10

------------------------------------------
Point de vue de ???

–Quand je serai grand, je serai un agent secret ! Je traquerai les méchants et les amènerait devant la justice !
Je ne cessais de répéter alors que je n'avais même pas cinq ans.

Mes parents m'encourageaient, même s'ils devaient sûrement penser que ce n'était qu'un rêve d'enfant qui allait me passer. Mon père, membre d'une espèce de milice, m'apprenait à me déplacer discrètement, à faire de nombreuses actions sans faire de bruits, à détourner l'attention d'autres personnes. Je n'avais que les bases, bien sûr, mais c'était amusant, vraiment amusant et ça me confortait dans mon rêve d'être un agent secret, c'était une bonne époque. Mais, rien ne dure éternellement, même les bonnes choses, surtout les bonnes choses...

Mon père a disparu. Est-ce qu'il est mort ? Est-ce qu'il a choisi de nous quitter ? Est-ce qu'il a fui ? Je ne sais pas, je ne le saurai sûrement jamais désormais.
Ma mère ne pouvait plus nous soutenir nous deux, financièrement parlant, pas toute seule, j'ai donc voulu l'aider. Malheureusement, ce n'est pas possible pour un enfant d'obtenir légalement beaucoup d'argent. J'ai donc dû trouver d'autres moyens pour en gagner, heureusement ma capacité de discrétion m'a permis d'en avoir.
Malheureusement, ce moyen m'a fait repérer par des personnes peu recommandables. Ils ont menacé ma mère, disant que si je ne continuais pas à faire ça, mais pour eux, ils la tueraient. J'ai accepté, évidemment.

En faisant cela, j'ai pu l'aider à nous faire vivre, réussissant même à lui faire rembourser ses dettes et emprunts. Je me disais que même si j'avais jeté mes principes à la poubelle, je pouvais continuer à vivre "sans trop de soucis". Mais, là, je commence vraiment à regretter de ne pas avoir essayé de fuir, avec ma mère, loin d'eux...

Je suis devant une bâtisse en pierre qui ressemble beaucoup à une sorte de prison avec ses espèces de barreaux sur les rares fenêtres. Je suis, pour l'instant, caché dans des buissons aux alentours en train de surveiller une entrée étant normalement une entrée secondaire quasiment jamais empruntée. En tout cas, c'est ce que mes "alliés" m'ont affirmé, ils veulent que je m'introduise à l'intérieur, que je cherche si une certaine personne est à l'intérieur et que je revienne à eux. Ils ont dit qu'une des "filles" du "chef" avaient été amenés par ici par onNeSaisQui. Je dois donc aussi trouver qui est le chef de cet endroit, avec qui il est impliqué, ainsi que le nombre de gardes, leur emplacement, etc... enfin de savoir si c'est possible de la sauver ou non, ou plutôt, si c'est "rentable" de la sauver ou non. Ils ne pensent sûrement pas un seul instant que qui que ce soit puisse leur résister après tout... ce sont des imbéciles.

Bien ! Tout va bien se passer ! Pourquoi ça tournerait mal, après tout ? N'est-ce pas ? Ce n'est pas la première fois que je dois chercher quelqu'un, ce n'est pas la première fois que je rentre dans un lieu potentiellement dangereux et ce n'est pas le lieu le plus effrayan– bon, peut-être un peu...

Je me dirige vers l'entrée le plus furtivement possible, bien sûr, tout ne repose pas seulement sur mes compétences, je reste qu'un simple humain sans bénédiction. Je porte des vêtements faits en peau de fades et créer par une personne bénite par un des Siens, Aone des illusions. Ça ne me rend pas entièrement invisible pour autant, sinon, n'importe qui aurait pu prendre ma place, mais ça aide beaucoup.

Je m'avance lentement vers la porte, faisant le moins de mouvement brusque et de bruit possible, calmant mon cœur pour que ses battements ne puissent être entendus et évitant tout endroit où la saleté, la poussière ou la terre pourrait marquer mes pas. Cette attitude, maintenant ancré dans mon corps, me soulage de toute peur qui pourrait me ralentir.

