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Point de vue de ??? ???

Notre corps est attaché à une table d'acier. Des cadavres ambulants sont les responsables de cette mortelle erreur. En réalité, ce sont des adultes portant des blouses blanches, sûrement encore des scientifiques. Au moins, cette fois, on va les massacrer ! Non, non, non Gunther, on ne va pas les tuer, ce n'est pas une bonne idée. Bien sûr que si !

soupire Un des scientifiques s'approche de nous, il ne semble pas certain de ce qu'il doit faire.

–Chef, est-ce qu'il faut leur donner une dose ou deux à cette chose-là.
Demande cet être stupide se prenant pour un humain à un vieillard que je souhaite éliminer de tout cœur.

Il soupire en retour, semblant désespéré.
–Un imbécile, un ! Qu'importe son apparence, ce rat n'a qu'un seul corps, donc une seule dose, c'est pourtant simple, non ?
Crie le vieux déchet à l'incapable.

Le porteur de seringue a l'air un peu plus confiant, malgré son corps tremblant. Il lève sa main, alors qu'il est de mon côté et la plante vivement dans notre bras gauche. Ça ne semble rien faire de spécial pour l'inst– Ahhhhhhhh !!!

Je me sens mal, chaud, comme si mon corps entier s'était mis à brûler. Ça ne me fait pas si mal que ça, mais ça m'énerve, m'énerve tellement. Je dois tous les tuer, je me dois de le faire, je me dois de– attends, pourquoi Frieda ne dit rien pour tenter de me calmer ?
Frieda ? Frieda ? Bordel de merde, s'ils ont tué ma sœur, je vais m'assurer de détruire ce monde ou de mourir en essayant !

Gunther ? Gunther ? Gunther, réponds-moi ! Je ne le sens pas bouger, je ne l'entends pas tenter de parler, je ne peux pas tourner ma tête vers la sienne. Je... je... je suis seule ??? Non, non, non, non, ce n'est pas possible, ce n'est possible, ce n'est pas– Ahhhhhhhh !!!

Je sens que notre corps devient "mien", se sépare totalement de ma Frieda. Ce n'est pas possible ! Ce n'est pas possible, bordel ! Pourtant, je le sens, je sens que nous nous brisons comme du verre, je sens que... ma tête me fait si...

Douleur, douleur, douleur, la douleur est partout, dans chaque fibre de notre corps, mon cri retentit sans fin dans ma tête. Je sens notre corps craquer, casser presque, comme si chaque parcelle de peau, chaque bout d'os, chaque... tout, était électrocuté, poignardé, étouffé, ou je ne sais même pas quoi, c'est si douloureux, juste si douloureux, si... si doul...

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Les scientifiques ont assisté à beaucoup de "transformations", pourtant celle-ci fut la pire qu'ils aient jamais vue, pour l'instant du moins. 

Ce qui était autrefois un est devenu deux, détruisant l'entièreté de leurs corps au passage, ni l'un ni l'autre ne ressemblait plus à ce qui fut autrefois eux et ce n'était pas un "petit" changement, loin de là. Leur corps autrefois unique et hermaphrodite est devenu deux êtres monosexués avec leur tête respective comme seul point commun avec ce qu'ils étaient avant.
Le corps de droite est celui d'une fille à la peau bleue, ses vêtements, couvrant à grand-peine son nouveau corps, sont de la même couleur, tout comme la fine brume apparaissant et disparaissant au-dessus d'elle au rythme de sa respiration endormie.
Celui de gauche, celui de son frère, n'est couvert que de ce qui ressemble à de solides écailles rouges, le reste de son corps est de la même couleur. Son souffle semble être devenu une espèce de brouillard de sang.

Cette expérience resta aussi inoubliable pour Lui, c'est la première fois que son "chant" se fit à trois, peut-être même la dernière fois.

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Gunther, ardent et couvert d'écailles,
▓▓▓▓, ardent et couvert d'écailles,
Vois le monde comme un champ de bataille.
Je vois le monde comme un champ de bataille.
Tu crois en la force, en la lutte sans répit,
Je crois en la force, en la lutte sans répit,
Pour toi, le combat est la voie qui éclaire ta vie.
Pour moi, le combat est la voie qui éclaire ma vie.

