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Point de vue de ???

Eidolon. Ce nom me va comme un gant, j'imagine. Peu me remarque, ou plutôt, peu connaissent mon existence. Je suis absolument certain que la plupart des enfants qui vivent dans cet orphelinat avec moi ne reconnaîtrait même pas ma photo et ne remarquerait jamais mon absence... Pourtant, cela fait plusieurs années que j'y suis, depuis la disparition de mes parents quand je n'avais que 5 ans, si je me souviens bien, ce qui fait bientôt 8 longues années. soupire

Au moins, je ne suis pas totalement seul, il y a Clara. Elle est arrivée quelques mois après moi et a un an de plus, un unique œil bleu d'une grande clarté et un brillant sourire décorant son visage. Son second œil est couvert par une espèce de bandeau arc-en-ciel. Ses parents ont péri d'un incendie accidentel et elle, est devenue aveugle de cet œil.
Malgré cela, elle reste forte, extrêmement forte et joyeuse, comme si ce n'était rien de grave, comme si ce n'était qu'un petit, éphémère, bleu.

En plus, contrairement aux autres, elle fait attention à moi, elle me traite comme un enfant normal, ce que je suis, évidemment.

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15 janvier 1891

Il fait nuit. Il est presque minuit. Je me dirige silencieusement vers la chambre de Clara, comme chaque nuit. On passe toujours un peu de temps ensemble toutes les nuits, pourquoi quand il fait nuit ? Tout simplement parce qu'il y a toujours quelqu'un pour nous interrompre quand on joue ensemble pendant la journée. Donc, c'est bien plus simple de jouer ensemble la nuit.

Sa porte n'est plus très loin, seulement une quarantaine de mètres. Pourtant, contrairement à d'habitude, il y a quelqu'un à sa porte, une adulte. Il me semble qu'elle s'appelle Madame Flores, ou quelque chose comme ça, c'est une personne qui ne s'occupe que des filles, donc c'est possible qu'elle aille les voir dans leurs chambres de temps en temps, j'imagine ? Mais, pourquoi à cette heure si tardive ? Est-ce que Clara s'est blessée ou quelque chose dans le genre ? Ou alors, c'est pour parler d'un truc de fille ?
Non, elle ne viendrait pas lui parler si tard, à moins que cela soit vraiment quelque chose de grave, non ?

Clara sort de sa chambre, elle semble triste et heureuse à la fois, un mélange assez étrange, pourtant elle prend la main de madame Flores et commence à partir avec elle.
Je sais que c'est une mauvaise idée. Je sais que ce n'est sûrement rien du tout, mais je ne peux pas m'empêcher de les suivre.

Je dois m'inquiéter pour rien.
Elles tournent au fond du couloir, vont vers les escaliers.

Je suis certain que dans quelques minutes, je me sentirais bien bête.
Elles descendent les escaliers.

Quand je lui en parlerai demain, elle rira de cette action inutile.
Elles avancent vers la cour.

C'est certain, elle ne craint rien.
Un camion arrive, un homme armé en sort.

Hein ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Clara a peur. Madame Flores semble le connaître.

–Elle est dans la tranche d'âge et elle a un œil aveugle, comme demandé.
Dit Mme Flores, de la fierté dans sa voix.
–Parfait. Nous espérons que vous continuerez ainsi.
Dit l'homme en faisant entrer de force Clara dans le camion.

Elle se débat, mais l'homme est trop fort. Elle essaye de crier, mais l'homme la bâillonne avec un bout de tissu.

Les deux adultes continuent à discuter. Sans une once d'hésitation, je tente de m'approcher du camion, de la libérer.

Je les contourne, m'assure qu'ils ne m'ont pas vu.
Et... tout va bien. Ouf.
Personne ne me voie de toute façon, je suis tranquille de ce côté-là... c'est bien utile, pour une fois.

J'ouvre la porte du camion, non fermée à clé, sans un bruit.
Clara est là, je l'appelle à voix basse, elle me voit, se dirige vers moi, lentement, pour ne pas faire de bruits.
Elle est juste à quelques centimètres de moi, je peux presque la toucher de mes doigts, pourtant, elle s'arrête, ses yeux exorbités. Elle pointe quelque chose, quelque chose juste derrière moi.

Des frissons glacés parcourent mon corps, je me retourne, juste à temps pour voir un second homme, un petit truc noir parcourut de filaments bleus dans les mains.
Il l'abat sur moi, je sens mon corps trembler, ma vision s'assombrir, puis, plus rien...

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Quelques heures plus tard

J'ai un énorme mal de tête. Les yeux toujours fermés, j'essaye de masser ma tête avec mes mains, mais elles ne bougent pas. Je les sens être retenues par quelque chose, quelque chose qui semble métallique.

Qu'est-ce qui se passe ?

Quelle est la dernière chose dont je me rappelle ?

Oh ! Merde ! Je me suis fait assommer par quelque chose, c'est vrai !

