Eve

Je sens que l'on me secoue. Mes yeux s'ouvrent difficilement, la lumière m'aveugle. Les sons commencent à devenir perceptible... Marcelino m'appelle. Mon instinct ressurgit, je me redresse et le prends dans mes bras. Je regarde autour de moi. Nous sommes dans un avion... Tout était bien réel alors. Je n'arrive pas à réaliser... C'est impossible... Je regarde Tesoro. Il dit :

-Andrea doit revenir...

-C'est nous qui partons. Je suis désolée mon Tesoro... C'est ce qu'il y avait de mieux à faire.

-Non ! Vous vous aimez tata !

-Non... C'est finit...

-Tu ne peux pas dire ça c'est impossible.

Je le sers à nouveau dans mes bras... Pauvre enfant... Je suis totalement perdu... J'ai l'impression d'être nu sans ma bague... Sans son amour... Sans lui, sans son regard persant sur moi. Je ne suis plus rien. J'embrasse l'enfant. Je me lève et demande à l'hôtesse où nous allons-nous. Aéroport de Marseille... La France... Mon pays... Est-ce possible après tant de temps ?

Je dois m'asseoir, nous allons atterrir... C'est bien réel. Je tiens la main de Marcelino. L'hôtesse m'apporte une petite enveloppe avec un mot dedans. Je l'ouvre et lis :

"Parce que je te l'avais toujours promis, voilà. Je te rends ta liberté.

Andrea"

Je me mets à pleurer. Je me rends compte que j'ai bien tout perdu... Ma vrai liberté se trouvait dans son amour... Lorsque j'étais dans ses bras... Avec lui et uniquement avec lui... Marcelino tente de me consoler mais... Cette trahison m'a blessé à jamais. Nous devons sortir. Je reste d'abord sur mes gardes, garant l'enfant près de moi. La porte s'ouvre. Je ne veux pas sortir j'ai trop peur... Ce pays... J'en ai si souvent rêvé... Le retrouver c'est presque irréaliste. J'avance pas à pas. Je retrouve mon sol français. Les panneaux écrits en français... Les gens... Tout... Je... Je suis chez moi... De la joie née de la peine, mais elle est si infime... Mon cœur est resté meurtri en Italie... J'avance, je ne sais où aller. J'avance encore et encore. Je vois enfin... Une femme au cheveux en carré noir. Les traits tirés, mince... Et un homme, le crâne dégarni, fatigué. Deux jeunes hommes les suivent... C'est... C'est eux... Mes... Parents... Mes frères... Ma famille !

Je reste figée comme s'ils m'étaient inaccessible. Ma mère s'avance vers moi en pleure... Elle caresse ma joue.

-Maman...

-Eve...

Je fonds en larme dans ses bras. Tous m'entoure et me font un câlins. Je les ai tant désiré, j'ai rêvé de les tenir dans mes bras et ils sont là... Ici devant moi... Mon cœur se colle aux leurs, notre amour à toujours été plus fort que n'importe qu'elle distance et de n'importe qu'elle épreuves. Mon grand frère regarde Marcelino et lui adresse un regard amer. Je prends la main de celui que je considère comme mon fils et le présente.

-C'est Marcelino... Il m'a été confié.

-Eve mais que c'est-il passé... Implore m'a mère.

-C'est compliqué...

Je vois au loin des agents de police... Ma famille m'accompagne jusqu'à eux je vais devoir expliquer l'inexplicable.
Comment dire que j'étais heureuse alors qu'ils étaient dans le malheur ? Je me retrouve isolée dans une salle avec les policiers je fais tout pour retrouvé mon petit... Impossible je dois m'asseoir et répondre...

-Que voulez-vous savoir ? Dis-je agacée.

-Comment avez vous disparu ?

-Je rentrais chez moi. Deux hommes mon attraper et... Je n'avais aucun souvenir... Je me suis réveillée, baillonnée dans une camionnette. On était plusieurs et je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé. J'ai été sauvé par un groupe d'homme.

-Que sait il passé après ?

