Chapitre 5 pdv Lucie
L'appartement était assez spacieux et les jumeaux arrivaient quand même à mettre leurs affaires de partout. La réserve du magasin était trop petite pour eux, expliquait George à chaque fois qu'elle et Angelina leur demandait de ranger. Il y avait des cartons à chaque coin de la pièce, des prototypes disposés un peu partout et leurs affaires personnelles qui s'entassaient au fil des jours.
La journée de travail des jumeaux était déjà terminée, la boutique était déjà fermée quand elle était passée devant mais ils devaient certainement s'occuper de remplir de nouveau les rayons, le seul endroit qu'ils ne rechignaient pas à ranger et nettoyer. En temps normal, elle les aurait rejoints mais sa propre journée de travail avait déjà été suffisamment fatigante. La Sol avait effectué des essais toute la journée avec les Londubat, tentant d'aller plus loin et de les faire réagir plus longtemps, ce qui était particulièrement épuisant.
Lucie s'allongea sur le canapé, miraculeusement épargné par le désordre ambiant et s'autorisa à fermer les yeux, une toute petite minute.
— Si tu veux dormir, tu serais quand même mieux dans le lit, murmura quelqu'un à son oreille en la réveillant.
— Je vous attendais... répondit-elle d'une voix ensommeillée.
— On est rentré depuis une heure, mais tu avais l'air d'avoir besoin de te reposer.
— Dis carrément que j'ai une sale tête...
— Je ne me permettrai pas de le dire à voix haute, ironisa-t-il dans un clin d'œil. Tu viens manger ?
Il l'aida à se relever et la guida jusqu'à la cuisine où George, le seul qui soit assez doué dans ce domaine, préparait un repas du mieux qu'il pouvait.
— C'est presque prêt, annonça George en tournant les pages d'un manuel de cuisine que sa mère lui avait donné.
— Angie n'est pas là ?
— Elle est chez ses parents pour quelques jours, elle avait oublié des affaires.
— Alors elle emménage vraiment ? questionna-t-elle sur un ton enjoué ravie que Angelina fasse bientôt partie de leur mini-communauté.
— Yep !
George aussi était enchanté à l'idée que sa petite amie emménage beaucoup plus tôt que ce qui était prévu et en dépit de la menace de mort qui planait sur les deux Weasley.
— Tu as été suivi aujourd'hui aussi ? s'enquit son compagnon.
— Oui, ils étaient deux ce matin et trois cet après-midi, j'ai dû maintenir ma couverture toute la journée.
— C'est pour ça que tu as l'air d'une morte vivante ? questionna George tandis que son frère se retenait de rire.
Elle le gratifia d'un sourire extrêmement bref avant de le foudroyer d'un long regard noir mais elle s'arrêta pour bailler ce qui permit à George de se moquer davantage. Lucie aurait bien voulu lui en vouloir mais il posa une assiette devant elle et, comme elle était affamée, elle n'en fit rien.
En plein milieu d'une bouchée, la Sol reçut une étrange impression.
— On est quel jour aujourd'hui ? demanda-t-elle perplexe.
— Le 18 aout, pourquoi ?
— C'est un jour important, annonça-t-elle simplement le regard perdu dans le vague.
— En quoi est-il important ? enchaina George.
— Aucune idée.
Les jumeaux acquiescèrent sans contredire la Sol, ils avaient l'habitude de l'entendre clamer des impressions à voix haute de temps en temps. Elles finissaient toujours, d'une manière ou d'une autre, par se révéler exact.
— Important en bien ou en mal ? se demanda Fred.
— J'ai l'impression que ça pourrait être autant une grande source de joie et autant une grande source de tristesse.
Lucie revint sur terre en conservant ce vague sentiment de tristesse profonde.
— Quel programme ! railla George pour détendre l'atmosphère.
— C'est étrange... d'être triste dans la joie... Ce n'est peut-être qu'une question d'acte, cela dépend de ce qui va se passer dans l'avenir...
— Dans ce cas, il va falloir que je fasse en sorte que tous les 18 aout ne soient qu'une source de bonheur, clama Fred en déposant un baiser sur sa joue.
— Tu crois que tu vas être capable de faire une telle chose ? s'amusa-t-elle.
— Je peux tout faire, rétorqua-t-il.
— Presque tout, contredit George dans un toussotement très audible.
— D'ailleurs ça me fait penser que Ginny m'avait demandé de lui apporter de la nourriture pour son Boursoufflet ! s'exclama-t-il soudainement. Tu peux m'ouvrir une porte vers le Terrier ?
Il se leva brusquement en allant chercher ce que Ginny lui avait soi-disant demander et Lucie lui ouvrit une porte dans laquelle il disparut, laissant George et Lucie seul en tête à tête.
