Chapitre 5 pdv Lucie

Lucie ouvrit une porte directement vers la chambre des jumeaux et ceux-ci sursautèrent en l'entendant entrer. Puis, ils se détendirent en voyant qu'il ne s'agissait sans doute pas de leur mère.

— Bah alors, nargua-t-elle, vous avez eu peur ? Ce n'est pas très digne des Gryffondors...

— Tous les Gryffondors n'ont pas notre mère comme mère.

— Elle a failli nous chopper ce matin, depuis elle nous tient à l'œil, on n'a rien pu collecter aujourd'hui.

— Ah oui ? Fais voir, lança-t-elle en tendant sa main.

— Fais voir quoi ? s'étonna George sur un air innocent.

— Tes doigts triple buse, taquina-t-elle en s'emparant de sa main pour examiner les dégâts.

Ses doigts étaient rouges et brûlants, infectés.

— Un Doxy, avoua George, on l'a récupéré hier et quand on l'a testé ce matin il m'a mordu.

— Tu n'as pas mis de l'anti-venin ? questionna-t-elle.

— Si mais ça a mal réagi, répondit Fred à sa place.

— Tu es peut-être allergique...

— On ne pouvait pas aller voir maman sinon elle se serait rendu compte qu'on en avait gardé, expliqua George.

— On a préféré attendre notre infirmière préférée, rajouta Fred.

— Parce qu'elle au moins elle n'ira pas vous dénoncer ? supposa-t-elle dans un sourire. Je ne peux pas te guérir immédiatement, il faut d'abord contrer l'infection.

Elle chercha parmi leurs étagères les ingrédients qui pourraient lui être utiles. Leur chambre était un peu comme une classe de potion très mal organisée. Elle trouva de l'essence de feuille d'arbre à thé qu'elle mélangea avec quelques feuilles de dictame dans un bol propre qui traînait. Inutile de demander à George à quel point il avait mal ou ce qu'il avait comme symptôme car la Sol ressentait tout au moyen de ses marques.

— A l'avenir, évitez de vous blesser quand je suis en mission, conseilla-t-elle en appliquant la mixture sur les doigts du rouquin.

— Ce n'est pas vraiment comme si j'avais fait exprès, fit George dans un haussement d'épaule.

— Ça t'a dérangé ? Tu faisais quoi ?

— Ça m'a surprise plus qu'autre chose, répondit-elle en évitant de répondre à la seconde question.

Elle s'assit sur le lit de Fred, profitant de ces quelques secondes de repos et celui-ci vint s'asseoir derrière elle pour la prendre dans ses bras. Elle était partie toute la journée et cela avait été la même chose durant toute la semaine, tout le mois en réalité. Elle se reposa contre lui, elle était fatiguée d'aller et venir.

— Je ne reste pas manger ce soir, révéla-t-elle en baillant, je l'ai déjà dit ce matin à Molly.

— Et tu vas où ? s'interrogea Fred déçu qu'elle doive déjà repartir.

— Je vais voir mon amant.

George éclata de rire avant son frère, qui ne comprit pas tout de suite qu'il ne s'agissait que d'une plaisanterie.

— Je vais voir Fleur, elle m'a invité à manger chez elle.

— Et tu reviens dormir ici après ? s'assura-t-il.

— Oui, mais je rentrerais peut-être tard, très tard.

— Je t'attendrai, affirma-t-il, comme ça tu pourras me dire tout ce que tu as fait aujourd'hui.

Lucie ne répondit pas, cela faisait plusieurs jours que Fred essayait de savoir. Depuis qu'ils avaient eu un aperçu de ce que l'Ordre réalisait, ils voulaient savoir en détail ce qu'elle faisait. Mais, maintenant, elle n'était plus sûre de vouloir tout leur dire. Elle avait utilisé l'excuse de la promesse faite à Molly, l'excuse qu'ils étaient mineurs et encore scolarisés, même si c'était son cas à elle aussi. Ils en savaient suffisamment sur l'Ordre, même trop à son goût. C'était elle qui avait suggéré à Molly de jeter un sort d'impassibilité sur la porte, au cas où des oreilles...indiscrètes, traînaient derrière la porte.

— Pourquoi tu ne veux pas nous le dire ?

Parce que ce sont des informations sensibles, parce qu'ils pourraient être pris pour cible, parce qu'elle ne veut pas qu'ils fassent partie de l'Ordre et se mettent en danger. Il y avait tellement de raison à son silence.

— Et si tu arrêtais de poser des questions pour lesquelles tu n'obtiendras aucune réponse ?

— J'aurai des réponses si tu me les donnais.

— Donc tu n'en auras pas.

Elle se leva en s'éloignant de lui, passablement irritée. Elle ne vit pas le regard que les deux frères s'échangèrent.

— Pourquoi tu tiens tant que ça à savoir ?

