Chapitre 3
Amika mordit sans hésiter dans le cou du vampire, y harponnant ses crocs fins et acérés. Elle ne put pas secouer violemment la tête pour arracher un morceau de chair au strigoï – de muscle, de trachée et de vaisseaux sanguins majeurs... – à la fois parce que Mircea la maintenait à deux mains pour qu'elle ne puisse pas bouger mais surtout parce que la jeune adolescente craignait d'enrager leur ennemi si elle osait le blesser aussi gravement. C'était sans compter sur Damir qui mordit sans aucune hésitation le grand vampire au genou, tranchant tous les ligaments reliés à la rotule en un coup de dents puis mordant à nouveau, cherchant la fémorale. Mircea chuta en arrière en poussant des rugissements de douleur et de fureur, entraînant ses deux adversaires avec lui. Son cerveau en surchauffe bouillait, menaçant de le faire basculer dans la peau d'un prédateur pur, incapable de discerner le bien du mal dans sa furie.
— Pas cool... éructa-t-il. Pas... cool...
Il sentait peu à peu que le nombre de solutions viables qui s'offraient à lui s'amenuisaient et pouvaient sans doute se compter sur les doigts d'une main lorsqu'il décida de tenter une technique que Vlad l'Empaleur avait oser utiliser sur lui il y avait quelques années. Vlad avait réussi à calmer une fureur effroyable de son demi-frère en utilisant la technique de l'Odeur de Lait. Sans hésiter plus longtemps, Mircea satura le trailer de ces phéromones puissantes et il sentit instantanément les mâchoires de ses deux petits agresseurs se détendre aussitôt, leurs dents pointues disparaître dans leurs gencives et leurs corps se relâcher. Il recula un peu pour s'adosser à l'une des parois du véhicule, pataugeant dans une mare de son propre sang.
— Rah... ça va mettre des heures à cicatriser.
Il tenait sous chaque bras un moroï et se forçait à respirer lentement. Une faiblesse, consécutive à l'usage de phéromones et à la perte brutale de sang, le saisit et il sentit la tête lui tourner. Les deux enfants, sentant sa poigne faiblir, se tortillèrent et parvinrent à lui échapper sans trop de difficulté.
— Bande d'asticots...
*
Amika eut quelques instants l'idée de se séparer de son frère afin de servir d'appât mais réalisa très vite qu'il n'hésiterait aucunement à faire demi-tour dès qu'il serait hors de vue afin d'affronter leur poursuivant sans hésiter. Courir. Courir à en perdre haleine, c'était tout ce qui leur restait à faire. Les oreilles légèrement effilées de la jeune fille détectèrent, plus à l'ouest, des campaniles qui sonnaient sans se lasser. Une église. Des humains s'y trouvaient. Un fumet discret lui chatouilla les narines : ça sentait quelque chose comme le poulet frit et les patates rissolées.
— Amika ! Il faut continuer à courir !
— Attends, il y a des humains, par là. Avec ce qu'il se passe en ce moment, peut-être que c'est au milieu d'eux qu'on pourra se cacher. Il n'oserait pas... enfin...
— Ouais... il n'oserait pas... grimaça Damir sur un ton moqueur. Comme si c'était pas lui qui avait fait un volcan devant toutes les caméras des humains.
— Damir, maman et papa ont dit que tu devais m'obéir !
— Parce qu'ils croient que t'as un cerveau. Croyaient... se corrigea le garçon d'un ton soudain étranglé.
— Sois pas bête, lui fit sa sœur en le prenant par les épaules. Ils ne voudraient pas qu'on pleure. Viens. C'est par là, ça n'a pas l'air d'être très loin.
Prétendre que leur visage se décomposa en réalisant que leur ventre les avait menés droit sur un monastère. L'église s'élevait au-dessus de murs de pierre de deux mètres et l'entrée consistait en deux grilles : un portail par lequel une voiture pouvait aisément passer et une petite porte aveugle juste à droite. Ce n'était pas les cloches de l'église qui avaient sonné mais un carillon plus petit, qui venait sans doute des cuisines.
— On y va pas ! lança brutalement Damir en tournant les talons.
— Damir ! S'il y a bien un endroit où un strigoï ne va pas venir nous chercher, c'est ici.
— Papa a dit que les humains avaient des In-qui-si-teurs, maintenant ! Il l'a entendu à...
— Pas les humains de cet endroit, Damir. Arrête tes caprices. Ils n'ont sans doute même pas la radio. Ça m'étonnerait qu'ici les moines participent à l'Inquisition contre les Darkies.
— T'as dit « Darkies » ! Maman dit qu'il faut pas dire ça, que c'est une insulte !
— Maman... Maman n'est plus là, fit Amika d'un ton ferme mais moins colérique que ce qu'elle aurait voulu. Et si on veut pas prendre le risque que les moines appellent l'Inquisition, il faut se comporter comme des humains. Et dire « Darkies ». Allez, viens. Au pire ils nous disent non.
Comme Damir avait l'air d'hésiter, la jeune fille proposa un argument plus convaincant :
— Et on arrive pile au moment du repas !
*
Bon, je suis absolument navrée mais je n'arrive plus à écrire depuis un certain temps donc je n'ai que ça qui sort. J'ai déjà une partie des chapitres de la suite de l'histoire principale mais il me manque des chapitres "au milieu"... bref, c'est chiant et je suis fatiguée. Merci encore pour votre lecture et votre soutien !
Sea
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