La fée

Il était une fois une fée nommée Tinul qui apparut un beau jour – la voûte céleste semblait être une mer d'huile parcourue çà et là par un filet d'écume – au prince d'un royaume. Comme il était tout à fait charmant, sa surprise ne dura qu'un instant, et il lui offrit immédiatement une tasse d'earl grey, qu'il avait préparé lui-même quelques minutes plus tôt pour la boire.

« Tu es bien charitable, commença familièrementTinul en trempant un doigt dans l'énorme tasse. Je suis venue te mettre engarde et te conseiller. »
Voyant que le thé n'était pas brûlant, elle sortit une paille de sa longue robeverte et sirota le breuvage.
« Dites-m'en plus, ô fée très grande par la sagesse.
– Il est très bon, ce thé, pile infusé comme je l'aime. Donc, si j'ai bien vules affiches placardées un peu partout dans le royaume, tu dois te marier avecla princesse du royaume voisin ?
– Tout à fait ! Elle est très belle, très jeune, et surtout une très bonnealliance. Notre mariage scellera le destin commun de nos deux royaumes, quis'unifieront sous le blason de ma bannière, tout comme nous nous unirons, elleet moi, sous le drapé de mon lit.
– Tu m'en verrais ravie s'il n'y avait pas un léger souci : en effet, laprincesse vient d'être ravie, justement, par une sorcière.
– Dame ! Voilà qui est fâcheux et regrettable. J'espérais beaucoup dechoses de notre mariage, à commencer par un héritier. Je crains que ce projetsoit à présent compromis.
– Sauf si tu sauves la donzelle.
– Cela me semble complexe, car je ne dispose pas de vos grands pouvoirs, ô fée.
– Ne t'inquiète pas, tu es parfaitement capable de la sauver. Un baiser devraitsuffire. Et une monture, pour accéder au lieu de sa détention. Et une épée,pour passer par son fil tout obstacle à ta quête.
– C'est dans mes cordes. J'ai récemment acquis une épée bâtarde et un fierdestrier !
– Parfait ! Ne pars pas si vite, laisse-moi t'en dire plus et t'indiqueroù elle se trouve !
– Oh c'est juste.
« Bien.La sorcière qui l'enleva l'a emportée dans une clairière, plongée dans unsommeil éternel et enfermée dans un cercueil de verre. Ton ardent désir et teslarmes n'y pourront rien changer ; oui : seul un baiser d'amourvéritable et honnête pourrait la réveiller. Des simples mots d'amour nesuffiront pas non plus.
– Voilà qui semble complexe.
– Ton cœur saura te guider, j'ai confiance, mais également cette carte, quiindique par une croix la clairière susmentionnée.
– Eh bien, voilà qui est parfait ! Je m'en vais astiquer mon équipement etpolir mon épée pour le voyage.
– N'oublie pas non plus des vivres.
– Je saurai vivre sans.
– À ta guise. Merci pour le thé ; je ne l'ai pas fini, j'en suis navrée.
– Bah, ça m'aurait ennuyé de devoir en refaire. Adieu, ô fée, et merci pour vosgrands conseils !
– C'est ça, la bise à ton père. »
Et elle disparut par la fenêtre.

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