beau-père qui est opéré dans deux jours et Arthur nous parle d'une jolie fille qu'il a rencontré hier dans la journée. Puis vient le moment de parler de l'audition et mes amis se font des signes étranges.

- Allez, chuchote Alex à Arthur.

- Dis lui toi, la pousse mon meilleur ami.

- Vous savez que je suis là quand même ? Je finis par être exaspérée par leur comportement.

Arthur souffle et Alex lui donne un coup à l'épaule. Ils vont finir par me faire peur. C'est quoi cette manie ?

- Bon, commence Arthur, on a...

- On passera pas l'audition pour entrer dans l'école ! Lâche Alex et je la vois mettre ses mains sur sa bouche, Arthur faisant un facepalm.

- Quoi ? Pourquoi ?

- On a pas le niveau pour, Alex tente de me convaincre et je lève les yeux au ciel.

Ils ont du talent. Alex joue du piano et Arthur est vraiment doué à la guitare. Tous nous prenons des cours depuis très petits et disons que la musique nous a encore plus rapproché.

- On savait pas comment te le dire Anna, m'explique Arthur en mettant sa main sur mon épaule. C'est ton rêve, pas le nôtre.

- Je croyais que vous vouliez faire de la musique toute votre vie.

- Oui mais pas comme métier Anna.

Je remets une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et me lève du canapé. Je n'ai aucune envie d'aller celle aux États Unis, surtout que ça me ferait changer complètement de pays. Mais bon je n'ai même pas passé l'audition pour l'instant et mes parents ne sont toujours pas au courant.

- Mais on t'accompagnera vendredi pour ton audition, me sourit ma meilleure amie, compte sur nous !

- Une audition ?

Nous nous tournons tous les trois vers la porte d'entrée du salon. Ma mère est là, les sourcils froncés, les mains sur les hanches. Ça va faire mal.

- Bon on va y aller c'était cool à plus tard Anna ! Me crie Arthur en entraînant Alex avec lui.

Tous deux me laissent seule dans le salon avec ma mère prête à exploser. Je savais que j'aurais dû en parlant l'autre jour.

- Ne me dis pas que tu t'es inscrite pour auditionner pour cette foutue école ? Elle me demande en s'approchant et en pointant mon ordinateur du doigt.

- C'est mon rêve maman, je soupire et elle me fait les gros yeux, ça compte beaucoup pour moi.

- Ça compte aussi beaucoup pour moi que tu fasses de bonnes études !

- Je peux faire de bonnes études là-bas !

- Non ! Elle me hurle et je me lève du fauteuil. Tu vas faire ce que je te dis ! Arrête de penser à cette école ! Tu n'as pas envie qu'on soit un peu fiers de toi ?

Mes bras pendent le long de mon corps quand mon regard se perd dans celui de ma mère plein de colère et de tristesse à la fois. Elle n'est pas fière de moi ? J'ai eu mon diplôme avec mention, je suis polie, j'obéis, je ne sèche pas les cours, je suis là pour ma famille et c'est ça que j'obtiens ?

- T'as raison, je ne suis pas une bonne fille.

Je saisis mon téléphone sur la petite table basse, attrape ma veste en jean sur le porte manteau et sors en claquant la porte de l'appartement, sans un regard pour ma mère.

*

- Salut Anna ! M'accueille Connor alors que je me poste sur les gardons devant le terrain de basket, faisant se retourner tous les garçons, dont Maël.

Ce dernier me sourit et je les regarde reprendre leur match. Je ne peux pas mentir, regarder des mecs jouer au basket-ball, torses nus, sous la chaleur, c'est juste trop... wahou.

Les deux équipes s'affrontent et bien vite je comprends que Maël et Connor sont dans la même équipe. Ils marquent, plusieurs fois, comme l'autre équipe et entrechoquent leurs mains, signe de victoire.

Maël s'approche de moi, toujours torse nu (je me rince peut-être un peu l'œil) et saisit une bouteille d'eau devant moi.

- C'est cool que tu sois venue, il me sourit à nouveau.

- Je ne pouvais pas rater ta magnifique voiture.

- Tu viens seulement pour la voiture ? Je suis déçu, il fait la moue et je ne peux pas m'empêcher d'éclater de rire.

Connor vient nous voir et nous parlons quelques instants. J'apprends qu'ils ont un autre match demain matin et qu'il ne s'agit que d'un match amical.

- Je peux venir ? Je les questionne et les deux acquiescent.

- C'est toujours un plaisir d'avoir des jolies filles qui encouragent, Maël me fait un clin d'œil et je lui tire la langue.

- Je parlais de jouer avec vous en fait.

- Toi ? Tu veux jouer avec nous ? M'interroge Connor et il manque de pouffer de rire. Désolé mais non.

- Pourquoi ? C'est réservé aux mecs ?

- Non, Maël secoue la tête, c'est juste que l'équipe adverse ne fait pas de cadeau et on veut pas forcément qu'il t'arrive la même chose qu'à Frank.

Son doigt pointe sur un garçon de notre âge, assis sur les gradins un peu plus lui, la tête sur sa main, un pied dans une attelle.

- Aie, je grince des dents mais n'oublie pas l'idée de jouer.

Maël remet son t-shirt et nous prenons le chemin de sa voiture sur le parking d'à côté. Je sautille comme une folle, interceptant les rires de mon ami et monte dans la voiture. Il nous amène jusqu'à un petit parking assez vide (une chance pour les propriétaires de voitures) et il me tend les clés du véhicule.

- Pas de conneries, il me crie pendant que nous échangeons de place.

Un bonheur de se retrouver à la place de conducteur de cette putain de voiture. J'aime beaucoup trop cette sensation. Doucement je mets le contact, appuie sur l'embrayage et passe la vitesse. Nous roulons, pas très vite à mon grand chagrin et nos rires remplissent l'habitacle.

- C'était super ! Je m'exclame et reprends ma place de passager.

- Tu t'es plutôt bien débrouillée ça va, il m'accorde un sourire en coin et regarde sa montre. Il est dix-huit heures, on va manger un truc ?

J'allais répondre mais mon téléphone vibre dans ma poche.

Reçu aujourd'hui à 18h14 : Maman s'inquiète. Rentre s'il te plaît.

Une pensée pour ma mère me parvient mais je la chasse bien vite. Elle a voulu me blesser alors elle ne mérite que ça. Pour une fois elle pensera à moi.

- En route, je lui annonce en mettant la radio.

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