Retour a Poudlard

« JOYEUX NOËL ! » S'écria une Ginevra folle de joie.

Elle reçut en réponse des regards moroses et des geignements plaintifs de la part de ses compagnons. En effet, les jumeaux Weasley avaient débarqué à une heure du matin, chargés d'alcool, muggle ou non, et les avaient entraînés dans une immense fête de Noël – le terme « beuverie » étant le plus approprié, mais Ginevra était une princesse – et le retour à la réalité, accompagné de fortes migraines et nausées, se chargeaient de les faire dessoûler. La jeune femme soupira en constatant ce fait, et secoua la tête.

Les Jumeaux ricanèrent en se tenant mutuellement afin de ne pas tomber. Draco se frotta le front, comme si ça pouvait faire partie sa lancinante migraine. Alycia se leva et se mit à ranger sans un mot, mais avec un sourire qui en disait autant que n'importe lequel discours. Ginevra rit un peu, grimaçant lorsque sa tête protesta, et se mit, elle aussi au travail pendant que Draco allait chercher des potions contre la gueule de bois.

Ils en avaient vraiment besoin après une nuit d'insomnie à se griser grâce à l'alcool.

Alors que le soleil approchait de son zénith, deux silhouettes familières se profilèrent à la fenêtre. Tom et Erèbe, après s'être rhabillés et – dans le cas d'Erèbe – re-transformé en humain, avaient repris la marche vers le chalet. Sauf que... Ils n'avaient pas la moindre idée du chemin à prendre ! Pris par l'urgence du désir, ils s'étaient précipités à la recherche d'un refuge sans regarder où ils allaient.

Ils s'étaient complètement perdus.

Après avoir erré pendant des heures, la Magie leur avait rappelé leur condition de sorcier/créature et ils avaient enfin pensé à utiliser un sortilège de « pointe au Nord » pour retrouver la route. Et après diverses disputes pour noyer le poisson, ils avaient finalement réussi à retrouver le chalet.

Dans la honte.

Erèbe ne disait plus grand-chose. Il savait qu'un jour où l'autre, leurs désirs les pousseraient à ce genre d'action – et il n'était pas prude que diable – mais il ne savait pas si c'était une bonne chose d'avoir été si loin aussi rapidement.

Peut être « Harry » aurait-il pu répondre à la question. Quoique non. Erèbe l'idéalisait un peu. « Harry » n'avait aucune expérience. Il aurait rougi et serait resté silencieux.

Pire qu'Erèbe en somme.

« Aah... Arrête... Ough... Pa... Par... PITIÉ ARRÊTE CA ! »

Les yeux exorbités par la douleur, Pettigrew haletait, les traits déformés. Erèbe retira lentement sa main du bras mutilé et cessa d'appuyer sur les blessures à vifs. La jambe tordue dans un angle étrange tressaillit lorsque le Prince s'y assit, prenant une moue pensive pour répondre, un rictus aux lèvres.

Pettigrew hurla.

« Que j'arrête ? Pourquoi ? Ta trahison a coûté la vie à mon hôte, a coûté la vie à Harry et l'a privé de bonheur. Et je devrais avoir pitié ? »

Un nouveau cri lui répondit alors que ses doigts couverts de rouge détruisaient la peau et s'enfouissaient dans la plaie abdominale. Avec délectation, il écarta les chairs de ses griffes, arrachant à sa victime des exclamations de souffrance.

Il élargit son sourire.

Puis, fatigué d'entendre les gémissements plaintifs et pitoyables du rat, il enfonça sa main dans sa gorge et lui arracha tout ce qui passait à portée de ses doigts, aidé de la magie. Un rire lui échappa alors qu'il contemplait le petit homme se vider de son sang. Il ne lui restait que quelques heures à vivre, et il allait se faire plaisir en les lui rendant insupportables !

Il léchait l'hémoglobine qui coulait sur son bras quand la porte du cachot s'ouvrit sur la silhouette de Tom, qui grimaça en voyant l'état de son allié. Erèbe avait les yeux écarquillés lui aussi, une flamme délirante dans le regard vairon. Un peu de sang suintait de sa bouche et l'on voyait ses dents rougies. Ses mains griffues tremblaient d'excitation. Ses vêtements étaient tachés de sang, et une immense déchirure ruinait son tee-shirt autrefois blanc.

