Alycia Cartney
Le premier nom d'Alycia était Malfoy. Pour autant, elle n'en avait jamais été réellement une. Elle était la première née, mais elle était une femme.
Elle était rousse, comme les Weasley.
Elle n'avait pas d'apparente magie.
Alors elle était en trop, une enfant inutile, que sa mère cachait et que son père ignorait. Elle était une squib, une honte.
Et une enfant.
Mais ça n'avait pas d'importance, n'est-ce pas ? Puisqu'elle était une inutile.
S'il vous plaît, s'il vous plaît, pardonnez-moi
Mais je ne rentrerai plus à la maison
Peut être un jour vous réveillerez-vous,
Et à peine conscients, vous ne direz à personne :
« N'y a-t-il rien qui manque ? »
« Dis, pourquoi Papa, il me parle jamais ? »
Elle avait posé la question à sa gouvernante une fois. Mais la réponse l'avait laissé dubitative. Dans un sursaut de conscience, la jeune femme avait juste souri et lui avait dit qu'elle se faisait des idées.
Pour essayer, elle était partie, toute seule. Elle avait quitté la maison.
Et elle était revenue deux jours plus tard.
Personne ne s'était rendu compte de rien.
C'était là qu'elle avait compris qu'elle n'existait plus - ou n'avait jamais existé.
« Pourquoi ? Ne suis-je pas assez bien pour toi ? » Avait-elle hurlé, deux ans plus tard.
Mais son père l'avait observé silencieusement, s'attardant sur ses cheveux roux et son teint hâlé. D'un geste méprisant, il avait tourné les talons et avait laissé sa fille, les larmes aux yeux, dans leur riche salon.
Vous ne pleurez pas pour mon absence, je le sais
Vous m'avez oubliée depuis longtemps
Suis si peu importante ?
Suis-je si insignifiante ?
N'y a-t-il rien qui manque ?
N'y a-t-il personne à qui je manque ?
Le jour des ses huit ans... Elle avait craqué une nouvelle fois.
« Dis-le-moi... Maman... Pourquoi tu ne dis plus rien ? »
Sa mère n'avait rien dit, femme indifférente, poupée sans vie et juste bonne à être exhibée lors des soirées. Elle n'était plus rien, plus vivante.
« Hein ? Pourquoi ? » Supplia Alycia, larmes coulant, désespoir visible.
Sa mère sortit de la pièce, sans mot, sans bruit, comme une ombre. Alycia s'écroula, pleurant, hurlant.
Je vous en prie...
S'il vous plait...
A nouveau, elle hurla, et son père vint la faire taire, à coups de fouet et de silence, ce silence qui la tuait lentement.
Même si j'étais sacrifiée
Vous n'essayerez pas pour moi, pas maintenant,
Alors que je mourrais pour savoir que vous m'aimez
Je suis toute seule.
N'y a-t-il personne à qui je manque ?
Elle s'était peu à peu, résignée à son sort d'élément du décor. Sa mère et son père avaient eu un fils, un enfant blond, pâle comme la neige, et aux beaux yeux gris.
Ils étaient une belle famille, unie et heureuse.
En apparence.
Et Alycia mourait, tout doucement. Elle s'éteignait, sans un bruit, dans ce silence qu'elle détestait tant.
« Dîtes quelque chose... Par pitié... »
S'il vous plaît, s'il vous plaît, pardonnez-moi
Mais je rentrerai plus à la maison
Je sais ce que vous vous faîtes
Frissonner profondément et pousser des cris :
« N'y a-t-il rien qui manque ? »
« N'y a-t-il personne à qui je manque ? »
C'était lors d'une fête, et elle avait murmuré, depuis les cuisines, alors qu'elle voyait son frère rire, sa mère parler et son père sourire.
Un tel calvaire...
« Je vous en supplie... »
Elle avait baissé la tête et s'était réfugiée dans la chambre, en criant, en frappant les murs jusqu'à ce que ses points saignent, jusqu'à ce que les traces rouges coulent, jusqu'à ce que la douleur soit plus forte que son mal intérieur.
Si mal...
Elle voulait mourir, disparaître ou parfois, hurler jusqu'à ce qu'on lui dise de se taire, jusqu'à ce qu'on lui parle enfin.
