Chapitre 5.1

 « Cela fait bientôt un mois que je travaille auprès de ma nouvelle stagiaire. Je me répète un peu, mais elle me semble vraiment prometteuse. Sa thèse sur l'hybridation est vraiment surprenante. Mélanger de l'ADN humain avec un autre... Je suis prêt à croire que cela pourrait devenir réalité, surtout après avoir créé la créature.

Aujourd'hui j'ai eu l'occasion de rencontrer l'Assemblée. Le mécanisme de « Télépathie » est toujours impressionnant, je ne m'y ferais jamais. Il faudrait que je l'étudie dès que j'ai un peu de temps « Tousse » La majorité d'entre eux, on rejetait ma création, mais je ne m'en fais pas trop, le président est de mon côté. La créature sera sans doute présentée au grand public dans peu de temps. »

Enregistrement du professeur Edward Stone - Dossier numéro V - date inconnue.

***

Ophira ouvrit ses yeux émeraude dans une chambre cubique au papier peint, vieilli par le temps. La jeune femme était allongée sur un lit d'une place, recouverte par une épaisse couverture de laine bleu roi. Le corps lourd et engourdie, Ophira repoussa l'épais tissu jusqu'à ses pieds et entreprit de se lever. Cependant, la douleur qui lui tiraillait les côtes, l'obligea à reposer ses fesses sur le matelas et à souffler plusieurs fois. Les traits tirés en une grimace de douleur, la jeune femme souleva le sweat-shirt qui recouvrait le haut de son corps, et découvrit que son flanc avait été soigneusement enveloppé dans un bandage thoracique. Son kidnappeur avait pris la peine de soulageait sa douleur, un tant soit peu. Après ce qu'elle avait subi, elle ne savait pas si elle devait lui en être reconnaissante ou pas.

La jeune dracologue rabaissa le vêtement avant de réitérer l'opération, qu'elle avait échoué il y a encore un instant. Ophira s'aida de la commande à côté du lit et poussa sur ses muscles postérieurs pour se mettre debout. Les jambes flageolantes, elle tituba longuement sous l'effet de la migraine qui venait tambouriner à sa cervelle. Cette fois-ci Antanáklasi n'était pas là pour la rattraper. Elle allait devoir avancer seule sans flancher.

Elle remarqua une porte entrouverte sur sa droite et s'y dirigea rapidement, lorsqu'elle comprit que la pièce renfermer la salle de bain. Nauséeuse, la jeune femme s'agenouilla devant le cabinet et après plusieurs contractions de ses muscles abdominaux, vomit tout le contenu de son estomac dans la cuvette des toilettes. La douleur qu'elle avait ressentie il y a peu, lui avait donné des hauts le cœur.

Elle baissa les yeux vers la substance verdâtre, peu ragoûtante, qu'elle avait recrachée et afficha une moue de dégoût. Elle se dépêcha de tirer la chasse d'eau avant de ressentir l'envie de dégobiller à nouveau. Difficilement, Ophira se releva puissant dans les quelques forces qu'elle avait et se posta devant le lavabo pour se débarbouiller. L'eau sur son visage était une sensation de douceur et de fraîcheur, qu'elle prenait plaisir à ressentir. Par la même occasion, elle s'humidifia les lèvres, mais évita d'en boire n'en serait-ce qu'un peu, par peur de vomir à nouveau.

Refermant la porte de la salle de bain, Ophira retourna dans la partie chambre et considéra avec attention la pièce dans laquelle on l'avait enfermé. Le lit dans lequel elle avait dormi, était fait d'un bois massif de couleur miel, caractéristique du pin maritime. Non loin de celui-ci reposait une armoire du même matériau, tout paraissait d'une autre époque. Il n'y avait pas la moindre trace d'un quelconque objet électronique.

Quel manque de goût, se disait-elle en observant une dernière fois les lieux.

Curieuse, Ophira s'approcha de l'armoire et tira sur la poignée, dévoilant quelques vêtements et draps de rechanges. Elle farfouilla dans les tissus mettant une bonne partie d'entre eux dans un désordre monstre, mais ne décela rien de bien intéressant. Sa concentration se reporta ensuite vers le miroir accroché sur l'arrière de la porte.

La jeune femme s'examina de plus près et remarqua que les vêtements qu'elle portait avant d'être enlevée, avaient été troqués pour d'autres. Le pantalon qui recouvrait ses cuisses rondes était noir et fluide facilitant ses mouvements, et le sweat-shirt qu'elle avait soulevé un peu plus tôt, était de couleur bordeaux et possédait deux poches ventrales. Une tenue assez décontractée. Soudain, elle se surprit à rougir à l'une des pensées qui avaient furtivement traversé son esprit. Quelqu'un l'avait déshabillé et rhabillé... Le rouge lui monta aux joues, ils avaient osé. Peu rassurée à cette pensée, elle espérait que cela avait été fait par une femme et non par un homme. L'idée qu'un homme avait eue l'occasion de la voir nue, lui donner des sueurs froides. Peu confiante par rapport à son physique, la jeune femme avait toujours eu quelques appréhensions en dévoilant son corps nu à ses anciens petits amis, et aujourd'hui contre sa volonté, un homme l'avait sans doute vu. Elle serra les dents et tenta tant bien que mal, à chasser ces idées de son esprit.

