Alors que j'arrive chez Madoc, Oriana m'interpelle, sidérée.

- Que fais-tu ici, Jude ? Je croyais que tu ne voulais plus venir nous voir...

C'est effectivement ce que je lui avais dit la dernière fois. Mais... je pense qu'au fait ce n'est pas elle qui m'a fait dire ces paroles.

Mais Madoc. Le grand Madoc qui rêve de pouvoirs politiques.

Je lui répond :

- Tu le savais pour Taryn ? Qu'elle m'avait menti ?

Ses yeux se retroussent.

- A propos de quoi ?

- Elle se servait de moi pour obtenir une place importante dans la cour.

Un air amusé prend place sur le visage d'Oriana.

- Mais elle a déjà sa place à la cour, Jude.

- J-je veux dire q-qu'elle ne restait pas avec moi parce que j-je suis sa soeur, mais parce qu'elle veut un poste plus élevé, plus d'argent.

Je me met à fixer le sol, Oriana n'a pas l'air de trouver cela embêtant.

- Tu trouves ça normal ce qu'elle fait ?

Je sens la pressions monter en moi.

- Tu trouves vraiment ça normal, Oriana ? je me fâche.

Avec délicatesse, elle pose sa main sur mon épaule. Je me recule. Comment peut-elle être d'avis que le mensonge est totalement normal ? A-t-elle toujours été du côté de ma soeur ?

Peut-être bien que oui.

- Jude, tente-t-elle de me réconforter. Ta soeur devait sûrement aussi vouloir passer du temps avec toi, elle t'a toujours adoré, tu sais.

- Non, la preuve que non. Elle s'est servie de moi.

J'en ai assez. J'ai l'impression que tous sont contre moi.

- C'est bon, Oriana, j'ai compris. Toi aussi, t'es de son côté. Comme Madoc. Mais tu te fiches probablement de savoir où sont Vivi et Chêne.

C'est sur ces paroles que je pars, n'écoutant pas sa réponse - si elle en a une, du moins.

Même si je me sens tourner en rond, mes jambes me ramènent en direction du Palais de Cardan. En espérant ne pas revoir Taryn.

Je le dis à chaque fois, mais cette fois-ci, j'en suis sûre. Plus jamais elle n'aura ma confiance, il s'agit bien de la seule chose dont je suis persuadée.

Plus jamais.