Même si j'étais sacrifiée
Vous n'essayerez pas pour moi, pas maintenant
Même si je mourais pour savoir que vous m'aimez
Je suis toute seule.
N'y a-t-il personne à qui je manque ?
Et elle s'était enfuie, encore une fois. Mais cette fois, alors qu'elle se savait être une nuisance, elle voulait juste partir, se reposer, et sentir enfin la souffrance s'en aller.
Elle était montée sur la tour, la tour de Londres tout en haut. La tour des tortures. Elle avait observé, de là-haut et elle avait crié, le plus fort possible, toute sa haine et toute sa souffrance.
« PARLEZ-MOI ! »
Des dizaines de corbeaux s'étaient alors envolés, lui jetant de leurs yeux rouges, des regards réprobateurs. Certains avaient même poussé des cris aigus et s'étaient jetés sur elle, lui piquant la peau, le crâne, lui arrachant ses vêtements.
Elle s'était mise à saigner et, observant le liquide rouge qui coulait, elle avait souri doucement. Elle s'était mise à chantonner, une chanson qui ne voulait rien dire, juste par souci de ne plus se taire alors que les corbeaux s'éloignaient.
Elle tomba.
L'inconscience lui ouvrit les bras, et elle rêva d'une fête foraine, de chants et de rires.
D'une famille heureuse.
Et si je saigne, je saignerais
Sachant que cela vous indiffère
Et si je dors juste pour rêver de vous
Et me réveille sans que vous ne soyez là
N'y a-t-il rien qui manque ?
N'y a-t-il...
« Je sais que tu es réveillée petite sorcière. »
La voix moqueuse avait achevé de rendre confus l'esprit embrumé d'Alycia. Qui était-ce ? Un démon venu de l'Enfer pour la tourmenter ? était-elle morte ?
« Tu n'es pas - encore - morte et je ne suis pas seulement démon... Mais d'une certaine manière tu as raison. Mon corps actuel est un démon. Tu as une bonne intuition petite sorcière. »
« Je ne suis pas une sorcière... Je suis une squib dérisoire... »
Les yeux d'Alycia s'étaient fixé dans le troublant regard vairon. Le jeune homme aux cheveux blanc et au teint hâlé - l'inverse presque exact de ce que serait Harry Potter - abordait continuellement un sourire narquois et il avait toujours un sarcasme aux lèvres.
Alycia, d'emblée, avait décidé de le détester.
Et pourtant...
Quelques jours plus tard, alors que ses blessures étaient guéries, qu'elle pouvait repartir ou mourir, à sa guise, elle avait réalisé qu'elle ne voulait pas. Cet adolescent ne se taisait jamais en sa présence. Comme s'il lisait dans ses pensées, et savait à quel point le silence la détruisait.
Et il avait l'air si seul.
Alors, gentiment, elle avait posé sa main sur son épaule et avait murmuré, comme un secret...<
« Je voudrai rester ici... S'il vous plaît. »
Et il avait accepté.
Même si j'étais sacrifiée
Vous n'essayerez pas pour moi, pas maintenant
Même si je mourais pour savoir que vous m'aimez
Je suis toute seule.
N'y a-t-il personne à qui je manque ?
N'y a-t-il personne à qui je manque...
« Tu es bien plus puissante que ces misérables crevettes humaines... Il faut juste révéler le potentiel en toi, ma chère Alycia... Le veux-tu ? »
Silence. Horrible et ténébreux silence. Puis la réponse.
« Oui. Plus que tout. »
Et Alycia Malfoy était devenue Alycia Cartney.
Le premier acte en tant que démon, avec été de tuer ses parents, ceux qui auraient dû être sa famille, mais n'avaient été que ses bourreaux. Elle avait laissé, après un dernier regard, son petit frère qui n'avait après tout jamais été que l'arme de ses géniteurs et leur adoré enfant. Pourquoi devrait-elle le tuer ?
Sa famille, c'était Erèbe.
Et c'était pour ça qu'elle l'aimait plus que tout.
Je vis ma vie, je suis VIVANTE.
Merci d'avoir lu ce chapitre ^^.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top