À écouter : Complicated - Olivia O'Brien

Fiancée ?

Mon nez me démange alors que je bouge légèrement la tête. Un grognement m'échappe tandis que je fronce le nez et mon oreiller se met à vibrer. J'ouvre un œil puis l'autre et constate que ma main est posée sur l'oreiller, assez dur en passant.

- Vous êtes réveillée ? J'entends et je sursaute, si bien que je me relève entièrement.

La main encore posée au même endroit, Asher me sourit, amusé. C'est alors que je remarque que ma tête n'était pas posée sur un oreiller sinon le torse de ce dernier, la vibration était son rire mignon.

Putain j'ai dormi contre Asher.

Et j'ai adoré ça.

- Hum oui, je murmure.

- Il n'est que sept heures vous pouvez vous rendormir un peu, il souligne et me fait signe pour que je m'approche de lui.

Pourtant gênée comme je suis, je ne reprends pas ma place et m'allonge à côté de lui, sur le lit.

Je jette un œil autour de nous et aperçois mon ordinateur que j'avais pensé à mettre dans ma valise, sur le sol. Sans doute nous nous sommes endormis en rédigeant mon rapport.

Je m'allonge sur ma côte et fais face à Asher qui a fait de même. Ses yeux sont fermés, il semble tellement apaisé que s'en est déstabilisant.

J'ignore s'il sait combien il est formidable. Toutes les petites attentions qu'il a eu pour moi ces derniers temps m'ont parues tellement exceptionnelles. Jamais on ne s'était autant inquiété pour moi, si ce n'est Faith.

J'ignore aussi s'il a remarqué les frissons que m'ont provoquées ses mains dans mon dos, lorsque nous étions dans la cabine d'essayage de ce magasin. J'avais peur de sortir de là, c'était nouveau pour moi de porter une robe qui mettait autant mes courbes en valeurs. Pourtant quand j'ai vu les yeux d'Asher se poser sur moi, je n'ai plus regretté d'avoir ouvert ce rideau. Ça m'a fait beaucoup de bien d'être regardée comme il l'a fait. Je me suis sentie désirée pour la première fois depuis longtemps.

- À quoi vous pensez ?

J'ouvre les yeux et rencontre le regard noisette de mon compagnon de lit. Nous ne sommes qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et cette soudaine proximité me rend toute chose.

- Rien de spécial, je lui souris et il soupire.

J'aimerais beaucoup lui offrir un cadeau de noël mais je n'ai aucune idée. Je ne sais pas ce qu'il aime précisément si ce n'est les animaux et les biscuits de noël de sa maman.

- Pourquoi vous n'avez pas d'animaux ? Je l'interroge subitement et il fronce les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il vous fait croire que je n'ai pas d'animaux de compagnie ?

- Si vous en aviez, vous les auriez amenés avec vous, je m'explique et il me sourit.

- C'est pas faux. Mais non je n'ai pas d'animaux effectivement.

- Pourquoi ?

- J'ai toujours voulu en avoir mais Savannah n'a jamais aimé ça, il grimace. Je sais même pas ce que je faisais avec elle alors qu'elle n'aimait pas les animaux. C'est quand même mon boulot.

Je me mords la lèvre et hoche la tête. C'est vraiment que ce n'est pas vraiment logique tout ça.

Asher se retourne et tend la main vers sa table de nuit pour attraper son téléphone. Son écran éblouit son visage et il grogne, m'arrachant un sourire.

- Je dois vraiment changer de fond d'écran, il chuchote.

Discrètement, ou pas, j'approche mon visage du sien pour apercevoir ce qui fait le malheur de mon voisin et fronce les sourcils. J'y crois pas, cette fille est encore son fond d'écran.

- Mais on va remédier à ça, il me surprend et je cri de surprise lorsqu'il attrape ma taille pour me coller contre lui.

J'éclate de rire quand il exerce une pression sur mes côtes pour me faire rire et il tend son téléphone devant nos deux visages. Le bruit de l'appareil se déclenche et il baisse le mobile pour le regarder. Un sourire orne son visage alors qu'il me montre le téléphone.

- Elle est parfaite.

J'observe la photo et souris à mon tour. Asher et moi sommes en train de rigoler, lui sa main autour de ma taille et la mienne posée sur son torse. Nos sourires, je dois le dire, illuminent la photo alors que nous nous regardons.