Frieda, douce et empreinte de sérénité,
▓▓▓▓, douce et empreinte de sérénité,
Recherches l'harmonie, l'éternelle paix.
Je recherche l'harmonie, l'éternelle paix.
Tu vois dans chaque conflit une chance,
Je vois dans chaque conflit une chance,
De résoudre les différends sans violence.
De résoudre les différends sans violence.

Tous deux liés par un lien télépathique,

Tous deux liés par un lien télépathique,

Tous deux liés par un lien télépathique,

Vous partagez vos pensées, un dialogue cosmique.

Nous partageons nos pensées, un dialogue cosmique.

Nous partageons nos pensées, un dialogue cosmique.

Il s'échauffera, tu tenteras de le calmer,
Il s'échauffera, je tenterais de le calmer,

Tu t'échaufferas, elle tentera de te calmer,
Je m'échaufferai, elle tentera de me calmer,

Une dualité qui cherche à s'harmoniser.
Une dualité qui cherche à s'harmoniser.

Je me réveille, j'ai si mal à la tête, mes mains viennent vers ma tête pour la masser un peu, étrangement celle de gauche ne touche pas le cou de mon frère.

Mes yeux s'ouvrent, ma tête ne me fait plus vraiment mal, mais je me sens vraiment énervé, encore plus que d'habitude et, nu...

Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas touché ? Pourquoi ne me parle-t-il pas ? Je tente de tourner ma tête vers lui et, étonnamment, j'y arrive facilement. Il n'y avait pas quelque chose qui me retenait avant ?

Je baisse mes yeux vers mon corps. Mes mains sont, comme le reste de mon corps, de la couleur du sang. C'est assez satisfaisant en réalité, même si je suis certain que sœurette ne doit pas aimer cela, elle n'aime pas vraiment tout ce qui a rapport au sang et au combat après tout. Enfin, si elle était encore...

–Oh, bon sang !
Je ne peux m'empêcher de crier.

J'entends un cri ne pouvant venir que de sa bouche.
–Frieda ?
Je me tourne vers la source du cri.

Son corps est couvert d'écailles, la couleur de sa chair est celle du sang frais, ses yeux semblent montrer de l'extrême colère alors que je sais, que je sens, qu'il n'ait, actuellement, pas énervé, pas vraiment du moins.

–Oh, bordel !
Je m'exclame.

Son corps est bleu, bleu ! Elle porte une espèce de robe étrange de la même couleur, mais une robe en lambeaux. Bizarrement, les trous dans celle-ci ne semble pas trop montrer de peau, principalement parce que celle-ci est de la même couleur. Elle sourit et son sourire est vraiment apaisant, étrangement.

–Je pense qu'il n'y a pas besoin de leur demander leur pouvoir. Amenez-les à leur cellule.

À ses mots, deux personnes s'emparent de moi et commencent à m'amener jeNeSaisOù, je me laisse faire bien sûr, ce serait une mauvaise idée de les con–

–Lâchez-moi, bordel ! Je vais tous vous tuer !

Je ne vais certainement pas laisser ces gringalets m'amener où que ce soit, et encore moins toucher ma sœur !

Au vu de son cri, de la fumée rouge qui sort de son corps et de celui-ci qui commence à grandir, je crois que mon frère est vraiment vraiment en colère cette fois.

–Gunther, calme-toi. Je suis certaine qu'on peut s'échapper sans les tuer, il faut juste attendre le bon moment.

Je l'entends dans ma tête, on a vraiment gardé ça ? Pourtant, je n'entends pas toutes ses pensées...

–Fais-moi confiance, Gunther. Tu peux faire ça pour moi, non ?

–Argh, bordel !!! Tu ne peux pas dire ça !
Je souffle du nez une fumée rouge sombre.

–Gunther.
Je vois une petite brume bleue sortir de ma bouche, toucher mon frère, ce qui semble l'aider à se calmer.

–Ok, ok. Je te fais confiance... comme toujours...

Je sens mon corps rétrécir, mes yeux s'embrumer pendant un instant. Elle a toujours raison, faisons ce qu'elle a dit, pour l'instant, on verra plus tard si c'est une bonne idée ou pas...

