Chapitre XXXVIII

Hugo sortit du magasin, un immense sourire aux lèvres. Il avait bien fait de demander à Alexei de l'accompagner choisir sa tenue, il avait eu une idée parfaite. Un costume bordeaux avec un veston noir brodé d'or assorti au col de la veste et au nœud papillon, le tout complété par une chemise blanche. Cela ferait ressortir ses cheveux blancs et ses jolis yeux marrons-verts. Le blond prit son bras et s'écria joyeusement :

- Maintenant, on va aller dans un joli petit café parisien et on va attendre Clémence pour lui choisir sa tenue à elle aussi ! Ta témoin doit être parfaite !

- Toi aussi, il faudra qu'on te trouve quelque chose. Et à Aiden.

- Oui, oui, il va nous rejoindre au café aussi. Je m'occuperai de tout aller chercher quand les retouches seront faîtes, ça évitera que ton beau prince charmant ne le voit avant l'heure.

L'étudiant rigola en hochant la tête. Cette sortie avec Alexei lui faisait un bien fou, quelques semaines après avoir appris qu'il devrait redoubler sa deuxième année de droit. Il s'était senti mal face à cet échec, mais heureusement pour lui il était bien entouré. Il se rappela de la main de Aaron qui avait serré son épaule avec force pour le rassurer, quand il avait vu le mot « ajourné » à côté de son prénom. Puis il avait levé la tête vers les balcons de l'étage et les avait désignés à son soumis. Il n'avait pu s'empêcher d'exploser de rire, se rappelant qu'il y avait un peu plus d'un an, Aaron l'observait de cet endroit. Un sourire naquit sur ses lèvres quand il repensa à cet instant.

Il était si absorbé par cette pensée agréable qu'il ne remarqua pas que son ami et lui était suivi par un groupe de garçons depuis plusieurs minutes déjà. Tout le contraire du mannequin qui tira légèrement sur son bras pour lui faire presser le pas. En le sentant faire, il haussa un sourcil interrogateur dans sa direction mais son aîné n'eut pas le temps de lui expliquer. Deux adolescents venaient d'arriver en face d'eux pour leur bloquer la route. En se retournant, Alexei constata que le groupe qu'il avait remarqué était déjà derrière eux, leur retirant tout moyen de fuite. Il sentit Hugo se tendre à côté de lui et respirer plus fort. Il lui lança un regard se voulant le plus rassurant possible avant de hausser la voix :

- Je peux savoir ce que vous nous voulez ?

- On aime pas les PD comme vous, exposa l'un des garçons en s'avançant.

- Qu'est-ce qui te fait dire que l'on est gay, au juste ?

- La manière dont tu tiens le bras à l'autre, là, ça fait tapette, continua-t-il en crachant à leurs pieds.

Le blond grimaça légèrement et lança un regard vers Hugo. Ce dernier semblait vraisemblablement être en pleine crise de panique. Il ne serait donc pas en mesure de se défendre ou de courir prévenir des personnes de ce qui se tramait. Il se maudit d'être passé par une rue un peu moins fréquentée pour atteindre plus vite le lieu de rendez-vous. Il aurait pu éviter ça. Mais à présent, il devait gérer. Le moindre faux pas et ces gamins les tabasseraient sans merci. Et à un contre cinq, il ne ferait pas le poids. Il tenta le tout pour le tout, effrayé à l'idée de ce qui pourrait leur arriver.

- C'est mon petit frère, on ne sort pas ensemble. On peut y aller, maintenant ?

- Je crois pas à son histoire, s'écria un autre adolescent.

- Ouais, moi non plus. Homo et menteur, t'as toutes les qualités toi, hein ?

Alexei ferma les yeux et serra plus fort le bras du décoloré, s'y accrochant comme il le pouvait pour trouver la force de se battre. Il remercia silencieusement Christian de lui avoir appris quelques trucs d'autodéfense et lâcha le plus jeune en chuchotant :

- Il va falloir que tu cours, mon petit ange, que tu cours le plus vite possible et que tu préviennes quelqu'un. Je te fais confiance.

Puis il le poussa de toutes ses forces sur le côté. Surpris, ceux qui les entouraient le laissèrent passer.

- Cours, hurla le blond, cours, Hugo !