Je reste silencieuse... Que dire ? Je me remémore ces deux années... Le froid de la camionnette... Ces lumières oranges... Puis... Ces bruits sourds. Oui je me rappelle. Les caisses ont bougés puis j'ai senti des mains brûlantes me saisir avant d'être soulevée avec puissance. Je me souviens du sourire caché d'Emy, on s'est juré de prendre soin de l'autre... Et je n'ai aucune idée d'où elle est... L'odeur me revient. Cette odeur ne m'a jamais quitté, elle me rassure plus que tout. Pourtant elle m'a aussi terrifié. Le jour où il m'a étranglé. Je touche mon cou... Je ne lui ai pas rendu ce collier. Lorsque l'on a commencé à s'entendre vraiment et que mon amour s'est déclaré... Il m'a vu regarder ce magnifique collier et me l'a offert. Le jour où il m'a tout avoué. Ses yeux brillaient tellement... Son amour paraissait infaillible et véritable. Lorsque l'on était ensemble j'avais l'impression d'être invincible, il m'a sauvé et j'ai fais de même... On a fait l'amour je ne sais combien de fois et à chaque fois c'était parfait, on s'aimait tellement. Et... Finalement... Une fille... À tout gâché. Il m'a trahi.

Je le hais... Mais je l'aime tellement à la fois. Je commence à pleurer avec retenu. La policière se penche vers moi et me demande :

-Pourquoi n'êtes vous pas parti
?

-C'était trop dangereux on aurait été tué.

-Avez vous été maltraité ?

-En aucun cas. Jamais.

-Avez vous été violé ?

-Jamais ! Cessez ces diffamations.

-Ce ne sont que des formalités. Nous voulons juste coordonnées vos déclarations avec ceux de votre libérateur.

-Libérateur ?

-Le patriarche de la Cosa Nostra.

-Quoi ? Qu'est ce que...

-Andrea Cortesi. Votre ex fiancé.

Je reste muette. Elle rit et dit :

-C'est lui qui a mis en place votre extradition ici. En échange de quelques services il m'a demandé de vous passer ceci, d'expliquer la situation à votre dame ainsi que de vous confier la garde exclusive de l'enfant. Enzo.

Enzo... Le nom que je voulais donner à mon enfant... Andrea lui a donné un faux nom et une nouvelle identité. Il lui a offert une nouvelle vie. Ils sortent de la pièce me laissant avec cette enveloppe. La peur s'empare de moi... Cette enveloppe me fait terriblement mal. Je l'ouvre. Une lettre se présente en premier, je l'ouvre et la lis.

"Eve,

Ton nom résonne dans ma tête et me hante. Pour toujours tu garderas une place dans mon cœur. Tu m'as sauvé pendant une période de ma vie où j'étais perdu. Tes yeux et ton sourire m'ont envoûté plus d'une fois... Mais plus je te voyais plus cette lumière disparaissait, ce cœur qui battait pour toi à cessé de battre. Tu reste ainsi une de mes meilleures amies, mais aujourd'hui je ne peux t'offrir plus. Pardonne moi je t'en supplies.

Ton ami

Andrea"

Je laisse tomber la lettre, et fouille le reste de l'enveloppe. Je le vois en compagnie d'une belle jeune femme... Habillé comme le jour où il est parti après les essayages de ma robe. Il l'embrasse... Mon dieu. Je pleure et me morfond... Pourquoi !

Mes pleures cessent avec les heures, j'ai l'impression de me donner en spectacle c'est insoutenable. On frappe à la porte. Je sèche mes larmes et dis d'entrer. Un homme jeune ouvre la porte, il paraît rassurant... Il s'assoit devant moi et sourit.

-J'espère que vous allez vous en sortir.

-Qui êtes-vous ?

-Un ami. Je suis un vrai ami. Je ne vous veux aucun mal. Je veux tenter de vous faire passer un accord.

-Que voulez vous ?

-Dénoncez les crimes de votre ravisseur.

-Il n'a rien fait.

-Il vous a pris deux ans de votre vie... Il a volé une partie de votre vie, votre dignité et votre cœur. Il vous a tué à petit feu... Regardez vous... Il a bien profiter de ce que vous pouviez lui offrir et... Vous êtes là désormais... À pleurer alors qu'il s'amuse avec une pute...