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On est devant une espèce de cellule où se trouvent déjà quatre personnes, trois qui semblent normaux et un qui... a sept bouches...

–Cette bordel de cellule n'est pas censé pouvoir contenir autant de personnes bon sang ! Amenez-nous autre part avant que je ne vous tue !

En effet, il n'y a pas vraiment la place pour deux personnes supplémentaires, c'est déjà étonnant que les quatre autres arrivent à tenir à l'intérieur, à vrai dire.

Gunther ne cesse pas de hurler, comme si ça allait changer quoi que ce soit. Au moins, il n'a pas fait de fumée rouge ou quoi que ce soit du genre, c'est presque comme s'il faisait semblant d'être en colère ? Non, ce n'est pas son genre, je pense plutôt qu'il est vraiment en colère et qu'il exagère un peu.

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Un court moment plus tard

–Tu sais que ça ne servait à rien, n'est-ce pas ?

Il n'a, évidemment, pas réussi à tenir beaucoup de temps hors de la cellule.

–Bien sûr, je testais quelque chose et ça a bien marché.

Son sourire est carnassier, dévoilant non pas des dents, mais des crocs acérés.

–Maintenant, je vais nous faire échapper, alors n'essaye pas de me calmer !

–Gunther, ce n'est pas une bonne idée. Il vaut mieux attendre et

–Parce que tu crois vraiment que je vais rester calme à attendre la Mort !?

Je sens mon corps devenir fort, vraiment fort, alors que de la fumée rouge sort une nouvelle fois, cette fois-ci de mon corps tout entier. Je me sens grandir aussi, d'une bonne dizaine de centimètres.

–Jamais ! Jamais ! JAMAIS !
Je crie de toutes mes forces en fonçant vers la porte tel un bélier, faisant un trou géant dans celle-ci.

–Gunther, calme-toi.
Je m'approche de lui, maintenant à l'extérieur de la cellule.
–Cela ne sert à rien de combattre comme cela.
Une brume bleue sort de mon corps tandis que je le regarde en lui souriant.
–Il y a toujours un moyen pacifique de faire ce que l'on veut, il suffit juste de le trouver.
J'ouvre mes bras, l'enlace. Sous cette forme, il est bien trop grand pour que mes bras le fassent totalement, mais ce n'est pas très grave.
–Fais-moi confiance, frérot.
Je finis par dire, sachant qu'il le fera, il le fait toujours.

Il se calme, reprenant sa taille normale. Son brouillard et ma brume disparaissant simultanément.

–Seulement parce que c'est toi, Frieda.
Je soupire.

–Je sais, Gunther, je sais. Merci.
Je lui murmure, l'enlaçant toujours.

–Tu ne devrais pas faire ça prince Éros, il y a des gardes derrière cette porte.

Cette voix semble venir de nulle part, enfin non, elle vient du couloir par lequel les gardes nous ont amené, mais il n'y a personne de visible.

–C'est très certainement un ennemi ! Il n'y a que nous et les autres pourritures après tout !

–Qui a dit ça ?

Cette voix provient de derrière nous. Je me retourne et y vois un de nos camarades de cellule, une de ses mains posées sur la poignée de la porte géante.

–Comment il a pu nous passer ?!

–Parce qu'on ne regardait pas, tout simplement. Et, ce n'est pas grave, c'est un allié, j'imagine.

–Eidolon, je suis, grosso-modo, un mort, un fantôme ou une illusion, qu'importe. Ah, et je suis un "survivant" comme vous.

–Tu vois Gunther ? Ce n'est pas un ennemi, au contraire, c'est...

–Et maintenant, tu es avec eux !?
Je hurle, bouillonnant de rage. Un traître et un lâche, voilà ce qu'il est !

–Mais non, frérot, un survivant ne peut pas avoir rejoint les rangs ennemis, c'est certain.

–Non, je suis resté ici avec l'objectif de vous faire fuir. Mais, je n'ai pas eu le temps de finir de préparer mon plan parce qu'un gamin rougeâtre a fait exploser la porte de sa cellule !

Et maintenant, il semble énervé aussi, super...

–Ce sont les dires d'un lâche qui ne se montrent même pas ! Comment veux-tu qu'on te fasse confiance !

