Est-elle encore une Weasley ?

MERCREDI

Les Weasley étaient tous venus. Arthur, quoique réticent, Molly en jouant la mère poule comme si elle n'avait pas abandonné lâchement sa fille, Bill et sa femme, Charlie, Percy et les Jumeaux. Il étaient venus malgré leur brouille avec le reste de leur famille. Bill s'occupait de Fleur, enceinte et même s'il aimait sa sœur, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle l'avait mérité, Charlie préférait ses dragons à un quelconque être humain – pas si humain que ça – mais il était venu et il était Deatheater après tout, et Percy passa en coup de vent pour ne pas prendre du retard dans son travail au ministère.

Les parents, eux, auraient préféré qu'elle meure.

Erèbe s'était cloîtré dans son dortoir, dans l'aile où on les avait mis après leur petite dispute avec les Gryffindor. Il ne parlait à personne, malgré les supplications de Luna, dont la vision de la Fin s'était rétrécie.

Elle ne voulait pas de cette Fin.

Malgré tout, le Prince restait enfermé à graver des runes sur son corps. Les multiples cicatrices, reflet de son traitement chez les Dursley, brillait d'un éclat noirâtre qui donnait au Prince un air malveillant et angoissant. Ses yeux brillants d'une fièvre névrosée étaient fixés sur ses griffes couvertes de sang vermillon qui traçaient méthodiquement des cercles et des signes de protection et de défense.

La salle délabrée avec ses murs décrépis, ses lits aux rideaux déchirés et ses meubles tombant en morceaux, renforçait le lugubre de la manœuvre.

Et la Magie l'exhortait, s'élevant par volutes de fumée noire autour de lui

Vengeons !

Tuons !

Meurtriers qui méritent que les Erynies s'abattent sur eux !

Détruisons !

Brisons !

Que notre colère les anéantisse tous !

L'envie de massacre luisait dans la lumière tamisée des bougies de cérémonie et l'ombre de la Mort planait dans l'obscurité de la chambre.

« Je tuerais tous ceux qui se mettront sur mon passage... Parce que je suis un monstre. »

Et le Prince de l'Ombre sortit de son antre.

« Comment va ma petite fifille ? Comment va Ginny ? » S'époumonait Molly Weasley avec un semblant de chagrin.

Poppy Pomfrey comprenait à présent pourquoi le Prince n'aimait pas l'idée que la famille Weasley rende visite à leur fille. Ils l'avaient renié, mais ils osaient encore jouer la comédie ? Ils osaient se faire passer pour inquiets alors que l'attitude de Molly était clairement feinte ?

Quelle hypocrisie !

Les seuls à paraître vraiment anxieux étaient les jumeaux, Fred et Georges qui scrutaient leur petite sœur, endormie depuis peu à l'aide de multiples potions. Elle était réellement gavée car, au grand souci de Poppy, les potions de sommeil n'avaient que très peu d'effet. Par Merlin, elle avait dû recourir à deux doses de la Goutte de Mort-vivant ! Pour une jeune fille d'à peine seize ans ! De plus, à chaque réveil, elle semblait de plus en plus violente, griffant l'air et ses bras, montrant les dents comme un animal acculé, se débattant dans ses cauchemars...

Poppy ne supporterait pas qu'une autre de ses patientes ne meure.

Alors elle espérait.

« Mrs Weasley, votre fille dort alors cessez de crier, c'est inutile. Les potions de sommeil ont enfin fait effet et je ne doute pas qu'elle ne se... »

« Quelles potions avez-vous utilisé ? » S'enquirent les jumeaux avec une étrange expression.

Les créatures magiques ne supportaient pas les potions humaines.

« J'ai tout essayé ou presque. C'est à ni rien comprendre, mais elle réagit à peine aux somnifères les plus puissants. »

« Les chats dorment peu. Et je vous avais dit de ne pas utiliser de potions, Humaine. »

La voix grave et le ton froid fit se retourner toute la petite famille, ajoutée de Hermione et Ronald venus aux nouvelles. Devant eux se tenait... Un Erèbe en assez mauvais état. Ce n'était pas qu'il était malade ou blessé. Plutôt qu'il ne portait pas l'uniforme mais une tenue déchirée et couverte d'un liquide sombre ressemblant au sang qui gouttait d'un peu partout sur son corps, de son visage à ses jambes, en passant par sa nuque, son torse...

