Chapitre 1.2
Ophira apprécia l'instant présent, et tenta de toucher un nuage qui se baladait par là. Il était à la fois doux et humide. Heureuse, elle l'était et remerciait intérieurement son père qui lui avait fait découvrir toutes ces merveilles. Il avait été l'un des plus grands chevaucheurs de sa génération, remportant la Trépite à mainte reprise. Aujourd'hui, il profitait d'une retraite bien méritée auprès de sa femme et de son dragon, dans une très belle maison de campagne.
Nos deux compagnons arrivèrent à destination après un quart d'heure de vol. Le Dragon-Miroir avait atterri au milieu d'une clairière, située en plein cœur de la forêt de Longuenée. Ophira n'avait pas perdu de temps pour descendre du dos de son ami et l'avait remercié chaleureusement.
De sa position, elle pouvait aisément apercevoir les gyrophares bleu et rouge de la police et sûrement ceux d'une ambulance. Elle se dirigea vers eux, esquivant quelques branches basses qui lui gênaient le passage. Antanáklasi sur ses talons scrutait les moindres bruissements autour d'eux. Un chevreuil était peut-être tapi dans l'ombre attendant pour être dévoré !
Haut comme trois pommes, Mélissa Tranckon attendait patiemment la Dracologue. Elle lui avait préparé une tasse de café, car elle savait qu'Ophira n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Elles se connaissaient depuis deux ans maintenant et elles avaient tous deux appris les habitudes de l'autre.
Mélissa travaillait en tant que technicienne scientifique de la police depuis deux ans. Pourtant elle n'était pas prise au sérieux par la plupart de ces collègues, qui l'estimaient beaucoup trop jeune pour qu'on l'écoute. Et c'est ainsi qu'Ophira et elle, ont fait connaissance. Ophira estimait que la jeune femme devait avoir sa chance et elle l'avait aussitôt prise sous son aile. Elle lui était éternellement reconnaissante.
— Bonjour Mademoiselle Tranckon, faites-moi un topo des plus brefs, demanda la jeune Dracologue, tout en saisissant la tasse qu'on lui tendait.
— Quatre corps mutilés et pour certains carbonisés, ont été découverts ce matin aux environs de deux heures cinquante-trois près de la Maine, par un couple en quête de quoi pimenter leurs relations, débita la jeune technicienne qui replaça ses lunettes devant ses yeux bleus.
— À quand remonte la mort ?
— Au vu de la rigidité cadavérique avancée, le médecin légiste estime que la mort remonte à au moins 24h.
— Une hypothèse sur qui ou quoi aurait pu commettre une telle chose ? Questionna Laeld finissant sa tasse de café.
— Aucune.
Étonnée par sa réponse, Ophira pressa le pas suivi de Mélissa. Elles atteignirent la scène de crime en quelques enjambées, avant de se retrouver devant une banderole jaune, où il était inscrit en noir « POLICE SCÈNE DE CRIME ». Un policier souleva cette dernière pour leur céder le passage, laissant le Dragon-Miroir derrière. Elles rejoignirent le médecin légiste en quête de réponse.
L'homme en question était agenouillé sur des cendres mélangées à un liquide vermeil, au côté de ce qui ressemblait à un corps humain. Le médecin âgé d'une cinquantaine d'années auscultait avec minutie ce qui se trouvait devant lui.
Le macchabée ou du moins ce qui en restait se retrouvait sans tête ni abdomen, seul rester le bassin et les jambes de la victime. Il observait la moindre trace suspecte sur cette dépouille. À en juger par la forme de son bassin, il en conclut que c'était une femme d'âge mur, sans doute la quarantaine. Munis de gants en latex, le légiste trifouillait dans le reste des viscères du cadavre, « trois mètres au lieu des huit » jugea-t-il. Il descendit au niveau des jambes et entreprit une fouille minutieuse.
— Regardez-moi ça, parla-t-il d'une voix grave, tout en désignant quelque chose qu'il venait de retirer du genou de la victime. Elle s'est prise dans une plaque d'acier au niveau de la rotule. Notre victime avait dû subir une opération pour consolider cette dernière. On en saura plus lors d'une autopsie plus approfondi, continua-t-il, tout en mettant l'indice dans un tube. Docteur Laeld vous allez pouvoir nous dire à qui appartient cela ?
