Troisième Partie (Un Goût Amer)

Eve

J'occupe Marcelino, son sourire angélique a disparu depuis bien longtemps. Tout à changé pour moi, et surtout pour mon amour. Sa peine le pèse, il me le cache au maximum mais je sais lire en lui. Il ne peut rien me cacher. Des hommes nous surveillent en permanence, ça ne me rassure pas du tout. J'ai reçu des ordres étranges, je dois toujours être parfaitement apprêtée si je sors, je dois aller à la rencontre de la population, vendre une belle image touchante de la mafia... Je n'ai pas l'impression de vendre un mensonge, je me montre au naturel, on me surnomme la Mama. J'aime la population,  les gens ici ont besoin d'être rassurés, on ne peut pas leur reprocher.


J'ai principalement rencontré des familles, des enfants, j'ai montré l'amour que j'ai à offrir, mais j'ai beaucoup de mal à devenir un personnage presque politique, alors que ma vie n'a rien à voir avec cela. Je suis une personne entière, je ne peux pas mentir pour des intérêts que je ne partage pas. J'ai vraiment l'impression d'être une dame, je dois être très bien habillée et me tenir droite sans arrêt. Si Andrea m'accompagne, je  fais attention à chacun de ses geste, nous nous sommes mis d'accord afin  que tout ce passe comme prévu, s'il me serre la main fort, c'est que notre interlocuteur est une personne mauvaise et que quelconque parole prononcée peut être mal interpréter.


J'ai fais l'œuvre de rumeur atroce de la part des ennemis d'Andrea, tromperie, avortement, mais la pire serait que j'aurai une aventure sado masochiste et que j'aimerai me faire bâillonner et frapper. J'ai vomi en apprenant cela, mais le plus surprenant, c'est qu'une immense partie des gens me défendent corps et âmes, la plupart ne me connaissent même pas... Les gens ont besoins de mon influence sur Andrea comme moi j'ai besoin de leur protection. Malgré cet aspect chaleureux.... Je constate avec effroi que le sang coule de plus en plus, et que deux camps distinct font leur apparition, les partisans d'Andrea et ceux de Salvatore.

Mais le camps d'Andrea ne fait que croitre, son père et son oncle on fait un véritable plan marketing pour vendre une image pieuse et de sauveur de mon bel Apollon. Il est l'homme que tous attendait, j'ai eu la surprise de voir des articles sur lui, décrit comme le nouvel homme fort d'Italie, il est vu comme un entrepreneur immobilier, personne ne peut le relier à quelconque histoire louche ou meurtre, si cela devait être le cas, je n'ose imaginer les violentes représailles qui subirait. Mais derrière l'image forte, de cet homme qui semble presque invincible, et qui continue à se battre pour sa Sicile chérie après la mort de ses deux parents, quand la nuit vient, il s'écroule dans notre chambre, parfois il pleure, avec beaucoup de retenue, et se laisse aller à la souffrance et la tristesse. La nuit se fait de cauchemars et d'horreur, et le jour, un bouclier de marbre emprisonne son cœur et rend à l'Italie son homme le plus impitoyable et juste.


Chaque nuit, je l'attends dans le vieux salon, mon intimité n'est plus car deux hommes restent avec moi constamment. J'ai pourtant demandé à ce que l'on me laisse tranquille... Alors la porte s'ouvre, les hommes se tiennent biens droits et attendent que l'on les renvois chez eux. Andrea se met alors devant moi, et fait un léger signe aux autres afin qu'ils partent. La porte se referme et Andrea me regarde avec amour. Il me contemple quelques secondes et me laisse enfin le prendre dans ses bras. L'horreur de la journée est loin derrière lui, mais sa soif de vengeance grandi chaque jour. J'ai la tristesse de voir mon amour souffrir un peu plus chaque jour, cela me fend le cœur.

Il tente de reprendre la vie qu'on lui a volé, et je fais de mon mieux pour lui décrocher un sourire. J'y arrive petit à petit, il rit, m'embrasse et ouvre les barrières qui s'étaient mises entre nous. Je l'attends encore ce soir, à côté de la cheminée, en ce mois de février le froid a envahit les maisons et les cœurs. Marcelino est couché, il a comprit ce qu'il s'est passé, le plus étonnant, c'est qu'il ne pleure pas, il 'est même pas triste, il est juste un peu bouleversé, mais la vie reprend pour lui, et son frère lui manque, il est tellement important à ses yeux... Alors Andrea se libère le plus pour être avec lui, et avec moi aussi, je n'ai vu personne depuis un mois j'ai même interdiction de travailler...

