La forêt
Après quelques jours, il finit par remarquer que le paysage avait changé : plus de prairies, mais une lande parcourue par un souffle humide et glacé, garnie çà et là de touffes d'herbes rêches, dont les arbres ne possédaient que peu de feuilles et ressemblaient plus à des griffes qui tentaient de déchirer un ciel gris. Le prince était satisfait, voire enchanté : d'après sa carte, il était proche !
Le soir même, il arrivait en vue d'une forêt qui faisait comme un mur de branches devant lui. Après quelques mètres, tout était sombre, insondable. Le prince n'hésita pas un seul instant et sortit son épée pour dégager un chemin, éviter de déchirer ses vêtements de brocart et ne pas perdre son couvre-chef à plume de perdrix sur une branche basse. Bien vite cependant, il dût, contraint et forcé, descendre de son fier étalon pour ouvrir la voie, tant les ramées se faisaient denses, devenant de véritables épieux. Pour autant, le pire était encore à venir : à mesure que le prince s'enfonçait dans le sous-bois obscur et humide, les ronces qui, auparavant, se contentaient de rester en buissons sur le sol, commencèrent à ramper le long des troncs, à serpenter et s'enrouler sur les branches jusqu'à former une sorte de rideaux de pics acérés.
« Voilà un problème épineux ! s'exclama le prince les mains sur les hanches.
Piqué au vif par une ronce qui semblait s'être discrètement approchée, son cheval renâcla.
« Du calme, mon beau, il doit y avoir un moyen de continuer à progresser ! »
Après un instant, il s'exclama :
« Il suffit de faire un feu ! »
Le prince se concentra soudain intensément, yeux fermés avant de crier, les bras levés vers la canopée et le soleil qui la perçait timidement de ses rayons frileux.
« Je suis le prince ! Avatar de la lumière car éclatante est ma beauté, rayonnant mon charisme et resplendissante ma force ! Je descends de l'étoile qui nous donne la vie et ardent est mon désir de retrouver la princesse ! Ô devin Hélios, entendez ma demande et embrasez cette forêt ! »
« Bon ben il me reste qu'à faire un feu moi-même, dit-il déçu après quelques minutes à attendre de sentir une odeur de roussi. »
La nuit était tombée lorsqu'il parvint à se confectionner une torche, dont la flamme dansante multipliait les ombres menaçantes des ronces. Il n'hésita pas un instant pour autant et l'approcha du mur végétal devant lui. Il y eut comme un sifflement et, dans un grand craquement d'écorce, le mur qui semblait si impénétrable s'ouvrit devant eux et dévoila une clairière illuminée par la lueur argentée de la lune.
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