La nuit était battue par un vent furieux, les vagues se fracassant contre la coque du navire pirate. Tout avait commencé plusieurs semaines plus tôt, lors du pillage de mon village côtier. Un groupe de pirates, bien plus nombreux et sans pitié que tout ce que j'avais imaginé, avait surgit à l'aube, semant la terreur et la destruction. Je me souviens des cris des habitants, des flammes qui engloutissaient les maisons. Chaque détail est gravé dans ma mémoire, comme un tableau sombre. J'avais essayé de me défendre, de protéger mon foyer, mais j'étais seul face à eux, et leur nombre était écrasant. Ils m'avaient capturé, ainsi que quelques autres villageois, et nous avaient embarqués, traités comme du bétail, pour être vendus ou réduits en esclavage.

Le voyage fut un long cauchemar. Le bateau tanguait sans cesse, pris dans les courants des eaux agitées entre les îles pirates, les lagons secrets et les baies inaccessibles. Chaque jour semblait une épreuve de plus pour survivre. L'air était saturé de sel et de puanteur, et l'odeur de la sueur et de la mer nous collait à la peau. Nous étions entassés dans les cales, à peine un peu de lumière filtrant entre les murs humides. La vue se limitait aux visages des autres prisonniers, fermés et résignés. Notre nourriture était du pain dur et du poisson avarié, et l'eau stagnante dans les tonneaux ne suffisait qu'à nous maintenir en vie, pas à nous garder en santé.

Je me souviens des criques où le navire s'arrêtait parfois, un silence lourd qui se posait sur nous à chaque escale. Les pirates descendaient à terre, fouillant la région pour des trésors ou des marchandises à voler, nous laissant sous une garde vigilante. Nos moindres gestes étaient surveillés, chaque regard suspect. Le voyage durait des jours interminables, la chaleur du jour cédant la place à la froideur des nuits en mer. L'horizon semblait se dilater à l'infini, et je me demandais, à chaque escale, si je reverrais un jour la lumière du jour, si je pourrais respirer l'air libre, loin de ces chaînes.

Puis, après ce qui m'a semblé une éternité, le navire s'est dirigé vers une baie cachée, entourée de falaises escarpées et d'une végétation dense. Un lieu secret, hors des cartes, que seuls les pirates connaissaient. Là, au fond de la baie, une entrée étroite, dissimulée parmi les rochers, nous menait à la grotte des pirates, un repaire dont nul ne sortait ou n'entrait sans connaître chaque recoin.

Les pirates m'ont jeté dans cette geôle humide. La pierre froide contre ma peau, je suis resté là, oublié parmi les ténèbres. L'endroit était lugubre, à peine éclairé par les torches vacillantes dans les coins sombres. L'air était lourd, moisi, et l'humidité régnait en maîtresse. C'était une prison conçue pour écraser l'esprit, briser le corps. Mais même dans ce lieu sans espoir, j'ai trouvé une étincelle : la volonté de m'échapper.

Les jours s'étiraient, tous identiques, oppressants. De temps en temps, j'entendais les bruits des pirates : leurs pas lourds dans les couloirs, leurs voix grondantes résonnant au loin. Mais personne ne faisait attention à moi. J'étais juste un prisonnier parmi tant d'autres, abandonné à la solitude, à la douleur et à la faim. Pourtant, au fond de moi, une lueur d'espoir persistait. La conviction qu'un jour, d'une manière ou d'une autre, je trouverais un moyen de m'évader.

Remdrd 06/11/2024