La porte s'ouvre.  Les hommes se lèvent, moi j'attends près de la cheminé avec une somptueuse robe rouge, longue. Je veux lui faire plaisir ce soir, j'ai cuisiné un beau bœuf bourguignon pour lui, la table est somptueuse, je me suis vraiment surpassée. Il entre, le sourire radieux, ceci n'était pas arrivé depuis longtemps, il lève les yeux vers moi et comprend ce qu'il se passe. Ses hommes souris, voyant une preuve d'amour véritable dans mon geste. L'un d'eux dit :

-Bonne soirée mon Don.

-Elle sera bonne, dit Andrea en me regardant avec amour. Messieurs, merci pour votre dévouement.

-Ce n'est pas le travail le plus désagréable. Madame, dit l'homme en me saluant..

Je leur fais un signe de tête et les laissent partir. Andrea s'avance, qu'il est beau quand il sourit, il parait vraiment heureux, ça change de d'habitude. Il me prend les mains et me dit avec sa belle voix grave :

-Moi qui pensais au départ que tu étais une punition de Dieu... En réalité... Tu es le plus beau cadeau qu'il est pu me faire.

-Ne dis pas ça... dis-je flattée.

-Oh si...

Il m'embrasse avec l'amour le plus sincère que l'on peut offrir à une personne. Nos bras saisissent le corps de l'autre, j'appuis sur la télécommande de la chaine Hi-Fi et laisse la musique démarrer, un peu de jazz. Il sourit et commence à me faire danser. Ce moment est vraiment parfait, la pièce est décoré par mes soins pour l'occasion, et il neige dehors ! Je crois que je ne pouvais pas rêver mieux. Il est beau mon fiancé, il a la pupille qui brille de mille feux, son sourire m'envoûte, moi qui pensais qu'il avait disparu... Sa bouche se lie à la mienne, notre amour n'a pas de limite, j'en reste persuadée. Il arrête notre frénésie, et dit avec joie :

-J'ai... J'ai un très beau cadeau pour toi.

-Pour moi ? Oh... Monsieur, aurait-il réussi à se libérer une journée pour que je puisse profiter de mon fiancé ?

-En quelque sorte... Assis toi, j'ai quelque chose à te montrer.

Je m'exécute et le regarde avec des yeux d'enfant, il sort un bel écrin et se met à côté de moi. Je dis amusée :

-Je n'ai pas besoin d'autres bijoux mon amour...

-Ce n'est pas vraiment un bijou ma belle. C'est... Un engagement, et je pense sincèrement que tu vas être heureuse.

-Je vais pouvoir retravailler ?

-Euh... pas vraiment non, pas au bar.

-Ah... Oui je vois.

-Mais prends ça, ouvre tu verras.

Je saisis l'écrin et l'ouvre avec appréhension. Deux clefs ? Je le regarde avec étonnement, il rit et dit :

-Qu'est-ce que ces clefs ouvrent-elles ?

-Je... Je sais pas, une voiture ?

-Demain tu pourras faire tes bagages, nous allons vivre dans notre petit nid douillet.

-Quoi ? Nous...

-Avons une maison ? Oui ! Nous y vivrons avec Marcelino, et mon bureau pour le travail... Sera dedans !

-Tu seras tous le temps là du coup ?

-Absolument !

Je le prends dans mes bras. Mon amour sera enfin de nouveau près de moi, fini la solitude dans cette maison froide, désormais, je pourrais être heureuse avec lui et Marcelino.  Je l'embrasse passionnément, ses mains caressent mes courbes, Dionysos nous emmène plus loin que l'ivresse. Il me porte et m'emmène dans la chambre, la fermeture de ma robe glisse, ses baisers s'intensifient dans mon cou il descend sur mes épaules pour finalement atterrir sur ma poitrine.  Je me laisse aller, ce soir je suis entièrement à lui, et uniquement à lui.

Andrea

J'aide ma belle à sortir de la voiture,  complètement surexcité à l'idée de lui montrer la maison, j'en oublie que je suis accompagné par mon ami de toujours, Franco, il nous suit amusé par l'attitude presque enfantine que j'ai. J'attends depuis si longtemps... Et depuis la mort de papa, les jours s'assombrissent, la seule façon que j'ai de survivre, c'est d'être près d'Eve. Je tiens Marcelino dans mes bras et les dirige vers la fameuse maison ! Elle est là, cette belle et grande maison moderne,  blanche avec de grand fenêtre d'où on ne peut rien voir depuis l'extérieur. Elle est raffinée avec un garage en sous sol. Elle est sur trois niveau, au rez de chaussé, on retrouve un immense salon avec une cuisine ouverte, une grande chambre parental avec dressing. Au sous-sol ouvert sur l'extérieur, la chambre de Marcelino et la salle de sport, le garage se trouve à l'opposé. Les chambres sont ultras sécurisées de même que l'entièreté de la propriété.

