Chapitre 25 : Sérénité

Bonne lecture <3


Xuoha Be ne vint voir son fils que pour demander l'argent des villageois qu'ils avaient délivrés du démon. Tout le long de sa visite où le chef avait fait semblant de s'intéresser à la santé de Xuoha Lan, Shen Sizhan avait maintenu un sourire poli sur ses lèvres. Pourtant, ses pensées contenaient nombre de mots peu respectueux qu'il n'osait pas prononcer au risque de se faire chasser ou battre. Mais il n'en pensait pas moins.

Lorsqu'enfin l'homme quitta la pièce où ils se trouvaient, les deux autres lâchèrent un profond soupir et Xuoha Lan ricana.

— Quel jeu d'acteur.

Il se redressa du lit où il avait prétendu être réellement incapable de se mettre debout, et vint s'agenouiller face au médecin devant la petite table basse. Shen Sizhan recopiait avec soin des rouleaux tirés de la bibliothèque du clan Xuoha. Le plus jeune remit un peu ses robes en place, les lissant autour de sa taille.

— Je peux vous aider ?

— Tu sais écrire de la main gauche ?

— Je me débrouillerai.

— Tu devrais plutôt te reposer.

— Mais vous allez passer la journée à reproduire tous ces écrits. Avec mon aide, vous aurez terminé plus tôt.

— Tu es encore affaibli par tes blessures...

Mais le regard déterminé de son patient le fit soupirer et il lui glissa des feuilles vierges, ainsi qu'un pinceau et de l'encre. Xuoha Lan les disposa devant lui sur le bois vernis et ouvrit un rouleau avec soin, posant les yeux sur les caractères dessinés d'une écriture élégante. Ce n'était pas tant écrire qui le poussait à prendre place face à Shen Sizhan, plutôt une envie un peu coupable de rester avec lui et partager une activité.

Il saisit le pinceau de la main, ajusta sa prise. En vérité, il n'avait jamais essayé d'écrire de sa main gauche. Il avait fait réaliser par Lin Zhou les talismans qu'il rangeait dans sa manche.

Il trempa les poils dans l'encre noire, puis commença à recopier les instructions d'une recette. Elle expliquait comment réaliser une substance à brûler comme de l'encens dans le but d'apaiser une âme.

Ses yeux se relevaient de temps en temps, lorsque son poignet fatiguait – et malheureusement, c'était fréquent.

Il se mettait alors à détailler l'expression calme et concentrée qui prenait place sur le visage du médecin. Ses yeux qui se plissaient, le coin de ses lèvres qui se faisait mordiller par une canine blanche, le relâchement qui le faisait un peu sourire lorsqu'il parvenait à reproduire un caractère particulièrement complexe, ou bien un symbole appartenant aux techniques des exorcistes.

L'atmosphère calme de la pièce lui apportait un étrange réconfort. Il n'avait jamais ressenti une telle sérénité, une telle impression de sécurité avant de venir vivre chez Shen Sizhan pour se remettre des blessures du duel. Et comme il l'avait remarqué en se rendant dans la Vallée des Cendres, il s'était habitué à toutes ces sensations.

Il ne voulait pas guérir, finalement. Peut-être serait-il obligé de retourner dans sa propre chambre, froide et silencieuse, sans toutes ces odeurs d'herbes et dépourvue de la présence réconfortante du médecin.

Il baissa les yeux en se reprochant ces pensées. Il réfléchissait comme un enfant capricieux, bon sang.

— Tu t'en sors ?

— Hem, je pense... Mais je suis désolé, je suis très lent. Mon poignet gauche n'est pas aussi endurant que l'était le droit...

Il cacha sa main sous la table, la posant sur ses cuisses.

Shen Sizhan fronça les sourcils. Il reposa son pinceau sur son support et se leva, contournant le meuble. Il vint s'agenouiller à côté du plus jeune et lui pressa doucement le bras, avant de saisir son poignet du bout des doigts.

Xuoha Lan tressaillit et rétracta sa main.

— Tu t'es fait mal, lâcha le médecin.

— Ce n'est rien, je...

— Tu risques de ne plus pouvoir le bouger si tu t'obstines, soupira-t-il. S'il te plaît, tu dois te reposer afin de guérir. Tu m'avais dit pouvoir rester immobile et travailler sur ton noyau pour éviter de rouvrir tes blessures.

L'exorciste pinça les lèvres.

— Je veux simplement vous aider.

Shen Sizhan souffla, puis glissa sa main le long de sa manche pour venir saisir son poignet à nouveau. Il le fit bouger avec douceur, alors que les yeux de Xuoha Lan ne quittaient pas son visage, un peu étonnés.

Puis le médecin effleura son poignet du bout des lèvres, les yeux mi-clos.

Il se figea.

— Tu m'aiderais en te reposant, Ah-Lan, murmura-t-il.

Il posa ses yeux sombres dans les siens, puis sourit et lâcha son bras, se relevant sans un mot pour retourner s'asseoir à sa place et recommencer à reproduire les rouleaux, comme s'il n'avait rien fait.

Xuoha Lan le fixa durant quelques secondes de silence. Seul le bruit du frottement du pinceau sur le papier le rompit, ainsi que sa respiration et les battements de son cœur un peu trop forts à ses oreilles.