Je suis à la porte, personne ne m'a repéré pour l'instant et je n'ai vu personne non plus, tout va bien.
Je pose mon oreille contre la porte, tentant de vérifier s'il y a quelqu'un de l'autre côté, mais je n'entends rien. Est-ce qu'il n'y a personne ? Est-ce que la porte est trop épaisse pour que je puisse entendre ? Je ne sais pas.
Je l'ouvre doucement jusqu'à ce que l'ouverture soit assez grande pour me laisser entrer, ce que je fais avant de, lentement, la refermer. Il ne semble y avoir personne dans les alentours.

Cet endroit ressemble plus à une grotte qu'à un lieu où l'on peut vivre, les murs de pierre humides semblent pouvoir facilement tomber sur toutes personnes y entrant. Pourtant, j'entends une voix dans le lointain, une voix agaçante dont je ne comprends pas les paroles. Je m'avance dans sa direction, il n'y a de toute façon qu'un seul chemin pour l'instant.

Au bout de quelques mètres, je vois une cavité illuminée sur la droite, encore bien loin de la voix. Je m'y approche doucement, m'y arrêtant quelques centimètres avant, vérifiant du bout de la tête s'il y a quelqu'un dedans, mais il n'y a personne. Ça semble être une minuscule cellule pour une ou deux personnes, tout au plus. Cet endroit serait une prison ? Si c'est le cas, ça doit être un groupe ne travaillant pas avec les autorités, sinon, le chef aurait sûrement été au courant de ce qui se passe à l'intérieur, sûrement...

Il y a un embranchement juste après la cellule et quelle que soit la direction que je regarde, il semble n'y avoir que des cellules, ou en tout cas que des petites cavités ressemblant à des cellules.
Ne sachant pas où aller, je tourne à droite, me dirigeant vers la voix. Afin de ne pas me perdre, je sors d'une de mes poches un petit flacon contenant une substance écarlate, de l'essence fantomatique. C'est un liquide mat que l'on doit mélanger avec son propre sang, et après une dizaine de minutes d'attente, si le même sang s'approche à moins d'une vingtaine de mètres de l'endroit, alors le liquide se mettra à briller faiblement. C'est un objet très précieux que j'ai eu il y a un petit moment de cela en tant que récompense d'une mission.

Une bonne dizaine de minutes plus tard et après avoir traversé plusieurs embranchements, j'arrive à un dernier croisement. À gauche, il semble y avoir une salle d'expérimentation, des longues tables avec des attaches en cuir, des flacons et instruments divers et variés ainsi que plusieurs blouses et beaucoup de... sang et autres matières humaines présents sur le sol. Je retire ce que j'ai dit, c'est plus une salle de torture qu'autre chose ! Et, je pense qu'il vaut mieux que je me barre d'ici au plus vite ! Mon corps frissonnant de peur me le confirme...
Pourtant, si je reviens sans la fille et sans informations, moi et ma mère sommes fichus. soupire Je n'ai plus qu'à continuer et prier de réussir...

Il y a une porte de fer dans l'espèce de salle. Cependant, je n'ai honnêtement pas envie de traverser la salle, je préfère donc passer par le chemin menant vers la droite qui est un autre tunnel comme celui où je suis actuellement.

J'avance de quelques pas avant de m'arrêter. Au sol, il y a des petites flaques rougeâtres, sûrement du sang, et des bouts d'os qui semblent humains.
Je continue à avancer, encore plus doucement, suivant les morceaux de corps et les flaques, la curiosité étant bien trop forte pour faire autre chose. Il faut que je trouve ce qui a fait ça, peut-être cette information sera-t-elle assez importante pour justifier mon retour précipité ?

Je me baisse, essayant de voir de plus près un amas étrange d'os. Je ne le touche pas, bien sûr, au cas où. Mais, me rapprocher suffit à comprendre ce que c'est, un crâne humain. Ou plutôt, ce qu'il en reste, c'est comme si quelqu'un, ou quelque chose, avait broyé la tête d'une personne avec jeNeSaisQuoi. Et, au vu du nombre de tas d'os semblable qu'il y a, il semblerait bien qu'il n'y ait pas qu'une personne qui ait subi cela. Espérons que ce qui a fait ça n'est plus par ici.
La peur d'être le prochain me fait frémir, mais cela ne m'arrête pas, rien ne m'arrêtera !