Reportant sa concentration sur sa nouvelle tenue, elle constata qu'une petite étiquette avait été soigneusement greffée au tissu, au niveau de sa poitrine gauche. Elle déchiffra les quelques lettres apparaissant à l'envers sur le miroir et put y lire « Ophira ». Qu'est-ce qui lui était arrivée ? Il y a encore quelques jours, elle n'était que cette simple dracologue, étudiant des spécimens encore jamais vu. Elle n'était que cette jeune femme simplette et aimante, avec des dragons qui l'aimaient de tout leur cœur. Son moral s'amenuisait peu à peu et la panique l'envahissait, alors qu'elle faisait de son mieux pour rester la plus calme possible.

La jeune femme souffla, tentant de calmer les pulsions de son organe cardiaque et remarqua une autre inscription sous son prénom plus petite cette fois. Elle plissa les yeux davantage pour parvenir à déchiffrer les quelques lettres inscrites sur le bout de tissus. Elle mit un peu plus de temps à les déchiffrer dans le miroir, mais finit tout de même par y arriver.

« Sujet numéro 59 ». Que pouvait-il bien signifier ?

« Sujet numéro 59 » se répéta-t-elle dans sa tête avant de laisser choir son corps meurtri sur le lit, peu confortable. Elle se mordit les doigts lorsque son corps toucha le matelas et que ses côtes lui fassent regretter son geste.

« Sujet numéro 59 », elle décortiquait chacun des mots, espérant trouver réponse à certaines de ses questions, restées sans réponse depuis le début.

« Sujet », elle était donc étudiée, mais pourquoi devait-on étudier son cas ? Que possédait-elle de si important pour qu'on s'intéresse à elle. De nouvelles questions s'ajoutaient aux anciennes et resteraient sans réponse. Son cœur s'emballait à chaque nouvelle interrogation, le stresse lui prenait à la gorge, et à chaque fois qu'elle essayait de le calmer, il revenait de plus belle.

S'en était trop. Elle se frappa le front, il ne fallait pas qu'elle perde pied maintenant, surtout pas. L'impact de sa main avait laissé une trace rosée, et elle regretta amèrement son geste lorsque sa migraine réapparut.

« Numéro 59 », continua-t-elle tout en massant le haut de son visage, elle n'était donc pas la première à être kidnappé. Tout cela ne l'a rassuré pas vraiment. La jeune femme se retourna et ramena ses cuisses contre son abdomen, laissant son esprit vagabondé durant de longues minutes. Elle espérait ainsi s'échapper un court instant de ces questions sans réponses qui tambourinait à sa tête.

Soudain, Ophira se releva dans une courbure bien étrange lorsque l'on toqua à sa porte. Sans qu'elle ne pipe le moindre mot, une femme légèrement plus âgée qu'elle, entra. Recouverte d'une blouse blanche, Ophira supposa que la nouvelle venue travaillait dans le milieu scientifique, voir médical. Se voulant rassurante, la femme souriait et déposa le plateau qu'elle tenait dans ses mains sur le bureau en face du lit. La jeune dracologue tenta bien de lui parlait, mais sa gorge asséchée ne parvint pas à prononcer le moindre mot. Combien de temps avait-elle dormi ?

— Ne vous en faites pas, toutes vos questions trouveront réponse dans peu de temps, chuchota la scientifique avant de faire demi-tour et refermait la porte derrière elle.

Perdue et confuse, Ophira ne savait pas quoi penser de cette entrée en matière. Du regard, la jeune femme fit plusieurs allers-retours, entre le plateau garnit d'un repas entier et la porte. Devait-elle fuir ou reprendre des forces ? Son estomac fit le choix à sa place. Elle tenterait quelques choses après avoir mangé.

La première gorgée d'eau s'infiltra dans son organisme, rendant sa vitalité à tout son métabolisme. Sa gorge s'humidifiait doucement et elle comprit que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas bue. Son troisième verre d'eau vidée, la jeune femme exhala de bonheur. Son corps revivait. Les yeux pétillants, Ophira entama la première bouchée de son plat et comprit que son estomac avait vu juste, elle mourrait littéralement de faim. Si ses souvenirs étaient encore bons, son dernier repas datait peu de temps avant qu'elle ne soit ensevelie sous quinze tonnes de gravier avec Antanáklasi.

Antanáklasi. Que lui était-il arrivé ? Allait-il bien ? Le cœur de la jeune femme se comprima sous sa cage thoracique. Même si elle savait qu'une telle chute ne lui était pas fatale, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour son amie. Voilà bientôt six ans qu'ils se côtoyaient chaque jour et qu'ils étaient devenus plus que des simples amis. Au fil du temps, un lien inébranlable s'était tissé entre eux deux et ils ne s'étaient plus jamais séparés. Pourtant, Antanáklasi n'avait jamais été simple à vivre. Une tête brûlée comme lui, réussissait toujours à mettre Ophira dans de beaux draps, mais la jeune femme l'affectionnée. Il avait été le seul à la comprendre lorsque tout n'allait pas, et réciproquement, elle avait été la seule à le cerner. La jeune femme expira l'air contenue dans ses organes pulmonaires et abaissa ses paupières sur ses yeux, elle ne devait pas se noyer dans ce flot de sentiments. Elle se devait de croire en sa ténacité, il était le seul sur qui elle pouvait compter.

L'Alptraum est peu connu des scientifiques, du fait qu'il est très difficile à étudier. On sait simplement qu'il cause des cauchemars chez ses hôtes et s'en nourrit avec avidité

Artiste inconnu ; signature ?

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