Bruits et silences

Le silence était pesant dans pièce. En fait, non, il était même glacial. On entendait les mouches voler.Erèbe soupira et signa une énième feuille. Il en avait assez de cette... Tranquillité. La cérémonie de l'intronisation de Ginevra était pour ce soir-là, et Erèbe était sur les dents. Pas qu'il pensait que ça se passerait mal, mais après ces réjouissances, il y a avait la rentrée à Hogwarts. Et ça, plus, ça se rapprochait, moins il voulait y aller. Mais il le devait, car il restait « Harry Potter » Dommage pour lui.

Un serviteur entra, un plateau à la main. Des friandises sorcières et une coupe de sang. Nouveau soupir de la part du Prince. Puis le silence.

« Erèbe ! C'en est trop ! Pourquoi ne fais-tu rien ! »

Ginevra le brisa avec des exclamations indignées. Erèbe, avec lassitude, nota qu'elle ne devrait pas hurler ainsi à son monarque, mais quand il vit son état, il jugea préférable de se taire. Une femelle en colère était toujours dangereux. Il se retourna vers elle, le visage cerné, les traits tirés. Un vrai mort-vivant. Ce qu'il était, par ailleurs. Elle sentit sa colère fondre...

« Erèbe... Tu as une mine affreuse, tu le sais ? »

« Peu importe ma mine actuelle, quel est ton problème ? » Aussitôt, sa mine furibonde revint sur son visage.

« Ce sont ces... Ces ! Je ne trouve pas assez de mots pour les qualifier ! Les Incubes et les Succubes ! Leur attitude puérile et haineuse me... Argh, j'en perds mon vocabulaire ! »

« Calme-toi. Tu sais que je ne peux rien faire. Aria fait partie du Conseil, même si son attitude commence à singulièrement m'agacer. »

« Mais pourquoi ne peux-tu la remettre à sa place ? C'est l'une de tes sujets, non ? »

« C'est plus complexe. Aria est presque aussi vieille que moi, et son règne date d'avant l'Empire. Certes, je suis son suzerain, mais son influence est grande. Je ne peux la punir en public. Mais par contre... Il devrait m'être possible de... Disons, lui faire comprendre qu'elle va trop loin... Huhu... »

Ginevra sourit. Oh, la vengeance serait douce envers cette pimbêche prétentieuse...

Le silence était pesant dans pièce. En fait, non, il était même glacial. On entendait les mouches voler. Alycia, agenouillée, sentit une goutte de sueur descendre de son front, passer sur son menton et couler dans son cou. Elle voulait l'essuyer, mais il ne fallait pas bouger. Au moindre geste, le Dark Lord exploserait.

Il était plutôt en colère. Non. Il était furieux, Harry Potter était introuvable. Alycia eut un rictus, qu'heureusement pour elle, il ne vit pas. Si seulement il savait que son Prince, celui avec qui il allait fomenter une alliance, était en réalité celui que justement, il voulait à tout prix tuer !

Il en ferait une crise cardiaque le pauvre.

Par le Tartare, qu'elle haïssait les silences.

Dis, pourquoi Papa, il me parle jamais ?

Pourquoi ? Ne suis-je pas assez bien pour toi ?

Dis-le moi...

Maman... Pourquoi tu ne dis plus rien ?

Hein ? Pourquoi ?

Je vous en prie...

Je vous en prie...

Dîtes quelque chose...

Par pitié...

Je vous en supplie...

PARLEZ-MOI !!!!

« Quelque chose ne va pas démon ? »

Alycia sursauta. Puis secoua la tête. Il ne fallait pas qu'elle pense à ses parents. Relevant la tête, elle dit d'une voix neutre :

« Non, Lord Voldemort. Il n'y a rien. Avez-vous réfléchi à la proposition de mon Seigneur ? La guerre est imminente. »

« Je ne peux prendre de décision sans savoir qui est mon allié. »

Elle soupira intérieurement. Erèbe avait prévu ce cas de figure. Mais elle ignorait ce qu'elle était censée faire. Insister ?

Soudain, elle eut une idée. Après tout, pourquoi pas... Enfin, elle était sûre qu'Erèbe allait lui en vouloir dès qu'il l'apprendrait, mais autant le mettre au pied du mur dans ce cas. Alycia sourit.

Il voulait voir Erèbe, hein ? Dans ce cas, autant le voir dans toute sa splendeur. Et puis, un masque cachant le visage, ce n'était pas grand chose...

« Je crois qu'il y aurait une solution à ce problème... »

Le bruit était assourdissant. La salle était remplie à craquer, et tous les langages parlées aux Enfers parvenaient aux oreilles de Ginevra qui n'aurait jamais cru qu'elle paniquerait autant. Elle détestait les bruits. Et ce vacarme la mettait sur les nerfs, presque autant que la cérémonie à venir.

« Tout va bien Princesse ? »

Ginevra sourit légèrement à Lys. Cette fille était décidément bien perspicace. Cela lui plaisait, une idiote pour servante ne devait pas être des plus agréable. Et elle était particulièrement douée pour la mettre en valeur. Cette fois-ci, elle lui avait choisi une robe de la couleur du feu pour faire ressortir la sauvagerie de son animal. Ginevra fut tentée un instant de se boucher les oreilles, mais dut renoncer car il était temps pour elle de faire son entrée en scène.

L'ovation lui donna envie de vomir.

Tous ces hurlements, ces applaudissements... Cela lui semblait de trop, comme si l'on avait mal réglé une radio et que des bruits de fond gâchaient l'entente de la musique.

J'ai mal...

Taisez-vous !

Écoutez un peu...

Ne pouvez-vous vous taire ?

Maman, dis leur de se calmer, ils ne m'écoutent pas !

Oh, ça suffit

Silence !

Je ne m'entends même plus penser...

Ne puis-je avoir un peu de paix

Je vous le demande...

SILENCE !!!

Erèbe leva une main gantée et la paix se fit. L'arrivée du calme permit à Ginevra de ne pas s'évanouir. Elle arriva donc indemne sur l'estrade placée dans la salle de bal afin que Erèbe la désigne officiellement comme une de ses protégées. Galamment, il lui prit la main pour l'aider à monter l'unique marche menant son destin. La faisant s'agenouiller devant lui, il posa sa main sur son épaule, l'autre soulevant la lourde épée de Viviane. Excalibur.

« Vous tous réunis ici pour ce soir, allez assister à l'intronisation de la dernière Neko de ce monde et de bien d'autres. Ginevra, acceptes-tu ce fardeau, de devenir la princesse d'un peuple autrefois perdu, de porter sur tes épaules, le fait que ce soient tes descendants qui recréeront cette race ? »

« Je l'accepte. »

« Bien. »

Levant bien haut l'épée, il l'abattit, du plat de la lame, sur l'autre épaule de Ginevra, qui frissonna en sentant la puissance de l'objet.

« Désormais, Ginevra Neko, tu seras donc ma seconde protégée, de statut égal à celui de Crystalla Madgat, Vampire Alpha du Clan des Ombres. Pour honorer cette transformation, je t'offre les Terres des Montagnes Noires et de la Plaine Ardente(1). Puisses-tu en être digne. »

« J'en fais le serment. »

Ginevra releva la tête, planta ses yeux dans ceux de son homologue. Alors seulement, Erèbe sourit.

(1) les Terres des Montagnes Noires et de la Plaine Ardente... Pardon pour les noms, ils ne sont pas franchement originaux. Navrée...

Merci d'avoir prit le temps de lire ce chapitre.

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