Chapitre VIII

Deux semaines. Ça faisait deux semaines que son monde s'était écroulé. Hugo avait totalement disparu de la circulation, que ce soit pour lui ou ses amies. Il ne répondait à aucun message sur les réseaux et personne ne savait ce qu'il devenait. Malgré lui, Aaron ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Il savait que ce n'était pas normal. Il le savait. Mais que pouvait-il faire ? Il était détruit et il ne voulait pas se battre si c'était pour l'être encore plus.
Il hurla et donna un nouveau coup dans le sac de frappe, attirant l'attention des quelques élèves dans la salle de boxe. Il était venu tôt aujourd'hui, il avait envie d'éviter les questions de Julien. Ce sale gamin n'avait fait que lui faire remarquer qu'Hugo n'était pas là et ça l'avait rendu fou, alors il préférait l'éviter. Quand il le vit arriver, un lycéen bouclé à ses côtés, il grogna et termina de donner des coups. Il les observa disparaître dans le vestiaire en rigolant avant de retirer ses gants et les lancer sur le banc, près de sa serviette et sa bouteille d'eau.

"- Tu aimes la vue, chéri ?
- Elle est très excitante, Prince."

Il grimaça au souvenir qui l'assaillit. C'était comme ça tout le temps. Peu importe où il était, les souvenirs étaient là. Vifs, douloureux, lui rappelant ce qu'il avait perdu et n'aurait plus jamais. Il soupira longuement et attrapa sa bouteille pour boire.

- Tu frappes n'importe comment.

Le roux se tourna vers Henry, qui avait posé ses fins yeux gris sur lui.

- J'ai juste besoin de me défouler, répondit-il sèchement en posant sa bouteille.
- Alors fais ça chez toi, Aaron. Ici, tu viens pour boxer.

L'avocat grogna et attrapa sa serviette. Il était à fleur de peau. La moindre remarque l'énervait encore plus qu'il ne l'était déjà et plus rien ne lui permettait de se calmer. Habituellement... Habituellement, il y avait Hugo mais maintenant il n'y avait plus personne.

- Je vais y aller.
- Aaron, je n'ai pas fini de...
- Lâchez-moi, le coupa-t-il en attrapant ses affaires.

Il se rendit dans les vestiaires et s'assit sur le banc. Il fixa ses poings totalement abîmés sous les bandages et soupira tristement. C'était le seul moyen de l'empêcher de péter un câble ou d'aller trouver de quoi oublier tous ses problèmes. Frapper. Les murs, son sac de frappe, les autres élèves de boxe qui acceptaient de combattre contre lui... Mais il savait que ça ne durerait pas. Il finirait par devenir fou. Il ferma un instant les yeux mais les rouvrit presque aussitôt. À chaque fois, c'était pareil. Il voyait Hugo, lui souriant tendrement alors qu'il dansait ensemble au club et il voyait tout cet amour dans ses yeux... comment tout avait-il pu se briser ainsi ?
Le vibrement de son téléphone attira son attention et il décrocha sans prendre la peine de regarder l'interlocuteur.

- Allô ?
- Tu pourrais paraître plus enjoué quand ton meilleur ami t'appelle, répondit Jean.
- Hugo m'a quitté, du con, comment tu veux que je sois heureux ?
- Ugh, parce que je t'appelle à propos de ça. On a fait marché nos contacts sur Cherbourg et avec l'aide de ses amies on a peut-être trouvé quelque chose. Je ne pense pas que ça te plaise de voir ça mais...
- Viens-en au fait, Jean.
- On arrive ce soir. Ah, et Clémence a dit qu'elle et Camélia débarquaient chez toi dans vingt minutes. On a sûrement quelque chose.
- Ok.

Il raccrocha sans un mot de plus. Que pouvait-il ajouter de toute façon ? Les autres se donnait plus à fond que lui-même pour savoir ce qui s'était passé... Résigné, il se changea et sortit de la salle de sport sans un regard pour son coach. Une fois dans le parking, il monta dans sa voiture mais il fut obligé de faire une pause. À nouveau des souvenirs...

"Hugo lui fit un doigt d'honneur et il explosa de rire. Il était mignon attaché comme ça à sa portière...

- Tu sais que les méchants garçons, je les punis ?"

- Putain !

