Un - Blaise

À écouter : Now Or Never - Halsey

Un noël à Miami ?

- Vraiment ça devrait être interdit d'avoir un aussi beau cul, marmonne Faith.

Sa tête posée dans sa main, les yeux rivés sur le postérieur d'un de nos collègues, elle soupire et laisse certainement son imagination jouer un de ses nombreux tours. D'aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été comme ça, le genre de fille à fantasmer sur un mec toute la journée sans oser aller lui parler.

James, le collègue en question, salue un homme en costume et sort de la salle, son café à la main. Je dois dire qu'il est plutôt mignon avec ses cheveux courts blonds et ses yeux verts. On dirait presque un surfeur australien. Faith secoue la tête et fait la moue devant l'écran de son mobile qui renvoie le reflet de sa peau métisse.

Je bois une gorgée de mon café encore chaud, sorti de la machine il y a cinq minutes et consulte mon téléphone tout en m'appuyant contre le dossier de la chaise de la salle de repos. Mes yeux divaguent sur la photographie de la dernière couverture du magazine de notre entreprise et je souris. Cette idée c'est moi, Blaise Walker qui l'aie eu. La femme de mon patron, June, avait adoré l'idée de faire poser deux mannequins féminins, riant aux éclats. Jusque là, rien d'anormal. Mais si je vous disais que ces deux mannequins étaient ennemies depuis toujours ? Dingue, n'est-ce pas ? Une chance qu'elles aient bien voulu jouer le jeu le temps d'une photo. En même temps, avec le pognon derrière...

Habituellement, ça ne fait pas partie de mes tâches puisque je travaille dans la rédaction mais lorsque je suis venue proposer un article à June, j'ai vu qu'elle bataillait à trouver une nouvelle idée de couverture. Et ma chance fait que je venais de lire un article d'un magazine concurrent sur mon téléphone comme quoi deux mannequins étaient en guerre. L'idée m'est venue naturellement.

- Blaise tu m'écoutes ? Me réveille la métisse et c'est à mon tour de soupirer.

Elle lève les yeux au ciel et enlève un trop plein de vernis rouge sur un de ses ongles.

- Je te disais que ça serait bien qu'on sorte un peu le soir.

- Pour quoi faire ? Je l'interroge avant de finir mon café.

- Bah pour sortir, elle hausse simplement les épaules. Tu sais, comme les personnes normales de notre âge...

Le regard perdu dans le fond de mon gobelet, je n'écoute plus les paroles de mon amie et réfléchis. C'est vrai que je ne suis pas sortie en boîte de nuit ou au cinéma depuis, quoi, deux ans ? Mais ça ne veut pas dire que je suis anormale. Si ?

Je veux dire, j'ai vingt-six ans. J'ai encore le temps de faire ça, de sortir tard le soir avec des amis, de m'endormir à pas d'heure...

J'intercepte un bout des paroles de Faith et m'y accroche pour lui faire croire que je l'écoutais.

- ... Et puis c'est pas comme si t'avais fait câlin-câlin bisous-bisous avec un mec ces derniers temps, elle râle et j'ouvre grand la bouche.

- Eh mais je fais ce que je veux !

- Enfin Blaise ça fait trois ans qu'on se connaît et je t'ai pas vu une seule fois avec un mec, elle se redresse sur son siège et me fixe de ses yeux verts. Tu n'as pas envie qu'un mec te touche ?

Cette fois-ci, se sont mes yeux qui sortent de leurs orbites tandis que sa phrase fait presque écho dans la salle du personnel où nous nous trouvons. Les employés de Carter&Co présents se retournent pour nous regarder, Faith et moi.

Je me tasse contre ma chaise et recouvre mon visage de mes mains, rouge de honte.

- Faith putain, je chuchote, on est pas seules ici.

- Et alors ? Elle semble s'en foutre. Ils croient qu'ils sont venus comment au monde ?

Je grimace, me relève de ma chaise pour aller jeter mon verre en plastique. Si j'en crois l'heure affichée sur ma montre, il me reste dix minutes avant la fin de ma pause de midi. Faith me suit et nous nous aventurons comme à notre habitude dans le couloir qui mène à l'ascenseur, la discussion encore sur le tapis.

- Sérieusement tu dois te trouver un mec, elle revient à la charge et je grogne devant son caractère.

Elle a toujours été têtue comme ça.

- Arrête avec ça Faith, je suis bien toute seule.

