Mes yeux se fixent à ceux du garçon qui tient son verre vide et je crois halluciner. C'est un cauchemar...
- Pas toi...
- Et si ! Jack s'exclame et je n'en attends pas plus pour sortir de la file d'attente.
À quelques mètres de la porte de la salle, un bras me retient et je m'oblige à rester polie, pour ne pas dire "ne pas le castrer".
- Qu'est-ce que tu veux ? Je souffle et m'appuie sur une jambe, toujours les bouteilles dans mes mains.
- J'aurais dû me douter que tu serais ici ce soir. C'était peu probable que tu ne viennes pas vu le scandale que tu m'as fait l'autre jour.
- Et toi ? J'arque un sourcil. Je croyais que tu n'aimais pas Twenty One Pilots.
- J'ai dit que ce n'était pas le meilleur groupe, il lève ses mains en l'air, pas que je ne les aimais pas. Nuance ma grande.
- Ma grande ? Je demande étonnée.
- C'est bien le surnom que tu m'as donné la dernière fois, non ? Il m'adresse un sourire amusé et je perds le mien.
J'arrive pas à croire que je me fasse avoir à mon propre jeu.
- Ouais, bon je dois y aller, je lui annonce et commence à partir à reculons.
- Bon concert ! Je l'entends et m'éloigne finalement rapidement pour retrouver mes amis dans la fosse.
C'est limite si les gens ne s'entretuent pas pour entrer dans la salle quand les bruits d'une batterie se font entendre. Faut que je me bouge avant que le spectacle ne reprenne vraiment.
Quand j'arrive (enfin) près de mes amis, ils me sourient et reportent leur attention vers la scène. Sympa. Je suis quand même allée chercher des bouteilles d'eau qui m'ont coûté la peau du cul les gars.
- Vos bouteilles, je leur tends et regarde moi aussi la scène toujours aussi noire.
Du coin de l'œil je vois Arthur fixer mon t-shirt étrangement et froncer les sourcils.
- Ton t-shirt blanc est trempé et, il s'approche de moi et me sent, tu pues la bière.
Je serre les dents et me souviens évidement du liquide que monsieur Jack a renversé sur moi il n'y a pas dix minutes. Je baisse la tête sur mon t-shirt et constate que mon t-shirt blanc est complètement transparent. Boh c'est pas comme si ça allait tuer quelqu'un de voir un soutien-gorge noir. Je hausse les épaules et hurle comme les autres personnes dans la salle quand j'entends un ukulélé.
House Of Gold.
*
Il est onze heures lorsque je m'affale sur le canapé du salon, mon ordinateur sur les genoux. Depuis presque une heure je n'ai pas cessé les recherches sur la fameuse école que ma mère ne veut pas que j'intègre. Mais j'ai tout de même trois points intéressants.
1) L'école est une école implantée aux Etats-Unis depuis presque quatre-vingt ans. Beaucoup de nationalités y sont représentées, ce qui présente un atout pour les étudiants.
2) Les meilleurs producteurs de musique ont fait leurs études là-bas. Et c'est tellement incroyable de mettre les pieds dans une école où les Red Hot Chili Peppers ont un jour marché.
3) Les bourses sont accordés aux élèves méritants, ayant obtenus de bons résultats dans chacune de leurs épreuves. Et sans me vanter, j'avais eu les compliments de tous mes professeurs à tous les trimestres.
Je compte présenter ces trois points à ma mère pour la convaincre. J'ai réalisé un peu tard que je m'étais peut-être trop emportée face à ma mère et qu'elle avait raison. Nous ne roulons pas sur l'or et les frais en Angleterre sont déjà assez chers. L'école de mon frère est une bonne école mais la cantine coûte cher. Ma sœur compte s'inscrire dans une école de stylisme près de Liverpool et malgré la réputation, elle offre des bourses aux méritants et Camberra est sûre de l'avoir grâce à sa mention.
Reçu aujourd'hui à 11h32 : Tu penses que ta mère sera d'accord ?
Alex et moi en avons parlé tout le long du trajet du retour du concert hier soir et nous en sommes arrivés à la conclusion que ma mère ne craquera pas. Sauf si mes arguments étaient en béton, ce que j'espère avoir réussi.
- C'est moi ! Une porte claque et des talons résonnent dans la maison.