— Parce que je ne sais pas ce que tu fais mais j'imagine très bien les risques que tu courts.

— Il n'y a rien de risqué dans ce que je fais, répliqua-t-elle vivement.

— Alors pourquoi tu ne veux pas au moins nous en parler ?

— C'est dangereux !

— Ah tu vois ! Les risques que tu prends, on veut les prendre aussi !

— Non ! On n'est pas à l'école, on ne se cache pas de Rusard, il s'agit de mangemort ! Vous n'êtes pas prêts pour ça.

— C'est à nous de décider si on l'est ou non, Luce.

— Vous ne l'êtes pas, affirma-t-elle catégoriquement.

— Dis-nous pourquoi ? Qu'est-ce qu'on doit faire pour se montrer à la hauteur de la tâche ?

— Ce n'est pas... arh ! s'agaça-t-elle. Je suis fatiguée, je voudrais me reposer mais tu t'entêtes sans arrêt. Arrête de poser des questions, je ne peux pas vous dire ce qui se passe. Je n'en ai ni le droit, ni l'envie. Alors arrête, je t'en prie, arrête.

— Luce...

— Fleur m'appelle, je rentre tard, ne m'attendez pas.

Elle salua George de la tête, il avait assisté à ce petit accrochage sans en prendre part. Elle ne lança pas un regard à Fred avant d'ouvrir la porte et de se rendre chez son amie.

— Tu as une mine épouvantable, remarqua Fleur en la voyant arriver dans son appartement.

— Merci Fleur, c'est toujours un plaisir de venir te voir.

— Je voulais dire par là que tu fais peur à voir, c'est bien ce que j'ai dit ?

— Oui, ça voulait tout à fait dire ça.

— Bill m'a appris quelques mots à la pause déjeuner d'aujourd'hui, annonça-t-elle dans un anglais presque acceptable, il y en avait plusieurs que je ne connaissais pas.

— Bill m'a l'air d'être un professeur très méticuleux, releva la Sol dans un sourire.

Fleur était folle amoureuse de l'ainé des frères Weasley et ne s'en cachait pas auprès de Lucie.

— Donc, fit Fleur en reprenant la langue française, qu'est-ce qui s'est passé pour que tu affiches une telle expression ?

— Fred continue de me demander ce que je fais pour l'Ordre.

— Ce n'est plus qu'un an à tenir, dès qu'il aura rejoint nos rangs, il pourra tout savoir.

— Et si je n'avais pas envie de lui dire, si je n'avais pas envie qu'il rejoigne l'Ordre, si...

— Et si..., coupa Fleur attendrie, tu avais envie de l'enfermer à double tour dans une tour pour qu'il ne puisse plus jamais en sortir ?

Lucie songea sérieusement à cette possibilité puis ne put retenir un éclat de rire tout comme Fleur. Elle se souvenait du conte que les jumeaux lui avaient offert à Noël lors de leur troisième année, Raiponce. Ce serait tellement plus simple.

— Qu'est-ce qu'on mange ? demanda-t-elle pour changer de sujet.

— Bouillabaisse, répondit fièrement Fleur, c'est la recette de ma mère. J'ai eu un mal fou pour trouver tous les ingrédients !

— C'est sûr que ce n'est pas du coin, tu aurais dû me demander, on serait allée à un marché français.

— Je voulais visiter Londres, rétorqua-t-elle joyeusement.

Elles se déplacèrent dans la petite cuisine de Fleur où flottait une très bonne odeur. Lucie avait adoré ce plat lorsqu'elle était à Beauxbâtons.

— Et comment tu as trouvé notre capitale ?

— Beaucoup plus belle lorsqu'on est accompagné, annonça-t-elle dans un clin d'œil. Je ne la voyais pas de la même manière lorsque j'étais avec Bill. Mais rien ne vaut Paris ! Si tu savais à quel point j'ai hâte de lui montrer...

— Tu aurais préféré rester en France ? relava la Sol.

— Il y a des avantages ici... minauda-t-elle.

Elles s'installèrent à table et commencèrent à manger en évitant de parler de tout ce qui était compliqué ou triste. La soirée était déjà bien entamée quand la sonnette de sa porte d'entrée retentit. Les deux filles se regardèrent étonnées, elles n'attendaient personne d'autre ce soir. Lucie tenta de savoir qui était derrière la porte, ami ou ennemi ?

— Ce n'est que Bill, annonça-t-elle soulagée.

Fleur alla immédiatement ouvrir. Ils s'embrassèrent pendant quelques très gênantes secondes.

— Tu nous as fait peur, idiot ! reprocha-t-elle en reprenant la langue anglaise. Qu'est-ce que tu fais là ?

— Une affaire extrêmement urgente, annonça-t-il sur un ton qui ne laissait entendre aucune urgence.