- Ça c'est toi qui le dit. Il n'y a pas que le travail dans la vie. Tu as le droit de t'amuser un peu aussi.

Nous nous stoppons devant les portes de l'ascenseur et j'appuie sur le bouton d'appel. Ce discours, Faith l'a au moins une fois par mois et surtout depuis qu'elle même est frustrée de ne pas voir le beau James s'approcher d'elle.

- Je n'ai vraiment pas envie, j'essaie inconsciemment de lui demander de laisser tomber et elle baisse les bras.

Ses mains se posent sur ses poches de pantalon, qu'elle tâtonne énergiquement.

- Merde mon téléphone, elle jure et retourne en arrière vers la salle de repos, je te rejoins à ton box.

Alors que je la vois disparaître de mon champ de vision, je vérifie à mon tour la présence de mon portable dans ma poche droite. Ouais, même place que d'habitude. Je souris, fière de mon sérieux et entre rapidement dans l'ascenseur quand les portes s'ouvrent à moi. Une chance pour moi, je suis seule et personne ne rentre en même temps.

Les portes se referment et je m'appuie contre la paroi pour souffler un peu. J'aime beaucoup mon travail. J'ai toujours aimé écrire, des articles, des nouvelles... Et j'ai réussi à en faire mon métier il y a trois ans. Le fait que mon père connaisse bien le patron, Monsieur Carter, aide aussi. Mais je m'assure toujours que mon travail soit bien fait, quitte à faire des heures supplémentaires jusqu'à très tard.

Face à moi, une grande vitre recouvre le mur de l'appareil. Je m'en approche et inspecte mon visage. Mes cheveux blonds vénitiens retombent sur mes épaules en de légères boucles naturelles, mes yeux noisettes sont mis en valeur par un peu de maquillage que m'a conseillé Faith. À défaut de ne pas vouloir me trouver un homme, j'aime me plaire à moi, parce qu'il faut se plaire à soi avant de vouloir plaire aux autres.

Je plisse mon chemisier blanc qui rentre dans mon pantalon élastique noir et observe mes baskets. Je sais être classe mais porter des talons pendant plusieurs heures, ce n'est pas possible pour moi.

Les portes s'ouvrent à nouveau mais cette fois-ci un étage en dessous du mien. Un homme en chemise blanche y entre et j'essaie de me faire discrète sur mes observations en remarquant qu'il s'agit de James, l'objet des fantasmes de mon amie. Oh elle va être jalouse quand je vais lui dire que j'étais dans le même ascenseur que lui.

Nos deux visages sont dirigés vers les portes de l'appareil qui se referment et entament leur course. James se gratte la gorge et tourne la tête pour me sourire rapidement, sourire que je lui rends.

- Blaise c'est ça ? Il m'interroge et je hoche la tête.

- Et James.

À son tour il acquiesce et le silence refait surface bien vite. Ne le supportant pas, je décide de le rompre quitte à passer pour une folle.

- Alors votre arrivée dans l'entreprise s'est bien passée ? Je me souviens de ses débuts ici il y a deux mois.

- Plutôt bien oui même si je n'ai pas vraiment eu le temps d'apprendre à connaître mes collègues, il soupire, manque de temps.

- Je connais ça, je baisse les épaules et une idée prend place dans ma tête. Ça vous dit de manger avec mon amie et moi demain ?

Il hausse un sourcil et me regarde, plein d'incompréhension.

- Votre amie aux cheveux noirs ?

Il l'a remarqué au moins, ça va faire plaisir à Faith.

- Oui, Faith.

Il me sourit et retourne sa tête vers les portes qui s'ouvrent à mon étage.

- J'en serais ravi.

Je le salue, tout sourire et sors de l'ascenseur pour rejoindre l'open-space où plusieurs de mes collègues sont déjà. Le père de mon patron actuel avait décidé de faire de cet étage un service à la fois grand et pratique pour ses employés. Ainsi, nous avons chacun un box attribué et seuls les rédacteurs ou journalistes y ont accès ici.

Je marche quelques mètres pour arriver jusqu'à mon box et dépose mon sac au sol, sous mon petit bureau. Je rallume mon ordinateur, un mac et lance le logiciel de traitement de texte. Cette entreprise a les moyens pour se permettre de donner aux employés de bons ordinateurs mais aussi de bons logiciels, pour favoriser la création et la réussite.

Des talons résonnent sur le sol, même s'il s'agit d'une moquette et je ne perds pas de temps à réaliser qu'il s'agit bien de mon amie qui fonce droit sur son box à la gauche du mien.

