Chapitre 2.1
« La créature ne cesse de nous surprendre. Une semaine s'était écoulée qu'elle venait de développer deux protubérances, devenues aujourd'hui un patagium à l'instar des chiroptères. Mesurant le double de la créature, elle pourrait lui permettre de voler. Des tests seront sûrement réalisés pour le savoir. Au cours des deux dernières semaines, son ossature s'est étrangement allégée mais reste tout de fois solide. Je suis fasciné, elle pourrait nous permettre de comprendre certains aspects du processus de développement encore inconnu à ce jour. »
Enregistrement du Professeur Edward Stones – Dossier numéro II – date inconnue
L'homme marchait d'un pas calme, une clope à la main. Il se dirigeait vers un night-club connu de la ville. Le ciel n'était pas illuminé de ses petits astres célestes, un temps pluvieux selon lui.
Il avait la quarantaine à tout casser, une méchante cicatrice au niveau de sa face qui le défigurait.
L'individu masculin se posta à l'entrée, inspira une dernière bouffée de cette fleur empoisonnée, avant de la jeter au sol et de l'écraser de ses grosses chaussures noires. Le videur eut le temps de s'interposer entre lui et la porte, avant d'apercevoir ce petit pendentif si particulier qui se balançait au cou du gars. Le videur baissa le regard, soumis à cet homme peu commun et s'écarta sans le moindre mot.
La musique était assourdissante et l'atmosphère irrespirable. Une chaleur étouffante prit de court l'hominidé qui retira son épais manteau, dévoilant des muscles saillants sous son tee-shirt bleu.
Il se fraya un chemin tant bien que mal à travers une foule d'individus qui dansait, vers une banquette de cuir rouge. Il s'y assit, le dos droit, les jambes perpendiculaires au sol et les mains posées sur ses cuisses taillées dans le béton, tellement elles étaient musclées.
Il balaya la salle de son regard inquisiteur, cherchant l'individu qui l'avait contacté quelques heures plus tôt. Deux jolies jeunes filles qui n'avaient sans doute pas l'âge requis pour un tel endroit, gloussaient au côté du barman. Ce dernier leur servit un verre, un petit papier sous l'un d'eux, certainement son numéro. Près d'eux un couple épris de désir charnel s'éclipsait en direction des W.C. Aucune trace de son homme, il grogna. Il était en retard.
Une jeune femme à la tenue très légère ne tarda pas à venir à sa rencontre, se déhanchant sensuellement devant le balafré. Il se délectait de ce qu'il voyait. Un corps mince et élancé, une poitrine opulente et bien ferme et un joli p'tit cul qu'on avait envie de prendre entre ses mains.
Elle s'approcha davantage de l'homme voyant son regard empli de désir et s'installa à califourchon sur lui. Il ne perdit pas une seule seconde et se saisit d'elle. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas touché une femme.
Son excitation retomba cependant, il venait de sentir son téléphone vibrer. Le travail le rappelait à l'ordre. Il fit signe à la jeune femme de patienter un instant et saisit l'objet dans la poche de son pantalon. Il parcourut le message de ses yeux noisettes. Son employeur avait eu un empêchement de dernière minute. Il n'avait cependant pas oublié de lui donner les instructions de son prochain forfait. Un sourire malsain se dessina sur son visage, cette proie était différente des autres. Une proie qu'on ne rencontrait qu'une fois dans sa vie. Une proie qu'il fallait à tout prix éliminer.
Il fallait fêter ça. Le regard pétillant, il saisit la jeune fille au niveau des hanches et l'emmena dans le carré privé.
L'homme alluma une cigarette pendant que la demoiselle remettait le peu de vêtements qu'elle avait. Tous deux n'échangèrent aucun mot. Ils avaient besoin de ce moment de silence pour réfléchir. La jeune prostituée s'interrogeait sur le nombre de client qu'elle allait devoir encore satisfaire durant cette soirée. Deux... voire plus si on lui demandait de prendre plusieurs clients à la fois. Quand-t-a lui, il cherchait un moyen facile d'avoir sa proie, un moyen qui permettrait de faire le plus du bruit, un moyen qui ferait beaucoup de victime... Il sourit, il venait de trouver.
Le balafré finit par tendre une liasse de billets à sa conquête du soir, qu'elle saisit sans hésiter.
— Une prochaine fois peut-être, murmura-t-elle avant de partir en quête de client potentiel.
Il porta sa clope à ses lèvres. Le goût âpre fusait dans sa gorge droit jusqu'à ses poumons. Il pouvait presque la sentir descendre à l'intérieur de ses deux organes sollicités, pour les emplir entièrement. Il recracha après quelques secondes un nuage de fumée toxique. La journée débutait bien.
***
Ophira attendait les résultats des tests qu'elle avait lancés, il y a quelques minutes.
Pendant ce laps de temps, elle vérifiait sa liste des suspects potentiels, que l'on pouvait croiser dans ces contrées. Une dizaine de nom y étaient soigneusement inscrit. Cinq d'entre eux avaient été barré d'un trait rouge car ils ne correspondaient pas au profil.
Il n'en restait plus que 6 à vérifier. Elle pouvait déjà retirer de sa liste le Dragon Commun, qui ne possédait pas la mâchoire nécessaire pour broyer un corps humain de cette manière. Ensuite trois autres Dragons pouvaient être facilement innocentés. Ce n'était pas des cracheurs de feu. Il n'en restait plus que deux. Deux Dragons qui remplissaient toutes les conditions : dangerosités élevées, cracheurs de feux à base de phosphores blancs, mâchoires assez puissantes pour de tels dégâts, dents crénelées et commun à la région.
Maintenant il ne restait plus qu'à attendre les résultats du test d'ADN pour certifier ses suppositions.
La jeune femme s'étira de tout son long, permettant à ses tissus musculaires et à ses articulations de retrouver leur dynamisme. Avec si peu de sommeil, elle fatiguait, mais en aucun cas elle ne flancherait. Plusieurs personnes comptaient sur elle, et elle ne voulait surtout pas les décevoir.
Derrière elle, l'étrange machine bipa signalant que l'analyse était finie. La jeune femme s'affale à nouveau sur son fauteuil et regarda les résultats affichés sur son écran. Il y avait bien une correspondance avec le Dragon-Biotite, un être titanesque de près de vingt-trois tonnes qui vivait dans les forêts de cette région. Mais un problème subsisté. Il ne se trouvait pas sur la liste de la jeune femme et le dragon était herbivore et connue pour sa gentillesse ! Pourquoi avait-il attaqué ces personnes ? Ophira ne comprenait pas un tel comportement, c'était tout bonnement inenvisageable. Elle allait devoir se rendre sur place et découvrir ce qu'il lui arrivait.
Elle fit descendre le fichier grâce à la souris de l'ordinateur et remarqua un autre petit détail très étrange. De l'ADN humain faisait également parti du liquide vermeil, qu'elle avait prélevé. Impossible. Ce sang avait sans doute dû être contaminé plus tôt par une des victimes. Elle n'avait pas d'autre explication à cela.
Le Diamantin
L'image est tirée du manga Fairy Tail de Hiro Nashima
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