Hermione étouffa une exclamation. Voir ainsi son meilleur ami recouvert de sang et d'habits dont le nom « loques » conviendrait bien mieux était assez choquant.

« Que... ! Harry mon chéri, mais qu'as-tu fait pour te retrouver dans cet état ? » S'égosilla Molly Weasley, dont le meilleur moyen de communication semblait les cris.

Arthur se contenta d'observer d'un air dédaigneux le brun à la cicatrice, ses yeux se posant avec mépris sur les restes de tissu et sur le sang qui coagulait sur la peau pâle. Fred et Georges échangèrent un regard inquiet, Charlie tenta de s'approcher, mais l'aura menaçante du jeune homme l'en dissuada, de même que Bill. Un grondement s'échappa de ses lèvres et un filet d'hémoglobine coula sur son menton. Un murmure horrifié secoua l'infirmière qui venait de comprendre l'enjeu de ce jour.

Ils étaient Mercredi et le Survivant, l'Elu, venait d'enlever son masque.

« Epargnez-moi vos paroles humaine, je n'ai que faire de vos divagations. » Cracha Erèbe.

Il s'approcha de Ginevra qui gémissait dans son sommeil plaça ses doigts froids sur le front couvert de sueur. Il souffla et chuchota avec tendresse, ses yeux scintillants de magie et de pouvoir :

« Pardon de te tirer de ta dépression mais j'ai encore besoin de toi pour la dernière bataille. »

Les témoins incongrus de cette scène touchante ne mesurèrent pas à quel point ces paroles étaient inquiétantes. Seule Hermione haleta alors qu'elle comprenait petit à petit qui était son ami.

Ginevra ouvrit ses yeux, voilés par la douleur.

« Je suis prête à la bataille. »

JEUDI

Les Weasley avaient été gentiment invités à rester à Hogwarts le temps que leur « fille » se remette de son étrange coma. Ginevra n'était plus que l'ombre d'elle-même. Elle suivait Erèbe comme son ombre mais ne réagissait quasiment plus. Même les provocations de Finnigan et des autres Créatures ne semblaient plus l'atteindre.

Le seul moment où elle avait réellement fait acte de présence fut la première fois qu'elle fut confrontée au directeur de l'Ecole. Elle était sortie de ses gonds, hurlant, crachant, laissant presque paraître sa véritable nature.

« MEURTRIER ! ASSASSIN ! SALOPARD ! » Hurlait-elle sans se soucier des regards.

La famille Malfoy qui l'avait rejointe dans son deuil, accompagnée des familles Parkinson, Zabini et Nott, acquiesçait doucement, pleurant en silence leurs enfants perdus.

« VOUS AURIEZ MIEUX FAIT DE MOURIR CONTRE GRINDELWALD ! »

Touché.

Dumbledore sentit son calme apparent partir en fumée.

« Silence petite effrontée !Je ne suis pas l'assassin de mes élèves. Voldemort, le Seigneur des Ténèbres est le responsable de tout ! »

« N'accusez pas sans savoir ! Vous ne savez rien, rien de Tom ! Et jamais, JAMAIS, il n'aurait envoyé ses Deatheaters à la mort. »

Le silence s'était fait alors que chacun assimilait la complicité évidente de la jeune fille avec le Dark Lord. Arthur fulminait et, accompagné de Moody (Fr : Fol Œil), s'était mis à son tour à vociférer :

« Comment OSES-TU mettre en doute la parole de ce cher Albus ! Hein ? Pauvre sotte ! Ingrate ! J'avais dit à Molly qu'une fille nous apporterait des ennuis ! Vous êtes juste bonnes à faire la cuisine et à enfanter. » Ricana-t-il.

Une clameur s'éleva de la foule des élèves, choqués et en colère mais Erèbe coupa court en sifflant :

« Vous n'êtes pas mieux, stupide cancrelat visqueux. Vous auriez mieux fait de ne pas naître ! Ou de mourir ! Oui, c'est une bonne idée ! Que diriez-vous de mourir ? »

Un rire hystérique le prit alors qu'il répétait en une litanie les mots « mourir » et « tuer »... Le coup de grâce...

