Bonus

- Sam !

Mon petit frère court dans mes bras et entoure ma taille alors que je tiens encore ma guitare dans ma main.

- C'était trop bien ! Il s'écrie et se décale pour me laisser respirer. Tu m'apprendras à jouer de l'instrument ?

Je souris et frotte sa tête. Derrière lui, mes parents nous rejoignent et viennent me prendre dans leurs bras. Voilà presque deux semaines que je ne les avais pas vu, eux étant partis en vacances avec Sam dans un petit camping. Je n'ai pas pu partir avec eux puisque je travaillais mais ça ne m'a pas plus dérangé que ça.

- Ma puce tu as été incroyable, mon paternel m'étreint.

- Je suis contente de vous voir, je prends à mon tour ma mère dans mes bras et elle embrasse mon front.

Je dépose ma guitare sur son support et invite mes parents à nous éloigner de la petite scène du café pour nous installer sur une table, pour ne pas déranger les clients. Il est presque dix-neuf heures, je termine dans quelques minutes mais puisque mon patron n'est pas là, j'en profite un peu.

- Alors ces vacances ? Je leur demande pendant qu'ils tirent leurs chaises.

- Y'avait des attractions ! S'exclame mon frère puis il me montre son poignet tout fier. Regarde papa et maman m'ont acheté un bracelet souvenir !

Je l'observe et le complimente sur son cadeau. Dire qu'il a presque huit ans... Le temps passe tellement vite que je me souviens encore du déménagement de ma sœur, il y a un an. Depuis, elle vit toujours avec Dan dans leur petit appartement qu'ils s'entêtent à payer avec l'argent de leurs petits boulots, malgré les contestations de ma mère.

Nous prenons un café et discutons de tout et de rien, de mon boulot, des cours de musique que je dispense et d'autres choses. Il y a six mois de ça, j'ai décidé de donner des cours à des enfants de l'âge de mon frère, pour me faire un peu d'argent en plus de mon boulot au café et pour continuer ma passion tout en m'amusant. C'est un peu un compromis que j'ai fait. Pas d'école mais toujours ma passion.

- Anna tu as fini, m'annonce Clark, ma collègue et je la remercie.

Je cours chercher mes affaires dans les vestiaires des employés du café et rejoins ma famille, devant le bâtiment.

- On va rentrer, me déclare mon père, on te ramène ?

- J'ai un truc à faire mais je reviens à la maison dans une ou deux heures je pense.

Ils hochent la tête et se dirigent vers leur voiture pendant que je me précipite sur la mienne, ce petit bijou vintage qui m'a coûté des mois de travail.

*

- Bonjour, je salue Janice quand elle me laisse rentrer dans sa maison, et bonjour toi.

Je caresse la tête de son petit dans ses bras et souris quand il hoquette. Lui aussi il a grandi très vite pour le coup.

- Ta journée s'est bien passée ? Elle me demande pendant que je dépose ma veste sur le portemanteaux.

- C'était long, je lui avoue et étire mes bras, mes parents sont rentrés à l'instant à la maison.

- Oh il faudra que je passe les voir alors ! Comment s'est passé leurs vacances ?

- Bien, dis-je en regardant les escaliers qui mènent à l'étage.

Je soupire et baisse la tête. Bon sang il me manque tellement. Je suis incapable de tenir plus longtemps sans le voir.

- Vas le voir, me chuchote Janice et je secoue la tête, je suis sûre qu'il a envie de te voir autant que tu as envie de le voir.

- C'est pas une bonne idée. Il doit beaucoup m'en vouloir. Je sais même pas pourquoi je suis passée.

J'attrape ma veste et fonce sur la porte dans l'espoir de m'éloigner au plus vite d'ici.

- Anna si tu fais ça je ne sais pas si vous aurez l'occasion de revenir en arrière, elle me souffle avant même que je n'ai pas vu sortir.

Je lâche la poignée de la porte et me retourne les bras croisés.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

Janice m'entraîne dans le salon, toujours son bébé avec elle et me demande de m'assoir sur le canapé.

- Je ne l'ai jamais vu aussi mal que ces deux dernières semaines, elle m'explique et je me mords la lèvre pour ne pas pleurer, il ne dort pas beaucoup, il passe un maximum de son temps à son travail, il rentre tard et je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs.

- Vous croyez qu'il m'a oublié ? Je lui demande tout bas et sens une larme rouler sur ma joue.

- Non, elle caresse ma main et je l'en remercie, il t'aime toujours Anna. Mais il ne se rend pas compte de combien il a besoin de toi.

- J'ai besoin de lui, je lui avoue et elle passe ses bras autour de moi pour m'étreindre.

- Vas lui parler Anna. S'il te plaît.

Je m'éloigne d'elle et pars monter les escaliers, sans bruit. Lorsque j'arrive devant la porte de sa chambre, j'inspire et toque, dans l'espoir d'une réponse. N'en ayant pas, je décide de pousser la porte et l'ouvre pour y passer la tête. La fenêtre de la chambre est entrebâillée, des tas de feuilles sont par terre, des vêtements traînent aussi. En bref, le ménage n'a pas été fait depuis plusieurs jours.

Il est là, allongé sur le ventre, la tête dans l'oreiller. Je ne sais pas s'il m'a entendu mais il ne bouge pas. J'avance dans la pièce, marche sur un papier et me baisse pour le ramasser. À la lecture, je ne trouve pas le moyen d'ouvrir la bouche et reste comme paralysée.