- Oui, je confirme, elle est parfaite.

Asher reprend son téléphone et fait une manipulation avant de m'annoncer que je suis maintenant sur son fond d'écran.

Moi ? Sur son fond d'écran ? Sur la photo qu'il va voir à chaque fois qu'il allumera son portable ?

J'ai besoin d'appeler Faith. J'ai besoin de conseils de filles. D'ailleurs elle doit être excitée comme une puce. Hier quand je l'ai eu au téléphone, elle m'a annoncé qu'elle avait rendez-vous avec le beau James le jour du réveillon. Et même si elle est effrayée à l'idée de faire une bêtise, elle n'a jamais été aussi motivée pour faire quelque chose.

*

Je claque la portière et me fais vite rejoindre par Asher. Je plisse mon t-shirt blanc et vérifie qu'il soit bien rentré dans mon pantalon noir. Autant être propre et bien habillée.

J'ai toujours mal à mon bras mais la blessure se voit moins. Heureusement que le fond de teint existe.

Je commence à avancer, malgré mon envie de recracher mon petit-déjeuner. Encore une fois j'ai peur et même si la présence d'Asher m'apaise, il y a toujours une part de moi qui est effrayée à l'idée d'entrer après ce qu'il s'est passé hier.

Mon corps se réchauffe lorsque ma main entre en contact avec celle de l'homme à côté de moi. Asher entrelace nos doigts et bien que je trouve ça étrange je le laisse faire. La sensation n'est pas si désagréable.

- C'est parti, il murmure plus pour se rassurer lui que moi et me traîne jusque dans le bâtiment.

À l'entrée, nous sommes fouillés par l'agent de sécurité. Je présente mon badge et Asher pendant sa fouille, indique à l'homme qu'il souhaite s'entretenir avec le directeur. L'agent le laisse passer et lui demande de se rendre à l'accueil. Dès que nous l'avons passé, la main d'Asher rejoint à nouveau la mienne et nous avançons jusqu'au comptoir de l'accueil, tenu par Ivan. Ce dernier en nous voyant arriver fait de gros yeux et me lance un clin d'œil, me faisant baisser la tête en souriant.

- Salut ma belle ! S'exclame Ivan et la main d'Asher se serre plus contre la mienne.

Je tourne la tête pour regarde Asher qui regarde fixement Ivan, sans jamais s'en détacher.

- Bonjour Ivan, je lui souris et il ne semble pas prêter attention au regard méchant de mon ami puisqu'il lui sourit.

- Blaise tu ne me présentes pas ce beau gosse ?

Asher fronce les sourcils et tourne la tête pour me regarder, un sourcil haussé.

- Ivan je te présente Asher, Asher voici Ivan.

Asher se gratte la gorge et présente sa main à mon allié de l'entreprise.

- Enchanté.

- C'est moi qui le suis, rétorque malicieusement Ivan, mettant Asher mal à l'aise. Mais qu'est-ce que vous faites ici ?

J'ouvre la bouche pour répondre mais suis vite interrompue.

- C'est exactement la question que je me pose, une voix s'élève derrière Asher et moi.

La main de mon ami - enfin je crois - ne quitte pas la mienne quand nous nous retournons pour faire face au sale taré pervers de directeur.

- Monsieur Samuels, bonjour, tente Ivan mais il l'envoie balader d'un mouvement de main.

Le quarantenaire range ses mains dans ses poches de costume parfaitement repassé et lance un regard hautain à Asher, qui serre la mâchoire.

- Les visiteurs sont interdis dans l'enceinte de l'entreprise monsieur, précise t-il d'un ton qui se veut autoritaire.

- Je sais, reprend Asher sans perdre de temps. Je voulais juste rester le plus longtemps possible avec ma charmante fiancée.

Je déglutis et tourne violemment la tête vers ce dernier, les yeux grands ouverts sous la surprise. Son sourire s'étire devant la mine renfrognée de Monsieur Samuels et je me fais plus petite, alors qu'une bataille du regard a commencé entre les deux hommes. Asher lâche ma main et alors que j'allais le chercher du regard, il vient attraper possessivement ma taille, pour me serrer contre lui.

- Votre fiancée, énonce mon supérieur. Tous mes vœux, dit-il les dents serrées.

- Merci, Asher lui sourit hypocritement avant de tourner sa tête pour me regarder. Je te vois à midi ma belle.