Il n'en pouvait plus. Il avait l'impression de le voir partout. Tout le temps. Mais il n'était plus là. Il ne serait plus jamais là. Il l'avait laissé seul, il l'avait abandonné... et le pire de tout, c'est qu'il ne lui avait même pas dit pourquoi.

~~~

- Tu peux pas jouer quelque chose de plus joyeux, soupira Clémence alors qu'il commençait les premiers accords de The Night we met.
- Pas envie, grogna-t-il sans oser lui accorder un regard.
- Raaah, putain t'es chiant ! Écoute, chante et filme, t'arrêteras de nous faire chier à déprimer comme ça ! Nous aussi on s'inquiète je te signale.
- Je m'inquiète pas, répondit Aaron en levant la tête, je suis juste triste et j'aimerais qu'on arrête de me faire penser à lui, compris ?!
- Calme-toi, Aaron, intervint Camélia, on est là pour toi... je peux t'aider avec ta musique, si tu veux... en attendant que tes amis arrivent.

Il hésita un instant avant d'hocher la tête. Peut être que ça l'apaiserait un peu... et lui éviterait d'arracher la tête de Clémence ! La petite Camélia l'aida à installer ses caméras et son micro puis à accorder son piano en appuyant sur les touches qu'il lui indiquait. Quand tout fut près, il s'assit et lança un regard vers la jeune fille.

- Tu veux faire les cœurs ?
- Tu penses ? Je ne chante pas très bien...
- Je t'accompagne, Mémé, si c'est juste ça...

Il s'écarta pour leur faire une petite place sur le siège et posa les mains sur les touches du piano. Il hocha la tête pour leur faire signe de commencer et attendit un peu avant de débuter la mélodie. Ce fut ensuite au tour de sa voix de s'élever. Grave, légèrement rocailleuse et surtout très mélancolique...

- I am not the only traveler... (Je ne suis pas le seul voyageur...) Who has not repaid his debt... (Qui n'a pas remboursé sa dette...) I've been searching for a trail to follow again... (J'ai cherché une piste à suivre à nouveau...) Take me back to the night we met... (Ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) And then I can tell myself... (Et ensuite je pourrais me dire...) What the hell I'm supposed to do... (Que diable suis-je censé faire...) And then I can tell myself... (Et puis je pourrais me dire...) Not to ride along with you... (De ne pas me promener avec toi...) I had all and then most of you, some and now none of you... (Je t'avais entièrement puis en partie, un petit peu et maintenant je n'ai plus rien de toi...) Take me back to the night we met... (Ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you... (Je ne sais pas ce que je suis censé faire, hanté par ton fantôme...) Oh take me back to the night we met... (Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) When the night was full of terror... (Quand la nuit était emplie de terreur...) And your eyes were filled with tears... (Et que tes yeux étaient remplis de larmes...) When you had not touched me yet... (Quand tu ne m'avais pas encore touché...) Oh take me back to the night we met... (Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) I had all and then most of you, some and now none of you... (Je t'avais entièrement puis en partie,
un petit peu et maintenant je n'ai plus rien de toi...) Take me back to the night we met... (Ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...) I don't know what I'm supposed to do, haunted by the ghost of you... (Je ne sais pas ce que je suis censé faire, hanté par ton fantôme...) Oh take me back to the night we met... (Oh ramène-moi à la nuit où l'on s'est rencontrés...)

Il termina les derniers accords sans tenter de stopper les larmes qui coulaient le long de ses joues. Oh... qu'il aimerait retourner à ce jour. Qu'il aimerait le serrer à nouveau contre son corps... Mais cette fois... cette fois, il se laisserait aller plus rapidement, cette fois il n'attendait pas deux mois avant de sortir avec lui. À moins qu'il choisisse quelqu'un d'autre ? Quelqu'un à qui il n'aurait jamais reparlé... Il fixa la surface blanche de son piano en y réfléchissant, alors que Clémence prenait les choses en mains pour éteindre la caméra...

"Aaron appuya sur les dernières touches du piano en plongeant son regard miel dans celui du plus jeune qui lui souriait, hypnotisé par la lueur malicieuse qui y brillait alors qu'il se penchait à son oreille pour chuchoter :

- Tes trois heures viennent de se terminer, petit agneau...

Hugo laissa son corps se tendre vers son aîné qui attrapa ses hanches et le fit asseoir sur l'instrument. Il lui ouvrit les jambes et l'embrassa en se glissant entre elles. Ce fut à ce moment qu'il choisit d'éteindre la caméra sans que le jeune homme s'en rende compte, les yeux fermés par le baiser enflammé qu'il lui offrait. Leurs langues se mêlaient avec sensualité, celle du roux dominant la danse alors qu'il glissait sensuellement sa main sous le t-shirt de son amant."

Évidemment. Il avait fallut qu'ils fassent l'amour partout dans cette maison. Il soupira, las que ses souvenirs le torturent ainsi, et se leva.

- Je vais la poster dans ma chambre, annonça-t-il en prenant la carte SD, appellez-moi quand Jean et les autres arrivent.
- Pas de problème...
- À tout à l'heure...

HEEEEEEEEEYYYYYYYYYYY !

Le retour de la dépression ! Pour vous mettre de bonne humeur, je vais vous chanter une chanson : MERCUROCHROME LE PANSEMENT DES HÉROS, HEY, MERCUROCHROME LE PANSEMENT DES HÉROS !

Pardon, je viens de me lever je suis fatiguée...
J'espère que vous avez aimez !!

Bisous !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top