En suivant la macabre piste, j'arrive à une cellule semblable aux nombreuses que j'ai vu jusqu'à présent, à une exception près, elle est habitée.
Plus exactement, j'entends des bruits, des paroles, venant de l'intérieur de celle-ci.
J'y jette un œil, m'attendant à voir des gardes armés jusqu'aux dents, mais non. À l'intérieur, il y a un garçon un peu plus grand que moi et... un monstre ??? Non ! Un humain ? Je ne sais pas, un humanoïde avec sept bouches ??? Il ne peut définitivement pas être un humain, si ?
À moins qu'il ne soit un produit de l'espèce de salle d'expérimentation ? Mais, dans ce cas, est-ce que c'est un humain qu'ils ont changé en ça ? Ou une tentative de création d'un humain qui a mal tourné ? Et, le second, le "normal" ? Est-ce une réussite ou un échec moins visible ? À moins qu'ils souhaitent vraiment créer des monstres ?
D'ailleurs, les voix viennent des bouches de l'enfant qui en a sept tandis que le second ne dit pas un mot.

Il vient de me regarder !!! Le garçon qui semble normal vient de me regarder droit dans les yeux, ce qui m'a fait instantanément ralentir mon cœur, par réflexe. Il ne peut pas m'avoir vu, si ? Quoique, s'il n'est pas un humain ou qu'il ait été changé, c'est possible qu'il ait quelque chose d'anormal qui ne peut pas être vu, par exemple, une vue amélioré, ou une faculté de concentration hors norme lui permettant de voir les espèces de petits éclats argentés, seules choses que l'on peut voir de moi avec ses vêtements.

Son regard se détache du mien, il semble, qu'au final, j'ai paniqué pour rien. Je soupire de soulagement, un peu trop bruyamment, il se tourne, à nouveau, vers moi, cherchant la source du faible bruit. Le type aux multiples bouches ne bouge pas le moins du monde, continuant à se parler à lui-même, peut-être n'a-t-il, tout simplement, pas entendu ?

Le "normal" ouvre la bouche, commençant une phrase.
–Est-ce qu'il–
Mais, il s'arrête avant la fin, regarde dans la cellule, puis, dis autre chose, bien plus doucement avant de détourner, à nouveau, sa tête de moi.
–Qu'importe.
Rajoute-t-il finalement.

Est-ce qu'il m'a vraiment vu ? Est-ce qu'il sait que quelqu'un est là, juste de l'autre côté de cette porte fermée ? Je ne suis pas sûr et honnêtement, je ne suis pas certain de vouloir savoir.

Je m'éloigne de la cellule, continuant d'avancer dans le couloir, d'un pas plus lent maintenant que je suis sûr qu'il y a des "vivants" dans cet endroit.
J'arrive à une porte. J'entends de l'autre côté des voix plus graves, des voix d'adultes. Je n'entends pas ceux qu'ils disent, mais, au vu de ce que j'entends, il semble être collé à la porte et à l'extérieur. C'est donc, logiquement, la "vraie" porte d'entrée ? Ce qui veut dire que j'ai traversé quasiment l'intégralité de l'endroit sans rien trouvé d'intéressant à part les deux autres enfants ?

Donc, je dois maintenant choisir entre prendre des tunnels au hasard et voir si je trouve quelque chose, ou essayer de passer la porte en fer qui se trouve dans la salle que je ne veux pas traverser... il y a trop de chances que je me perde et peu que je trouve quoi que ce soit si je prends des tunnels au hasard, donc, va pour la porte. Je sens que je vais amèrement le regretter...

Je repasse devant la cellule occupée, mais, cette fois, ne m'arrête pas. Puis, continue mon chemin, jusqu'à la salle...

Je sens, à nouveau, une écrasante peur s'emparer de moi, mon cœur s'emballe, des frissons parcourent mon corps. Je ne veux vraiment pas entrer là-dedans, vraiment pas, mais je n'ai plus le choix, l'avais-je vraiment ?

Je reste un moment devant l'entrée, attendant que je me calme un peu, même si cela ne marche que très peu.
J'entre dans la salle, m'avance vers la porte de fer au fond de celle-ci.
–Jusqu'ici, tout va bien.
Je me murmure silencieusement.
–Jusqu'ici, tout va bien.

Je suis juste devant la porte, ma main droite s'approche de la poignée en tremblant, elle ne veut pas l'ouvrir, je ne veux pas l'ouvrir, mais je la force à le faire.

