. I .


«Destined to last for a lifetime and beyond»


Il y a fort longtemps, dans un pays lointain, un roi, un bon roi, mourut.

Il laissa son trône à sa femme, la reine Juliette, qui devait le léguer à leur fils unique, le prince Derek, quand il serait en âge de gouverner. Le prince n'était qu'un nourrisson lorsque son père partit et il n'eut jamais le moindre souvenir de lui.

A la même date, dans le royaume voisin, la naissance d'une princesse était célébrée. Son père, le roi William, lui donna le nom de Clara et la couvait particulièrement car sa reine, son aimée, s'était éteinte après avoir donné la vie. 

Ces veufs se rencontrèrent lors du baptême de la nouvelle-née, où tous furent invités. Juliette et William s'entendirent immédiatement, tant ils se retrouvèrent dans leur parcours et leurs idées. Ils se revirent fréquemment, peut-être tous les deux mois, jusqu'au second anniversaire de Clara, où, jamais on ne sut qui en eu l'idée en premier, ils envisagèrent de fiancer leurs enfants, pour unifier leurs royaumes.

A deux ans, Derek et Clara étaient unis. Il fut décidé qu'ils passeraient tous leurs étés ensemble, jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de se marier.

Pendant ce temps, la reine Juliette eut une désagréable tâche à accomplir dans son pays : une ambitieuse alchimiste, du nom d'Othella, fut accusée de sorcellerie. Elle avait fait affaire avec quelques paysans qui avaient plus tard disparu sans laisser de trace et était capable d'hypnotiser des animaux. Son domicile fut fouillé et les gardes rapportèrent à la reine de vieux grimoires en latin, des courriers secret défense volés et d'étranges matériaux que personne ne put analyser... Dissimulant son inquiétude, la reine ordonna le bannissement plutôt que la peine de mort. Othella fut traînée jusqu'aux frontières du royaume de Juliette, puis chassée. Si elle revenait, c'était la guillotine. Humiliée, mais surtout frustrée d'avoir interrompu ses travaux, Othella se fit la promesse de revenir se venger et d'arracher à cette souveraine tout ce qui lui était précieux...

Plusieurs années s'écoulèrent après cet incident. Juliette et William continuaient de se voir en compagnie de leurs enfants. Ces deux héritiers n'avaient pas conscience du sort qui les attendait et voici comment ils en eurent un pénible aperçu.

Ils avaient 7 ans et étaient conviés aux noces d'un cousin d'une amie du roi William. Le petit prince et la petite princesse étaient si mignons dans leurs costumes blancs qu'il fut capital de les ranger auprès de la famille lors de la cérémonie. Alors que le petit Derek s'ennuyait pendant les vœux furent échangés, la petite Clara lui chuchota :

- Tu dois me tenir la main.

- Pardon ?

- Nous devons nous tenir la main.

- Pourquoi cela ?

- Parce que nous sommes fiancés et que c'est ainsi.

Le soupir que lâcha le prince suffit à ulcérer Clara, bien qu'il consentit à lui prendre la main juste après.

- Beurk, elle est toute mouillée ta main !

- N'importe quoi, c'est la tienne !

- On dirait une grenouille.

- Tu touches les grenouilles ?!

- La prochaine fois, j'apprécierai que tu te laves les mains avant de me toucher.

- C'est toi qui as voulu ! s'exclama-t-il, tout rouge.

- Parce que c'est comme ça que les mariés font !

- Fort bien, attendons le mariage pour se tenir la main.

Il retira sa main moite de la sienne.

- Tu n'es pas content ?

- Non, tu m'embêtes.

- Absolument pas, je me comporte en fiancée, comme Père m'a dit.

- Ce n'est pas le moment.

- Pourquoi ? Tu n'ignores pas que ce qui nous attend...

Elle désigna les mariés, émus jusqu'aux larmes. Ils allaient bientôt se dire oui. Oui pour la vie. Oui pour se voir et se supporter tous les jours. Oui pour ne jamais rien faire sans l'autre. Oui pour tout partager. Les enfants eurent soudainement de la peine pour eux et leur destin leur parvint comme une gifle en plein visage. 

- Autant s'habituer... dit-elle, déçue.

- Non, jamais. lâcha-t-il, sans réfléchir.

Clara dévisagea son fiancé, la bouche grande ouverte.

- Bien. Alors, dès à présent, je veux que vous me vouvoyez.

- Quoi ?

- Je ne veux plus qu'un malappris comme vous me parle avec familiarité.

Puis elle dressa la tête avec tout le dédain qu'elle possédait ! Derek fronça les sourcils : que de manières pour si peu ! Il refusa de lui laisser avoir le dernier mot.

- Et moi, je ne veux pas d'une sadique pour fiancée !

Il avait entendu le mot "sadique" la semaine d'avant, quand un jardinier avait râlé après un chat qui avait piétiné ses coquelicots en pleine croissance. Sans répliquer, Clara tourna la tête vers lui. Ils se tirèrent bêtement la langue en même temps puis se dévisagèrent.

Personne ne sut jamais qui donna le premier coup. Mais les deux héritiers se retrouvèrent par terre, à rouler ensemble, l'un contre l'autre, en grognant ! Ils se tapèrent de leurs petits poings, se tirèrent les cheveux, se griffèrent, se mordirent ! Clara gifla son fiancé avec son minuscule bouquet de demoiselle d'honneur. Derek lui donna ses coups de pieds. La cérémonie fut interrompue dans l'instant et la mariée dut se décaler afin que les enfants ne se battent pas dans sa traîne ! William et Juliette se levèrent, comme tous les invités, et vinrent chacun saisir la progéniture de l'autre par la taille pour les séparer ! Ils y parvinrent difficilement mais une fois cela fait, ils s'excusèrent en plaisantant. Déstabilisés, les mariés, au vu du titre de ces garnements, affirmèrent que ce n'était point un drame. Derek et Clara furent installés à côté de leur nourrice respective et priés de garder le silence jusqu'à ce qu'ils s'excusent ! Les deux enfants croisèrent les bras en maugréant, imperceptiblement :

- Quelle prétentieuse !

- Quel manche !

Quelle idée d'unir ces deux-là !

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