–Gunther, s'il te plaît, calme

Une lumière blanche se forme devant nous, elle prend peu à peu une apparence humanoïde, même si elle est un peu différente d'un humain normal, moins différente que Gunther et moi, mais différente quand même. Il est juste pâle, vraiment très pâle. Par contre, j'ai l'impression qu'il n'est qu'un reflet sur un miroir invisible, ce qui est vraiment étrange...  

–Gunther, monsieur le fantôme, calmez-vous. Cela ne sert à rien de se battre entre nous.
Je leur dis en leur souriant, essayant de les calmer avant que cela ne dégénère trop.
–Il est trop tard pour regretter maintenant, n'est-ce pas ?
J'émets une brume bleue de tous les pores de mon corps qui enveloppent les deux garçons, ce qui semble les calmer.

–Tu as raison, c'est bien trop tard. Je vais devoir essayer de vous faire sortir dès maintenant, tant pis.

Soupire-t-il.

–Je n'en ai pas fini avec

–Gunther, tais-toi !

Frieda qui crie ??? Ok, je ne vais rien dire de plus, pour l'instant, mais s'il tente de nous trahir, je serai sans pitié !

–Écoutez-moi attentivement, chacun d'entre vous porte un collier qui explosera si le bouton associé est appuyé, si vous passez une des portes ou si vous tentez de l'enlever. Il y a deux gardes derrière cette porte blindée, quatre de plus dans la salle d'expérience, deux à l'autre porte et il y a en plus, le vieux connard, un de ses bras droit et des savants sans armes.

Donc, je ne peux pas détruire la porte tout de suite. soupire

–Je vais tenter de désactiver les colliers, je sais normalement comment faire.

–Aridan.

Il semblerait que cela soit le nom d'une des deux personnes "normales" encore dans la cellule.

–Avec ton pouvoir, tu vas devoir tenter de protéger les autres des balles des gardes.

Un bouclier vivant, hein ? Je me demande si je peux le tenir avec un bras ? Il ne semble pas vraiment très lourd ni très imposant, donc sûrement. 

–Aeon.

Il pointe le second garçon "normal" encore dans la cellule.

–Tu devras "rendre éternel" Aridan lorsque le combat contre les gardes commencera, il en aura certainement besoin.

Rendre éternel ?

–Tu penses que s'il rend ma rage éternelle, je deviendrai encore plus puissant ?

–Sûrement, mais tu serais certainement incontrôlable, donc n'ose même pas demander, compris ?

–Ok...

Tous les deux sortent de la cellule, attendant sûrement que quoi ce soit se passe.

–Gunther.

–Qu'est-ce que ce type me ve

–Fais sortir Hela de sa cellule.

Hela ? Je regarde dans la direction qu'il pointe, mais il n'y a qu'un mur.

–Qu'est-ce qu'il raconte celui-là ?

–Tu ne vois pas qu'il y a une espèce de petite porte dans le mur ? Détruis-la.

–Oh ! T'as raison, Frieda.

–Puis, lorsque je te le dirai et seulement lorsque je te le dirai, tu détruiras la grande porte.

–Aucun problème pour ça !

–Les autres, je ne suis pas certain de ce à quoi vous pouvez être utile, donc faites de votre mieux. Et, plus important, survivez !

–C'est déjà ce que l'on comptait faire, il faudrait être stupide pour tenter le contraire...

–Si vous aussi, vous venez à mourir, il y a de grandes chances qu'Il ne s'en remette pas...

Je me demande bien de qui il parle. Surtout qu'il l'a dit avec tant de respect et de préoccupation dans sa voix, c'est vraiment vraiment étrange. Est-ce que cela peut être la voix ?

Le type semi-transparent a disparu. Pour me défouler, et certainement pas parce qu'il m'a dit de le faire, je fonce vers la porte indiquée par ma sœur, la détruisant facilement, plus facilement que la nôtre.

–Frérot, tu penses que la personne dont le fantôme parlait est la voix qu'on a entendue ?

–C'est possible, j'imagine. Il faudrait savoir si les autres l'ont aussi entendu.

Ce n'est pas une bonne idée.

–Oublie ça.

–Je suis d'accord, je pense qu'il vaut mieux ne jamais en parler, pas dans ce lieu en tout cas...