-N'insultez pas de cette fille.

-Pourtant c'est une vraie prostituée.

-Quoi ?

-Cette fameuse nuit où il est parti... Avec ses amis. Pendant un conseil ils ont invité un groupe de copine enfin... Des copines qui travaillent pour eux, et qu'ils fréquentent depuis longtemps.

Je le regarde... Qui est cet homme... Ses paroles affreuses... Puis-je trahir un homme qui m'a trahit... Mais... Qui m'a sauvé ? Qui m'a ramené à ma famille et qui a tenu sa promesse ? Je dis :

-Dites à Salvatore... D'aller se faire voir.

Son visage se ferme.

-Tu as fais un très mauvais choix... Je t'enverrai des petites photos de leur mariage... Apparemment le bébé est programmé pour dans huit mois.

Il sourit et se moque de moi avant de se lever et de partir... Marcelino rentre dans la pièce et me sert dans ses bras... Je suis anéantie. J'avais tellement confiance en lui.... Pourquoi m'avoir fait cela ?

Deux mois plus tard

Se reconstruire... C'est d'une douleur si intense et pénible. Mais je n'ai pas le choix... Ma famille a mis du temps à comprendre mon attachement à Marcelino. Ils ne savent pas qui était Andrea... Ils sont l'image du salopard qui m'a retenu et qui a profité de moi avant de me laisser. Je voudrais tellement lui en vouloir... Mais avec Marcelino je ne peux pas. Il s'intègre petit à petit... Mon père et mes frères jouent au foot ensembles. Il y vient petit à petit. La nuit, je re-découvre les baisers de mon âme sœur. Je reconstitue ses baisers dans mes rêves, toujours le même, il monte sur le lit en Italie, il embrasse mon cou et me caresse... Il s'excuse et m'embrasse à nouveau. Puis il s'allonge sur moi et je me réveille.

Je sens qu'une partie de moi et morte, une sorte de vide profond qui me détruit chaque jour... On m'a fait parvenir des photos en anonyme de mon ex fiancé... Avec cette fille... Toujours Salvatore, il espère me faire regretter ce choix mais... Je ne dis rien pas pour Andrea, mais pour la Sicile. Elle reste présente dans mon cœur et je sais qu'elle souffrirai sans cet homme ténébreux. J'ai pu passer mon bac et m'inscrire à la fac, je souhaite faire du droit international. Mes parents ont accepté à contre cœur que je quitte la maison pour m'installer vers Paris. Je passe ma première année en deux ans, comme j'ai du retard à rattraper... Comme ça j'ai des horaires moins chargé, et je peux emmener et ramener Marcelino de l'école, c'est un pur bonheur ! Il souffre beaucoup de cette séparation, il voudrait voir son frère mais... C'est impossible... Pourtant.. Il se passe des choses étranges en ce moment. Je ne me sens pas en sécurité. L'impression que quelqu'un me guette constamment... Salvatore tente de me faire craquer... Il veut que je dénonce une chose imaginaire... Il ne peut n'y s'en prendre à moi, ni à Tesoro... Mais le harcèlement moral sur moi lui est autoriser, que faire ?

Je n'ai trouvé d'autre solution que d'inviter mon ami Romain à partager mon appartement avec moi. Il est gay donc pas de problème à avoir. Au contraire c'est un ami de longue date qui a insisté pour que je le rejoigne, nous étions inséparables à l'époque. Marcelino l'a d'abord mal pris, croyant que je remplacer Andrea, mais qui pourrait faire cela ? Puis il a compris le fond de notre relation et a accepté sa présence. Nous faisons chambre à part évidemment ! Aucune confusion n'est permise. Surtout pas devant Marcelino, il ne s'en est pas remis.

Je me pose des tonnes de questions, toutes me mènent à espérer le voir revenir vers moi... Mais que ferai-je ! Il m'a trompé... Mais je l'aime... Mais il m'a trahis... Mais... Je l'aime encore et toujours.