- Je suis là, elle est essoufflée et je pouffe de rire en la voyant s'affaler sur sa chaise de bureau.

Je secoue la tête et reprends vite mon travail pour finir mon article dans les temps.

*

- Au fait j'ai proposé à James de manger avec nous demain, j'annonce à mon amie tout en me redressant.

Le métro s'arrête brutalement et Faith se rattrape de justesse à la barre que je tiens moi-même. Elle tousse plusieurs fois alors qu'une voix insupportable se diffuse dans les haut-parleurs.

- Pardon ?

- Je l'ai croisé dans l'ascenseur et sache qu'il t'a remarqué, je lui donne un coup dans l'épaule avec ma main et souris.

Son sourire s'agrandit et elle se mord la lèvre avant de sautiller sur place. L'appareil dans lequel nous nous trouvons reprend son chemin et je me retrouve projetée contre un homme derrière.

- Désolée, dis-je en m'éloignant de lui quand je vois une grimace apparaître sur son visage désagréable.

- Sérieux je sais même pas comment te remercier Blaise, elle me déclare rêveuse et je suis sûre qu'elle pense déjà à notre déjeuner de demain.

Je hausse les épaules et m'aperçois que la prochaine station desservie est la mienne. Je replace mon sac à main correctement sur mon épaule et annonce à ma collègue ma future sortie du métro. Elle me salue lorsque les portes s'ouvrent et je m'engage comme beaucoup d'autres personnes dans le froid de la nuit de New-York. Je grimace en remontant les escaliers qui mènent à la rue face à mon immeuble. L'air tape sur mon visage, les voitures klaxonnent encore alors qu'il est déjà vingt heures passées.

Je grimpe rapidement les marches menant à mon petit appartement et soupire devant ma porte quand je l'ouvre à l'aide de mes clés. Maison me voilà.

Une fois la porte refermée, j'accroche ma veste en cuir au portemanteau, jette mes clés sur la petite commode dans l'entrée et enlève mes chaussures que je laisse près de la porte.

- J'ai besoin d'un plat de pâtes et d'un bon chocolat chaud, je marmonne en frottant mes mains.

Je me dirige vers ma petite cuisine en passant par mon salon. Quatre murs blancs, une télévision posée sur un meuble, une table basse, un canapé ainsi qu'une table quatre personnes le composent. Autrement dit, je ne suis pas très compliquée niveau décoration.

Mon assiette de pâtes à la main, je m'affale dans mon fauteuil et allume la télévision, comme je le fais tous les soirs depuis trois ans.

*

Je traverse vite les passants devant le building et fais une entrée fracassante comme je n'en ai jamais faite. Je salue Abigail, la secrétaire à l'entrée du bâtiment et fonce droit vers l'ascenseur.

Ce matin, le métro a eu beaucoup de retard et je me suis retrouvée à courir dans la rue pour arriver jusqu'à l'entreprise. Résultat, Faith est déjà à son box quand j'arrive puisque son frère l'a amenée et moi je dois jeter mon sac au sol pour me mettre à travailler rapidement.

- Waouh salut Blaise, me salue une autre collègue, Ivy.

- Salut Ivy, je marmonne et allume mon pc.

Ivy est une grande brune de type mannequin. Vous voyez les personnes attentionnées, à l'écoute, adorable, câline mais timide ? Et bien Ivy est tout le contraire. Vous savez, celle qui est belle, qu'il ne faut pas embêter mais qui a le droit de vous faire chier. Et bien, c'est bien elle.

- Alors c'est ton mec qui t'a gardé au lit pour que tu n'arrives seulement qu'à cette heure là ? Elle m'interroge et pouffe de rire par la suite. Ah non c'est vrai t'as pas de mec.

Je lui lance un regard noir et passe mes mains sur mon visage. La journée commence tellement bien.

- Mademoiselle Stevens il me semble que ce ne sont pas vos affaires, annonce une voix rauque derrière moi et je frémis.

Le patron.

Je relève la tête et constate qu'Ivy a perdu de ses couleurs. Bien fait pauvre cruche. Elle balance des excuses et repart en sens arrière, loin de nous.

Je me retourne et fais maintenant face à Monsieur Carter, les bras croisés, l'air furieux. Qu'est-ce que j'ai encore fait de mal ?

- Mademoiselle Walker, dans mon bureau, maintenant, il m'ordonne et je sursaute.