Tout est moderne, blanc avec un sol en béton ciré gris. J'ai aménagé un étage pour avoir un nid douillé pour Eve, qu'elle puisse avoir son coin à elle, elle l'aménagera comme elle le souhaite. La pièce la plus secrète et la plus dangereuse, je l'ai sécurisé au plus possible, personne ne peut y rentrer sans que je n'y sois, je reste maître des lieux, mon espace d'horreur est interdit aux personnes que j'aime le plus au monde. Je ne veux pas les perdre. Eve reste admirative des lieux, je franchis le pavé des immenses grilles qui nous protège désormais du monde extérieur et leur montre ce fameux cadeau de mon oncle pour notre futur mariage.  

J'ouvre la porte, et laisse Marcelino découvrir les lieux avec joie. Eve est heureuse, ravi de cette belle maison, elle regarde principalement l'immense jardin avec la piscine. La joie s'efface et le doute s'installe. Je m'avance près d'elle et regarde à travers la baie vitré, rien ne m'échappe. Le plus surprenant c'est qu'il ne s'y passe pas grand chose, même rien. Je la regarde et l'interroge. 

-Ça ne va pas ?

-Non... ce n'est pas ça. C'est si grand, si beau je... J'ai du mal à me trouver dans tout cela, c'est perturbant, on passe d'un extrême à un autre, ça me fait bizarre.

-Je sais, je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça.

-Je ne t'ne veux, pas, tu n'as rien choisi c'est... SI soudain...

-Je sais. 

-As-tu des nouvelles de Sergio ?

-Non. Silence radio.

-Et de...

-Lui, je sais ce qu'il l'attend. Ne t'en fais pas.

-Je t'en supplie, fais attention.

-Eve... Je n'avait rien à perdre avant, depuis que tu es dans ma vie, j'ai trop à perdre. 

-C'est pur ça que je m'inquiète, je ne veux plus te voir souffrir.

J'esquisse un sourire et la prends par la taille. Nous découvrons la maison dans son entier, ils n'ont plus qu'à s'installer. Je ne peux pas profiter plus de ce moment. J'ai rendez-vous, j'embrasse Eve une dernière fois, et observe en m'éloignant la douleur qui  s'exprime par ses yeux. Je la fais souffrir, ce que je me suis toujours interdit, je le fais... J'ai honte. Franco m'interpelle :

-Tu penses que ça va aller ?

-J'en sais rien, j'ai pas vraiment le choix.

-Tu peux te faire griller en y allant.

-Personne ne peut me griller, je suis son filleul, la seule famille qui lui reste, et personne ne sait parler notre dialecte à part nous.

-Marcelino a commencé à l'apprendre ?

-Oui, il sait déjà le parler.

-Et Eve ?

-Trop tôt, c'est bien trop tôt. Il faut que je prenne mon temps, j'ai d'autre chose à faire avant.

-Si tu le dis, prépare toi on est arrivé.

Je descends de la voiture.  Il est là, dans cet immense bâtiment froid. Il renferme mes confrères, mes hommes ! Je hais cet endroit. Je m'avance et fais toutes les procédures sous le regard médusé des gardiens. Ils ne savent pas s'ils sont en face d'eux un homme  aussi banal qu'eux, ou un chef impitoyable capable de s'en prendre à leur famille. Dans le doute, ils ne me manquent pas de respect. Je passe les grilles, les barreaux pour arriver dans une salle presque vide avec seulement une table et deux chaises. Je m'assois et attends. Ce n'est pas la première fois que je rentre dans une prison, j'ai déjà été en prison pour les jeunes à cause d'une bagarre. J'ai toujours fais ma loi, et personne ne me manque de respect. 

La porte s'ouvre, un homme est amené par un gardien, il s'assoit devant moi sous mon indifférence. Le gardien ferme la porte, je suis seul avec l'homme, personne ne peut nous voir. Je saut de la chaise et prends dans mes bras l'homme :

-Je suis si fière de toi mon garçon, dit mon oncle.

-Il a tué papa.

-Je sais fiston, je sais.