-Tu veux quoi ce matin ?

-Prends ce que tu veux Romain, je n'ai pas de préférence.

-Et toi Marcelino ?

-Je peux avoir des croissants ? Ou... Une chocolatine?

-Tu apprendras que c'est pain au chocolat... Dit Romain amusé.

-C'est chocolatine, dis-je.

-Vous êtes bizarres dans le sud ouest !

Il rit et part pour la boulangerie. Il est formidable pour Marcelino, un vrai oncle. Il fait des études de mathématiques, et comme Marcelino à un goût prononcé pour cette matière, il en fait un champion ! Ce qui m'a étonné c'est d'être prise à la Sorbonne. Je fais partie des majors de promotions et mes professeurs m'apprécient beaucoup. Je tiens dès conférence sur la Sicile, aussi sur l'histoire des œuvres artistiques siciliennes, je n'avais que ça à faire lorsque j'étais chez Andrea... Je m'en suis passionnée et... C'est ma seule et unique chose qui me relie à mon passé... Le seul que je tolère.

-Tata ?

-Oui?

-Est-ce que je pourrai aller à la cathédrale prier ?

-Pourquoi souhaites tu prier ?

Il baisse la tête et ne réponds pas.

-Si tu souhaites prier pour ton frère cela ne me dérange pas au contraire.

-Ce n'est pas que pour cela...

-Pourquoi donc ?

-Pour expier mes péchés ?

-Toi pêcher ? Voyons...

-J'ai menti tata.

-Et as-tu fais ça par intérêt ?

-Non tata.

-Était-ce pour faire du mal ?

-Non tata.

-Alors ne te considère pas...

Je m'arrête. Quelque chose se passe en moi. Je cours au toilettes et vomi. Mon dieu... J'ai l'impression d'avoir le mal de mer... Marcelino court me rejoindre.

-Tata t'es malade !?

-Non c'est juste que je ne me sentais pas bien...

Il m'aide à me relever. Je vais me rincer la bouche tandis que Romain rentre. Il me voit pâle et commence à me poser des questions.

-J'ai juste vomi ce n'est rien.

-Ça fait une semaine que tu as des vomissements... Faut qu'on parle.

-Que veux-tu que je te dise ?

-J'emmène le petit à l'école, on en reparle après.

Je m'assois dans le canapé et attends comme une idiote. Romain revient avec une boîte à la main.

-Qu'est ce que c'est ?

-Attrape.

Il me l'a lance.

-Un test de grossesse ? Sérieusement ?

-Fais le.

-C'est ridicule...

-Depuis combien de temps tu ne l' as pas fait ?

-Romain arrête c'est pas ça.

-Réponds...

-Depuis que je suis revenu... Enfin un peu avant... Peut-être... Deux mois et demi, la dernière fois c'était une ou deux semaines avant qu'il me largue.

-T'es eu tes règles entre temps ?

-Je les ai pas eu seulement ce mois ci.

-Et le mois d'avant.

-Elles étaient pas énormes mais.

-Fais le et on sera débarrassé.

Je me lève tremblante et vais au toilette... Donc euh... Deux barres c' est positif et une c'est non. Je fais les instructions et pose le test. J'attends avec peur... Romain se veut rassurant... Il veut déclarer l'enfant au cas où... Non mais ce n'est pas possible pas avec Andrea ! Non ! Sa copine ou femme que sais-je est aussi enceinte d'après les rumeurs ça ne peut être possible !! 10 minutes ont passé. Je me lève et vais voir le test. Je l'attrape.

Une Barre !!

Mon dieu merci ! Enfin... Je ne sais pas... Un enfant... Avec lui... C'est ce que j'ai toujours voulu pourtant. Romain me rejoint et dit :

-Pose le il faut attendre quinze minutes.

Je le pose et le prend dans mes bras. Pour mon futur par pitié faite qu'il soit négatif.... Pitié... Pitié....

Quinze minutes...

Une...

Deux...

Barres...

Bleues...

Deux barres bleues.

2 mois et demie. Je ne peux pas avorter. Je porte son enfant...

C'est un cauchemar sans nom.