Tom soupira et prit doucement la parole, veillant à ne pas effrayer l'animal fou qu'était devenue son âme-sœur :

« Erèbe, il est temps de repartir à Hogwarts. Ginevra et les autres t'attendent impatiemment, et tu n'as pas vérifié tes valises pour voir si tu n'as rien oublié. »

Le prétexte était stupide mais Tom n'avait rien de mieux en tête quand il voyait le torse blanc et les traînées carmines qu'il avait envie de lécher. Erèbe l'observa un long moment, les pupilles réduites à des fentes. Puis, lentement, il hocha la tête, ne perdant pas le contact visuel. Il se leva et s'approcha de la sortie, essuyant machinalement ses mains en les traînant contre le mur déjà empli d'éclaboussures cramoisies.

Tom sourit en constatant ce fait et passa son bras par-dessus l'épaule de son futur amant. Jetant un regard méprisant pour le corps défiguré derrière eux, il chuchota :

« Tu comptes le laisser comme ça ? »

Sous-entendu, m'en laisseras-tu ? Erèbe ne répondit rien et lui fit un immense sourire sarcastique. Puis il l'embrassa légèrement, tachant la bouche et le menton du mage qui se lécha les lèvres, sentant le goût de fer qu'avait le sang humain.

Dans le cachot, Peter soupira de soulagement, grimaçant en sentant le liquide chaud dans ses oreilles. Un petit couinement le fit sursauter, tiraillant ses blessures. Il tendit l'oreille et en perçut un autre. Puis un autre. Encore un. Il sentit un mordillement contre sa joue. Il baissa les yeux.

« ! »

Lorsque la salle se vida des énormes rats noirs aux yeux écarlates, il ne restait plus rien. Grâce aux bons soins d'Erèbe, ils avaient fait un festin de roi.

Même s'ils avaient mangé l'un des leurs, tout était bon pour leur survie.

Lorsqu'ils revinrent des cachots, beaucoup de courtisans s'écartèrent en regardant avec une crainte et un respect nouveau pour le Dark Lord humain : Rares étaient ceux qui parvenaient à raisonner le Prince, encore moins à réussir à l'approcher. Les créatures s'étonnaient de les voir ainsi, côte à côte, comme deux amis, où quelques choses s'en approchant. Les succubes levaient le nez, méprisantes devant ce dédain qu'ils avaient, perdus dans un monde qui n'appartenaient qu'à eux.

Lentement, Erèbe se laissait faire, laissait approcher Tom, le laissait s'emparer de son âme et de son cœur. Il ne s'en rendait probablement même pas compte, et la Magie riait de sa naïveté, tout en se désolant de ce qu'il lui avait fait fermer son esprit à tous sentiments amoureux. Heureusement, peu à peu, Tom apprivoisait Erèbe, effleurant sa main lors de leurs promenades, l'embrassant de plus en plus en dehors de leurs séances de plaisir.

Parfois, il lui disait des mots doux, promesses d'éternité à ses cotés, mais seulement lorsqu'il dormait, pour ne pas le brusquer. Mais Erèbe allait mettre en place la dernière partie du plan et Tom se sentait déchiré de devoir le laisser s'éloigner. C'est pourquoi il l'entraîna dans un couloir moins fréquenté. Erèbe lui jeta un regard à la fois, étonné et réprobateur – il l'avait sorti de sa séance de torture quotidienne et l'avait obligé à raccourcir la vie d'un traître pour ne pas arriver en retard et il se permettait de les éloigner de leur chemin initial ? – et croisa les bras, attendant l'explication.

Qui ne tarda pas.

« Je t'aime, tu sais. » Dit le Lord, sans préambule.

Le Prince en resta bras ballants, bouche bée. Non il ne savait pas. Il s'attendait à tout sauf à ça. Il ouvrait la bouche pour répondre lorsqu'une main se plaqua sur ses lèvres, l'empêchant de parler.

« Ne dis rien. Je n'attendrai rien de toi pour l'instant. Juste la promesse que tu y réfléchiras. »

Erèbe ne put qu'acquiescer, incrédule.

Etait-ce vraiment la réalité ou était-il encore dans l'un de ses cauchemars ?

Ceux où Tom lui avouait son amour et où, peu après, il mourrait.

Un rire résonna dans le dortoir où Draco, Ginevra, Théodore – nouvellement petit-ami de Blaise – le-dit Blaise et Erèbe s'étaient réfugié dès qu'ils étaient revenus à Hogwarts. Bien sûr, Erèbe avait d'abord pris soin d'avertir Dumbledore de la disparition mystérieuse de leur professeur de Potions.

Et il l'avait cru, ce vieux fou.

