Troisième Partie (Enterrement de la Rose)
Eve
Non ! Non ce n'est pas juste ! Tu peux pas partir en m'ayant menti ! Non c'est injuste ! Non ! Ses yeux restent figés sur moi, il a ce regard enfantin, comme s'il savait que s'en était fini pour lui. Je m'accroche à lui. Dans la cohue, je vois qu'il m'entend.
"Andrea ! Concentre toi sur ma voix, je t'en supplie accroche toi ! Andrea je t'aime je t'en supplie ne me quitte pas... Andrea ! Accroche toi je t'en pris ! Je suis désolée !"
Il ferme les yeux... Non... Non... NON ! Il est transporté dans une salle prévue pour les soins médicaux, il est sonné. Son père m'empêche d'entrer.
-Ils vont se débrouiller, restez ici vous n'avez pas besoin de voir ça.
-Je vous en supplie laissez moi le voir !
-Attendez ici ! Je viendrai vous chercher !
Il ferme la porte et me laisse avec ma colère et mon désarroi. Je m'écroule et fond en larme. Pourquoi il m'a menti ? Il n'avait pas confiance en moi ? Il perd la vie mais pour quoi ? C'est de ma faute... J'aurai dû poser des questions, le dissuader, lui ôter cette folie ! Je suis en colère ! Son acte est égoïste ! Oui Andrea Cortesi tu es égoïste ! Qu'est-ce que je vais faire moi ? Moi je t'aimais ! J'ai renoncé à ma liberté pour toi ! J'ai jamais cesser de croire en nous ! Tes yeux se sont posés sur moi un jour et... Depuis... Jamais nous nous sommes quitter. J'ai failli mourir, et malgré tout cela, je n'ai jamais cessé de t'aimer de croire en nous. J'ai repoussé les avances d'odieuse personne parce que je t'aime ! Et... Toi... Tu fais ça...
Mais je ne suis plus rien sans toi... Tes bras m'ont consolés, ton coeur ma réchauffé, ton amour m'a sauvé... Tu me prives que ce dont j'ai toujours désiré... Comment serait mes jours sans ce qui illumine ma vie ? Me lever sans pouvoir t'embrasser, préparer à manger sans être accompagné... Passer ma journée sans amour ni bisous ni câlins ! Me coucher seule sans pouvoir prendre soins de l'homme que j'aime... Non... Je ne peux pas vivre sans lui... Je me voyais déjà te présenter mes parents... Mes frères. Je me voyais au bras de mon père, avançant vers l'hôtel d'une somptueuse église dans une sublime robe pour te promettre amour et fidélité à vie... De te jurer d'être là dans la joie et le malheur, dans les moments doux et les moments tragiques ! Je voulais t'offrir une vie d'amour. Te donner des enfants qu'on aurait chéri... On aurait fini notre vie en amoureux autour de tout ce que l'on aurait construit. Andrea... Je t'aime... Je t'aime tellement.
Je reste adosser au mur à laisser mes larmes couler sur mes joues, je ne veux pas cacher ma peine. Les organisateurs passent devant et ne comprennent pas vraiment ma réaction. J'ai le droit à des "Il a connu pire ! ", " il va s'en sortir ! Pas besoin de se mettre dans des états pareil ! ". Je les laisse parler, ils ne l'ont pas vu... Eux continueront à gagner de l'argent moi... Je n'aimerai plus jamais ! Je suis au plus bas, j'ai envie de le serrer dans mes bras et lui clamer mon amour mais l'envie de lui cracher ma haine est tout aussi forte. Je ne comprends pas... Personne ne peut comprendre ma peine, je suis amputée du coeur...
Les vas et viens des gens m'hypnotisent, les yeux rivés sur le sol, le temps se distant me plongeant dans une autre dimension. Le temps n'existe plus, tout me semble long tout en étant court. Je ne discerne ni le son, ni la lumière, seuls les mouvements me sont perceptibles. Cela me permet d'oublier, je suis dans un état second... Je vois quelqu'un se mettre face à moi, ses lèvres bougent, que dit-il ? Il me secoue, je sors de ma bulle de protection et discerne mes traits de visage d'Alessandro. Mais... Giulia ? Les deux sont tous les deux, sortis de leur lit par un appel de Sergio qui leur ont demandé de venir au plus vite. Giulia me sert dans ses bras. Je me rends compte de ce qu'il se passe enfin... Il est parti... Il n'est plus... Mon dieu. Je hurle de douleur. Alessandro nous regarde terrorisé. Il frappe à la porte de l'infirmerie.