Je marmonne des excuses à mon tour et me dirige sagement vers le bureau de mon supérieur pendant qu'il discute avec Faith d'un projet.

Je ne l'attends que quelques minutes dans la pièce puisqu'il débarque, les mains dans les poches et s'approche de son bureau. Je m'assois gentiment sur la chaise face à lui, comme je le fais d'habitude et le regarde s'assoir en se passant les mains sur le visage.

- Ne vous laissez pas faire par ce genre de femme, il me conseille et je hoche la tête.

Bien que mes parents connaissent Monsieur Carter et son père, j'ai toujours eu peur de mon patron. Il dégage cette assurance et ce charisme qui font que vous n'avez pas envie de vous opposer à ses idées.

- Bien si je vous ai fait venir, ce n'est pas pour vous parler de ça, il reprend son ton sérieux. J'ai un service à vous demander.

J'acquiesce et attends patiemment sa demande.

- Vous savez que je projette d'installer un bâtiment pour l'entreprise à Miami.

Je hoche la tête et pose mes mains sur mes cuisses. Ça fait presque deux ans qu'il prévoit d'installer des sièges pour Carter&Co un peu partout en Amérique et Miami est la ville qui pose le moins de problèmes pour s'y installer. Du coup les travaux ont débuté rapidement et un siège dans cette ville a vu le jour.

- Je dois aller faire un état des lieux pour vérifier que le travail est fait correctement mais vous n'êtes pas sans savoir que les fêtes de Noël approchent.

- Où vous voulez en venir ?

- On voudrait que ça soit vous qui alliez vérifier que tout se passe bien là-bas, m'informe une voix dans mon dos et je tourne la tête.

June, la femme de mon patron entre dans la pièce, sa fille Nora dans ses bras. Je m'attendris à sa vue et remarque le sourire de la jolie demoiselle quand elle m'apercoit. Depuis plus d'un an je garde régulièrement la petite âgée maintenant de quatre ans, quand June et Monsieur Carter ne peuvent pas le faire pour causes de réunions ou autres. Quand je suis arrivée dans l'entreprise, June m'a prise sous son aile parce qu'elle a vu en moi la jeune fille qu'elle était il y a quelques années.

- Liam et moi devons nous rendre chez nos parents avec la petite et il faut obligatoirement que cette visite à Miami soit bouclée.

- Mais pourquoi moi ?

- June vous fait particulièrement confiance et puisque votre travail ici a toujours été parfait, me déclare mon patron, je vous fais confiance aussi.

June pose sa main sur l'épaule de son mari qui me regarde attentivement, pour juger ma réaction. À vrai dire, je ne sais pas vraiment quoi répondre. Noël a lieu dans moins d'une semaine mais ce n'est pas comme si j'avais quelque chose de prévu. Mes parents sont en voyages en Méditerranée tandis que mon frère fête la fin d'année dans sa petite famille. Faith va chez son père pour Noël donc je ne fais rien d'incroyable.

- Les frais seront bien sûr à la charge de l'entreprise.

- Combien de temps dure le voyage ? Je les interroge, passant mes yeux de Monsieur Carter à June.

- Une petite semaine, il réfléchit, le temps de rester un peu dans l'entreprise pour vérifier que tout se passe bien et pour que vous puissiez voir avec le directeur pour la sortie de la nouvelle couverture.

- Je pense que je ne peux pas refuser.

*

- Et donc tu pars cet après-midi ? Me demande Faith tout en piquant une feuille de salade avec sa fourchette.

Je hoche la tête et regarde mon assiette. Monsieur Carter a décidé que le plus tôt je partirai, le plus tôt je pourrais rentrer. Donc cet après-midi m'a bien arrangé. Noël est dans cinq jours et je n'ai pas tellement envie de m'éterniser là-bas, même si je n'ai rien de mieux à faire ici si ce n'est travailler.

- Salut, prononce une voix profonde derrière moi.

Si j'en crois le visage rouge de mon amie, James le beau surfeur se trouve juste derrière moi. Ma collègue bégaye, marmonnant un "bonjour" ou un "salut" mais je n'ai pas bien compris. Voyant que son propre cas est désespéré, elle soupire et plaque sa main sur son front.

- Hey, je salue notre collègue qui prend place à notre gauche.

De ce fait, James se retrouve à côté de chacune de nous, Faith et moi étant face à face.

- Faith c'est ça ? Il lui sourit joyeusement et elle rougit d'autant plus.

- Ouais, elle tente de dire, et James.