— Est-ce qu'il vient de me mentir ouvertement ? demanda-t-elle à George.
— Oui, clairement.
— C'est bien ce que je me disais, fit-elle en fixant la porte par laquelle il venait de partir.
— C'est amusant ! jubila-t-il. Normalement, il est bien meilleur pour mentir mais dès qu'il s'agit de te mentir à toi, il perd ses moyens et c'est proprement consternant !
— En même temps, qui pourrait me mentir ?
— Moi je pourrais !
— Je te mets au défi ! rétorqua-t-elle amusé.
George lui tendit sa main, pour celer le pacte qui allait les unir jusqu'à ce que le défi soit bel et bien réalisé.
— Oh regarde un papillon, tenta-t-il.
— Tu peux faire mieux, contredit-elle sans bouger d'un centimètre.
— Je sais. Ce n'était qu'un échauffement, pérora-t-il en lui offrant un clin d'œil.
Fred mit du temps à revenir, si bien qu'ils finirent le repas sans lui et que Lucie retourna dans leur chambre toute seule.
— Ce n'est pas trop tôt ! entendit-t-elle dire George dans l'autre pièce. Oh ! Salut !
Elle se précipita dans la cuisine où elle découvrit non seulement son petit ami mais aussi son petit frère.
— Harry ? s'étonna-t-elle.
— Salut, fit celui-ci sans vraiment la regarder dans les yeux.
C'était la première fois qu'il lui parlait de cette manière, sans trace de colère. Lucie en resta muette de stupeur, incapable de faire le moindre mouvement, ni même de lui répondre.
— Salut frangin, singea George en prenant une voix aigüe et une pose féminine très maladroitement exécutée.
— C'est censé lui ressembler ? s'amusa Harry.
— Je suis doué en théâtralisation, pérora George sans la moindre modestie.
— C'était nul, commenta son frère d'un regard peiné, et si Luce recommençait à agir avec nous elle te dirait la même chose.
Toutes les têtes se tournèrent vers elle.
— C'était... nul, bafouilla-t-elle à l'attention de George qui lui adressa un clin d'œil. Salut frangin, murmura-t-elle.
— Là c'était plus convainquant !
— Ça manquait quand même d'un peu de vivacité, commenta Harry en restant moins joyeux que les jumeaux.
— Bon ce n'est pas que les retrouvailles fraternelles ne soient pas intéressantes, intervint George, mais maintenant que tu les as réunis faudrait peut-être qu'on déguerpisse...
— Proposition acceptée ! A plus tard les Potter et, surtout, évitez de vous entretuer...
— Nettoyer du sang sur une moquette est compliqué.
— Même pour des sorciers.
— Vous n'avez pas de moquette, fit remarquer Harry.
— Moquette...
— Parquet...
— C'est du pareil au même ! annoncèrent-ils en s'éclipsant dans une autre pièce.
Ils restèrent un temps sans rien se dire. Lucie se demandait par quel moyen Fred avait pu le convaincre de venir ici. Dans l'autre pièce, les jumeaux semblaient s'intéresser à leur prochaine invention.
— Tu ne dois jamais t'ennuyer avec eux, annonça-t-il.
— Jamais, confirma-t-elle. Mais je crois que c'est la même chose pour toi avec Hermione et Ron.
— Oui, hier Hermione nous a réveillé parce qu'elle ne trouvait plus un livre qu'elle voulait étudiée et qu'elle était persuadée que ce livre était dans ma chambre ou celle de Ron. D'ailleurs, je dors dans la chambre de Fred et George.
— La meilleure chambre du terrier, commenta Lucie dans un sourire.
— Je pensais qu'ils se servaient de la chambre comme d'un dépotoir mais je me rends compte que c'est la même chose ici.
— Je te ferais dire, chère frère, que ta chambre chez les Dursley n'est pas en meilleur état que cet appartement, s'amusa-t-elle.
Mais aussitôt qu'elle termina sa phrase, elle se rendit compte qu'elle n'aurait jamais dû évoquer la dernière fois qu'elle lui avait rendu visite chez les Dursley et où il s'était terriblement énervé contre elle. Elle attendit que Harry fasse une remarque mais il n'en fit rien.
— Tu ne veux pas qu'on s'installe à table ? proposa-t-elle en désignant la cuisine.
— Hum... accepta-t-il d'un signe de tête.
Ils s'assirent l'un en face de l'autre.
— Donc tu vis avec les jumeaux maintenant ?
— Plus ou moins, c'est assez... compliqué en ce moment.
— Pour quelle raison ?
Lucie trouvait cette situation amusante sans n'en laisser rien paraître. Elle savait déjà tout ce qu'elle voulait savoir sur Harry puisqu'elle s'était renseignée auprès de toutes les personnes qui l'avait côtoyé : Dumbledore, Molly, Fleur... Elle savait par exemple qu'il allait être le capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor cette année. Cependant, Harry n'avait pas dû demander beaucoup de nouvelle de sa sœur dernièrement et ignorait tout ce qui se passait en ce moment.