Ginevra ne put s'empêcher de ricaner à nouveau en re-songeant à l'affolement d'Erèbe lorsqu'il lui avait avoué la déclaration de Tom. Elle releva pensivement sa manche, observant la marque noire ondulant sur la peau. Après de nombreuses plaintes comme quoi ses deux frères l'avaient, un petit chantage affectif sur Draco pour qu'il la soutienne, et deux crises de nerfs de la part – respectivement – du Lord et de son Prince, elle avait finalement eu gain de cause. Elle était à présent fière du joli tatouage qui ornait son avant-bras gauche. Et Erèbe lui avait jeté – avec beaucoup de mauvaise volonté – un sortilège pour que les gens ne puisse le voir sans son accord.

Draco passa son bras autour de sa taille, et elle glissa sa tête dans le cou de son fiancé. Ils étaient de plus en plus proches, poussés par leur lien – et par les sous-entendus des autres aussi. Les voyant faire, Erèbe détourna les yeux, le rose aux joues. Il tomba alors sur des roucoulements agaçants venant de Blaise et Théodore.

Consternant.

Il se leva et, avec grâce, prit congé. Pansy n'était pas encore revenue d'Islande, où elle avait passé la dernière semaine des vacances, et il avait la vague idée d'aller voir Crystalla pour prendre des nouvelles de sa petite protégée.

Il heurta Luna Lovegood qui le regarda d'un air... Triste ?

« Je suis désolée Harry. Ou qui que tu sois. »

Sur ces mots, elle partit en courant.

Erèbe eut un mauvais pressentiment. Le même que le jour où les elfes avaient été tués.

Mrs Pompfrey s'essoufflait. Garder la petite en vie s'avérait de plus en plus difficile. Pourtant, elle aurait voulu réussir à faire en sorte que ses « parents » - ou au moins son créateur. Mais impossible de retrouver la trace de la famille de l'enfant.

Et Albus suggérait qu'elle soit seule au monde.

Si seule.

Poppy Pomfrey savait qu'il ne restait plus beaucoup de temps. Et avec la rentrée, il allait falloir avouer la vérité aux élèves. Il allait falloir mettre fin aux jours du vampire.

Poppy Pomfrey ferma les yeux, pour ne plus voir son échec.

Celui qui la hanterait toute sa vie.

Erèbe n'avait pas trouvé sa protégée et il devait avouer qu'il s'inquiétait suite aux paroles de Luna. Cette humaine avait toujours fait preuve d'une clairvoyance dérangeante et il savait qu'il lui faudrait l'interroger, dès que possible. Il soupira, observant une nouvelle fois le peu de personnes présentes dans la Grande Salle. La plupart des élèves étaient revenus, puisqu'il ne restait qu'un jour avant la fin des vacances et que la plupart préféraient revenir avant pour avoir le temps de ranger leurs affaires ou pour pouvoir vérifier et corriger leurs devoirs de vacances.

Mais Crystalla n'était toujours pas là alors que le dîner commençait.

Il claqua sa tête contre la table et les Gryffindor l'observèrent avec suspicion, la plupart croyant déjà que leur « Sauveur » présumé était fou.

Ils n'avaient pas tout à fait tort.

« Tu es sûre que tout va bien, Harry ? »

Il leva les yeux, la joue contre son assiette – vide – et croisa le regard inquiet de Hermione. Il fut tenté de lui sourire – les vieux réflexes de ce corps sans doute – mais il se rappela à temps les derniers souhaits de « Harry ». Il soupira à nouveau et dit, la lassitude transparaissant dans sa voix :

« Qu'est ce que tu veux, Granger ? »

« Te parler. Plus tard. »

La jeune fille s'éloigna et s'assit à coté de son rouquin de petit ami qui adressa à Erèbe un regard indéchiffrable. Le Prince remarqua la balafre ornant sa joue, rouge. Il tourna la tête vers le directeur et fronça les sourcils.

Allons bon, que mijotait-il encore ?

La compréhension lorsqu'il vit d'autres élèves boiter ou faire une grimace à certains mouvements, lui vint : un entraînement.

Albus Dumbledore entraînait ses élèves pour en faire une armée.

Un grondement de rage le secoua et ses camarades l'observèrent inquiets.

Le professeur Flitwick se mit debout sur sa chaise, se raclant la gorge pour obtenir de l'attention.

« Mes chers élèves, j'ai une bien triste nouvelle à vous annoncer. Durant les vacances, un grave crime a été commis : Quelqu'un a violemment agressé une de mes élèves de Ravenclaw. Elle est actuellement entre la vie et la mort à l'infirmerie. Nous ignorons encore qui a perpétué cette attaque mais soyez bien sûrs que les coupables seront punis. »

Il reprit son souffle et ajouta, un air désolé sur le visage.

