Chapitre 1

Encore un MILLIARD de mercis à ceux qui m'écrivent ou qui postent des commentaires ou des étoiles. Vous êtes merveilleux.

Attention aux spoilers : ce spin-off si situe au cours du tome 4  de Vampire Consultant ;-)

Bisous

Sea

*

Mircea savait ce que pouvait être une enfance chaotique, aux mains de créatures haineuses. Peu après le bref voyage qui l'avait conduit en Roumanie afin d'offrir une sépulture à Traian Mormânt, Mircea avait pris la décision de s'éloigner un peu de l'effervescence provoquée par l'immense montée en puissance des orphiques et, après avoir confirmé une hypothèse qu'il avait imaginée – à savoir que son frère Radu Draculea n'avait aucune intention de poursuivre de sa vengeance les survivants du clan Miraï – le vampire était retourné près du village Miraï, absolument ravagé et où brûlait encore le profond cratère où Badr Miraï brûlait toujours. L'armée avait condamné l'accès à cette zone sur dix kilomètres de diamètre, devant évacuer un village et deux fermes manu militari. L'un des agriculteurs, furieux, avait été tué sur place car il avait tenté de résister – on parlait de l'usage d'un fusil non enregistré mais sa famille, rapidement réduite au silence, avait tout fait pour rétablir la vérité : l'homme n'avait jamais fait usage d'une arme. Il avait seulement refusé de quitter ses terres.

Mircea parvint sans vraiment rencontrer de difficulté à pénétrer sur la zone militaire interdite d'accès. Il nota que Miraï était encore en vie et que même lui ne pouvait pas approcher du cratère. Radu l'avait trop bien maudit. Il cracha dans la direction du cratère et se concentra ensuite sur les deux seules odeurs – bien faibles – qui émanaient de créatures en vie. Deux enfants. Ils avaient quitté les lieux plusieurs heures avant l'arrivée de Radu. Ils avaient émis une peur féroce avant de partir. Mircea retrouva la bicoque qui leur avait servi de foyer : à sa surprise, il y découvrit deux cadavres en putréfaction de moroï qui avaient été décapités. L'un était sans doute le père de famille et l'autre un jeune qui devait à peine entrer dans la vie adulte. Quelques morsures sur leurs bras, profondes, signalaient par leur singularité qu'elles avaient été infligées par d'autres moroï. Mircea fut surpris par la présence de ces corps : il aurait pensé que l'armée les aurait déplacés ou conservés pour pouvoir les étudier. Les humains étaient désormais en guerre ouverte contre ces créatures et auraient eu tout intérêt à les étudier. Les disséquer. Ils le faisaient déjà.

Mircea se contenta de saisir deux couvertures humides et irritantes couvertes de punaises de lit pour les jeter sur les cadavres. Sans aucun doute, songea-t-il, ces deux-là s'étaient opposés aux ordres du conseil des Anciens de leur clan. Il s'engagea dans la recherche des deux survivants moroï, fasciné par la facilité qu'il avait à suivre leur trace, qui devait être pourtant bien mince. La nuit se couchait très tôt et le soleil venait de se coucher lorsqu'il parvint en vue d'une sorte de camp mobile. Des réfugiés, peut-être évacués d'un village qui se trouvait sur un « point chaud », une zone où beaucoup de darkies avaient été détectés. C'étaient de vieilles caravanes dépoussiérés pour l'occasion. L'une d'elles se trouvait un peu à l'écart. Une roue manquait et elle tenait sur un parpaing. Bancale et petite, les rideaux tirés devant la fenêtre laissaient néanmoins filtrer un rayon de lumière.

*

— Damir.

— Quoi ?

— Cache-toi sous le lit, Damir.

— Quoi ? Pourquoi ?!

Amika, qui avait près de treize ans, saisit son frère de sept ans par les poignets et le foudroya du regard :

— Tu te souviens de ce que papa a dit ?! Avant qu'on doive partir ?

— Mais...

Vite !

La jeune fille précipita son frère vers le lit une place aux draps crasseux qu'ils partageaient depuis qu'ils avaient trouvé refuge dans ce camp d'humains, après que leurs parents les aient aidés à fuir leur clan. Maman et Grand-mère les avaient obligés à fuir dès que le prince et la princesse avaient été ramenés par le chef de leur clan. Maman avait compris. Papa aurait préféré qu'ils restent mais il s'était rallié à l'avis de sa mère et de sa femme quand il avait appris que Traian et Valeria Mormant avaient été enfermés dans une Salle Rouge. Rien de bon n'allait être tiré de tout cela et les autres membres du clan étaient trop lâches ou trop faibles pour s'opposer à Badr Miraï. Papa avait dit qu'il fallait que tous les adultes restent et fassent semblant que leurs enfants tenaient le lit. Ou qu'ils étaient punis. Peu importait. Papa avait juste fait promettre à Damir d'obéir à Amika, sa grande sœur. Ils avaient fui et avaient pu capter des bribes d'information à la télévision abandonnée dans la caravane. Papa avait appris un tas de trucs à Damir et Amika. Des trucs d'humains. Des trucs interdits. Cela avait permis aux deux enfants de bénéficier d'eau semi-courante et d'électricité, en plus d'un accès partiel à certaines chaînes de la TNT. Quand le vent ne soufflait pas trop fort. Amika pensait que les Draculea ne les poursuivraient pas, eux. Qu'ils ignoreraient jusqu'à l'existence des deux enfants. Grand-mère avait dit qu'il ne faudrait pas compter sur le « Prince héritier », qui était aussi un Draculea. Que le Prince héritier était le grand frère des deux Mormant capturés. Que le Prince héritier était très grand, très fort, et très, très méchant. Quand Grand-mère avait ajouté qu'il était très bon chasseur, Damir avait lancé depuis sa chambre : « Je suis bien meilleur que lui ! Hier, c'est moi qui ai donné des lapins à Dolia pour pas qu'elle se fasse taper par son père ! » Maman avait lancé un regard soucieux à Papa et Grand-mère avait marmonné dans une vieille langue des malédictions contre le père de Dolia, qui avait beaucoup encouragé l'enfermement des enfants Mormant dans la Salle Rouge.

Amika avait volé dans une parfumerie trois eaux de parfum masculines et en avait imprégné sa peau ainsi que celle de son frère Damir. Elle en mettait partout autour du mobile home qu'ils occupaient, histoire de trahir l'odorat d'un potentiel strigoï en chasse. Ils puaient et en avaient mal à la tête, mais Amika savait que cela couvrirait un tant soit peu leur odeur de moroï.

Las.

La silhouette massive et l'odeur marquée de Mircea avait alerté Amika qui n'avait eu d'autre choix que de rejoindre son benjamin dans la trailer house et de prier Grand-mère et Maman et Papa de les protéger contre la haine du monstrueux vampire qui les avait retrouvés.

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