Je pose une main sur ma bouche, étouffant un cri de stupeur. À l'intérieur, se trouve une autre table semblable à celle dans l'autre salle, mais celle-ci est occupée, occupé par un enfant non attaché qui semble mort, mais dont je suis étrangement sûr qu'il ne l'est pas.
Je veux le libérer, mais il n'est pas attaché. Je dois le libérer. Dois-je le sortir d'ici ? Dois-je essayer de le réveiller ? Il faut que je l'aide. Je dois l'aider. Je dois l'aider. Je dois

Je m'approche du co– de l'enfant, le regarde de près, mais je ne sais pas quoi faire.
Je tente de lui parler doucement à l'oreille, mais il ne réagit pas. Je tente de le toucher, de lui pincer les joues, mais rien ne se passe. Il ne semble tout simplement pas réagir du tout.

Je cherche du regard quelque chose qui pourrait le réveiller, quoi que ce soit.
Des cuves de sang, des fioles remplies de liquides étranges, des étranges choses en métal où se trouve ce qui ressemble à du sang coagulé. Rien d'intéressant, rien que je ne veux essayer plutôt.

Il y a de nombreuses feuilles éparpillées sur les tables. Aucune n'indique comment le réveiller, mais une semble intéressante, même si je ne sais pas pourquoi. Et, je ne peux pas m'empêcher de la lire à voix haute.
Elle raconte qu'un groupe de personnes que je ne connais pas, nommé "les nephilims", aurait été attaqué, annihilé. Elle indique qu'il n'y a aucune trace de survivant et que la "courageuse lumière" est très certainement éteinte. Cette information me rend... triste ? Même si je ne sais pas qui sont ces personnes et que je ne devrais donc rien ressentir... Pourquoi ?

J'entends des bruits de pas.
Quelqu'un arrive, marchant doucement, calmement, ses pas résonnent, d'autres le suivent. Je regarde par la porte que j'ai laissée ouverte, six hommes et un enfant sont en train d'arriver. Un vieil homme, deux moins âgés et armés et trois autres personnes armées tenant l'enfant qui reposent mollement dans leurs bras.

Les voyant approcher de plus en plus, je décide de fermer la porte sur moi. Je devrais certainement sortir de cette petite salle qui a qu'une issue et me cacher, immobile, dans un coin en attendant qu'ils partent, mais je ne pe– ne dois pas laisser cet enfant dans cet endroit, qu'importe celui qui est à l'extérieur, il faut que j'aide celui-ci. Il faut que je le réveille, à tout prix !

Je ne trouve pas ! Je ne trouve pas ! Je ne trouve pas ! Bordel ! Il faut ! Il faut ! Il faut !

La porte s'ouvre. Je me tourne vers elle, je vois le vieil homme y entrer, attrape la table de fer et la traîne dans la salle.

Je le regarde faire, ne voulant pas bouger, voulant savoir ce qu'il va lui faire, voulant voir s'ils vont le réveiller et si oui, comment.

Ils ne tentent pas de le réveiller. Le second enfant, qui se réveille rapidement, est accroché à une des autres tables. L'un des adultes sort une seringue et récupère du sang de l'enfant toujours endormi avant de l'injecter dans l'autre alors qu'il essaye de se débattre.

Pendant un moment, rien ne se passe, puis, l'enfant attaché se met à gonfler, gonfler, gonfler, dépassant de loin la taille qu'un humain normal est censé avoir, puis, fond, dans un bruit atroce. Je... Il... il a fondu ??? Comment ça, il a fondu ???
Le second enfant, toujours endormi, ne semble pas avoir boug– Attends ! Ce sont des larmes que je vois couler de ses yeux ? Pourtant, on dirait qu'il n'a même pas remarqué ce qu'il s'est passé ?

Le même type ramène l'enfant dans la salle. Je me penche doucement vers lui, ce sont bien des larmes... Il semble qu'il "voit", qu'il "sent", même s'il ne peut rien faire, comme s'il était enfermé dans son corps avec toutes ses fonctionnalités scellées ? C'est... étrange, vraiment étrange.

La table où il se trouve continue à bouger, me touche, me faisant reculer. Je me sens tomber en arrière, je heurte quelque chose derrière moi, un peu de liquide tombe sur mon corps, tachant mes vêtements.

–Drake ! Carl ! Il y a quelqu'un dans la salle ! Il est invisible !
Commence le vieil homme, de l'étonnement dans la voix.
–Et, taché par le sang du premier...
Son étonnement devient de l'excitation et, il sourit, d'un sadique sourire qui me donne des frissons.