Giuseppe sort. Il prend le meilleur ami de son fils dans ses bras. C'est la première fois que je le vois verser quelques larmes. Giulia me relève. Giuseppe me regarde alors et dit :
-Va. Va.
Je ne réfléchis pas et rentre dans la pièce. Giuseppe ferme la porte derrière moi. Le médecin quitte les lieu, je suis face à ce lit d'hôpital qui accueil cet être tant aimé. Il est allongé, inconscient... Je regarde l'heure... Trois heures qu'il est ici... Un cauchemar interminable. Mon amour... Je m'avance vers lui, il a de nombreux bleus... Je lui caresse le visage avant de pleurer à nouveau.
-T'avais pas le droit... T'es un menteur. Un menteur... Tu m'entends ? Tu aurais dû me le dire... Regarde à quel point j'ai l'air idiote. J'avais confiance en toi, j'étais prête à tout pour toi, pour nous ! Je voulais monter une famille... Vivre avec toi, te prouver mon amour tous les jours ! J'aurai pu mourir pour toi ! J'aurai pu tout te donner ! Tout tu m'entends ? Tout ! Et toi tu... Tu choisis d'être égoïste et de te battre pour... Pour... Pour rendre service à un ami !? Non ! C'est pas juste ! J'ai tout abandonner pour toi et toi... Tu pars comme ça... C'est pas juste Andrea Cortesi ! Non ce n'est pas juste ! Pourquoi tu m'as fais ça ? Je t'aimais pas assez ? Mais réponds moi ! Je t'en supplie répond moi ! Répond moi....
Je m'effondre encore au pied du lit. Ma main s'accrochant à la sienne, je me noie dans le torrent de larmes. Je suis perdue dans ma tête. Et maintenant ? Qu'est-ce qu'il va se passer ?
-Tu sais... J'ai jamais connu l'amour avant de te connaitre... Je ne peux pas m'imaginer sans toi... Sans... sans ce qu'il me pousse à vivre et à survivre... Je t'aime Andrea .. Et je te hais. Je t'en pris... Parle moi... Dis moi quelque chose... Un souffle... Même pour me dire que tu me hais... Fais le... Vis... Vis c'est tout ce que je te demande...
Dans un souffle de douleur et d'épuisement, j'entends:
- T'es toujours mignonne quand tu t'énerves...
Je me relève d'un coup. Les yeux grands ouverts, il me fixe encore. Avec son sourire amusé il dévisage mon air malheureux.
-Ma belle. Je t'en pris souris.
-Espèce de salaud ! Pourquoi ? Pourquoi je devrais sourire ! Tu te rends comptes de ce que tu as fais !
-Oui... Je regrette rien... Viens près de moi, je suis hors de danger.
-Non ! J'en ai assez de la violence Andrea !
-C'était la dernière, je te le promets...
-Tu me promets toujours ! Des promesses encore et encore ! Tu ne fais que parler....
-Il y a des policiers français dans la salle Ève... Ils t'ont vu... C'était le but... Ils devaient me parler pour... Préparer ton retour en France...
-Andrea... Ne me dis pas que tu veux te débarrasser de moi ?
-Pas du tout... Cela va prendre du temps et... Je t'ai toujours promis ton retour en France.
-Je...
-Eve... Viens là et embrasse moi je t'en supplie de tiens plus loin de toi. Et... J'ai mal quand je tourne la tête...
Je m'avance, m'assoie sur le lit et me penche au dessus de lui. Je lui donne un baiser léger... Son geste me surprend... Je ne sais pas comment réagir ? C'est tout simplement de la folie ! Il arrive à poser une main sur ma cuisse. Je lui caresse le village, il ferme les yeux et se laisse aller. Je sens qu'il retient sa douleur. Son corps parle pour lui, ses ecchymoses sont énormes, elles ont apparue en un rien de temps. Je l'effleure avec mes doigts, je ne veux pas le blesser, son geste était idiot mais... Pas si égoïste que ça finalement.
Ses douces lèvres trouvent encore le courage de sourire. Je m'allonge au dessus de lui en faisant attention de ne pas le blesser. J'enlève ses cheveux de son visage, et l'embrasse à nouveau.
-Tu sais, me souffle-t-il, j'ai toujours espéré de te rendre heureuse. Mais au fond de tes yeux... À chaque fois... Malgré les lettres envoyés à ta famille... Je sens que tu es triste. J'espérais juste... Pouvoir effacer cette lueur de malheur.
-Tais-toi s'il te plait. Jamais je n'ai été malheureuse... Je me dis que ça devait être comme ça et... Je suis heureuse, et je t'aime Andrea. Ne me fais pas regretter le fait que je te donne ma confiance... Plus jamais tu ne me fais ça compris ?