Envoyé aujourd'hui 11h33 : On va bien voir ça...
- Salut maman ! Je lui souris et attrape un des sacs de course dans sa main.
Je me dirige vers la cuisine tandis qu'elle se contente d'avancer prudemment, me regardant comme si j'étais folle.
- Bonjour, elle plisse des yeux et secoue la tête.
Dans le silence nous rangeons les courses dans les divers placards et l'idée d'en parler maintenant me traverse l'esprit mais je la chasse bien vite quand Camberra débarque dans la cuisine.
- Est-ce que je peux aller à une fête ce soir maman ? Elle s'appuie contre le plan de travail et regarde impatiemment notre maternelle qui s'occupe de ranger des yaourts dans le frigo.
- À quelle heure ? Elle marmonne.
- Jusqu'à minuit je pense, elle se mord la lèvre et se balance sur ses jambes.
- C'est assez tard et tu n'as pas de moyen de transport.
Camberra souffle et fait sa moue triste. Maman lève les yeux au ciel et pouffe de rire. Ma sœur a toujours cru que ce regard lui donnait pleins de choses alors qu'en réalité on a plus pitié pour elle. On dirait qu'elle veut faire la grosse commission.
Son regard passe sur moi et son sourire s'élargit. Merde m'implique pas là-dedans.
- Anna me raccompagnera, elle nous apprend et je hausse les sourcils, elle a été invité elle aussi !
- Vraiment ? Ma mère me sourit et hoche la tête. Mais tu n'as pas vraiment le permis Anna.
Et c'est vrai. J'ai passé mon code il y a quelques mois et je ne peux m'entraîner qu'en la présence d'un adulte et Camberra n'est clairement pas une adulte.
- Mais si vous trouvez quelqu'un pour vous amener et vous ramener je n'y vois aucun inconvénient.
Je suis rassurée. J'ai vraiment cru qu'elle allait m'autoriser à conduire sans elle. Mais au moins je n'aurais pas à y aller et ça c'est une bonne chose.
- Et bien sûr Anna tu accompagnes ta sœur.
- Quoi ? Je croise les bras. Pourquoi ?
- Parce que je ne veux pas que ta sœur finisse dans le même état que la dernière fois.
À ces mots, Camberra baisse la tête et tremble. Il y a quelques semaines, nous l'avons retrouvé sur le trottoir chantant à tue-tête des chansons débiles. Même si j'ai trouvé ça très drôle, ma mère n'avait pas apprécié ce comportement de la part de Camberra, qui a du boire au moins quatre verres pour finir dans cet état.
- Super...
Je pose la dernière bouteille de lait dans le frigo et retourne dans le salon où mon ordinateur portable m'attend sagement. Je n'aurais encore pas parlé de l'école à ma mère et ça m'énerve.
- On part vers vingt heures, ça te va ? Me demande Camberra en entrant dans la pièce pour s'asseoir à côté de moi.
- Mmh oui. Je crois que je n'ai pas le choix de toute manière.
- Désolée pour ça d'ailleurs, elle me demande en regardant l'écran de mon ordinateur sur mes genoux, je voulais vraiment y aller.
- J'imagine, je continue de tapoter sur le clavier. Comment t'as su que j'étais invitée ?
Camberra se redresse sur le fauteuil et ouvre la bouche sous le surprise. Visiblement elle n'était pas au courant.
- Tu l'es ? Qui t'a invité ?
- J'ai croisé Connor hier et il m'a dit que ça sera bien que je passe.
- C'est super ! Elle se lève et se met à faire une danse bizarre. On va trop s'amuser ! Maël organise des fêtes vraiment trop cool !
- Pourquoi il organise une fête d'ailleurs ? Dans le coin y en a presque une fois par mois.
- C'est l'anniversaire de Maël en fait, elle m'apprend et se dirige vers sa chambre.
Je pose moi ordinateur sur la table basse et la rejoins. Un anniversaire ? Mais et le cadeau ?
- On fait comment pour le cadeau ? Je l'interroge m'appuyant contre l'encadrement de sa porte.
Camberra lève les yeux au ciel et sort une robe de sa penderie. Je déteste quand elle met ce genre de robes. Courte, moulante, juste dans l'espoir que les mecs la regardent.