— Fred et moi avons rompu en sortant de Poudlard, annonça-t-elle en essayant de rester la plus sérieuse possible.
— Et c'est pour ça que vous vous comportez toujours comme un couple ? rétorqua-t-il sans tomber dans son piège.
— En fait, on n'a vraiment rompu, expliqua-t-elle, en public dès ma sortie du train de Poudlard. Tu ne devais pas être là mais beaucoup d'élèves l'ont vu. On a dû mettre ça en place à la suite du... département des mystères.
— Et pourquoi ? répondit-il en restant neutre.
— Parce que je suis la nouvelle cible du Seigneur des ténèbres.
Cette fois-ci un éclat alarmé passa sur son visage. Lucie lui expliqua tout, déterminer à se montrer la plus honnête possible.
— Il veut la prophétie qui a été détruite et il sait que je peux la lui obtenir.
— Tu peux le faire ?
— Non seulement je le peux mais je l'ai déjà fait.
— Donc... tu sais ?
— Oui.
— Fred et George ?
— Ils le savent également, tout comme Hermione et Ron j'imagine ?
— Oui.
— C'est bien, approuva-t-elle, mais moins de gens seront au courant plus le secret sera gardé.
— Je ne compte pas crier ça sur tous les toits, rétorqua-t-il. Quel est le rapport entre la prophétie et le fait que vous ayez soi-disant rompu ?
— Le Seigne..
— Arrête de l'appeler comme ça ! coupa-t-il agacé.
— Voldemort, reprit-elle sans avoir la moindre gêne pour prononcer son nom, cherche ma faiblesse car il sait qu'il ne pourra pas m'atteindre aisément au vu de ce qui s'est déjà passé avec Croupton. Si nous avions toujours été en couple il aurait été sa première cible, lui comme tous les Weasley. Le départ prématuré des jumeaux de l'école m'a facilité la tâche, on a simulé une dispute devant le quai de la gare et on a été de très bon comédien. L'affaire a été relaté jusqu'à Voldemort lui-même et il me fait suivre pour s'assurer que je n'ai pas d'autre point faible exploitable.
— Il en a trouvé ?
— Non, je prends toutes mes précautions, je vois derrière les sorts d'invisibilité, je lance des sorts de confusion à tout vas et je leur donne juste assez d'infos pour qu'ils pensent que je ne me suis pas rendu compte de leur filature. En ce moment, ils sont dans ma maison en France et pensent que je suis seule tous les soirs mis à part les réunions de l'Ordre.
— Ils assistent aux réunions de l'Ordre ? s'inquiéta-t-il.
— Non, je ferme la porte avant qu'ils ne puissent me suivre et de ce que je sais ce n'est pas une surveillance constante, ils sont parfois plusieurs, parfois il n'y a personne. On pense qu'ils essaient de créer de l'inconstance pour le cas où on les remarquerait, pour ne pas nous laisser deviner un schéma. Ils agiront surement à un moment et ensuite il faudra que je disparaisse du monde magique.
— Et comment ils agiront ?
— Par la force certainement, un groupe de mangemort... une embuscade... ils ont l'embarras du choix. Il faut que je sois constamment sur mes gardes.
Il acquiesça et sembla réfléchir à la prochaine question qu'il voulait lui poser. Il souhaitait certainement la mettre à l'épreuve, voir si elle serait en mesure de lui dire la vérité si elle n'allait pas encore lui mentir, lui cacher des choses.
— Harry... commença-t-elle dans un souffle, on pourrait continuer pendant des heures. Je pourrais te dire des tas de vérités parce que je ne veux pas te mentir et Dumbledore en est venu à la même conclusion. C'est pour cette raison qu'il souhaite te donner des cours. On ne te cachera plus rien, sauf ça.
Harry ne répondit pas.
— Je ne peux pas le dire si une telle chose venait à se reproduire. Je serai contrainte de te regarder dans les yeux et de te mentir. A toi comme aux autres, ajouta-t-elle en voyant qu'il s'apprêtait à rétorquer quelque chose, Fred et George savaient que quelqu'un allait mourir mais ne pouvait savoir qui, tout comme Dumbledore. Personne ne savait à part moi et personne ne saura à part moi. Connaître ce genre de détail peut conduire à un destin plus funeste encore. C'est bien la seule chose que les voyants se transmettent de génération en génération.
— Est-ce que quelqu'un d'autre va mourir ? finit-il par demander.
Oui, Dumbledore.
— Non, Harry, personne ne va mourir.
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Question n°5 : Qui est le premier sorcier à s'être évadé d'Azkaban ?
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