Puis il se leva et se glissa dans le lit qui lui était réservé, contre un mur de la pièce. Un léger voile ondulait, le séparant du médecin agenouillé devant la table basse.

Il s'allongea sur le flanc, ramena un peu ses genoux et cligna des paupières. Il fixa sa main gauche, le souvenir du bref contact entre les lèvres de Shen Sizhan et sa peau encore frais dans sa mémoire. Il se mordit la lèvre et enfonça son visage dans les coussins, envahi par une brusque chaleur.

Le pinceau trembla dans la main de l'aîné, qui le reposa pour éviter de faire une rature. Il lança un regard en coin à la silhouette roulée en boule dans le lit, et un petit sourire lui étira les lèvres, tandis qu'un rouge vif teintait ses pommettes.

*

Quelques jours passèrent dans un calme bienvenu. Xuoha Lan aidait un peu le médecin dans ses tâches, mais à chaque fois que Shen Sizhan devait changer ses bandages et donc le dévêtir au-dessus de la ceinture, il n'osait pas croiser son regard et son corps se crispait.

Le médecin avait bien entendu remarqué cette réaction, mais fit comme s'il ne voyait rien d'étonnant et s'occupait de ses blessures avec efficacité et rapidité, se détournant dès qu'il avait terminé.

La même attitude se voyait lors des interactions où leurs doigts devaient de frôler, ou bien lorsque Shen Sizhan devait aider le plus jeune à nouer sa ceinture, ce qui, à une main, s'avérait compliqué.

Finalement, alors qu'ils buvaient une tasse de thé assis sur les marches dans l'arrière-cour, le médecin décida de rompre cette gêne.

— Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal, Ah-Lan ?

Le plus jeune cligna des paupières.

— Non, répondit-il sans trop comprendre.

— Alors pourquoi sembles-tu si mal à l'aise lorsque je dois te toucher ? Je suis vraiment désolé si tu trouves les contacts désagréables, ou si tu n'as pas envie que je t'approche, mais je suis obligé de soigner tes blessures. Je te promets que j'essaie de le faire le plus rapidement possible pour ne pas te gêner, mais...

Xuoha Lan ouvrit la bouche, stupéfait. Shen Sizhan évita un peu son regard, fixant l'arbuste qui poussait de l'autre côté de la cour pavée.

— Alors je te demande si j'ai fait quelque chose pour te mettre mal à l'aise, poursuivit-il. Ainsi, je ne recommencerai pas.

— Vous... Vous n'avez rien fait !

Il se redressa sans réfléchir et vint s'agenouiller face à l'aîné, plongeant son regard dans le sien. Ses doigts vinrent se poser sur le genou du médecin sans qu'il y songe, comme si c'était naturel, et il s'approcha un peu jusqu'à ce que son torse touche le dos de sa main. Il devait lever le menton pour croiser son regard.

— Vous n'avez rien fait pour me mettre mal à l'aise et je ne trouve pas que nos contacts sont... désagréables...

Il rougit un peu et détourna les yeux, mais finalement se força à dévisager Shen Sizhan pour bien lui montrer sa sincérité. Pour s'assurer qu'il l'écoutait.

— Vous n'avez rien fait de mal, répéta-t-il.

« Je ne me comprends pas, c'est tout... »

Le médecin laissa échapper un soupir soulagé. Il sourit.

— Alors tu m'autorises à te toucher ?

Xuoha Lan ouvrit la bouche, les yeux écarquillés.

— Je... Me... Comment ça ?

Shen Sizhan lâcha un petit souffle par le nez, presque rieur. Et sa main se leva pour effleurer la joue du plus jeune du bout des doigts, comme une caresse aérienne, un contact éphémère. Pour tester, voir s'il était d'accord.

Le rouge sur les joues du jeune exorciste s'étendit à ses oreilles et il enfonça une canine dans sa lèvre inférieure, les yeux baissés. Il avisa sa main toujours posée sur le genou de l'aîné et ses rougissements s'accentuèrent.

Les doigts de Shen Sizhan finirent par lui relever le menton, croisant son regard. Un instant passa ainsi, simplement à se regarder, à détailler le visage de l'autre. A observer la lueur qui brillait dans leurs iris, dans les pupilles un peu dilatées.

Puis le médecin plongea ses doigts dans les cheveux du cadet et l'attira à lui pour poser ses lèvres sur son front, alors que son bras venait l'enserrer dans une étreinte douce, mais ferme.

Alors Xuoha Lan lâcha prise et se glissa à côté de l'aîné sur les marches de pierre, pressant son torse contre le sien, le visage dans son cou. Son odeur partout.



***

un de mes chapitres préférés, mais je n'ai pas beaucoup de temps, je dois vite retourner à mes obligations sociales *sniff*

J'espère que vous aimez la jolie tournure que prend ce roman héhé :p

Semblerait que Lanou sache comment s'attirer de l'affection, au final ;) même si ça le fait un poil paniquer x)

et pauvre Shen, qui ne comprend pas ce qui se passe dans la tête de son patient >.< enfin bon, ça devrait bien aller maintenant.

-> communication is key guys!girls!people!everyone! 

La bise et à demain :* portez-vous bien ! <3



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