J'aurais préféré ne jamais te mettre au monde(1)

Les sorciers regardaient avec consternation l'Elu qui, s'il s'était changé, arborait toujours diverses cicatrices de runes un peu partout et le sang continuait de goûter. Hermione, en bonne intello, se demandait d'ailleurs comment il faisait pour ne pas tomber en anémie.

« Ha... Harry ? Mo... Mon ché... ri ? » Balbutia Molly Weasley.

« Vous me dégoûtez ! Vous n'êtes qu'une infâme engeance qu'il vaudrait mieux exterminer ! je comprends mieux pourquoi vous placez sur les épaules d'un enfant, le poids d'un monde. Vous n'êtes que des couards, des êtres faibles d'esprit et d'âme ! Pourquoi, hein ? Pourquoi devrais-je tenter de vous défendre quand vous n'essayez même pas de vous protéger vous-même ? »

A nouveau un rire le secoua. Il roulait des yeux, laissant transparaître sa magie autour de lui, son aura maladive. Son sang bouillonnait dans ses veines, faisant trembler chacun de ses membres et lui rendant l'esprit confus.

« Vous me rendez malade. »

Il le faisait très bien tout seul songea Filius Flitwick. Il aurait été préférable de surveiller sa santé.

« Si vous voulez vraiment survivre, suivez mon conseil. Respectez la Magie et ses enfants. Craignez ceux qui possèdent le don de se faire entendre d'elle et de dialoguer. Et surtout, surtout... Cessez cette guerre inutile. » Articula finalement le Prince.

Personne ne trouva à répondre.

VENDREDI

L'état d'Erèbe s'aggravait. L'énergie qu'il utilisait pour maintenir Ginevra en état de se battre l'épuisait et l'excitation de la dernière bataille le gardait perpétuellement dans un rêve éveillé qui le rendait irascible et embrouillé. Son lien avec Tom n'arrangeait rien car la présence de son amant pulsait aux barrières de son esprit, le désarçonnant.

Plus qu'un jour.

Plus qu'une seule journée à tenir et cette mascarade cesserait.

« Harry ? Sors d'ici s'il te plaît... »

La voix de Hermione tira le Prince démoniaque de ses songeries. Il redressa la tête, le sang de son repas coulant sur son menton blême. Il ne voulait pas parler aux traîtres.

« ... Harry ? »<

« ... »<

« Je sais que tu est là. Luna me l'a dit. »

Effectivement, il ne pouvait nier qu'une Moire était toujours facilement au courant de choses qu'elle ne devrait pas savoir.

« Je suis désolée pour ces morts. Mais j'aimerais que tu m'expliques. »

Evidemment. Elle avait toujours voulu tout savoir. La connaissance était son garde-fou, son repère. Si elle ne savait pas, elle était perdue.

« Je n'ai rien à dire. »

« Harry ? »

« Tu voulais que je parle, non ? Je n'ai rien à dire. »

« Menteur. Leur mort te touche. Tu aurais voulu qu'ils vivent. Ça au moins, ça n'a pas changé. Tu as toujours eu le complexe du héros. »

« Je n'ai pas de complexe. »

« Oh que si. » La voix d'Hermione était amusée.

« Laisse-moi. »

« Non. »

« Je suis un ennemi maintenant. »

« Même si nos camps sont opposés, tu es mon meilleur ami. Ronald aussi est ton ami. Nous t'aimerons toujours, qui que tu sois. »

Il se releva brutalement, pris d'un accès de colère et ouvrit la porte branlante, montrant à la jeune fille son apparence négligée, sa maigreur effarante, les cernes due aux insomnies, le sang qui maculait ses vêtements, ses mains et son visage.

« Le pourras-tu si je te disais qui je suis vraiment ? »

« Tu vois que tu as quelque chose à dire. »

Hermione avait un peu pâli en voyant l'état de son meilleur ami. Mais elle semblait s'être reprise. Erèbe grimaça, rendant son apparence encore plus effrayante.

« Je suis le Prince de l'Ombre. »

SAMEDI

Il avait suffi de quatre jours. Si peu de temps. Ginevra en était toute étonnée. C'était si facile de déclencher la guerre ? Deux phrases et le quotidien volait en éclat. Elle ne finirait pas son année. Elle ne passerait peut être pas ses Aspic. Sauf s'ils réussissaient à prendre Hogwarts à Dumbledore.

