Chapitre 7 : première partie

Eve

Il voit mon désarroi. Il s'interroge. Il me demande si tout va bien, je réponds simplement que ce n'est rien. Oh non... Il prend son air, arrête de déconner avec moi... Je peux pas résister mais je vais devoir apprendre à le faire. Il reprend :

-Dis moi ce qu'il y a.

-Rien... Je pensais juste à ma famille... Ils me manquent vraiment...

-Je comprends... Je ne peux pas te demander d'arrêter d'y penser ...

-Sais-tu si... Si vous savez dans combien de temps on pourra le revoir ?

-J'espère... Avant Noël. Au moins que vous ayez des nouvelles.

-Merci...

J'aimerai vraiment retourner dans ma ville et pouvoir serrer dans mes bras tous ceux que j'aime. Même mon amie parano me manque...les délires de ma classes, la naïveté de chaque ... Tout me manque ... Sauf le temps peut-être qui est bien moins agréable qu'ici. Mince ! J'allais oublier les boissons! Je retourne derrière le petit bar sous ses yeux. Je prends différente bouteille. Il me demande :

-Sinon, ta blessure.. Ça va mieux ?

-Oui, beaucoup mieux j'ai moins mal au crâne.

-Tant mieux.

-Et Alessandro est venu me présenter des excuses.

-Vraiment ?

-Oui tout à l'heure.

-J'espère bien... Il s'y prend un peu tard. Je lui en toucherai un mot.

-Non ! Voyons... Il me les a présenté c'est bon. Mieux vaut tard que jamais. Et je ne pense pas que je l'aurai écouté s'il l'avait fait plus tôt.

-Si tu le dis. Je vais partir dans pas trop longtemps.

-Ah bon ? Tu ne reste pas manger avec nous ?

-Non... Je vais aller à l'église, prier un peu...

-Tu y vas combien de fois par semaine ?

-Ça dépend... Ça peut aller de 2 à une dizaine de fois...

-Une dizaine !

-Oui quand... Enfin... Quand je fais des choses qui vont à l'encontre des saintes écritures...

-Vu tes activités... C'est paradoxal non ?

-Comment ça ?

-Fervent croyant et pourtant... Tu es mafieux... Tu tues, tu voles, tu t'en prends à des gens...

-Je ne vole pas vraiment... Le pizzo est un échange, certes c'est un peu du racket mais... Il y a une histoire d'échange de bon procédé, ils nous payent et on les protège. Quand je tue je ne le vis pas forcement bien... Ce n'est pas quelque chose que j'aime faire, et ceux à qui je m'en prends son en général pire que moi. Je ne m'en suis jamais pris à un innocent.

-Et nous

-Comment ?

-Indirectement, tu t'en es pris à nous en nous gardant ici.

-Oui... Mais je m'en veux plus que tout. Je pris tous les jours pour que cela cesse et que mes péchés soient pardonnés. Je ne peux que faire cela pour le salue de mon âme. Qui peut sauver le pêcheur que je suis ?

-Une personne capable de te persuader à te repentir.

-Ah ! Jamais. Jamais je ne quitterai la Cosa Nostra... C'est tout pour moi. C'est mon honneur.

-Et comment vas-tu faire après ?

-Aux portes du paradis ?

-Non, il s'en passe des choses avant la mort. Avoir une famille par exemple. Tu n'as jamais voulu fonder un foyer ?

-La Cosa Nostra prend toujours en compte ses fils.

-Et ses filles ?

-Ses filles ? Ce sont ses femmes !

-Et pourquoi une femme ne pourrait-elle pas faire ce que vous faites ?

-C'est déjà arrivé mais c'est rare... Ce n'est pas dans nos codes.

-C'est sexiste.

-Mais non, on veut juste prendre soins d'elles.

-C'est bien ce que je dis, c'est sexiste.

-Ah, et toi tu le vois comment ton foyer ? Dit-il d'un ton moqueur.

-Heureux. Je le veux heureux. Je veux être là pour mes enfants comme mon mari le serait avec eux. Je veux travailler.

-Enfants et travail ? Impossible.

-Si ça l'est. Je veux être indépendante.

-Et ton mari ? Comment il devra être ?

-S'il veut travailler, il travaillera. Du moment qu'il s'occupe de nos enfants et qu'il est attentif à nous... Je ne vois pas où il pourrait y avoir de problèmes.

-C'est une vision des choses... Tu veux des enfants ?

-Deux... Une fille et un garçon. Ce serait le rêve. Mais j'aimerai ce que dieu m'enverra.

-Hum... Certes.

-Et toi ?

-Je veux des enfants mais... J'y est pas trop réfléchis pour le moment.

-Et... Tu voudrais qu'ils fassent ce que tu fais ?

-Non... J'aurai trop peur qu'ils leur arrivent quelque chose... Comme pour Marcelino... Mais .. L'un de mes descendant devra reprendre l'affaire ça c'est sûr.

-On pourrait croire que l'on parle d'une épicerie...