Le sang du premier ? Qui ou quoi est le premier ? L'enfant ou autre chose ?

Je sens les battements de mon cœur ralentir de plus en plus, presque cesser.
Le sang me recouvre de plus en plus, comme s'il s'étendait, s'étendait, s'étendait, s'étendait. Je le sens passer à travers mes vêtements, collant à ma peau comme de la gelée étrange. Et, malgré la douleur, malgré la viscosité, malgré le fait que j'ai l'impression que je suis en train de mourir, je me sens... bien, vraiment bien, vraiment vraiment bien.

Une voix semble venir de nulle part.

Ô caméléon, fière créature cachée,
Ô caméléon, fière créature cachée,
Je ne peux pas m'empêcher de répéter.

Toi qui marches avec grâce, tel un danseur éthéré,
Moi qui marche avec grâce, tel un danseur éthéré,
Je sens ma tête sans cesse tourner.

Se fondant dans le décor avec dextérité,
Me fondant dans le décor avec dextérité,
Je sens mon corps changer de couleur et de forme, semblant absorber mes vêtements en peau de fades.

Tes battements lents, comme tes mouvements, imperceptibles,
Mes battements lents, comme mes mouvements, imperceptibles,
Mon cœur cesse définitivement de battre. Mais, il continue de remplir ses fonctions.

Comme si tu étais né pour être invisible.
Comme si j'étais né pour être invisible.
Mon corps disparaît de ma vue. C'est vraiment étrange et flippant de se "voir" comme ça.

Embrasse ta vraie nature, Hamish et apporte la vérité.
J'embrasse ma vraie nature, ▓▓▓▓ et j'apporte la vérité.

Dans ma tête résonne un bruit sourd, le même bruit parasitaire qu'il y a sur les télévisions quand la chaîne ne fonctionne pas. Le bruit devient chuchotement, le chuchotement paroles.
–Hamish, caméléon caché.
Je me tourne vers l'enfant endor– vers ▓▓▓▓, vers le premier, vers notre seul "Dieu". Hein ?
...
Il ne bouge pas, mais la voix semble bien venir de lui et de lui seulement.
–Abandonne-moi. Abandonne la morte que tu cherches.
Ce ne sont pas des demandes, mais des ordres.
–Tente de sauver ceux qui peuvent encore l'être. Mais, surtout, FUIS !
C'est la même voix dont je répétai le chant il y a seulement quelques secondes.

Je ne peux pas désobéir, je ne le veux pas non plus.
Je pars précipitamment, me dirige vers la cellule des deux enfants. Je ne me soucie pas du bruit de mes pas, je sais qu'ils ne résonnent pas, ni de mes vêtements détruits, je sais que je suis bien plus discret ainsi.

J'y arrive bien plus rapidement que ce que je pensais, ne pas avoir à se soucier de ralentir pour ne pas être entendu aidant grandement.

–Munde, nombreuses bouches ? Eidolon, image spectrale ?
Ils se tournent tous les deux vers moi en entendant leurs noms, leurs titres.
–Où et qui ?

Je me rends visible un bref instant.
–Hamish, caméléon vivant.
Je m'incline en disant cela avant de redisparaître de leurs vues. C'est bien plus dur que ce que je pensais de rester visible...

–Je suis en train de fuir cet endroit, vous voulez venir avec moi ?
–Elle ne voudrait certainement pas que je reste ici sans rien tenter, alors je viens.
Répond Eidolon.
–Si vous voulez mourir, allez-y, moi, je reste ici. Refermer la porte derrière vous au moins...
Répond Munde.

Je sors de ma poche une clé, plus exactement, un passe-partout. Une extraordinaire création d'un inventeur de génie bénie par Ydis, le créateur.

La porte s'ouvre dès que je commence à y entrer la clé.

Il sort de la cellule et je ferme à clé derrière lui avant de la ranger dans ma poche.

–Maintenant Eidolon, suis-moi ! On se barre d'ici.
Je commence à partir en direction de la sortie par laquelle je suis entrée.

–Euh... Hamish ?
Je m'arrête, me retourne vers lui.
–Oui ?
–Je ne te vois pas...
–Oh ! C'est vrai !

J'essaye de me rendre visible, mais n'y arrive pas vraiment. Des parties de mon corps ne cessent de devenir visibles un instant, puis invisibles la seconde suivante.

