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14 novembre 1890
Aujourd'hui va avoir lieu mon test, son résultat va décider du reste de ma vie et de celui de mes proches...
Les cloches sonnent la cinquième heure de ce jour. Je sors de chez moi, en tenue blanche, pure, bénie par les anciens et par l'ordre.
Les juges de l'ordre m'attendent. Leur blason brûlant visible sur le devant et le dos de leur tenue d'un sombre noir sont signes de leur dévotion absolue envers Lui, signe qu'ils feraient n'importe quoi, si c'est pour Lui...
Ils m'amènent au tréfonds de leur église principale. Je les suis sans une protestation, sans un geste. Après tout, je ne sais même pas quel va être le résultat, enfin, je sais que je n'ai rien fait qui va à l'encontre de Ses règles donc, normalement, ça devrait aller ?
Et, de toute façon, même si c'était un "don" d'un de Ses ennemis et que je le savais, je ne pourrais quand même pas m'enfuir ou faire quoi que ce soit. Et, même si je m'enfuyais, j'aurais l'entièreté du village, au minimum, qui me poursuivrait...
Ils m'installent dans une espèce de machine étrange qui, en théorie, teste l'énergie de ton âme afin de la "copier" puis de la "scinder en deux". Ensuite, la partie animique d'un humain normal sera retirée de la copie et le reste sera "provoqué" enfin de savoir le nom et la "race" de l'Être qui m'a béni/maudit. Une fois cela fait, le nom, la race et sa place auprès de Lui sera indiqué sur un des écrans.
Au moins, la machine ne fait pas mal et n'endommage ni mon corps ni mon âme. Avant, c'était le cas et, plusieurs "chambres de test" ont été détruites à cause de cela, par l'âme elle-même, ou par l'Être qui l'avait changé ? Personne ne le sait.
L'écran est... étrange, là où il devrait y avoir les différentes informations, il n'y a rien enfin, presque rien. "Aucune partie animique non humaine n'a été détectée. Cet humain est normal." ...
...
...
Ils m'ont refait faire plusieurs fois le test, amenant toujours au même, impossible, résultat...
Ils sont, finalement, arrivés à une possibilité, une éventualité, une raison.
–Il n'est pas humain !
A été leur conclusion. Et, ça me semblait probable, bien plus probable.
Rapidement, sans que je fasse quoi que ce soit, alors que j'aurais pu, j'ai été enchaîné.
Ils m'amenèrent, à nouveau, sans une quelconque considération cette fois-ci...
La marche dura ce qui me sembla être une éternité. L'arrivée était une prison de pierre et de fer, un lieu d'horreur et de mort, un endroit où ma fin commença. La terreur ternira, pour toujours, cet endroit. C'est... le laboratoire d'Arken Drakales, même si je ne le savais pas encore à ce moment-là, bien évidemment.
La porte du bâtiment franchie, on m'a amené jusqu'à une espèce de cellule.
Elle ne mesurait qu'une dizaine de mètres au maximum et avait une espèce de lit sous la forme d'un tas de paille recouvert d'un fin drap presque transparent.
On m'y enferma. Les barreaux se fermèrent derrière moi. Le claquement métallique qui en résulta émit le même son qu'une guillotine. Au moins, elle ne prit pas ma tête ce qui aurait sûrement été préférable, seulement mes espoirs.
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14 ▓ov▓mbr▓ 1890
Un homme, qui semble avoir une bonne cinquantaine d'années, au moins, est devant moi. Il vient d'arriver à l'instant. Il est accompagné de deux personnes se ressemblant étrangement, semblant être des jumeaux, armés, et de quelques autres personnes, armées, elles aussi.
–Bonjour ? Vous pouvez me dire qui vous êtes et ce que vous comptez me faire ?
Je demande, tentant de paraître calme.
–Je suis Arken Drakales, le grand chef de ce laboratoire d'expérience.
Il me pointe du doigt les deux jumeaux.
–Ceux-ci se nomment Carl et Drake, ce sont mes bras droits.
Parce qu'on peut avoir plusieurs bras droits ?
–Nous allons faire quelques expériences sur toi pour savoir ce que tu es vraiment. Ne t'inquiète pas, cela devrait être assez rapide.
Sa voix est mielleuse tout au long de son petit discours.
–Bien sûr, nous allons avoir besoin de ton entière coopération pour que cela fonctionne correctement.
–Et, si je refuse ?
Il fait une étrange tête. Puis, comme si je n'avais jamais répondu, ordonne à ses gardes de m'amener à "la salle d'expérimentation".
Il n'y a pas grand-chose dans la salle. Une table assez longue avec de nombreuses attaches de cuir et de fer pour se refermer sur les membres des malchanceux, des blouses et des... instruments scientifiques ? Ou quelque chose du genre du moins. En fait, on dirait vraiment qu'ils n'ont, tout simplement, que peu de fonds et qu'ils ont tout dépensé pour faire des tests sur moi. Il y a aussi trois personnes habillées en blouse blanche qui semblaient attendre notre venue au vu de leur réaction en nous voyant.
–Pour l'instant, on ne veut pas grand-chose, seulement un peu de ton sang et de ta peau.
Si c'est "juste" ça, ils auraient pu le faire quand j'étais encore dans ma cellule, non ?
–On t'a amené dans cette salle parce qu'on veut aussi te refaire faire le test de vérification avec notre propre machine, pour pouvoir avoir tes résultats sous la main.