« L'élève en question est la petite Crystalla Madgat, de troisième année. »

Un grand bruit à la table des Gryffindor le fit sursauter lorsque Erèbe et Ginevra, se levèrent brutalement et coururent vers la porte de la Grande Salle. Sans hésitation, Alycia, Draco, Blaise et Théodore se redressèrent et les rejoignirent dans un concert de murmures.

Chez les griffons, Hermione et Ron se regardèrent et à leur tour, partirent vers l'infirmerie.

Juste pour manifester un soutien.

Parce que Erèbe pourrait faire tout ce qu'il voudrait, l'amitié ne se contrôle pas.

« Oh, Merlin... » Chuchota Draco, effaré.

« Crystalla ! » S'exclama Ginevra, en pleurs.

Elle voulut s'élancer au chevet de la pauvre fillette, mais Alycia retint son bras, impassible malgré les tremblements de rage qui la secouait. Erèbe ne dit rien, se contentant de s'approcher, posant sa main sur le front glacé. Un soupir lui échappa et il dit, sa voix grondante de fureur mêlée de tristesse :

« Va-t-elle-s'en sortir ? »

L'infirmière, bouleversée de cet attachement, répondit sans retenir ses pleurs, et annonça la sentence :

« Non. »

Erèbe se détourna d'elle, murmurant des syllabes sans sens pour les personnes présentes, s'adressant à Crystalla dans la langue de la Magie, dans la langue des morts. Une bénédiction pour son esprit, une malédiction et une promesse à la vengeance pour ceux qui l'avaient tuée.

« Cela sera fait, je t'en fait la promesse, Abigaïl. »

Aucun n'osa contre-dire le Survivant, dont l'aura s'élargissait au fur et à mesure que sa colère se dévoilait, dissimulant son visage dans un masque de haine et de rancœur.

« Qu'ont-ils fait précisément ? Que lui ont-ils fait subir ? »

« Mr Potter, je ne sais si... »

« Répondez à la question. »

L'infirmière déglutit. Le ton était si froid qu'il lui semblait qu'il allait la geler.

« Elle... On... On lui a cassé les côtes, sans doute à coups de pied, et on l'a martelée de coups de lame blanche... On lui a planté des croix dans ses quatre membres et appuyé un crucifix contre son bas-ventre. Son... Son buste a été marqué au fer rouge. Et on l'a maintenue consciente. Tout ce temps. (Elle hoqueta, arrivant à la partie la plus marquante) Et... Et aussi, on l'a aspergée d'eau... D'eau bénite par un druide. Son visage en a été gravement brûlé et ses... Ses yeux... Ils ont été arrachés. Alors qu'elle était encore consciente. Alors qu'elle était encore en vie et qu'elle... Qu'elle... »

Sous le regard dur d'Erèbe, l'infirmière éclata en sanglots. Elle en avait vu des tortures, et parfois des plus cruelles. Mais qu'elles aient été perpétuées sur une enfant à l'apparence de treize ans la choquait plus que tout.

Elle craquait parce que la fille était condamnée.

« Vous dîtes « on » a fait ça... Qui ? Qui a osé poser la main sur elle ? »

« Nous... Nous l'ignorons toujours... » Répondit Flitwick d'un air embarrassé.

« Avez-vous seulement essayé de chercher ? »

« Bien sûr ! » S'indigna Mrs Pompfresh. « Bien sûr que nous avons essayé mais... »

« Mais ? »

« Personne n'a rien vu... »

« Qui l'a trouvé ? »

« Je... Je l'ai vu devant ma porte, il y a de cela une semaine. »

Erèbe la fixa un instant. Puis, lentement, il leva la main, paume ouverte, vers lui. Arrivé devant son visage, sa main décrivit un arc de cercle et, lentement, magiquement, défit le bandeau qui cachait l'œil vermeil.

Le tissu tomba au sol, dévoilant à tous ceux présents le regard vairon.

D'une voix glaciale, le Prince de l'Ombre annonça à l'assistance :

« Ceux qui ont fait ça mourront. Parce qu'on ne tue pas l'une de mes protégées impunément. »

Avec douceur et tristesse, il caressa le front, puis, tendrement, l'embrassa du bout des lèvres alors qu'il murmurait la formule d'adieu des vampires.

Le corps de Crystalla, sous les yeux médusés de l'assistance, jaunit légèrement, puis se transforma en poussière, l'existence de la petite vampire s'évanouissant dans le Néant, là où elle avait trouvé la vie.

Reposes ton esprit dans le Royaume de l'Oubli.

Le lendemain, le corps défiguré de Severus Snape était crucifié sur la Grande Porte de Hogwarts.

Merci d'avoir lue ce chapitre .

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