J'ouvre les yeux, paniqué et voit une salle de pierre, d'étranges objets métalliques, flacon en verre et autres choses y sont visibles ainsi que quatre types en blouses blanches dont un qui semble bien plus âgé. J'aimerais m'enfuir, mais je ne peux pas bouger, en fait, je ne peux même pas tourner entièrement ma tête sur le côté à cause des attaches...

Un gémissement retentit à ma gauche et, au vu de la voix, cela semble venir de Clara. Je tente de tourner ma tête pour la voir, mais je ne peux vraiment pas y arriver.

–Vous êtes enfin réveillé ! Tant mieux, je commençais vraiment à perdre patience.
Dit le plus vieil homme.
–Maintenant, que l'expérience commence !

Deux des trois autres types en blouses se dirigent vers nous deux, des seringues remplient d'un liquide rouge semblable à du sang en main.

J'entends Clara crier de douleur, à nouveau. Je tente de me débattre, paniqué, souhaitant l'aider, mais ça ne sert à rien, à nouveau. Il me plante, ça ne me fait pas mal, pas vraiment, une simple... piqûre... de... mou...sti...que...

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Alors qu'Eidolon "s'endort", Clara, la personne qu'il a suivie, la personne qui a causé sa participation à ce test, quitta définitivement ce monde. De son passage dans la salle, elle n'a laissé qu'un peu de liquide écarlate et quelques morceaux de peau. Ce ne sera pas la dernière à subir cela...

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Mes yeux s'ouvrent tout seuls. Non, ce n'est pas exactement cela, c'est plus comme s'ils ne s'étaient jamais fermés, mais que j'étais totalement incapable de voir, d'entendre ou de quoi que ce soit d'autres pendant un temps, je ne saurais pas dire combien de temps par contre.

Je tâte un peu mon corps, mais je n'ai pas l'impression que quoi que ce soit ait changé.

–Alors, des changements ?
Me demande une voix.
–Je ne crois pas, je ne sens rien de spécial en tout cas.
Je réponds machinalement, ne cherchant même pas à savoir qui me parle.

Où est Clara ?

–Rien ? Pourtant, tu as survécu, tu devrais avoir un pouvoir.

Pouvoir ? Survécu ? Bien sûr que j'ai survécu.
Attends, c'est mortel ?

–Clara ?!
Je crie, la cherchant du regard.

Il me regarde, lui, le plus vieux, lui, le chef, lui, l'ennemi, avant de me répondre, le sourire aux lèvres.

–Tu veux parler de la petite ratte insignifiante ? Elle est morte.

Clara, morte ??? Non ! Non non non ! Il doit mentir, ce n'est pas possible ! C'est ça ! C'est ça ! Il ment ! Il ment ! Il ment ! Il ne peut que mentir ! Ce n'est pas possible qu'elle meure, mais que ça ne me fasse rien, c'est totalement et absolument impossible !

Je vois son sourire s'agrandir. Sa main se lève lentement, pointant d'un seul doigt un endroit à ma gauche.

Des frissons parcourent mon corps, j'ai un très très mauvais pressentiment.
Je me tourne lentement, très lentement, vers l'endroit qu'il m'indique.
Il y a... il y a... ses vêtements, beaucoup trop grands, déchirés, comme si leur possesseur, leur possesseuse, avait grandi d'un coup, beaucoup grandi, trop grandi, plus que ce qu'un humain est censé pouvoir faire. Mais, ce n'est pas ça le pire, c'est... c'est... au centre de ce qui... de ce qui était ses vêtements, se trouve... une mare d'un liquide écarlate, du sang, son sang et... et... des bouts de chair, des fragments d'os, des–

Je détourne mon regard, ne voulant pas y croire, ne pouvant pas en voir plus, des larmes sortant peu à peu de mes yeux, des relents gastriques remontant vers ma bouche.

Un homme me traîne hors de la salle, me fait parcourir un couloir, ouvre une porte d'une cellule, m'y met dedans.

Dedans, il y a un autre garçon et il n'y a qu'un seul lit.

Il me regarde sans rien dire, aucune de ses sept bouches ne bouge, ça tombe bien, car je n'ai pas du tout l'envie de parler à qui que ce so–

Attends...

Sept bouches ???

Je me frotte les yeux, puis le regarde à nouveau, mais oui, il a bel et bien sept bouches...

–Sept bouches ???
Je demande surpris.

–Onze en fait, mais oui, j'en ai sept de visible.
Me répondit-il, chaque mot venant d'une bouche différente du mot précédent. Il semble désespéré, habitué, comme s'il avait toujours été comme ça.

Il ne dit rien d'autre, même pas son nom et je fais de même, c'est peut-être mieux au final ?

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C'est ainsi qu'Eidolon, "▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓▓▓▓▓▓", devient un des survivants des expériences avec son sang, mais pour combien de temps ? Et, n'a-t-il vraiment rien reçu ?

Fin du chapitre