- Qu'est-ce que tu fais là ? J'entends mais ne prononce pas un mot.

Il se relève du lit et passe sa main dans ses cheveux. Même à moitié endormi je le trouve très beau. Il me fixe de ses grands yeux noisettes et fronce les sourcils, étant sur ses gardes.

- Qu'est-ce que tu fais là Anna ? Il répète plus durement et mes larmes menacent de couler.

- Tu comptes déménager à Londres ? Je l'interroge en relisant le papier et une larme coule sur ma joue.

Il s'approche de moi, saisit le papier et le repose brusquement sur son bureau. Son visage est contrarié et lorsqu'il passe ses mains dessus, je fais plus attention à ses cernes.

- Qu'est-ce que tu veux Anna ?

- Je voulais te parler mais visiblement tu as déjà fait un choix, je hoche la tête et lui souris tristement. Bon déménagement Maël.

Je baisse la tête et sors de la chambre, sans aucune résistance. Descendant les escaliers, mes larmes tombent plus fermement sur mes joues et je croise le regard triste de Janice. Je passe devant elle et ouvre doucement la porte, sans aucun espoir.

*

Je pousse la porte de chez moi et la referme. De là, j'entends les rires de mes parents et de mon frère qui résonnent dans le salon. Des pas se font entendre et je dépose ma veste au portemanteaux.

- Ma puce ?

Je me retourne la tête baissée et renifle. Ma mère fait un pas et attrape mon menton. Je me retrouve les yeux dans les yeux avec elle.

- Mon bébé...

Elle entoure mon corps de ses bras et j'explose en larmes. Plus tard, d'autres bras musclés viennent nous rejoindre ainsi que de faibles bras, tout autant réconfortants.

*

- Et un chocolat chaud caramel, je soupire mais souris tout de même au client à qui je viens de déposer cette boisson.

Je repars derrière mon comptoir, lisse mon tablier et remets une mèche de cheveux derrière mon oreille. Dommage que les lunettes de soleil soient interdites au travail parce que mes cernes doivent faire peur aux clients.

Les yeux rivés sur la caisse devant moi, je remarque vaguement une personne prendre place pour commander et relève la tête.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas en train de faire tes valises pour Londres ? Je crache à Maël et il met ses mains dans les poches de son jean.

- On peut parler ? Il garde la tête baissée et je remarque que lui aussi n'a pas du beaucoup dormir.

- Non je travaille, je réponds froidement.

- Anna...

Je me renfrogne et m'occupe de nettoyer le meuble où est posé la caisse.

- S'il te plaît, tu peux bien prendre une pause, il insiste et j'ai envie de le frapper.

- Tu peux si tu veux Anna, intervient Clark et je lui lance un regard noir.

Je sors de derrière la caisse et indique à Maël et me rejoindre dehors. Les bras croisés, je tape du pied, du au stress. Je suis très nerveuse, déjà parce que cette discussion m'énerve et je sens que je vais pleurer mais aussi parce que ma mère m'avait conseillé de ne plus lui parler jusqu'à nouvel ordre.

- Est-ce qu'on peut au moins monter dans la voiture ? Il m'interroge en arrivant près de moi.

Je l'observe se diriger vers son cabriolet et un sourire triste me fend le visage, au souvenir de ma première montée dans ce véhicule.

Je le rejoins et m'installe à la place passagère alors qu'il occupe la place conducteur. Il ne met pas le contact. Il se contente de garder les mains sur le volant.

- Je ne compte pas déménager, il m'annonce directement.

- Alors c'était quoi ce que j'ai trouvé par terre hier ?

- Je... J'ai fait des recherches, il secoue la tête, mais c'est pas la question. Te voir en pleurs hier m'a déchiré le cœur. Je suis désolé de ne pas t'avoir rattrapé comme tu l'aurais sûrement voulu mais j'ai été lâche. Je croyais que ça serait facile mais ça ne l'est pas.

- Tu aurais dû me rattraper, je confirme et le vois fermer les yeux, comme tu aurais dû le faire il y a deux semaines quand on s'est disputés.

- Je sais.

Le silence reprend l'espace de la voiture et j'ai soudainement envie de disparaître. Pourtant quand des doigts viennent entrelacer les miens, toutes mes peines semblent plus légères.

- Je suis désolé de t'avoir dit que tu ne t'investissais pas assez dans notre couple Anna. Mais j'essaie de tout faire pour qu'on se voit un maximum possible, pour qu'on s'offre des moments tous les deux mais on y arrive jamais. Soit tu travailles au café, soit tu donnes des cours ou alors c'est moi qui travaille.

- Tu crois quoi Maël ? Je le coupe dans sa tirade. J'essaie de montrer que je suis capable de nous fournir de quoi vivre. Je, je souffle et passe une main dans mes cheveux, je voudrais juste qu'on puisse avoir nous aussi notre appartement, un boulot, de quoi vivre. Je sais que je passe beaucoup de temps à travailler mais je ne le fais pas pour le plaisir.

Il ne me répond pas et se contente de fixer la voiture garée devant nous. Je soupire et me prépare à sortir de l'habitacle.

- Je voulais qu'on parte s'installer tous les deux à Londres, il avoue dans un murmure et je crois rêver, c'est pour ça que j'ai fait des recherches.

Presque naturellement, mes lèvres ont trouvé les siennes et se sont scellées en un baiser plein d'amour et de promesses.

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