-Je ferai tout pour tes beaux yeux.
-Ne parle pas... Fais.
Il trouve un moyen de piocher de la force au fond de lui et arrive à se relever pour m'embrasser fougueusement. Je plonge dans ses bras et pleure. Il lâche une larme. Mon dieu... Je me relève et le regarde. Il est ému. Je demande étonnée :
-Tu ... Tu pleures ?
-J'ai cru que j'allais te perdre...
Je l'embrasse... Oh mon dieu... Il est trop mignon ! Je lâche mes dernières larmes et l'embrasse encore et encore.
C'est lui et pas un autre.
Andrea
La vache... J'aurai jamais pensé que monter des escaliers pouvait être aussi douloureux. Aless et papa m'aide, Ève nous attend devant l'appartement. Autant l'autre ne pourra pas remarcher avant quelques mois... Alors que moi ! Je suis encore opérationnel. J'ai intérêt à l'être pour ma belle, je suis encore plus amoureux. Je lui embrasse la tempe, ah... Ma côte... Fais comme si t'avais pas mal, souris et avance. Je rentre dans l'appartement on m'assoit dans le canapé, mon père demande un peu de calme, il veut me voir seul à seul.
Généralement ça ne sent pas bon dans ce genre de moment. Je confis l'amour de ma vie à mon meilleur ami pour aller dans le bar. Je me retrouve face à mon père après avoir reçu un dernier baiser. Mon père semble stressé... Il lit ses mains et me fixe.
-Je dois te parler.
-Je dois t'écouter.
-Je sais pourquoi tu as accepté ce combat. Je dois te dire que j'étais surpris mais... Tu dois ralentir le rythme.
-Le ralentir ? Si je veux l'épouser il faut que je rencontre ses parents et que je demande à son père.
-Eh bah tu vas quand même faire ce que je te dis.
-Je te suis pas...
-Tu ne peux pas envisager de la renvoyer maintenant.
-Et pourquoi ? Ça regarde que moi.
-Non là c'est une histoire de famille, si elle rentre avant Noël c'est foutue pour nous.
-Qu'est-ce que la Cuppola a fait ?
-C'est pas la Cuppola.
-Mais c'est qui alors ?
-C'est ton oncle.
-Quoi ? Mais même Sergio envisage un mariage alors...
-Pas lui.
-J'ai pas d'autre véritable oncle que ça regarde.
-Si. Tu en as un. Un... Demi oncle.
-C'est quoi cette histoire ?
-Salvatore est... Mon demi frère.
Le monde s'écroule autour de moi. C'est une blague... C'est obligé, c'est pas possible.
-Tu te fous de moi.
-Non. C'est mon demi frère du côté de mon père.
-Tu veux dire que... Mon pire ennemi est... De ... De la famille ? Il a du sang de Cortesi dans les veines et... Il en veut à notre propre famille !
-Oui... Il me hait parce que j'ai pris la tête de Bagheria et de la région de Palerme et... Que j'ai eu aussi... L'amour de ta mère.
-Ce fils de pute ! Il a tenté de nous tuer ! C'est pas possible !
-Si...
-C'est pour ça qu'on ne peut pas s'en prendre à lui... Quel fils de pute.
-Sa mère est la femme d'un politique. Très peu de gens connaisse notre... Affiliation ... On ne l'a découvert qu'à la mort de mon père. Il ne m'aimait pas avant mais là... Il a trouvé une raison pour me tuer.
-Et... Grand-père l'a jamais reconnu ?
-Disons qu'il y a eu une période où il s'est détourné de ta grand-mère... Après ma naissance exactement. Mais il a gardé un oeil sur Salvatore. Disons qu'il a toujours privilégié notre relation, qu'il s'est débrouillé pour me donner tout l'amour du monde et faire de moi un homme et un homme de la Cosa Nostra... Ce ne fut pas le cas de Salvatore. Son père adoptif était odieux... Un sale type. Il en a fait un politique.... Un mauvais politique.
-Il a toute les raisons d'en vouloir à son père, pas à toi.
-Ni à toi mais... Il en a décidé autrement.
-Et qu'est-ce que tu comptes faire ?
-Avec ton oncle on va régler ça avant Noël. Toi tu te reposes, tu fais ton voyage, tu vas au carnaval de Venise, tu rends visite à Marcelino et c'est tout.
-Tu peux pas m'écarter de l'affaire !
-Si je peux et je le fais. T'as joué au con à mentir à ta copine, pour la peine tu ne t'occupes pas de ça. C'est tout. Bon, tu te reposes. Ce soir on enverra le corps d'Emily en Allemagne. On fera une sorte d'hommage. Ses parents pourront faire leur deuil.