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Quelques minutes plus tard

Des bruits de pas retentissent dans le couloir, celui qui est censé servir de bouclier vivant s'avance de quelques pas en nous demandant de rester derrière lui, ce que nous faisons.

Devant nous se trouve six personnes portant des armes à feu, un semble plus important que les autres, il est donc la cible que je vais abattre en premier.

–Vous devriez gentiment retourner dans vos cellules avant qu'il ne soit trop tard, les gamins.

Je sens qu'il a peur, ce qui est normal, nous sommes peut-être non armés, mais mes mains vont quand même arracher leur tête !

–Dans quelques instants, le chef appuiera sur un bouton et les têtes de tous ceux qui ne sont pas dans leurs cellules sauteront. Donc, si vous voulez vivre, arrêtez vos gamineries !

On va bien voir qui est un gamin quand je vais repeindre le sol avec ton sang !
Je sens la fumée rouge sortir de mon corps, utilisant ma rage, mon envie de sang et de meurtre pour améliorer mon corps.

–Gunther, ce n'est pas une bonne idée, d'accord ? Rien ne s'est encore mal passé, donc on peut encore–

Une alarme retentit dans la direction du groupe armé.

–Eh bien, c'est trop tard. Quel dommage de perdre tant de sujets survivants.

Une explosion retentit proche de nous. En tournant ma tête dans la direction du bruit, je vois que la fille que Gunther a libérée, Hela, est morte, sa tête séparée du reste de son corps, de son cou, il n'y a plus aucune trace.

Il semblerait que le fantôme ait réussi à presque tous nous sauver alors, presque... Bizarrement, je suis bien plus calme que ce que je pensais pouvoir être.

–Seulement une morte ? Qu'est-ce qui s'est passé avec ces colliers, bon sang !?

Tout le groupe semble vraiment étonné, même si j'ai l'impression que quelque chose cloche avec les agissements de celui qui semble le chef du groupe ennemi.

–Les colliers sont détruits ! Gunther, détruit cette maudite porte, il y aura deux gardes derrière, tue-les !

La voix du fantôme résonne dans ma tête, dans nos têtes plutôt, au vu des réactions des autres.

–Avec plaisir !
Je rugis.

Je m'élance vers la porte, la fumée et ma rage nourrissant ma force et ma vitesse.

Les gardes tirent dans la direction de Gunther, on dirait qu'ils savent qu'il a facilement détruit nos portes. Heureusement, Aridan est sur le chemin, les balles semblent rebondir sur son corps. C'est assez amusant à regarder.

Un bruit sourd retentit lorsque mon épaule la percute de plein fouet, un sinistre craquement retentit alors que la porte géante sort de ses gonds et commence sa chute de l'autre côté. 

J'entends des bruits de liquide tombant goutte à goutte à ma droite, je me tourne dans cette direction et vois Aeon, du sang gouttant de sa bouche. Il est blessé ? Pourtant, il n'a pas de blessures, de ce que je vois, du moins.

–Ne t'inquiète pas, je vais bien, tout va bien.

Me dit-il sans me regarder. Est-ce qu'il va vraiment bien ?

Alors que la porte touche le sol, j'entends le bruit d'os qui craquent ainsi qu'un lugubre gémissement.

–Il semblerait bien qu'il y avait quelqu'un de l'autre côté.
Je me mets à rire.

–Maintenant, allez-vous-en ! Et, faites attention, il en reste un à gauche qui a réussi à esquiver la chute de la porte !

Comme si ça allait m'arrêter !

Les tirs s'intensifient, libérant une pluie de balles mortelle. Aeon crache de plus en plus de sang.

Je vois l'ennemi survivant, fonce sur lui. Il est effrayé, vraiment effrayé, je le sens. Il me tire dessus, tentant sûrement de m'arrêter, mais ça ne fait qu'augmenter ma rage pour le prix de quelques blessures mineures.

J'arrache sa tête d'un simple coup de main, transformant son cou en une fontaine de sang.

–Finie.
Je dis, surtout pour ma sœur. 

 –Aeon, Aridan, il faut qu'on recule, maintenant !
Je crie.
–La voie est dégagée alors go, tout de suite !

–Fuyez, vite, des renforts vont finir par arriver.