Il rit et acquiesce. C'est étrange de parler de cela avec lui. Ça à l'air de le troubler, il a toujours les mains dans les poches, le regard fuyant entre le sol et mes yeux. Il fronce légèrement le sourcil, et dessine des cercles au sol avec son pied. Je lui demande :"Tu ne vas pas rejoindre les autres ?". Il hausse les épaules. Il me fait des petits yeux de chien battu. Il est tellement attendrissant. Il se rapproche de moi et m'aide à porter les bouteilles.

Son père rentre dans la cuisine et lui demande d'aller aider Alessandro sortir le parasol car il est bloqué. Il sort des avec les bouteilles. J'essaie de le suivre, mais son père me barre la route. A son visage, je comprends qu'il veut me parler, alors je recule. Il ferme la porte. Andrea n'a rien vu de tout cela. Il s'avance vers moi et me demande de m'asseoir, je m'exécute. Il s'assoit en face de moi et dit :

-Alors, Ève. C'est bien toi ?

-Oui... Monsieur.

-Appelles moi Don.

-Bien... Don...

-Je voulais te parler de ce Léonardo.

-Que voulez-vous savoir ?

-Comment était-il avec toi ?

-Oh...il était gentil.

-Gentil? A-t-il essayé de faire quoi que ce soit avec toi ?

-Que voulez vous dire ?

-A-t-il voulu te mettre dans ton lit par exemple.

-Il a voulu m'embrasser une fois... Mais je l'ai repoussé. Je vous le jure.

-Je te crois. Étais-tu au courant de ses agissements ?

-Non ! Jamais je ne l'ai été ! Si ça avait été le cas j'en aurai parlé à votre fils !

-T'a-t-il parlé d'autres choses ?

-Comment ça ?

-D'un certain Salvatore ?

-Non... Jamais je n'ai entendu ce nom. Que se passe-t-il ?

-Rien, une vieille affaire. Au fait, je voulais te donner ça, dit-il en me tendant une enveloppe.

-Qu'est-ce que c'est ? Dis-je en la prenant.

-Ma promesse.

Il se lève et s'en va en fermant la porte. J'ai peur de son contenu. Elle est épaisse... Qu'est-ce que c'est ? Je l'ouvre. Des photos, des papiers des photocopies... Il y a des photos de ma famille au commissariat, allant à l'école, chez des amis... Ils sont souvent en pleurs... Une retiens particulièrement mon attention... Ma mère est à genoux, en larme sur le béton. Mon père qui tente de la prendre dans ses bras pour la réconforter... Mon petit frère pleure aussi, avec une main pour cacher sa figure et l'autre caressant le dos de ma mère. Mon grand frère lui tiens les épaules de mon père par-derrière et à sa tête posé sur la nuque... Tous pleure... Mon petit frère va passer en 4e. J'ai son bulletin... Il est excellent, lui qui n'avait pas l'habitude de travailler... Son appréciation est la suivante :"Travail pour oublier, prenait soin de votre fils.".Il est en dépression. J'ai son ordonnance avec celle de ma mère. Tous prennent des somnifères, ils ne dorment plus. Mon grand frère a eu l'autorisation de repousser ses partiels car il a passé deux mois à me chercher. Mon père travail à mis temps et a été incapable de travailler pendant plusieurs semaine... Ma mère a maigris. Elle a perdu 12kg. Mes amis ont fait un autel devant le lycée pour ne pas que l'on m'oublie.

Ils sont tristes. Mon dieu... Mes parents et mes camarades ont organisé des battues, des collectes, des recherches, tout, ils ont tout fait pour essayer de me retrouver... Les larmes montent... Je regarde les photocopie d'article sur ma disparition. On a d'abord pensé à une fugue, puis à un enlèvement. Finalement ils pensent que nous nous sommes radicalisés et que nous sommes en Syrie. Ah non ! Le plus récent parle d'un enlèvement, revendiqué par DAESH mais... Les mis en cause ne sont pas du tout les hommes qui nous ont fait ça...

C'est horrible. J'aimerai être là avec eux ! J'ai envie de hurler de douleur et de plonger dans ses images flous et leur dire que je suis là et que je les aime ! Que je n'arrête pas de penser à eux...

J'aurai tellement voulu...

encore voir vos sourire, juste une dernière fois... Sentir vos câlins une dernière fois. Rire à table pour n'importe quoi, une dernière fois. Pleurer dans vos bras, danser, chanter, jouer, vivre une dernière fois. Vous aimer encore à vos côtés, avoir peur de vous perdre une dernière fois... Encore une heure, une seconde pour pouvoir vous dire à quelle point vous êtes tout pour moi... juste une dernière fois, vous, moi, personne. Non personne n'est là et pourtant je ne pense qu'à vous, ma famille vous êtes tout et je vous aime.

Si je devais énoncé un regret, c'est de ne pas avoir pu vous dire au revoir... Papa, maman, Samuel, Thomas.

Un seul mot.
Courage.
Je reviendrai promis.
Morte ou vivante, je reviendrai.

Je vous aimes.

Ne m'oubliez pas.

Je tiens à vous.

Ne vous séparez pas, restez soudés car je vous aime et de je vous aimerez pour toujours.

Maman, Papa, les garçons.

Soyez fort.
Et je le serai pour vous.

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