L'étudiant jeta un regard perdu vers lui. Il le vit hésiter un peu, calculer si c'était la bonne décision. Enfin, après ce qui lui paru durer plusieurs minutes, il le vit s'éloigner en courant vers une rue adjacente. Il sourit légèrement, soulagé. Au moins, Hugo serait sauf...

~~~

Hugo entra à la boulangerie la plus proche, hors d'haleine. Le fait de se faire bousculer et crier dessus par Alexei lui avait remis les idées en place, éloignant momentanément la crise d'angoisse qui était montée en lui quand ils s'étaient fait encerclés. Le vendeur, qui tendait une baguette à une cliente, le regarda en haussant les sourcils et demanda :

- Vous allez bien ?

- M-mon ami... Il... Il est dans la rue d'à côté... Des... des...

- Calmez-vous, nous ne comprenons rien, expliqua la cliente qui devait avoir dans la quarantaine.

- Non ! Non ! Je peux pas attendre ! Il faut se dépêcher ! Il est en danger, il... les garçons... Ils voulaient nous tabasser... s'il-vous-plaît...

La cliente sortit rapidement son téléphone pour appeler la police, comprenant l'urgence de la situation. Elle s'approcha de lui et posa sa main douce et fraîche sur son bras pour le rassurer. Pendant ce temps, le vendeur s'était précipité dans l'arrière-boutique et en ressortit à peine quelques secondes plus tard accompagné de deux jeunes femmes et d'un homme avec des tabliers couverts de farine.

- On va aller aider votre ami ! Restez-ici le temps que la police arrive !

L'étudiant aurait voulu protester. Vraiment, il voulait les suivre et leur donner un coup de main. Mais sa voix s'était envolée. La panique, qui avait été écartée par l'adrénaline de la fuite revenait au grand galop et tout son corps le lâchait. La femme le retint de justesse quand ses jambes tremblèrent trop pour le retenir et il fondit en larmes. Il remarqua qu'elle avait raccroché avec les secours quand elle caressa son dos et ses cheveux pour essayer de le calmer.

- Il y a quelqu'un que je peux appeler pour t'aider, demanda-t-elle en voyant que c'était inefficace.

Toujours incapable de prononcer le moindre mot, Hugo hocha faiblement la tête et sortit son portable. Ses doigts tremblant le déverrouillèrent tant bien que mal et il appuya sur le raccourci lui permettant d'appeler Aaron. La cliente prit l'appareil et le mit contre son oreille.

- Oui, Hugo ? Je croyais que l'on avait dit que l'on ne s'appelait aujourd'hui, petit rebelle...

- Bonjour, je suis Silvy, se présenta-t-elle en retenant un sourire, je suis avec Hugo actuellement. Il vient de me dire de vous appeler pour l'aider, il fait une crise de panique.

- Une crise de panique ?! Merde. Et Alexei ? Il n'est pas avec lui ? Il sait comment le calmer, il pourrait...

- Je crains que son ami ne soit pas disponible pour le moment, expliqua calmement Silvy, votre compagnon est arrivé en courant dans la boulangerie pour nous prévenir qu'ils venaient de se faire agresser.

- Agresser...putain... désolé, je... vous pouvez nous dire où vous êtes ? On arrive. En attendant, faîtes-lui écouter le bruit du vent ou des vagues, s'il-vous-plaît.

- D'accord, je vais faire ça, acquiesça-t-elle avant de lui donner l'adresse de la boulangerie.

- On est pas très loin, on sera là d'ici cinq minutes. Merci de m'avoir prévenu.

Et effectivement, cinq minutes plus tard, Silvy vit un bel homme roux entrer dans la petite boutique suivit par deux châtains. L'un deux semblait tout aussi stressé que le rouquin et fouillait du regard la pièce avant de contracter la mâchoire. Hugo, qui s'était retourné en les entendant arriver, tendit la main vers le jeune homme aux étranges yeux dorés. Ce dernier la saisit avant de le tirer doucement contre son torse. Sa grande main se posa doucement autour de sa nuque et il caressa doucement les cheveux à la base de son pouce, lui répétant qu'il était là et qu'il n'avait plus rien à craindre...

~~~

Blottit contre Aaron, Hugo avait enfin réussi à s'endormir. Le roux caressait doucement ses cheveux et embrassait son front dès qu'il semblait commencer un cauchemar. Il entendit la porte s'ouvrir et leva la tête vers Christian. Ce dernier s'assit sur la chaise du bureau en face du lit de sa chambre d'ami et chuchota :

- Alexei va bien. Il a quelques hématomes mais les secours sont arrivés assez vite.C'est grâce à Hugo.

- Il l'a sauvé aussi. Il a pu sortir ?

- Oui. J'aurais aimé le garder un peu près de moi mais... Enfin, l'important c'est qu'ils s'en soient sortis et que ces ados aient été arrêtés. Ça va aller pour lui ?

- Hugo est fort. Il passera au-dessus de ça. Il est déjà passé au-dessus, à vrai dire. C'est juste que ça lui rappelle de mauvais souvenirs...

Et Aaron ne s'était pas trompé, car une semaine plus tard, Hugo allait déjà mieux. Il n'oublierait pas ce qui s'était passé pour autant, non. Mais il savait que ce n'était pas de sa faute. Lui et Alexei avaient d'ailleurs décidé que leur sortie shopping ne finirait pas écourtée ainsi et en avait organisée une autre pour le week-end suivant.


Parce qu'il fallait bien vivre malgré tout, et ne jamais laisser les autres gagner. Comme Hugo n'avait pas laissé gagner son père. Comme Aaron n'avait pas laissé gagner sa peur d'aimer.

HEEEEEEEEEEEEEYYYYYYYY !!

J'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! Pour ceux.celles qui aimeraient la version de Alexei, elle sera disponible dans l'histoire que je ferais sur lui après le Prince et l'Agneau et que je devrais sortir d'ici janvier je pense !

Sinon, sachez que... Le Prince et l'Agneau est bientôt fini. Et oui, le prochain chapitre, c'est l'épilogue ! Ça me donne envie de chialer de le dire !

Bref sur ce, des bisous !

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