Elle saisit l'objet qu'on lui tendait, le regarda un instant et le fourra dans un sac spécialisé.
— Quelle est la cause du décès ?
— Pour ce corps si, il n'y a aucun doute, elle a servi de déjeuner. Pour ce qui est des trois autres, je dirais que l'un est mort incinéré, l'autre s'est fait éventrer et pour le dernier, j'ai besoin d'un peu plus de temps pour le découvrir.
— Bien, appelez-moi lorsque vous en aurez fini.
Il hocha simplement la tête et reprit son travail, prenant un nombre incalculable d'échantillons.
Ophira se détourna du légiste et s'enfonça plus profondément dans la forêt à la recherche d'autres indices. Plusieurs arbres avaient été calcinés ci et là. Pourtant, l'herbe autour de ces derniers avait été miraculeusement épargnée, comme si le feu avait eu sa propre conscience. De telles flammes auraient facilement dû se propager en un rien de temps, or rien ne s'était produit. Elle n'y comprenait rien.
La jeune femme continua ses investigations, s'approchant d'un des arbres et ramassa à ses pieds une poignée de cendres qu'elle renifla. Une désagréable odeur d'ail s'en dégageait, elle ne put douter de la présence de phosphore blanc. Seul quelques Dragons utilisaient ce procédé pour enflammer ce qu'ils voulaient. Cela réduisait la liste des suspects.
Elle parcourra le périmètre de sécurité de long en large une dernière fois, pour s'assurer de ne rien avoir manqué : empreintes de pattes, marques de lacérations, salives, écailles ou tout autres indices indispensable à l'enquête.
Antanáklasi était resté en retrait, fouillant de son côté comme lui avait demandé Ophira. De son flair puissant, il huma l'air autour de lui. Une légère odeur ferrique émanait de sa droite, il s'y dirigea d'une patte assurée. Sous un tas de feuilles desséchées, près d'une racine enfuit à moitié sous terre, une plante vivace herbacée dont il ne put supporter le parfum s'y trouvait.
Il recula de plusieurs mètres avant d'émettre un petit rugissement pour interpeller Ophira. Par la même occasion, il fit fuir plusieurs petits animaux.
La demoiselle releva la tête à l'appel de son dragon. Elle ramassa sans perdre de temps ses échantillons, avant de le retrouver un peu plus au Nord.
Dracunculus vulgaris était le nom de la plante qu'il venait de découvrir, aussi connu sous le nom de petit dragon. Le végétal était réputé pour dégager une forte odeur désagréable au nez fin des lézards volants. Les connaisseurs savaient cependant que c'était l'une des seules choses pouvant percer l'épaisse couche d'écailles de ces monstres.
Laeld s'accroupit au niveau de la plante et l'examina de plus près, une petite quantité mais tout de fois suffisante de sang imbibé plusieurs feuilles digitées.
Voulant tout de fois être sûre qu'il s'agissait bien de sang, elle sortit de son sac un petit tube rempli d'un liquide translucide et d'un coton-tige. Elle le frotta contre la tache vermeille. Laeld plongea le petit bâtonné dans le tube et patienta un moment. Par réaction chimique, le liquide se tinta de mauve. Elle ne pouvait plus douter.
Maintenant qu'elle en était sûre, elle allait devoir identifier à quelles espèces appartenaient ce sang. Un simple test dimmuno-chromatographique pourrait le déterminer.
Il ne lui restait plus qu'à s'envoler pour le laboratoire le plus proche. Avant tout, elle allait devoir passer la horde de journalistes qui polluait dorénavant la « sortie ». Son Dragon ne fut pas de trop pour repousser l'avancer des parasites qu'ils étaient. Le simple fait de montrer les crocs et ils restaient à raisonnable distance. Elle pouvait enfin rejoindre le laboratoire.
Salut j'espère que ce premier chapitre vous a plu !
N'hésitez pas à laisser un petit commentaire 😊 ça fait toujours plaisir !
Alors que pensez-vous de notre jeune Dracologue ?
Et son Dragon 😏 ?
On se retrouve au prochain chapitre !
Le Dragon-Etincelle.
L'image serait utiliser comme fond d'écran sur une application et libre de droits, je ne retrouve cependant pas l'artiste.
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