Ses lèvres viennent se poser contre mon front tandis que je pose mes mains sur son torse. Mes yeux se ferment et je profite un maximum du moment qui ne risque pas de se reproduire.

Sa bouche vient s'approcher de mon oreille et il me chuchote quelques mots que le pervers et Ivan ne peuvent entendre.

- Je n'irai pas plus loin Blaise. J'espère que vous ne m'en voulez pas.

Asher embrasse ma joue et me fait quitter ses bras pour que je m'éloigne. Je baisse la tête et quitte précipitamment les trois hommes pour me diriger vers les escaliers.

J'aurais tellement aimé aller plus loin Asher.

Tellement...

*

- Mademoiselle Walker vous pensez que ça conviendra à Monsieur Carter ? Me demande un designer et je reprends mes esprits.

Bon sang je dois arrêter de penser à lui.

- C'est parfait, je regarde pour la dernière fois la couverture. Je lui envoie la photographie et je vous dirai si tout convient.

Je quitte la salle de réunion comme mes collègues d'une semaine et me rends dans la salle de repos pour me prendre un dernier café. Je les enchaine depuis que je suis arrivée, soit quatre heures. La peur me ronge comme l'envie. Ouais, l'envie.

J'ai de plus en plus de mal à ne pas penser Asher. Et ça me fait aussi peur que ça me rend désireuse.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça et quelque part ça me fait peur. Mais je me sens tellement bien avec Asher que cette peur disparaît dès qu'il est près de moi.

- Un fiancé hein ?

Je sursaute et me colle plus contre la machine à café quand je remarque que Monsieur Samuels s'approche de moi.

Pourquoi faut-il qu'il n'y ait jamais personne dans cette fichue pièce ?

Je ne réponds pas et me retourne pour fixer son reflet dans la machine. Mes jambes tremblent, mes lèvres sont comme collées. Des frissons de peur me parcours le corps alors que j'entends ses pas se rapprocher de moi.

- Ce n'est pas bien de jouer à la pute alors qu'on est fiancée, il murmure et je n'ose toujours pas me retourner.

- Je ne joue pas à ça, je déglutis bruyamment.

- Vraiment ?

Mon front atterrit contre la vitre quand il m'y pousse violemment. Son corps immonde vient se coller à moi et je trouve la force pour me débattre, bien qu'il se soit emparer de mes mains avec les siennes. Son corps bloque le mien, si bien que je ne peux finalement pas bouger, la joue contre la vitre.

- Pourquoi avoir refusé mes propositions ? Ce n'est pas bien de laisser mariner un homme comme ça...

- Laissez-moi tranquille. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ?

- Vous avez intérêt à accepter Mademoiselle Walker. Sinon je ferai de votre vie un cauchemar, il rétorque de son ton malicieux.

Comme si on avait entendu mes prières, mes mains retombent lorsqu'il les lâche brusquement, son corps se détache du mien. Doucement je me retourne pour comprendre ce qu'il se passe et je manque de m'étouffer lorsque je remarque que ce taré est maintenu au sol par un flic.

C'est quoi ce bordel ?

Toujours choquée, je reste bloquée contre la machine et tente de comprendre ce qu'il vient de se passer.

- Blaise !

Je tourne la tête et vois Asher et Ivan entrer dans la pièce précipitamment. Asher accourt jusqu'à moi et fait glisser ses mains de chaque côté de mon corps pour me prendre dans ses bras.

- Je suis désolé. On n'avait pas le droit d'intervenir avant Blaise, je vous le promets, il s'explique et je ne comprends toujours pas.

- Mais vous aviez prévu ça ? Je l'interroge d'une faible voix.

Asher s'écarte un peu de moi, toujours ses mains posées sur ma taille et observe attentivement mon visage.

- Je savais que vous ne voudriez pas qu'on en parle directement à votre patron alors j'ai pensé qu'appeler la police serait mieux. Ils nous ont demandé de ne pas intervenir pour qu'ils puissent l'avoir plus facilement.

Je baisse la tête sur le directeur qui se fait menotté par deux flics tandis qu'Ivan dicte des informations sur l'homme à un autre policier.

- C'est fini Blaise, Asher pose sa main sur ma joue et la caresse tendrement, il va être jugé pour harcèlement. Il ne vous fera plus rien.