- C'est ça, il ouvre sa lunch box et sort ses couverts.

Je continue de manger mon plat et ne relève la tête que lorsque je remarque que personne n'a engagé la conversation. Faith me fait les gros yeux et pointe discrètement du doigt James. Je fronce les sourcils et lui murmure de lui poser une question.

- Alors vous êtes dans cette entreprise depuis longtemps ? James nous interrompt dans notre échange de messes basses.

Découvertes, nous tournons toutes les deux la tête dans sa direction et lui sourions.

- Je suis là depuis trois ans.

- Et moi depuis cinq ans, explique à son tour Faith. Et toi pourquoi tu es venu ici ?

James mange une nouvelle bouchée de sa viande et s'essuie la bouche.

- J'ai déménagé. Je vivais en Californie avant.

- Waouh je suis née là-bas, s'exclame mon amie. C'est pour ça que tu ressembles à un beau surfeur !

Aussitôt les mots sortis de sa bouche, elle met ses mains devant celle-ci et ouvre grands les yeux. C'était épique !

James éclate de rire, les joues légèrement rouges et m'entraîne avec lui.

- Et bien merci pour le compliment Faith, il lui sourit sincèrement.

*

- Surtout tu m'appelles quand tu es arrivée, d'accord ?

- Oui maman, je lève les yeux au ciel, récoltant une frappe à l'épaule de la part de mon amie.

Je saisis ma valise et sors de mon immeuble pour rejoindre le taxi qui m'y attend. Monsieur Carter n'avait pas prévu de billet d'avion donc quand j'ai voulu en prendre un, tous les billets étaient déjà vendus. La magie de Noël...

Du coup, j'ai commandé un taxi à la dernière minute qui a accepté de m'amener à Miami, même si la route est très longue. Je crois tout de même que les quatre cent dollars promis y sont pour quelque chose. Désolée Monsieur Carter mais vous avez dit que vous couvriez tous les frais !

- Bonjour, m'accueille le chauffeur en se frottant les mains pour les réchauffer.

Je le salue à mon tour et le laisse prendre ma valise pour la mettre dans le coffre. Faith me tire contre sa poitrine pour une étreinte et je frotte son dos. Cette semaine va être compliquée pour elle comme pour moi puisque nous ne nous quittons habituellement que pour rentrer chez nous.

- Tu vas me manquer, fais attention, elle m'étreint davantage.

- Tu vas me manquer aussi. Passe de bonnes fêtes.

Nous nous séparons et je lui souris une dernière fois avant de m'engouffrer dans le taxi jaune.

*

Nous ne roulons que depuis dix minutes. Les embouteillages sont présents dans toute la ville, ce qui fait que nous en aurons facilement pour encore une bonne heure ici. Je commence à beaucoup moins aimer Noël.

Le conducteur d'une cinquantaine d'années, basané, râle devant son poste de conduite en essayant de faire marcher le GPS. Alors que le trafic commence à s'améliorer, il se gare sur le bas-côté et coupe le contact.

- Y'a un problème ? Je le questionne et il me sourit dans le rétroviseur.

- Aucun. J'attends juste mon autre client.

- Pardon ?

Avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, la portière passagère à ma gauche s'ouvre et un homme entre dans le véhicule, un gros sac de sport qu'il place sur le siège du milieu. C'est quoi ce bordel ?

Il referme la portière, sans même se soucier de moi et je bégaye. Mais il fout quoi lui ?

Bouclant sa ceinture, il se tourne vers moi et remarque enfin ma présence. Ses sourcils se froncent et il m'examine en plissant les yeux.

- Qu'est-ce que vous faites là ?

- C'est plutôt à moi de vous demander ça, je lui réponds sèchement, c'est mon taxi.

- Non c'est le mien, il se défend, je l'ai réservé il y a une heure.

- Moi aussi.

- Vous l'avez réservé en même temps et pour la même destination, intervient le chauffeur que j'ai envie de frapper.

- Et ? Redemande l'homme à mes côtés. Pourquoi sommes-nous dans le même taxi ?

- Vous allez au même endroit, vous me payez correctement et j'ai une course de moins à faire. C'est bénéfique pour tout le monde.

- Sauf pour nous, le brun et moi répondons d'une même voix.

Ses yeux me foudroient et je comprends que ce voyage ne va pas être de tout repos...

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[ Hey ! Premier chapitre du point de vue de Blaise. J'espère que ça vous a plu ; ) N'hésitez pas à voter, à commenter et à partager ! ]

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