-Mais elle a toujours le bébé.. on pourra remonter à nous.
-Sauf qu'Adam est le père. Et... Son corps a été retrouvé en Allemagne et... Il a été mêlé à une petite affaire de drogue grâce à un contact. Plus de rapport avec Salvatore. Surtout, si Salvatore veut faire parler de lui, il se retrouvera dans une sale histoire donc il ne se mêlera pas de ça.
-Bien... Donc ce soir alors... Tu y seras ?
-Non, j'ai des documents à traiter.
-D'accord.
-Ne me raccompagne pas. J'appelle tes amis.
Il sort. J'ai du mal à réaliser... Salvatore... Est... Un Cortesi ?
Eve
Au bras d'Andrea, j'avance en noire, avec ma voilette devant le visage. J'aide Andrea à s'assoir sur une des chaises devant le cercueil. La disposition étant en arc de cercle nous sommes tous face au coffre qui sert de dernière maison à notre défunte amie. Giulia est au bras d'Alessandro la mort d'Emily leur a fait comprendre qu'ils possédaient plus qu'une simple amitié. Emy me tient la main. Nous nous avançons devant le coffre ouvert. Elle a été lavé et habillé. Elle est belle même dans la mort. Nous lui dégageons les cheveux d'Emily de son visage et déposons un bouquet de rose. Je me tiens à Emy. Nous pleurons. Finalement... Elle a trouvé la paix. Nous nous remémorons toute cette folle histoire passée ensemble. De la bagarre avec Andrea au mariage en passant par Syracuse oui... Nous avons passé de beaux moments ensembles. Nous étions les trois E.
"Adieux mon amie."
On se prend dans les bras. Nous sommes encore deux. Ce n'est pas parce que l'une n'a pas pu vivre plus qu'il fait abandonner ceux qui restent.
Nous saluons une dernière fois Emily, Alessandro seul ne s'en approche pas. Il n'a pas envie de revivre le moment où elle est partie de ce monde.
Nous quittons la pièce, elle est emmenée. Nous discutons tous ensemble. Alessandro est plus loin, pensif regardant la mer au loin. Je me sens obligée de le rejoindre, son coeur semble lourd. Je m'avance. À peine suis-je arrivée, il me dit :
-Elle voulait mourir de mes mains.
-Aless...
-J'ai pas eu le courage. Je l'ai laissé se mourir dans la souffrance... Et ... Je me pointe à son enterrement avec une autre.
-Elle avait bien compris que toi et elle c'était finie.
-Tu penses que j'aurai dû la tuer ?
-Non. Non surtout pas.
-J'ai souhaité sa mort peu de temps avant qu'elle ne le soit. Je ne sais pas comment me voir. Je ne mesurais pas mes propos...
-Personne ne s'attendait à ça. Tu le sais tout autant de moi.
-Je me suis pris d'amour pour un enfant qui n'était même pas le miens... Qu'est-ce que je suis censé faire ? Passer à autre chose et l'oublier ? Elle était folle oui mais j'en ai été amoureux ! Et maintenant je suis avec Giulia... C'est n'importe quoi ma vie.
-Alessandro... Tu t'étais fais au fait d'être père. Personne n'a jamais dis qu'avec Giulia... Vous vous lanciez dans une vraie famille ?
-Tu penses ?
-T'es pas pressé, fais les choses quand tu le sens.
-Peut-être... Tu as certainement raison...
-Viens avec moi. Je te ramène à tout le monde, dois-je te rappeler que tu as un meilleur ami infirme ?
-Oui. Fais moi plaisir. Maris toi avec lui le plus vite possible, qu'on passe tous à autre chose.
-Comme je te l'ai dis, chaque chose en son temps.
Nous finissons la soirée à l'appartement, autour d'une bonne pizza. Je me retrouve seul avec mon amoureux que j'ai enfin réussi à mettre au lit. Ce qui est avantageux c'est que comme il a du mal à bouger, c'est moi qui prend le contrôle... Pour tout... Et ce n'est pas pour me déplaire. Prêt à s'endormir, il me dit à la dernière seconde :
-Dans une semaine, on va chercher Marcelino, il passera deux semaines avec nous et il retournera dans son école après. Nous irons enfin à Venise tous les deux.
Marcelino ? Pendant deux semaines avec nous ? Oui ! Je saute de joie, embrasse fougueusement mon cher et tendre, lui explose les côtes et finis par m'endormir près de mon amour... Je suis aux anges... Un chéri en vie, un enfant vient retrouver, rien ne peut perturber mon bonheur. Rien. Du moins... Je l'espère.
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