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Cela fait un moment qu'il n'y a pas eu de nouvelles expériences, ce qui ne me dérange pas le moins du monde, évidemment.

Actuellement, on est vraiment heureux. Ou, en tout cas, je le suis et Zohar le semble aussi. J'ai fini par le lâcher d'ailleurs, je ne voulais pas qu'on se dispute et, il semblait vraiment commencer à en avoir marre d'être sans cesse tenu, ce que je peux comprendre, j'imagine.

Ces dernières semaines m'ont appris pas mal de choses, sur lui, bien sûr, et sur moi, plus étrangement.

Sur moi, j'ai remarqué, grâce à sa présence, quelque chose d'étonnant, je n'ai aucun besoin que les humains normaux ont... je n'ai absolument pas besoin de boire, de manger ou quoi que ce soit d'autre. J'ai compris cela quand son repas est arrivé, moi qui n'en ai pas eu depuis que je suis ici. Bien sûr, il m'en a proposé une partie de celui-ci et j'ai refusé, mais bon.

D'ailleurs, je crois que je suis devenu absolument dépendant à sa joie, à son aura, à sa lumière. Avant qu'il arrive, j'avais perdu tout espoir, tous rêves, toutes émotions. Enfin, sauf la tristesse de les voir sans cesse mourir... et l'envie d'en finir avec ce monde, à jamais.
Mais, maintenant qu'il est là, maintenant qu'il m'illumine de sa joie sans faille, qu'il me soutient de sa chaleureuse lumière, je me sens bien, comme un aigle qui déploie enfin ses ailes ou un phœnix qui renaît de ses cendres. À ses côtés, rien ne semble impossible, je pense que s'il me disait : "on doit aller tuer un truc extrêmement dangereux et mortel, tu viens avec moi ?", je le suivrais sans l'ombre d'une hésitation, persuadé que nous gagnerons haut la main, par sa simple présence.

Apparemment, il a toujours été "joyeux", croyant fermement que la joie peut sauver toute âme et calmer les plus effroyables des êtres.
Ses parents se sont fait tuer parce qu'ils essayaient de changer les choses, d'améliorer le monde comme ils le pouvaient, ils ont bien sûr échoué. Devenu orphelin, il voyagea d'orphelinat en orphelinat, personne ne voulant d'un enfant "d'hérétiques". Il se fit persécuter pour cela, tabassé par les autres, par tous. Ceux-ci n'avaient même pas vraiment le choix d'ailleurs. Ou, plus exactement, d'après lui, ils auraient subi le même sort que lui s'ils avaient refusé de le tabasser.
Au final, il perdit son œil droit, eut de nombreux os cassés, d'encore plus nombreuses blessures, mais garda son brillant sourire. Personne n'a réussi à le lui enlever et j'espère que personne ne pourra jamais le faire.
Puis, il finit par se faire capturer par les mêmes savants que moi et maintenant, le voilà à mes côtés.

D'ailleurs, il voit mes membres manquants, il faut vraiment croire que je suis le seul qui ne les voie pas "normaux".

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Une nouvelle journée, je me réveille à ses côtés. Je n'ai même pas vraiment besoin de dormir en vérité, enfin, ça me permet de garder mon esprit calme, ce qui est déjà pas mal. En plus, ça me permet de le regarder dormir de près, ce qui est assez satisfaisant, il faut bien l'avouer. D'ailleurs, son œil ne s'éteint pas quand il dort, tel un phare dans la nuit, illuminant l'humanité pour le reste de l'éternité. Il est vraiment magnifique...

Son second œil s'ouvre.
–Encore en train de me regarder dormir, premier ?
Rit-il en me voyant "réveillé" à ses côtés.

–Pour ma défense, je viens de me "réveiller" à l'instant. Mais, oui, je dois l'avouer.
Mon rire rejoint le sien.

–Il faut croire que je suis bien trop beau pour que tu puisses détacher ton regard de moi.
Il prend la pose en disant cela, riant toujours.

–C'est exactement cela, belle et courageuse lumière.
Il n'imagine même pas à quel point c'est vrai.

Un bruit sourd dont je reconnais que trop bien l'origine retentit derrière nous. Nos rires s'arrêtent et mon sourire se fane. La porte de notre cellule vient de s'ouvrir...

On se retourne vers elle. Le vieillard est là avec trois gardes.

–On t'a trouvé une vraie utilité, "courageuse lumière".
Comment connais-t-il ce surnom ? Je suis le seul qui l'appelle comme ça et–
–Et tout ça grâce à toi, premier.
Hein ???

–On vous a laissé tranquille seulement pour connaître plus facilement les pouvoirs du luminescent. Vous croyez vraiment qu'on allez vous laisser ainsi pour toujours ?

Je commence à trembler. Zohar change de sourire, prenant ce sourire triste qu'il n'a pris que quelques rares fois, ce qui reste bien trop de fois, à mon goût.

–Ne t'inquiète pas, petite lumière. Tant que tu ne dis rien à personne sur ce qu'il se passe ici, que tu ne cherches pas à combattre les ennemis par toi-même et que tu n'enfreins aucune règle, tu devrais, normalement, survivre. Après tout, tu vas juste devoir accompagner quelques soldats afin de les encourager...
Il sourit en disant cela, le même perfide sourire dont il a l'habitude.

Je ne peux pas les laisser me le prendre ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas ! Je ne peux pas !

Je me mets entre Draken et Zohar, mon corps tremblant de peur.
–Je... je ne vous... je ne vous laisserais pas me le prendre !
Je hais ma voix tremblante.

Ils lèvent leurs armes vers moi.
Elles me tapent, mais la douleur qu'elles me font n'est vraiment rien comparée à ce que j'ai déjà subi. Elles se cassent sur la peau de mon bras droit, bien plus solide. En réalité, plus ils me blessent, plus mon corps se solidifie, plus ils me renforcent.
C'est une sensation vraiment enivrante, je suis plus fort, plus rapide, plus puissant, juste mieux.

J'attrape une de leurs armes, la réduisant en morceaux en resserrant légèrement ma prise.
Son propriétaire, ex-propriétaire plutôt, subit un sort similaire alors que mes doigts brisent son cou. Les deux gardes restants s'écartent de mon chemin, apeurés.
C'est vers Draken que je me dirige maintenant, désireux d'éliminer le coupable, de venger tous ceux qui sont morts, par sa faute.

Il me sourit. Je hais le sourire suffisant qu'il fait, comme s'il savait tout, voyait tout et que toutes ses morts n'étaient qu'un jeu pour lui...
Je ne suis plus qu'à quelques centimètres de lui, mes doigts se serrent et se desserrent tout au long du court chemin qui les sépare de cet ignoble être.

Je sens quelque chose me taper par derrière, ne détournant mon esprit de ma cible qu'une fraction de seconde. Ça ne fait pas mal, encore moins que le reste, ça ne doit pas être bien dangereux.

Mauvaise idée. Je sens quelque chose parcourir mon corps de l'électricité, mon corps me lâche. Je n'ai que le temps de voir ma lumière, mon Zohar, se précipiter vers moi en criant, avant que les ténèbres ne m'entourent.

Fin du chapitre

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