–Euh...
–Ça suffira, ne t'inquiète pas.
Il soupire.

–Maintenant, vite. On doit passer devant la salle de torture pour fuir et il y a des gardes, donc...

On se met à courir, Eidolon me suivant de près.
On arrive jusqu'à la salle, je pars à gauche, il me suit de près. Pour l'instant, on n'a vu personne, ce qui est assez étonnant, mais c'est tant mieux.

J'entends des pas derrière nous, se rapprochant.
–Cours plus vite ! Ils sont derrière !!!

Des balles sifflent proches de nous. Je me mets à accélérer d'autant plus.

–Je ne te vois plus !
J'entends mon compagnon crier.

Merde ! Je suis redevenu entièrement invisible ! J'essaye de me rendre à nouveau visible, mais je n'y arrive pas. Je me retourne et le vois partir dans le mauvais tunnel.

–Eidolon ! Pas par là !
Ma voix ne sort pas de ma bouche.

J'essaye de m'élancer vers lui, de partir l'aider, mais mes jambes refusent, continuent d'aller vers la sortie.
Je l'entends crier, me demander de l'aider. J'entends un dernier bruit d'armes à feu retentir. Puis, le silence, un silence mortel...

Je finis le chemin vers la sortie dans un complet silence, des larmes sortent de mes yeux, mais s'évaporent avant de toucher le sol.
–Encore un mort. Encore un mort. Encore un mort. Nous devons survivre, pour Lui...
J'entends une voix répéter dans ma tête. Je ne sais pas si ce sont mes pensées ou celles d'un autre, même si elle ressemble fortement à ma voix. Je ne sais pas, mais ça me rend immensément triste.

==========================
Quelque temps plus tard

Je suis devant notre base. Je soupire, maintenant, il va falloir que j'explique tout ça au chef, heureusement que j'ai ce nouveau... "pouvoir", sinon, il ne m'aurait jamais cru, ce qui est bien normal, qui pourrait croire que cela est vrai ?

???

L'intérieur est dévasté ? Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Des cadavres, quelques taches de sang frais, des marques de balles sur les murs et les portes, voilà tout ce qu'il reste d'un des gangs les plus puissants de ce monde qui avait nombre de bénis à ses ordres. Je trouve le chef dans la salle principale, assis sur son "trône" de métal, de nombreux impacts de balles et du sang parcourant son corps. Accroché à son crâne par une dague, un message écrit en lettres sanglantes : "Tous ceux qui tenteront de nous espionner ou de nous nuire finiront ainsi."

J'imagine que je suis libre, maintenant ? Attends ! Le message est sûrement par rapport à mes actions, n'est-ce pas ? Donc, s'ils ont pu découvrir qui m'a envoyé, ils ont sûrement découvert qui j'étais, et donc...

–Maman !
Je m'exclame, fuyant la zone en direction de ma maison.

==========================
Peu de temps après

Je suis devant chez moi, rien ne semble clocher, tout semble intact.
–Pour l'instant, tout va bien.

J'entre, il n'y aucun signe de vie, mais aucun signe de mort non plus. Je me suis inquiété pour rien, voilà tout. 
–Maman, je suis rentré !
Pas de réponse, elle doit être en train de dormir, rien de plus.

Je monte à l'étage, en direction de la chambre de ma mère, toujours rien qui ne sort de l'ordinaire.
–Pour l'instant, tout va bien.

J'arrive devant sa porte, toque à sa porte, l'appelle, mais elle ne répond pas.

–Pour l'instant, tout va bien ?

J'ouvre la porte, ma mère est là, allongée sur son lit, rien ne semble en désordre, elle semble juste tranquillement dormir.

Je m'approche doucement, ce n'est pas comme si elle pouvait remarquer ma présence si je ne le souhaite pas, après tout.

!!!

Elle... elle, elle, elle est morte !! Ses yeux sont éteints, son ventre est teinté d'un rouge écarlate dégoulinant de sa poitrine par un petit trou... et, à... à ses côtés, ta... tachés par son... son sang, se trouve... un... un mot, "Nous"... "nous te retrouverons"...

__====================__

Malgré cela et les nombreuses larmes qui coulèrent de son corps, Hamish, "caméléon vivant" reste le premier à avoir "survécu" au laboratoire d'Arken, même s'il entraîna, dans sa fuite, la chute d'Eidolon. À moins que...

Fin du chapitre

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top