Chapitre IV : Le doute subsiste

Marchant d'un pas pressé dans les couloirs en serrant fermement le manche rougeâtre de son épée, l'elfe blond prenait la direction des quartiers de Damian dont la porte ne se trouvait maintenant plus qu'à deux pas devant lui. L'homme au visage rongé par la colère ne prit même pas la peine de frapper et s'engouffra directement dans la chambre du Général qui était en train d'enfiler son armure. L'air surprit de ce dernier en constatant l'irruption de l'autre montrait qu'il ne s'attendait certainement pas à un tel acte. Seulement vêtu du bas de son équipement doré et couvert d'un haut en lin noir, Damian se tourna vers son collègue, les bras le long du corps, attendant de connaitre la raison de cette intrusion.

- Faut qu'on parle Dam, Commença le blond sur un ton presque agressif.

- Voilà un point sur lequel nous sommes d'accord.

L'air léger qu'avait pris le militaire en allant se saisir de sa cuirasse se trouvant sur un mannequin en bois à droite de là où se tenait le blond ne faisait qu'amplifier l'impatience de celui-ci qui serra encore plus fort le manche de son arme pour essayer de contrôler son envie de frapper dans la première chose qui se présentait à lui.

- Je suis sérieux, faut vraiment qu'on parle, Lâcha-t-il dans un souffle de colère.

- Et moi aussi, Pouffa Damian en enfilant la pièce d'armure qui protégerait son torse. Mais je vais te laisser commencer vu que ça à l'air important.

Tout en essayant de se calmer, l'elfe dont le crane était parcouru de tresses vint aider son supérieur à ajuster sa dossière, la partie de la cuirasse qui couvrait le dos, afin de l'attacher correctement.

- Je vais être franc, c'est une mauvaise idée. Les patrouilles vers la frontière sont particulièrement dangereuses, et tu le sais. Il faudrait peut-être reconsidérer....

- C'est dont pour ça ? S'esclaffa l'elfe aux yeux noisette mis en valeur par sa coupe militaire sombre.

L'autre baissa la tête se braquant tout en ajustant la sangle sur l'épaule droite de son collègue. N'ayant aucune réponse, Damian se retourna pour voir que la colère avait envahi le visage de son ami. Il comprit alors que le sérieux était de mise et posa une main se voulant rassurante sur l'épaule de l'elfe.

- Ecoute Solis, c'est justement parce que ces missions sont dangereuses que j'ai besoin de mon meilleur Colonel sur ce coup-là. Je sais que tu n'es pas à l'aise avec la décision que j'ai prise mais tu dois me faire confiance sinon les gars ne suivront pas.

- Je ne vais pas faire semblant de croire en une chose en laquelle je n'ai aucune envie qu'elle se réalise ! Enragea-t-il en dégageant la main de Damian qui était surprit d'une telle rage. Tu penses peut être que c'est une bonne idée, qu'il faut bien qu'elle fasse ses preuves, mais as-tu ne serait-ce pensé à la possibilité que ça soit une espionne ?! Et tu veux la tester ? Bien. Mais je t'interdis de mettre la vie de nos gars en dangers pour un simple test !

Tout en crachant ces mots l'elfe avait posé son index sur le torse de Damian afin appuyer ses paroles et cela parut faire effet car l'autre ne put qu'ouvrir légèrement la bouche sans savoir quoi répondre.

- Par Liha Dam ! C'est déjà bien assez dangereux comme ça, Avoua Solis dans un mélange de haine et de tristesse.

- Je suis navré mais ce n'est pas qu'un test, si elle reste il faut absolument qu'elle connaisse nos frontières.

Même si le discours se voulait compatissant, Solis ne put réfréner la vague de colère qui s'empara de lui et, sans hésiter, il envoya son poing droit heurter le visage de son supérieur qui posa un genou à terre, totalement secoué par le choc. Tandis que Damian prenait conscience de ce qui venait de se passer, le blond sortit de la pièce en lâchant une kyrielle de jurons sans dénier accorder un seul regard à celui qu'il considérait comme son frère.

*****

Passant la lourde porte en bois du bâtiment contenant toutes les armes à disposition de l'armée du Lyllun, Anéli découvrit une sublime et vaste collection diverse et variée allant de la simple épée, à l'arc, en passant par la lance bien sûr.

La jeune femme laissa sa main glisser sur chaque arme tout en faisant le tour des lieux, inspectant la finesse de chaque instrument ainsi que les motifs étant gravés dessus. Son regard s'arrêta sur de fins couteaux de lancer d'un acier presque immaculé n'arborant aucune gravure ou signe distinctif.

- Il faut beaucoup d'entrainement pour savoir s'en servir ma demoiselle, Averti une voix dans le dos d'Anéli qui prit directement l'une des lames miniatures par son bout tranchant et se retourna prête à lancer cette arme meurtrière.

Elle s'en dissuada toute fois en découvrant un homme portant un long tablier en cuir, probablement le maitre qui forgeait toutes ces merveilles.

L'elfe d'un certain âge lui sourit tendrement ne semblant pas craindre la menace que représentait le couteau dans la main de la jeune femme qui baissa le bras en regardant plus attentivement ce petit bout d'acier coupant.

- Tout compte fait, j'ai comme l'impression qu'ils sont fait pour vous, Déclara doucement le vieux forgeron d'une voix chaude tout en s'approchant de la guerrière. Mais il vous faudrait aussi une épée jeune fille, Finit-il en tendant une main rêche et marquée par le temps.

Anéli opina du chef en déposant le couteau de lancer dans la paume de l'homme qui alla détacher les trois autres lames du mur.

- Venez avec moi ma petite, Dit-il simplement en se dirigeant vers la grande porte en bois suivi de près par l'intéressée.

Ensemble, ils sortirent de l'enceinte du palais pour se rendre dans une sorte d'atelier à deux pas de l'entrée de la forteresse. A peine Anéli passa la porte en bois, qu'une chaleur pesante et étouffante s'abattit sur elle. Le vieillard quant à lui, alla s'installer derrière un établi et posa les couteaux sur la table avant de lever la tête vers la jeune femme.

- Va choisir une épée derrière moi pendant que je m'occupe de tout ça, Lui demanda-t-il comme s'il s'adressait à une enfant.

Sans objecter, Kay s'enfonça dans l'atelier pour découvrir une forge complète en pleine activité. Le charbon incandescent expliquait la chaleur faisant rougir les joues de la femme qui cherchait déjà les grandes lames de métal du regard. Se tournant vers sa gauche, elle s'approcha d'une table sur laquelle reposaient deux épées strictement différentes l'une de l'autre : le pommeau de la première construit en bois clair faisait ressortir sa lame parsemée de feuilles gravées dans l'acier argenté tandis que la seconde dont le manche en métal forgé arborait des étoiles reliées entre elles semblant faire écho à des constellations voyait la base de sa lame ornée d'un soleil avec, en son sein, un magnifique croissant de lune.

Les deux créations étaient aussi sublimes l'une que l'autre aux yeux d'Anéli qui ne sut choisir. Finalement, sa main empoigna une épée aussi légère que rigide.

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