22 ans (1)

Rues les plus animées la nuit, aux alentours de 23h30.

Corps de jeune femme, visage de jeune adulte. Pantalon, manteau d'hiver, talons.


Je sors du dernier métro pour rejoindre mon copain et des amis en ville. Je me trouve sur une place assez animée la nuit car proche de nombreux bars, kebabs et boîte de nuit. Malheureusement, c'est aussi une place proche de rues qui craignent.

Les garçons ne sont pas là, mon copain m'annonce que je vais devoir les attendre pendant 15 minutes. Je n'en ai aucune envie mais je n'ai nulle part où aller.

Je me poste sur l'immense trottoir, près de la zone où les taxis et autres uber font des rondes dans l'espoir de ramasser quelques personnes qui auraient eu envie d'écourter leur soirée.

J'ai parfaitement vu le type qui, assis sur l'escalier de l'opéra, me dévisage depuis le début et je lui ai sciemment tourné le dos.

Pourtant, je sais qu'il va s'approcher et je sais que j'ai l'air un peu perdue. Une proie facile.

- Salut...Tu t'appelles comment ?

Gagné.

Soyons honnête, le garçon n'a pas l'air méchant mais je n'ai pas envie de discuter je ne me sens pas du tout en sécurité et j'en veux à mes amis de traîner. J'envoie instantanément un message à mon copain : "Appelle."

- Violette, je mens.

Le garçon fait un grand sourire.

- Enchanté Violette. Tu es très jolie.

Nous échangeons quelques mots et finalement, il finis par s'en aller, sentant sûrement que je n'étais pas très ouverte à la discussion.

Mon copain n'a pas appelé, mon moral s'obscurcit encore plus. Je change d'endroit et pendant que je marche, je reçois un SMS qui m'indique qu'ils arriveront mais par un autre côté de la rue.

Putain, il va falloir traverser la rue des kebab avec tous les mecs bourrés. Hâte.

Cette fois franchement en colère contre les garçons, j'adopte un pas rapide, espérant traverser la rue d'une traite, sans être interpellée. Je croise deux gars qui me matent d'un air absolument dégueulasse, un énorme sourire aux lèvres, je compose le numéro de mon copain dès que j'entends un sifflement suivit d'un "oooooooh !". Un des gars fait demi-tour et se porte à mon  niveau. Je marche tellement vite, le téléphone plaqué à l'oreille, que l'homme (parce qu'il avait bien 40 ans) est obligé de trottiner pour suivre la cadence.

- Je peux avoir un bisou ?

-Non, dégage.

- Allez juste un !

Il m'attrape le bras, je me dégage et accélère encore faisant semblant de parler à mon copain alors que sa messagerie me résonne dans l'oreille. Ma voix tremble. Je me déteste.

- Tu es bellaaaa !

La bonne nouvelle, c'est qu'il n'insiste pas et reste planté sur le trottoir en continuant de baragouiner des phrases que je n'écoute plus.

Mais coïncidence incroyable, (ou fournée de cons spécialement lâchée pour moi dans cette rue) un deuxième homme arrive en face, me barre le chemin et me prend carrément dans ses bras en me disant je ne sais quoi. De toutes manières je suis tellement en panique que mon cœur résonne dans mon cerveau. Je le contourne en criant et me mets à courir.

Les gens me regardent mais, comme d'habitude, n'interviennent pas. On était au moins 30 dans la rue. Ca se voyait que j'étais seule.

La scène a duré à peine une minute.

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Ressenti : Lassitude, colère, peur, impuissance. Je me suis réellement sentie en danger. Je m'en suis également voulue parce que je n'étais pas rassurée de base et que je devais le porter sur moi ce qui explique les trois interpellations en moins de 10 minutes. J'étais réellement une proie facile, je le savais et je pense que par conséquent ça se voyait.

Et après ? J'ai rejoins mes potes, j'avais eu mon copain au téléphone entre temps avec une voix déraillée, limite hystérique et je lui ai pourri la tête, de manière assez injuste. Les garçons ont ris de la situation, ils n'ont pas compris du tout à quel point j'avais eu peur. L'un d'eux m'a dit que je devais pas laisser la soirée être gâchée par des cons, que sinon ils avaient gagné et que je devrais plutôt être flattée (il était un peu éméché et s'est excusé le lendemain). J'ai pu tout de même profiter de la soirée mais je suis encore très amère de leur réaction, presque hilare.

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