Troisième partie (Trahison)

Andrea

J'ai toujours mal... Ma cheville me fait moins souffrir mais j'évite de rester trop debout. Eve est au petit soin. J'ai été obligé d'ordonner à la "copine" d'Alessandro et à Emy de plus se bouger. Eve s'occupe de tout ça m'agace. Elles sont sans arrêt à la piscine alors qu'Ève fait à manger s'occupe de la maison, de nous, du petit de moi... Faut qu'elle s'arrête. Demain c'est le grand jour, et ce soir elle écrira sa lettre.

Je stresse. Elle s'est levée, comme d'habitude, avant tous le monde. Elle est dans le canapé, elle regarde l'horizon. Elle est fatiguée. Je m'approche d'elle sans faire un bruit. Je pourrai la regarder des heures comme ça. Je m'assois près d'elle. Eve semble toujours ailleurs. Je brise son silence :

-Salut.

-Ah. Andrea ? T'es déjà levé ? Tu devrais te reposer.

-Toi aussi. Eve. Je vais pas être tolérant aujourd'hui.

-Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Demande-t-elle inquiète pour moi.

-Je vais pas être sympa. Tu as intérêt à m'obéir. Je ne supporte pas ton attitude. Tu me fais du mal et ça c'est grave, dis-je d'un ton dangereux.

-Quoi ? Andrea... Désolé, je sais pas ce que j'ai fais de mal... Pourquoi ? Excuse-moi...

-Aujourd'hui tu as interdiction de faire la maitresse de maison. Tu vas te détendre, te reposer, profiter. Bref si je te vois pas en maillot de bain ça va pas le faire pour toi compris ?

-Andrea... Je... C'est gentil mais ...

-Tutututu. Discutes pas.

-Mais c'est ridicule. J'ai pas envie de me mettre en maillot de bain moi...

-Tu le feras. Tu obéis à mon ordre. Et maintenant tu me fais un câlin.

Elle me fait un câlin, un peu forcé. Elle est trop maternelle avec tout le monde... "Allé, laisse toi aller tu vas voir c'est super". Elle soupire. "Si tu le dis..." me répond-elle. Si tu savais. Je m'allonge entièrement, elle se calle entre moi et le dossier du canapé. On est côte à côte, bien qu'elle est sa tête sur mon torse et que je l'entoure de mon bras. J'ai fais dormir les trois compères à l'étage en-dessous. En effet, on a une sorte de cave qui donne sur une parcelle de jardin plus bas. C'est une sorte de studio.

Au moins, il nous laisse tranquille. Cette maison cache énormément de chose... Je suis le seul à la connaître vraiment... On discute. Elle me parle de ses frères. Le plus grand est très studieux, l'autre est un vrai petit diable. Elle aime ses frères plus que tout. Elle me confit :" Ce qui me rassure, c'est que vu que je ne suis plus là, mes parents pourront placer plus d'argents dans les études de mes frères... Je ne veux pas qu'ils manquent de quoi que ce soit...". Il leurs manquera toujours ta présence apaisante... La maison se réveille. Nous avons dû nous séparer. C'est un déchirement intérieur pour moi. Elle descend avec Marcelino dans les bras.

Un jour, j'espère la voir arriver avec notre fils dans les bras... Plus je la vois s'occuper de lui, plus je vois la mère formidable qu'elle ferait. Pourtant... Je ne suis pas tombé amoureux de la mère, mais de la femme... Ce qu'elle dégage, c'est touchant... Cette grâce, cette noblesse, sa gentillesse... Sa beauté aussi... Ce serait mentir que de dire que ce n'est pas une des premières choses qui m'est attiré chez elle. Je pourrai la tenir dans mes bras et ne plus jamais la lâché. En la connaissant, j'ai découvert l'amour... Et plus étonnant encore, le désir. Je n'ai jamais cherché le sexe. Je ne saute pas sur tout ce qui bouge. Je n'ai côtoyé que la vulgarité... Et là, j'ai découvert le vrai désir. J'ai envie de lui faire l'amour quand je la vois... Je veux l'aimer.

Eve

La bronzette... C'est bien quelques chose que j'ai rarement fait. Encore moins ici. J'ai mis mon maillot de bain, le regard de Valerio vis à vis de moi m'intimide. On dirait qu'il va me sauter dessus. Il s'approche de mon transat. Il est beau mais lourd... Et... Mon coeur est déjà ailleurs... Il s'assoit à côté de moi. Il est tout content... Je me cache derrière mes lunettes de soleil et mon kimono en soie. Il s'approche... Encore... encore... Marcelino joue dans la piscine avec Alessandro. Je pris le ciel pour que Marcelino vienne à ma rescousse...