Et puis, il faudrait qu'elle soit encore vivante.

Erèbe la maintenant vivante et à peu près en bonne santé avec l'aide de la Magie, et parce qu'il n'aurait pas supporter de perdre encore une protégée, elle le laissait faire. Mais il avait Tom. Il ne savait pas, ce vide en elle, il ne voyait pas, ce lien coupé, il ne sentait pas, ce désespoir qui l'entraînait au fond du gouffre de la mort.

C'était douloureux.

Ça faisait si mal qu'elle voulait mourir, rejoindre son âme-sœur. Erèbe n'aurait pas compris. Il ne comprendrait pas. Parce qu'il n'était pas seul dans son cœur et son âme, parce que la vie ne lui était pas assombrie et parce que Marie, Alycia et Tom seraient là pour l'aider. Elle, personne ne pouvait écouter ses pleurs quand, la nuit venue, elle trempait son oreiller de larmes quand elle n'aspirait qu'au répit.

Elle en avait assez de la guerre et de ces morts.

Que sa famille la rejette, elle pouvait l'accepter. Qu'Erèbe perde un peu plus la raison et se perde dans ce pouvoir attractif qu'était la Magie, elle le pouvait aussi. Qu'elle doive partir de l 'école brusquement, à trois heures du matin, parce qu'Hermione a tout dit à Dumbledore et que l'Ordre du Phénix était là, à les attendre, elle pouvait aussi. Elle en était capable, elle était forte.</p><p>Mais la mort de Draco, non, elle ne pouvait pas.

Lucius et Narcissa avait essayé pourtant de l'aider. C'était gentil et appréciable de leur part mais elle ne voulait pas d'aide.

Elle voulait qu'on la laisse tranquille. Qu'on la laisse mourir.

Mais ils n'étaient pas prêt à se passer d'elle, alors elle patientait. Elle attendait la fin de ce combat final. Ensuite, après les avoir vengé, après avoir pris sa revanche, elle se tuerait.

« Harry » avait été son premier amour et par respect, amitié et réminiscence de ce feu qui brûlait en elle autrefois, elle resterait en vie et se battrait. Et ensuite... Enfin, elle pourrait s'en aller parce que sa vie n'aurait plus de sens, parce que Draco était parti et qu'elle voulait être avec lui.

Erèbe n'aurait plus besoin d'elle.

Parce qu'il avait Tom.

Juste une demi-semaine pour faire cesser cette mascarade. Ça avait été plus court qu'il ne le pensait. Beaucoup plus court. Albus ricana.

Il gagnerait le dernier assaut et il serait le maître de l'Angleterre tout entière.

Ou même du monde, pourquoi pas ?

Au Palais Royal, Alycia observa avec affolement le portail. Le chemin jusqu'à la surface avait disparu depuis quelques minutes et impossible de le rétablir.

La connexion avait comme disparue.

Pourtant, à sa connaissance, seul l'Anneau Frontal de Morgane pouvait isoler ainsi une zone. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'elle comprit la situation.

« Un piège. »

Appelant Eru, le loup d'Erèbe, elle l'enjoignit à contacter son maître par leur lien de familier. C'était le seul moyen d'obtenir de Erèbe la réouverture des Enfers. Parce qu'il en était le maître et parce que l'Anneau de Morgane lui obéirait.

« Ne nous abandonnez pas maintenant, mon Prince, Marie... »

Un soldat hurla à la trahison, alors que sur la plaine désertique se profilaient des cohortes de combattants ennemis.

Erèbe sursauta alors qu'un appel résonnait dans son esprit. Il regarda autour de lui mais la salle était vide. Il secoua la tête et retourna à ses préparatifs. Il avait une bataille à gérer. Et puis...

Sa folie lui jouait sûrement des tours.

Il se mettait juste à entendre des voix.

(1) Je n'aurais jamais dû te mettre au monde: Je ne suis pas sûr que ce soit compréhensible, donc je rajoute une note. Il s'agit d'une réminiscence d'un des passés d'Erèbe. En d'autres termes, on lui a déjà dit ça, et il ne l'a pas vraiment digéré.

Fin du Chapitre merci d'avoir lue

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