Je me cramponne à lui, et comme lorsque j'avais neuf ans, je ne cache plus ma peine et lui livre ma douleur. C'est lui qui est en prison, mais c'est moi qui souffre le plus. Il me sert fort et compatit, cherchant des mots doux aux pouvoirs guérisseurs, mais rien n'y fait, j'ai toujours aussi mal. Je me calme et m'assois à nouveau face à lui, je ne peux plus jouer aux enfants :

-Pardon.

-Ne t'excuse pas, je sais ce que tu ressens. Mais tu n'es pas seul, je suis là, il te reste ton frère et ta fiancée.

-Il me reste surtout cette vermine à exterminer.

-Andrea, fais attention. Tu sais pertinemment que depuis ici, j'ai encore plus d'influence et de vu sur ce qu'il se passe. Crois moi, prends ton temps, ce type ne te fera pas de cadeau.

-Pourquoi il l'a tué ?

-Ton père s'est sacrifié, s'il mourrait, Salvatore renoncé à te faire du mal, mais il ne renonce pas à son pouvoir sur la Sicile. Il n'a pas le droit de s'en prendre directement à toi mais des sources me confirmes qu'il veut t'humilier. Il n'hésitera pas à s'en prendre à ceux que tu aimes, toi et Marcelino vous avez l'immunité...

-Mais pas Eve...

-Non, j'en ai bien peur. Il ne faut pas qu'elle sorte en attendant que tout cela soit fini, vous avez la maison ?

-Oui c'est bon, ils se sont installés ce matin.

-Parfait, tu te débrouilles parfaitement bien. Tes méthodes sont controversés par nos membres mais est-ce qu'au moins ont a des résultats depuis trois mois ?

-Nos membres ont augmenté de vingt pour-cents, et notre patrimoine se diversifie, notamment avec des objets d'art, ont augmente nos revenues. 

-Malgré le fait que vous en distribuez moins ?

-La gamme de luxe fait son effet, elle nous rapporte bien plus que le reste. Je n'ai pas pu renoncé à la vente d'arme mais je choisis les clients.

-Eh bien... Tu en a plus dans le crâne que je ne le pensais.

-J'ai... monté une entreprise aussi.

-Quoi ? 

-J'ai monté une entreprise d'immobilier. Avec de l'argents propres. Je prépare un futur plus clair pour Marcelino et mes enfants. 

-Tes... tes enfants ? Eve est...

-Non, pas du tout, mais ça ne serait tarder vu... Enfin bref. 

-Mais qui reprendra ? 

-J'ai déjà choisi ma succession. David, l'enfant près de Syracuse. Il 'accompagne tous les jours, il est brillant et possède mes valeurs.

-Je te conseil d'attendre d'avoir des enfant, on ne sait jamais. Et au fait... Mama.

-Ah, tu es au courant.

-Et comment ! Tous le monde ici te jalouse, il fantasme sur elle, il faut dire qu'ici, les femmes qui nous rendent visites ne font que des éloges. 

-Tant que ça ?

-Oui. Quand est-ce que tu vas te décider à te marier pour de bon.

-C'est encore tôt, j'attends la mort de Salvatore.

-N'attends pas trop. Elle est en danger je te rappelle.

-Je voudrais que tu sois présent.

-Pour le moment j'attends mon procès.

-Ils n'ont pas d'éléments contre toi.

-Tant qu'ils n'en n'auront pas je resterai ici... Ne t'inquiète pas. Les choses évolues. La fin est proches, plus proche que tu ne le penses.

-Comment peux-tu en être si sûr ?

-Salvatore a oublié un détail. Un seul petit, minuscule détail. 

-Lequel ?

- Salvatore pense avoir brouillé les pistes sur le meurtres de ton père et sur ses plans. Sauf qu'il a oublié une chose. Un tout petit détail. Sa maison secondaire... Là où tout est caché. C'est moi qui lui ai vendu, sous un faux nom, par conséquent, si tu récupère les enregistrements du meurtre de ton père, ainsi que tous les documents où il détourne l'argents publique de la Sicile... Tu peux le faire tomber.  La prison est un lieu agréable, à condition de ne pas avoir d'ennemis. Soit le partenaire de tous les réseaux mafieux d'Italie, et je peux te garantir que ton ennemie, une fois derrière les barreau, goûtera à la réplique la plus parfaite des enfers...

Je salive à l'idée de le savoir en train de payer toutes les horreurs qu'il a commis. En ne le tuant pas de mes mains, je serais blanchie, mais surtout, dans tous les cas... Je serai vengé. 

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