Valerio demande :

-Alors demoiselle ? On est seule ?

-Oui, mais j'étais bien comme ça.

-Pourtant la compagnie c'est toujours mieux.

-Ça dépend laquelle...

-Tu sais, on ne me la fait pas à moi... Je me connais... Je suis beau gosse, sympa, drôle... Tu ne peux que aimer ma compagnie.

Je soupire. Il sait qu'il plait aux autres, il en joue. Il continue :

-Ça fait quoi d'avoir les cheveux courts ? Tu l'as fais volontairement ou t'as été malade ou alors que c'était un accident ?

-Je l'ai fait délibérément...

-C'est mignon, Dit-il en me les caressant.

Je me pétrifie. Lâche tes sales pâtes de moi... Marcelino m'appelle "Tata ! Tata!" je sursaute d'abord puis me lève. J'enlève mon kimono et mes lunettes, puis je me dirige vers le bord. "Viens Tata, viens ! ". Je me mets au bord .. Je n'ai pas envie de me baigner. AAH ! On m'attrape et me pousse dans l'eau. Qui a fait ça ! Je suis sous l'eau. Les bulles d'air montent à tout allure vers la surface. Ça me chatouille le visage. Elles caressent mon corp. J'ai l'impression pendant un quart de seconde d'être ailleurs. Dans la piscine de mes grands-parents. Revenir à la surface et voir mes cousines, mes frères, mes tantes et mes oncles jouer avec nous. Bataille d'eau ou volley, rien ne nous arrêtait. Les rires me reviennent en mémoire. Si seulement je pouvais remonter à la surface et tous les voir... Je manque d'air. Mon rêve me quitte, je pousse sur mes jambes et remonte à la surface. Je respire et regarde autour de moi. Les rires...Mais pas ma famille. Andrea... Il le fait exprès ! C'est lui qui m'a poussé.

Marcelino le pointé du doigt en rigolant. Je me venge et éclabousse Andrea. Ça part en bataille d'eau géante. Les équipes se forment. Moi et Andrea contre le reste du monde. Je plonge, j'essaie d'arroser Marcelino. Il nage vite ce petit ! Andrea retourne sa veste et se met contre moi. J'essaie de sortir de la piscine. Andrea m'attrape par la taille et m'emmène sous l'eau. Je me tiens à son coup. Dans le mouvement, nos tête se retrouvent l'une contre l'autre. Nos lèvres se caressent. Surprit, il ne me lâche pas et me ramène à la surface. Nous sommes dos aux autres, je suis cachée par lui. Il est contre moi, nos têtes à la même hauteur.

L'embrasser ? Non, il ne voudrait pas. Mon coeur bat à cent à l'heure. Ses lèvres... Lui voler ce péché interdit... Son amour... Il est dangereux. Finir dans ses bras est comme prendre un billet sans retour pour le danger, et surtout, pour quitter ma famille, mes amis et ma liberté...

L'embrasser... Ses lèvres m'appellent... Ses cheveux presque bouclés sont alourdis avec l'eau, des gouttes coulent le long de son merveilleux visage, ses yeux brillants transpercent mon âme comme une lance. Nous sommes tétanisés. Il ne doit pas être attirer par moi, mais je pense qu'être proche d'une femme réveille en lui un désire. Comme tous les hommes. Son souffle s'accélère, il perd ses moyens, comme moi. "Tata !". Il me lâche, et se retourne. Personne n'a rien vu. Mon dieu j'ai envie de me noyer...
Je sors. Je vous en supplie... Plus jamais je ne veux vivre à nous nouveau ce supplice.

J'ai séché au soleil le reste de l'après-midi, on aurait dit une truite... J'avais envie de pleurer. Je me suis encore cachée derrière mes lunettes de soleil, personnes n'a vu mes larmes. J'ai frôlé l'interdit et j'ai aimé ça... Je devrais avoir honte... Ma famille me pleure, et moi je bronze au soleil dans une villa de rêve tout en rêvant d'un amour impossible que je m'interdis.
Plus idiot que ça est introuvable...

