Nous sommes de retour dans le monde des humains. Taryn ouvre la porte de l'appartement et nous nous engouffrons à l'intérieur. Je grelotte, il fait assez froid, je ne sais pas ce que Vivi a fait, mais ce n'est pas son habitude d'enlever le chauffage ou même d'ouvrir trop longtemps les fenêtres.

- Vivi ? l'appelle Taryn d'une voix sûre.

Personne ne lui répond. Nous entrons dans la cuisine et fermons les fenêtres, grandes ouvertes, les rideaux balayant l'évier. Tout est en désordre, la pièce semble avoir été lavée il y a longtemps de cela. Je ne reconnais plus rien. Je ne suis partie qu'il y a quelques jours, et pourtant, j'ai l'impression de ne jamais avoir vécu ici.

- Jude, on fait quoi ? Vivi n'est pas ici..., me demande Vivi, inquiète.

Je peux la comprendre, après tout, c'est étrange comme situation. Je la regarde. Elle a les yeux embués de larmes.

- J-je pense qu'il faudrait partir, lui conseillais-je. Qui sait ce qu'il s'est passé ici...

- Non.

- Pourquoi ?

Pendant un cours instant, j'ai l'impression que la haine prend le dessus sur elle. Elle n'est plus la même Taryn que je connaissais. Celle qui me protégeait de Cardan. Celle qui m'a volé Locke.

Non, aujourd'hui, Taryn n'est plus Taryn.

Elle est devenue comme un démon assoiffé de vengeance.

- Vivi est sûrement en danger, d'habitude elle reste à la maison, et Chêne alors ? On est samedi, il reste à la maison.

- Et s'ils étaient simplement partis faire un tour ?

- Non, me répond-elle froidement. La maison est toujours en ordre, tu sais comment est Vivi. Je pense qu'elle est en danger.

- Et où ?

- À Terrafae, je pense. A servir d'appât pour la guerre qui approche.

Je m'écris :

- Comment peux tu croire une chose pareille, Taryn ? Tu dois forcément te tromper, ça ne peut pas être ça.

- Jude.

Elle plante ses yeux dans les miens. C'est horribles, je souffre presque.

- Obeis-moi, je suis persuadée d'avoir raison.

Et moi, incertaine, je lui dis :

- D'accord, mais fais en sorte d'avoir raison, je ne veux pas que les choses tournent encore mal.