Cela semble déjà une explication un peu plus logique, j'imagine.
De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais le choix...
Je me couche sur la table.
Les trois types en blouses me bloquent les membres avec les attaches présentes sur la table. Ils disent que c'est au cas où je bougerais, ce que je ne comptais pas faire, mais j'imagine que c'est compréhensible. Même si, honnêtement, je ne me sens absolument pas rassuré.
Un des trois, racle un peu un de mes doigts avec une espèce de lime, un tube en verre récupère les petits bouts de chair et de peau morte qui en tombent. Cela ne me fait pas vraiment mal.
La blessure que cela me fait n'est pas très très grande, mais cela semble suffisant vu qu'un second récupère le sang qui en coule dans une seconde fiole en verre.
Le troisième pose un petit bout de tissu sur ma blessure. Cela me fait sentir un peu de chaleur, assez bizarre. Puis, il le retire et il n'y a plus rien. C'était sûrement imbibé de sacré ou de jeNeSaisQuoi qui m'a guéri.
Pourtant, il semble surpris. Et, le tissu n'a pas une goutte de sang dessus.
–On va t'endormir. Notre machine est différente de celle de l'ordre, on y est donc obligé.
Il est toujours le seul à parler. Sa voix "mielleuse" commence vraiment à m'être insupportable.
Le savant en chef s'approche, me plante une aiguille dans le bras. Je sens le monde s'ass...om...bri...r...
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Mes yeux s'ouvrent. Je suis toujours accroché sur la table, les humains en blouse me regardent avec intérêt. Rien ne semble avoir changé, donc ?
Ils me détachent de la table.
Je m'étire, respire un peu, tâte mon corps. J'ai l'impression que rien n'a changé.
–Tu te sens bien ? Cette machine peut avoir des effets secondaires, même si c'est assez rare.
Toujours la même personne, il paraît plus curieux qu'inquiet pour ma santé.
–Je n'ai pas l'impression. Je me sens normal. J'imagine que cette machine n'a rien trouvé non plus ?
Je suis, moi aussi, assez curieux. Je pensais que plus vite on serait ce qui m'arrive, plus vite je serais libéré, grave erreur...
Il soupire.
–Elle n'a rien trouvé, en effet. Quoi que ce soit ce que tu as, ça ne semble pas être lié à ton âme. Ou alors, c'est impossible de le remarquer avec ça.
Il reprend d'une voix plus mielleuse.
–Néanmoins, on doit encore tester ton sang et ta chair. Peut-être que ton bienfaiteur a voulu éviter nos contrôles après tout.
Il semble confiant.
–Maintenant, on va te ramener dans ta chambre. Si tu sens un quelconque effet secondaire, dis-le instantanément au garde, il me le rapportera. D'accord ?
Pourquoi est-ce qu'il insiste sur ça ? Les conséquences sont bien moins rares que ce qu'il a dit ? Ou alors, est-ce que c'est... autre chose ?
Ça ne peut pas être qu'il s'inquiète pour moi, quoique, si je suis bien le seul "test" cobaye qu'ils ont, ils doivent avoir peur de me perdre. Enfin, de perdre mon corps et les tests qu'ils veulent faire dessus, j'imagine.
–Tu as compris ?
Redemande-t-il, me sortant de mes pensées.
–Oui oui, monsieur. Je dirais au garde si j'ai quoi que ce soit d'anormal qui m'arrive.
Deux gardes avancent vers la sortie du laboratoire, me demandant de les suivre, ce que je fais.
Juste avant de sortir de la pièce, je me retourne une dernière fois, regardant la pièce. Je vois une chose étrange, il y a trois fioles en verre, une avec mon sang, une avec un peu de ma chair et une, bien plus grande, contenant quelque chose de rose de quelques centimètres de haut. C'est quelque chose que je n'ai jamais vu, mais je suis certain que c'est important et je suis absolument certain que cela n'était pas présent lorsque je suis arrivé. Où est-ce qu'ils ont trouvé ça ?
Bon, ce n'est peut-être pas si important que ça. Et, si c'est le cas, je le saurai bien assez vite. Néanmoins, c'est dérangeant, vraiment dérangeant...
Le chemin jusqu'à la cellule qui me sert de "chambre" est bien plus rapide qu'à l'aller. Ils ont dit qu'ils avaient d'autres tâches à faire et qu'ils ne pouvaient pas se permettre de rester trop longtemps à m'amener.
J'ai la nette impression d'avoir été bien plus rapide que ce que je peux faire normalement et, en même temps, ça ne m'a absolument pas fatigué. Est-ce qu'ils m'auraient fait quelque chose qui augmente ma vitesse et mon endurance ? Est-ce que ça aurait un lien avec ce truc rose qui est apparu dans le labo pendant que j'étais endormi ?
Est-ce qu'il faut que je le leur dise ?
...
...
...
Non, autant garder cela pour moi, au cas où.
Deux des gardes repartent, toujours en courant, tandis que le troisième reste juste à côté de ma porte. Il semble vraiment épuisé, j'imagine que c'est parce que courir avec une arme à la main est vraiment fatigant ? Même s'il doit sûrement avoir été entraîné à cela.
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Les premières expériences sont toujours les plus simples et pourtant apportent souvent beaucoup de réponses. Trouverez-vous quelle question s'est posée Arkan Drakales et quelle réponse il a déjà reçue ?
Fin du chapitre
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