Musique à fond, petites bougies un peu partout sur la terrasse. L'ambiance festive de la terrasse m'écœure. Tous le monde rient, chantent, dansent, et moi, je reste assise face à ce spectacle. Et si c'était ça la liberté ?
Non. C'est pas possible... Andrea est avec Marcelino sur le lit extérieur, Alessandro et Emily flirte encore et toujours avant de s'éclipser discrètement, on sait ce qu'ils vont faire. Elle nous trahit dans un sens... On ne devait pas s'abandonner. Et elle ne veut plus partir, elle ne veut se battre pour vivre libre. Elle se sent libre dans ses bras. Je l'a comprends, j'aimerai la soutenir à fond mais ce n'est pas le moment. Comment faire ? Elle m'a confié qu'elle hésité à rentrer dans la Cosa Nostra. Là je ne l'ai pas soutenu. Je lui ai rappelé que sa famille l'attendrait toujours alors que Alessandro lui... C'est moins sûr. Elle est revenue à la réalité. Elle peut le fréquenter, mais s'engager de trop et ne plus accepter son statue de prisonnier serait perdre notre chance d'être un jour libre.

Le plus effrayant, c'est que si on l'a force à se marier avec lui, elle sera heureuse et acceptera son sort mais elle aura toujours en guerre pour la libération, alors que si elle se donne, c'est fini. Emy me rejoins. Valerio n'a pas arrêté de lui tourner autour, seulement pour avoir des rapports intimes avec elle. Elle se sent seule depuis qu'Emily file le parfait amour. Et moi je ne suis pas mieux, je les ai abandonné en m'occupant du petit. Mais il le fallait. Giulia discute avec Lorenzo, et Franco est au téléphone avec sa femme. Dans trois jours, Martina revient. Je ne veux pas la revoir... On était bien sans elle...
Je rentre pour boire. J'ai la gorge sèche. Lorenzo me suit. Il m'attrape gentillement le poignet et dit :

-Tu peux me suivre ?

-Oui, où ça ?

-Dans un endroit plus tranquille.

On monte à l'étage dans la bibliothèque. Il me fait assoir devant la table et me tend une feuille et un stylo. Je le regarde dans l'incompréhension la plus total. Il soupire de tristesse et dit :

-Pour ton anniversaire, tu as le droit d'envoyer une lettre à ta famille. Tu n'as ni le droit de dire ce qu'il t'arrive, ni le droit de dire où tu es et ce que tu fais et avec qui tu es et a été.

-Pour...Pourquoi ?

-Règle numéro deux, on ne parle jamais de la Cosa Nostra en publique ou avec d'autre individus qui n'y sont pas.

-Qu'est-ce que je peux dire alors ?

-Que tu es en bonne santé et que tu vas bien. Tu peux même leur dire d'arrêté de te chercher, que tu es heureuse et qu'il te manque.

-C'est un ordre ou une supposition ?

-Mmh... Les deux... En tout, cas, mets toi à leur place... Qu'est-ce que tu voudrais entendre...

Il descend. Je me retrouve face à cette feuille blanche. Je pleure. J'ai envie de hurler contre cette injustice. Je prends le stylo.

"Papa, Maman, les Garçons, mes amis,

Je vous aime. Je vous aimes plus que tout. Votre absence est un véritable déchirement pour moi. Je souffre de ne plus vous voir.
Je vais bien cependant. Je suis en bonne santé, je mange à ma faim, je ne suis pas en danger. Je suis tellement désolée pour tout.
Je vous demande une seule chose. Oubliez moi.
Je ne sais pas si un jour je rentrerai alors vivez.
Soyez fort comme je le suis actuellement.
Aimez vous, comme moi je vous aime.
Je suis désolée de ne pas pouvoir être à vos anniversaires, ni d'être là pour Noël... Je veux juste que vous soyez en paix car moi, je le suis. Je suis heureuse.
Arrêtez de me chercher je vous en supplie.
Je vous aimes, plus que tout au monde, vous êtes tout pour moi. Je vous en supplie.

Eve"

Je mens. Je mens encore et encore. Plus j'écris plus je mens. Je veux être avec eux, je veux partir d'ici... Je les aime, cependant je ne veux pas qu'ils souffrent. Je reviendrais par mes propres moyens. J'y arriverai. Je serai là. Un jour, promis.

Je laisse la lettre et part me coucher en pleurant. Je n'ai même pas dit bonne nuit aux autres. Je n'ai pas serré fort le petit contre moi avant de dormir. Je serre mon oreiller, je pleure et m'étouffe avec. Je cris dans mon oreiller, personne ne m'entend. Et personne ne m'entendra. Ma douleur est indescriptible. Je me sens vide, mon coeur se contracte, mon ventre me fait mal à force de vider ma fatalité.

Je ne dis plus rien. J'arrête. Je m'allonge sur le côté et j'attends. Le temps passe. Mes larmes coulent sans même que j'en sois consciente. Je subis. Mais j'en ai assez de subir. Je vis, mais j'en ai assez et de vivre. Andrea aurait du me tuer quand il en avait l'occasion. Je me tourne. Je me cache dans la couverture. J'attrape mon pyjama, enlève mon maillot et me change. Je mets un gilet, j'ai froid. La porte s'ouvre, l'obscurité n'est plus. Sa petite main accroché à la porte, son visage angélique se décompose :

-Tata ?