Même le fantôme le dit, il faut qu'on se dépêche !

Je commence à partir en direction de mon frère, de l'autre côté de la porte, un bruit dans mon dos me fait m'arrêter.

Aeon, Il vient de glisser sur la flaque de sang à ses pieds, l'étourdissant quelques secondes à peine.

Je vois les dents d'Aridan crisser sous la douleur alors que des morceaux de peau et de sang durci tombent au sol, ce qui n'était pas arrivé jusqu'à présent.

–Désolé Aridan, je suis tombé !

Lui crie-t-il, tandis que ses yeux le regardent à nouveau.

Et, à nouveau, plus rien ne semble atteindre celui qui nous sert de bouclier tandis, qu'à nouveau, des gouttes de sang tombent de la bouche d'Aeon... Je ne sais pas combien de temps ils vont pouvoir tenir...

Ils reculent, enfin, à pas bien trop lents, comme ils ne regardent pas où ils vont.

–Bordel de merde ! Venez ! D'autres arrivent !

Ils ne sont que trois de plus, pour l'instant, mais ils vont très certainement tenter de nous couper la retraite, ils sont armés et d'autres vont arriver !

Trop lent, trop lent, trop lent.
On va se faire attraper si on continue.
Il faut qu'on trouve un moyen de gagner du temps.
Je sais !

Je peux certainement les calmer temporairement ?

Je vais massacrer tous les nouveaux arrivants !

Je m'approche des gardes devant moi.

J'avance le plus discrètement possible vers les renforts adverses.

Ma brume bleue commence à sortir de mon corps avant même que je ne dise quoi que ce soit, se dirigeant vers nos ennemies.

Ma fumée rouge s'enroule autour de mon corps, j'ai l'impression de rapetisser alors que mes jambes deviennent de plus en plus rapides.

Je sors de la protection d'Aridan, personne ne me tire dessus, pour l'instant.

Je suis à quelques mètres du groupe d'ennemis, personne ne sait que je suis là, pour l'instant.

–Essayons d'être calmes, messieurs. Tout peut toujours être réglé pacifiquement, croyez-moi.
Ma brume augmente grandement leur croyance en moi, alors que je m'approche encore plus d'eux.

Mon corps grandit énormément, dépassant ma taille initiale, j'écrase la tête du plus proche entre mes mains alors que je leur crie :
–Vous allez tous mourir de mes mains, cafards !

Leurs regards sont vides de toutes expressions à part celle de la joie. J'ai réussi !
–Posez vos armes à terre, vous n'en aurez plus besoin, ne vous inquiétez pas. Tout va bien désormais.
Ils m'écoutent, heureux de faire ce qui est bien.

Le sang dégouline de mes mains et la Mort a maintenant trois nouvelles âmes à s'occuper.

–Frérot, j'ai réussi à les calmer ! La paix est bel et bien la bonne solution !
Ma voix, qu'il est le seul à entendre, est joyeuse, sincère.

–Sœurette, j'ai tué les renforts ennemis ! La guerre est belle est bien la bonne réponse !
Ma voix, qu'elle est la seule à entendre, est joyeuse, sincère.

–Oh ! Il semblerait bien que les deux marchent.
Nos rires résonnent en écho, unis, comme autrefois.

–Je viens vers vous, sœurette. Dépêchez-vous de venir quand même, d'autres vont encore arriver.

–Bien sûr, frérot. Même si, de toute façon, personne ne pourra nous arrêter, c'est certain.

–Aeon, Aridan, on doit vraiment y aller maintenant. Il n'y a plus d'ennemis ! On est libre !

On rit tous les trois en courant vers la sortie, un sourire décorant nos lèvres.

Gunther est là, nous attendant, du sang couvrant ses mains.

Ils sont là, Aridan et Aeon semblent blessés, couverts de sang. Mais, Frieda semble saine et sauve. Il n'y avait pas une autre personne ? Qu'importe.

Tous les quatre réunis, nous continuons notre chemin vers la forêt alentour, on ne sait pas vraiment où aller, mais partir d'ici est un plan suffisant pour l'instant.

BANG

Un bruit de balle retentit, venant de derrière nous. Est-ce que ce serait ?

–Ça vient d'eux, n'est-ce pas ? Il fallait les tuer, bon sang !