- On apporte pas de cadeau Anna. C'est notre présence le cadeau.
- Ça va la modestie ?
- Je suis sérieuse, elle me pointe avec un cintre, tu verras ce soir.
Je hoche la tête et la regarde jeter des dizaines de robes par terre. Toutes plus moulantes les unes que les autres.
- J'ai rien à me mettre, elle se plaint.
Je m'avance près d'elle et inspecte son dressing. Encore des robes, toujours des robes. J'aime les robes mais pas celles de ma sœur. Julie la convainc toujours de mettre des robes qui "mettent des formes en valeur" et je ne comprends même pas le sens de cette phrase. Tu mets une robe parce que tu as chaud et pour être bien habillée. Pas pour ressembler à un manchot.
- Pourquoi pas ça ? Je sors le vêtement en question et lui tends.
Elle le prend dans ses mains et le tourne et le retourne. Elle grimace et me le redonnes.
- C'est trop... normal.
- Et tu ne veux pas être normale ? Camberra pourquoi tu cherches à te démarquer ? Tu es magnifique quel que soit la tenue. Si c'est pour un mec...
- Tu penses que ça m'ira ? Elle me questionne me reprenant la combinaison que j'avais dans les mains.
- J'en suis sûre, je lui souris.
Elle jette le vêtement sur son lit et me prend dans ses bras. J'ai quand même de la chance d'être proche d'elle.
- Et toi ? Tu vas mettre quoi ?
- Short noir et haut simple je pense, je hausse les épaules.
- Pourquoi tu mets pas un truc plus original ?
- Parce que la simplicité ça me va et que je ne veux pas me démarquer.
Elle hoche la tête et remet en place des vêtements. Décidément nous sommes différentes.
*
- J'arrive pas à croire que vous ne veniez pas, je leur annonce à travers l'ordinateur.
- J'arrive pas à croire que tu ailles à cette fête, reprend Arthur.
- J'arrive pas à croire que je sois en famille juste ce jour-là, se plaint Alex.
Tous les trois rions et je prends mon ordinateur pour mieux orienter la webcam. Arthur, Alex et moi avons l'habitude de faire des Skype quand nous le pouvons ou quand un d'entre nous a quelque chose d'incroyable à raconter. Et visiblement, cette fête est quelque chose d'incroyable.
- Mais en tout cas tu es jolie Anna, me complimente mon amie et je vois Arthur faire de même.
- Fais attention et bois pas trop d'alcool. T'es pas majeure, on veut pas de problèmes avec la police nous.
J'explose de rire et termine de mettre mes baskets blanches. Finalement j'ai décidé de mettre un short noir et un haut bleu marine. Très simple mais beau.
- Je ferai attention. Bisous les gars.
- Bisous, ils me répondent en chœur.
J'éteins mon ordinateur et termine de me préparer. Je coiffe rapidement mes cheveux blonds et me maquille légèrement pour mettre mes yeux bleus en valeur.
- Anna, on y va ! Me crie Camberra depuis l'entrée de l'appartement.
Je la rejoins et ensemble nous descendons les étages pour arriver dans l'entrée de l'immeuble.
- Tu viens ? Elle me demande quand elle voit que je me suis arrêtée.
Non pas que j'ai changé d'avis, enfin presque. Seulement le conducteur de la voiture m'énerve déjà. De toutes les personnes qui ont le permis, il fallait que ça soit elle.
- Salut ma belle !
- Salut Julie ! S'exclame ma sœur et je rentre à mon tour dans la voiture de cette dernière.
La rousse parfaitement maquillée comme d'habitude, Julie, tourne la tête vers les sièges arrières pour me jeter un œil.
- Salut machin.
Je vous ai déjà dit que je la déteste ? Parce que c'est vraiment le cas.
- J'ai un prénom, je lui crache.
- Et je m'en fous.
Camberra ne réagit même pas et deux secondes plus tard nous sommes en route. Les deux filles à l'avant parlent garçons pendant que je m'amuse sur mon téléphone, à discuter avec mes deux meilleurs amis.
Bien vite, nous arrivons devant la maison de Maël et sortons de la voiture. Julie et ma sœur partent bras dessus, bras dessous, me laissant seule devant la bâtisse.
Espérons que ça se passe bien.
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