-Marcelino, dis-je en essuyant mes larmes, descends avec les autres, il est pas très tard, ne t'inquiète pas.

Il se rut vers moi je me mets à genoux et le serre aussi fort que je le peux. "Tata, sois pas triste, t'es moins jolie quand tu pleures..." je lâche un petit rire. Il ne veut pas me lâcher, moi non plus. Il s'en va en courant, en une fraction de seconde, il quitte les lieux pour aller je ne sais où. Je n'arrive pas à réaliser tout de suite. Je soupire et me laisse véritablement tombé par terre. Je m'adosse au lit. Qu'est-ce que je fais ici ?

Il revient, tenant la main d'Andrea et me pointant du doigt "Tata a besoin d'un câlin.". Ni une ni deux, Andrea m'attrape et me serre fort dans ses bras en me caressant les cheveux. Marcelino nous laisse, il éteint la lumière et ferme le porte. Je dis :

-Non, c'est bon pas besoin de...

-Chut... Viens là.

Il me câline. Je me laisse faire je n'ai plus de force. On s'allonge. Il m'embrasse le front. J'ai arrêté de pleurer, je n'y arrive plus, j'ai tout donné. Un long silence s'installe entre nous. Il le rompt :

-Eve ?

-Oui

-Tout à l'heure... Enfin... Cette après-midi, à la piscine...

-Je m'excuse.

-Quoi ?

-J'ai... Je savais pas quoi faire, ça a du être gênant pour toi... Pardon.

-Non ! Ne t'excuse pas. C'est ridicule. J'étais autant bizarre que toi...

-On est ami ?

-.................(long silence) Euh... Oui... Enfin, oui. Je crois non ?

-Il me semble non ?

-Oui. Parce qu'on est amis. Je ne te considère pas comme ma prisonnière quoi, on est d'accord ?

-Oui.

-Mais... Je voulais te demander... Est-ce que t'as déjà ressenti dans ta vie un drôle de sen....

BAM BAM BAM BAM BAM BAM ! "HAN ! OUI ! "

silence. on se regarde. Il se relève, je fais de même et nous allons au niveau du mur qui tout la tête de lit. BAM BAM BAM BAM BAM "T'arrête pas... -Oh je t'aime...". On explose de rire. Non... Ils sont pas sérieux ! Je comprends mieux Franco maintenant. On entend :

-Merde, t'entends ?

-Ouais, y a quelqu'un en haut... Répond Alessandro

-C'est qui à ton avis ?

-On continue ?

-Je sais pas c'est gênant.

-Faites moins de bruit alors, y a une enfant je vous rappelle ! Crie Andrea.

Silence.

-Pardon répond Alessandro.

Il reprenne sans que nous les entendions. Après quelques minutes, ils s'en vont l'air de rien. Mon dieu... Il est l'heure de dormir. Marcelino se blotti dans mes bras et demande :

-C'est à cause de moi que tu pleures ?

-Non mon ange, non !

-Est-ce qu'Andrea peut dormir avec nous ce soir ?

-euh...

Je le regarde, il n'a pas quitté la chambre. Il me regarde avec cet air froid et innocent.

-J'prendrai pas de place promis.

-Ouais !!! Hurle Marcelino.

-Je vois que je n'ai pas mon mot à dire.

On s'allonge. Je reste de mon côté, le gauche, Andrea est sur le côté droit, et au milieu, Marcelino. Il fait la frontière qui nous sépare enfin... Qui nous rapproche plutôt... Andrea se relève et me lance :

-Au fait, j'ai oublié de te dire. Demain on se lève tôt, on se prépare et on va à Syracuse, shopping, resto bref, la totale avec petite surprise l'après-midi.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Demain est un jour un peu spécial.

-Hein ?

-J'ai des ordres à suivre en plus.

-Quoi? Andrea ? De quoi tu parles.

Il s'enroule sous la couette et fait mine de dormir "Andrea, nan, s'il te plait réponds ! Non c'est pas gentil ça !" dis-je. Marcelino est mort de rire.

"Bonne nuit vous deux !" dit Andrea.

Bon je n'aurai pas de réponse avant demain... Autant dormir... "Bonne nuit."

Un mauvais pressentiment me ronge. Ce n'est pas par rapport à demain, non... Quelque chose de terrible se prépare... Mais quoi ?

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