–Non, non, non, ça ne peut pas venir d'eux, ça ne peut pas...

BANG

Un autre tir retentit, celui-ci, accompagné d'un cri. Aeon a été touché à la jambe droite. Il ne semble pas avoir très mal, mais on dirait qu'il ne peut plus bouger cette jambe-là.

Aridan attrape "celui qui rend éternel", le plaquant contre son torse, "caché" entre ses bras. Celui-ci le regarde fixement, lui rendant cette faveur de son mieux, j'imagine.

BANG

Une autre balle rebondit sur le dos du "bouclier vivant", n'arrachant qu'une goutte de sang à Aeon.

BANG BANG BANG BANG

Plusieurs balles transpercent le sol, à seulement quelques centimètres de nous.

C'est presque comme s'ils ne nous visaient– bordel !

–On est encerclés !
Je hurle.

Gunther a raison ! La forêt semble grouiller de monde, même si je suis presque certaine qu'il ne doit pas avoir plus d'une dizaine de personnes.

–On peut le faire, à nouveau !

–Avancez !

–On vous couvre !

Ma brume bleue sort de mon corps, plus épaisse que jamais auparavant. Je suis persuadée que tout ira bien, car la paix résout tout.

Ma fumée rouge emplit mon corps, semble remplir chacun de mes pores. Je sais que je peux les massacrer, car la violence résout tout.

Ma brume se disperse dans les alentours, atteignant peu à peu tous les poursuivants, ce qui les fait s'arrêter, tout sourire. La paix est toujours la bonne solution.

Je cours vers les ennemis nous bloquant, leurs balles me touchent, superficiellement, à de nombreux endroits, ce n'est pas suffisant pour m'arrêter. Une tête est écrasée, des bras décrochés de leur support, je sens la peur dans le regard des survivants et leur esprit flancher. La violence est toujours la bonne réponse.

Je commence à retourner vers mes amis, mes alliés, mon frère, souriante, sachant que j'ai réussi, sachant que nous sommes sauvés.

Je me retourne pour regarder ma sœur adorée, elle est souriante. Elle a réussi, sans utiliser de violence, comme toujours. Peut-être devrai-je essayer un jour ?

–J'ai réussi frérot !

–Je vois ça, sœurette, tu es incroyable.
Mon sourire est sincère, même s'il dévoile certains de mes crocs.

Je le vois s'approcher de moi, tous les ennemis morts ou ayant abandonné leurs armes. Il n'y a vraiment plus rien à craindre maintenant. La paix a toujours été la  solu

BANG

J'entends un bruit de balle. Il est proche, si proche qu'il me rend sourde.

–Freya !

J'entends mon frère crier dans ma direction, mais je n'entends pas ce qu'il dit.

Je le regarde en souriant.
–Qu'y a-t-il, fré–
Alors que je parle, je sens ma bouche s'ouvrir toute seule et quelque chose en tomber.

C'est quelque chose de rouge, de rouge sombre. Je regarde la tâche à mes pieds, ne cessant de grandir. Elle a la même couleur que la nouvelle chair de Gun– Ce serait du sang ?

–Freya ! Réponds-moi !

J'entends un cri, mais... je sais pas... qui ça vient...
Mes jambes... me lâchent.
Tête, heurte, sol.
Yeux, vides.
Je

La paix n'a jamais été la seule bonne solution.

J'attrape ma sœur, toujours à terre. De mes yeux coulent des larmes de tristesse et de rage, rouges comme la terre sous elle.
Je ne l'entends plus, plus du tout. Je ne la sens plus, je... je...
inspire expire
Je... je sais qu'elle... qu'elle est... qu'elle est morte...

–La paix n'a jamais été la bonne solution ! La violence est la seule réponse !
Je hurle de rage.

Je le savais, je l'ai toujours su, à vrai dire. Mais, elle ne me croyait pas et maintenant, il est trop tard, bien trop tard.

–Ce n'est pas le temps de se lamenter, de la pleurer, pas encore.
Je me chuchote.

Actuellement, il n'y a qu'une chose à faire, qu'une seule et unique chose, la venger ! Peindre le sol avec leur sang et leur chair !