Comme si c'était ce que j'avais besoin d'entendre, je fonce à nouveau dans ses bras et laisse mes larmes couler sur son t-shirt.

*

Allongée sur mon lit, je fixe le mur. Presque deux heures que je suis rentrée et je n'arrête pas d'y penser.

J'ai dû aller faire ma déposition et téléphoner à Monsieur Carter pour expliquer la situation. Il était assez énervé du comportement de son employé, surtout que c'était la première fois que ça arrivait. Mais June et lui m'ont rassuré et m'ont couvert d'excuses pour ce que j'ai subi. Monsieur Carter a précisé que je ne manquerai pas d'avoir une grosse augmentation, même si l'argent n'effacera pas ce que j'ai pu enduré.

Et depuis que je suis rentrée, je n'ai pas vu Asher. Je lui ai demandé de rester avec moi dans la chambre mais il a refusé. J'ignore pourquoi mais ça m'a blessé. J'ai besoin de quelqu'un pour me rassurer, pour savoir que je ne suis plus seule mais il n'est pas resté.

Pourtant j'ai besoin de lui.

Quelqu'un frappe à la porte mais je ne me retourne pas. Je préfère rester dos à la porte et seule.

- Blaise vous êtes réveillée ? J'entends et la voix douce de Vanessa m'invite tout de même à la regarder.

Ses cheveux blonds sont relevés en un chignon, elle porte une petite robe grise qui lui va comme un gant. J'aimerais être aussi jolie qu'elle.

- Vous avez faim ? Elle me tend un plateau rempli de nourriture qu'elle dépose sur le lit, à côté de moi.

Non je n'ai pas faim. Le café que je n'ai pas pu avalé m'est resté en travers de la gorge.

Je secoue la tête et Vanessa fronce les sourcils. Elle s'assoit à côté de moi et commence à tartiner un morceau de pain de confiture il me semble.

- Vous savez Blaise, j'ai une fille qui est très capricieuse le matin pour manger son petit-déjeuner, elle m'explique tout en continuant de préparer une tartine. Alors je sais me montrer très convaincante.

Elle me tend la tartine mais je ne la saisis toujours pas. Moi aussi je sais comment fonctionne un enfant.

- Écoutez Asher m'a raconté ce qu'il s'est passé ce matin Blaise. Mais je doute que rester comme ça vous aide. Vous avez besoin de reprendre des forces.

Contrainte et forcée, je saisis nonchalamment le morceau de pain et croque dedans. Je déteste ça, j'ai envie de vomir.

- Vous êtes une femme forte Blaise. N'en doutez pas.

Vanessa se relève et avance le plateau au plus près de moi. Elle me sourit sincèrement et s'éloigne vers la porte pour sortir de la chambre. Mais je l'arrête quand elle pose la main sur la poignée.

- Pourquoi Asher ne veut pas me voir ? Je la questionne d'une petite voix.

Vanessa se retourne et ferme les yeux.

- Ce n'est pas contre vous Blaise, elle se mord la lèvre. Laissez lui un peu de temps.

*

Une source de chaleur se pose sur mon visage et je souris. Je ne sais pas ce que c'est mais des frissons parcourent mon corps. Le contact est délicieux, délicat, tendre.

J'ouvre lentement les yeux et ceux noisettes d'Asher croisent les miens. Je lui souris faiblement tandis que son visage reste marqué par la tristesse et la culpabilité. Doucement, je pose ma main sur la sienne sur ma joue et y exerce une pression.

- Je suis désolé Blaise, il murmure et une mèche de ses cheveux retombe sur son front. J'avais besoin de me calmer un peu.

- Je comprends.

Sa main continue de caresser ma joue et je ferme les yeux. Je me sens tellement mieux lorsqu'il est là que ça me fait mal au cœur. Parce que je sais qu'il faudra bien que nos chemins se séparent.

- Merci de m'avoir sauvée, je murmure et sa main quitte ma joue.

Automatiquement, j'ouvre les yeux et constate qu'Asher est en train d'enlever le plateau de mon lit. Il le pose par terre et se retourne pour s'asseoir à nouveau sur le lit. Je me décale pour lui faire de la place et il comprend mon geste puisqu'une minute après, il est allongé près de moi. Je me rapproche de lui et cale ma tête contre son torse tandis qu'il me serre contre lui.

Oui, je me sens en sécurité maintenant.