La rage et la soif de sang emplissent chaque once de mon corps, chaque morceau de ma peau, chacun de mes os, je me sens plus puissant que jamais, plus destructeur que jamais.

Je le vois, au loin, le responsable de tout cela, le responsable de notre séparation, le responsable de sa mort, le responsable de tant d'atroces choses.

–Maudit vieillard, je vais t'écorcher vif !
Je hurle, faisant trembler la terre et les cieux un instant, rendant muet tous les bruits de la nature.

Les balles sifflent à mes oreilles, venant de ceux qu'elle a décidés d'épargner, venant de ceux qu'elle a laissés vivre.

–Et c'est comme ça que vous la remerciez !

Mes yeux changent, ma vision est teintée de rouge, me rendant quasiment aveugle, la seule chose que je vois est la seule chose que j'ai besoin de voir, leur position. 

Je massacre frénétiquement tous ceux que j'arrive à approcher, les bras, les têtes et les torses volant dans le ciel, parfumant les alentours de la meilleure odeur existante, celle du sang frais.
De nombreuses gouttes tombent à portée de ma langue assoiffée que je ne peux empêcher de boire, cela ne fait qu'assombrir un peu plus ma vision déjà rougie.

Je sens que mon corps change au fur et à mesure que je bois, je me sens plus fort, plus rapide, plus résistant, comme si j'absorbais leur être tout entier, comme si je volais leur vie pour les faire miennes, c'est... grisant. rire

BANG

Une balle m'atteint au torse, ne me faisant que reculer légèrement. Je n'ai même pas vraiment mal, à vrai dire.

BANG

Une autre troue ma main droite, un liquide noir en tombe, détruisant tout ce qu'il touche, comme de l'acide.

BANG

J'esquive facilement la troisième balle, la tête du tireur est maintenant au fond de mon estomac.

BANG BANG BANG BANG BANG

Les balles fusent de plus en plus vite, j'ai l'impression qu'ils ne prennent même plus le temps de viser, ce qui m'arrange.

BANG

Aaaah !

Je sens la balle percer mon œil droit, me rendant encore plus aveugle alors que je crie de douleur.

BANG BANG BANG BANG BANG

Je sens les balles percer mon corps en de nombreux endroits. Mon sang noirci tombant de plus en plus.

BANG BANG BANG BANG BANG

J'avance vers eux, l'œil gauche à peine ouvert. Je sens mon sang emplit de rage couvrir une grande partie de mon corps. Je sens le sol à mes pieds "fondre", rendant mon avancée encore plus difficile.

BANG BANG BANG CLICK CLICK CLICK

Ils commencent à manquer de balles, je crois. Plus que quelques mètres et les tireurs seront à ma portée, une dizaine de plus et ce sera lui qui le sera.

BANG BANG

Le nombre de tirs diminuent encore. Je sens leur peur augmenter à chaque pas que je fais, JE LE SENS !

BANG BANG

Mon second œil n'est plus, mais ils sont juste à côté, juste à portée de main, juste

BANG

Je tombe. Ma main droite agrippe une dernière tête durant ma chute, l'écrasant à mes côtés.

Je tente de me lever, mais je ne peux pas, mais je ne peux plus, mes jambes ne m'obéissent plus du tout.

Je continue d'avancer vers eux en rampant, mais je suis bien trop lent, bien trop lent, bien trop lent !

–Pauvre petit rat, tu croyais vraiment pouvoir nous survivre ?

Il est juste au-dessus de moi, à portée de–

Aaaah !
Ma main droite, celle qui s'approchait de lui, est plantée au sol par une lame la traversant.

–Sois heureux, tu as été un excellent rat de laboratoire, la démonstration que vous avez faite de vos pouvoirs va nous faire obtenir encore plus de fonds de recherche. N'est-ce pas formidable ?

Je sens ses yeux inhumains me scruter. Je sens mon sang bouillir de rage. Je sens mon corps se vider. Je sens la Mort prendre peu à peu tout ce qui m'entoure. Je sens... je sens... Je la vois.

La violence n'a jamais été la seule bonne réponse.

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C'est ainsi que les deux siamois moururent, "pour la bonne cause". Leurs sacrifices permirent à leurs compagnons de cellule de fuir, mais pour combien de temps ?

Fin du chapitre

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