Il offrit à la Sol un sourire amusé et celle-ci leva un sourcil interrogateur. De toute évidence, il n'était pas là pour Fleur.

— Si je te connaissais mieux, William, commença Lucie, je dirais que tu es en mission fraternelle.

— C'est fort probable, admit-il.

— Et que gagnes-tu en échanges ?

— Absolument rien, c'est du bénévolat.

— Bill tu es censé être de mon côté, reprocha-t-elle.

— C'est mon petit frère, il était là avant toi, ce n'est pas ce que tu m'as dit la dernière fois où tu as été contre moi ? annonça-t-il fièrement.

— Quand a-t-elle était contre toi ? demanda Fleur.

— Quand j'étais avec toi, répondit Lucie à sa place, tu sais... la fois où tu m'as demandé tu sais quoi...

— Ah oui, coupa-t-elle amusée.

— De toute façon, c'est complètement différent, poursuivit la Sol, si tu devais choisir entre être avec Fleur ou être avec Fred, tu choisis Fleur, c'est évident. Donc comme Fleur est de mon côté, par analogie tu l'es aussi.

— Je ne vois pas ce qu'il y a de logique là-dedans, contesta-t-il.

— C'est parfaitement logique, commentèrent-elles d'une même voix.

— Sauf que... rajouta Fleur avec précaution, en l'occurrence je suis du côté de Bill et donc de Fred.

— Traîtresse, siffla Lucie en affichant toutefois un sourire.

La française fit une petite moue d'excuse avant de s'expliquer.

— Fred n'a pas tort, expliqua Fleur habilement, moi aussi ça ne me plairait pas... avec Bill on se dit tout.

— Ton petit ami fait partie de l'ordre, il sait déjà tout. En plus, tu n'as pas des secrets d'états à garder toi.

— Raison de plus pour lui en parler, Fred n'est pas une balance, il ne va pas aller tout répéter.

— Je n'ai pas peur qu'il répète, je sais bien qu'il ne le fera jamais. Je cherche juste à le protéger, ces informations sont utiles et le seigneur des ténèbres pourrait tout faire pour mettre la main dessus.

— Et tu crois que tu-sais-qui va se dire : c'est sûr qu'elle ne lui a pas dit, on ne va pas aller le torturer, on va le laisser tranquille, imita Bill d'une voix sifflante.

— Par Merlin ! Ne parle pas de quelqu'un qui torture Fred, fit-elle horrifiée.

— Il y a encore une minute, tu voulais rompre, nargua Bill.

— Non, coupa Fleur. Non, regarde bien, elle l'aime trop pour lui en vouloir pendant longtemps.

— Ne te moque pas de moi, s'amusa Lucie. On est juste en désaccord, il ne comprend pas que je veux juste le protéger.

— Normal, tu ne lui as pas dit, murmura Bill.

Fleur lança un coup de coude d'avertissement à son compagnon.

— Et toi, reprit Fleur, tu ne comprends pas qu'il n'a pas besoin de protection.

— Tout ce qu'il veut, lui, c'est qu'il n'y ait pas de secret entre vous et que tu puisses lui parler de tout, dit-il.

— Exactement, approuva Fleur, pour toi c'est facile de tout savoir sur lui, il te suffit de le toucher. On ne peut rien te cacher, il t'a fallu à peine une seconde pour apprendre que j'avais revu Bill le jour du Tournois.

La Sol ne répondit pas immédiatement. De ce point de vue, il est vrai que ça devait être frustrant pour Fred de ne jamais rien savoir alors qu'elle pouvait avoir accès à tout.

— Revu ? s'étonna Bill soudainement.

— Ah ! s'exclama Lucie amusée, tu vois que tu ne lui dis pas tout à ton Bill.

— Qu'est-ce qu'on ne me dit pas ? reprit Bill en se rapprochant de Fleur.

Celle-ci ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de soigneusement choisir ses mots.

— Il se pourrait bien que cette rencontre, que tu pensais être le fruit du hasard, ne soit pas vraiment dû au hasard... ce n'était pas la première fois que, moi, je te rencontrais.

— Ah oui ? s'étonna-t-il. C'était quand alors cette première fois ?

— A la coupe du monde de Quidditch, révéla-t-elle banalement.

Il tourna sa tête vers la Sol, comme pour avoir une confirmation. Rapidement, elle lui raconta ce qu'il s'était passé, sous le regard attentif de la française.

— L'amour au premier regard, termina Lucie.

— Eh bien, souffla-t-il, c'était un très très gros secret ça !

— Le plus horrible des secrets, confirma Fleur.

— Quelle trahison...

— Je suis une petite copine abominable.

Lucie leva les yeux au ciel, comprenant qu'ils se moquaient d'elle avec leurs paroles.

— Et si tu leurs apprenais l'occlumentie ? proposa Fleur soudainement. Aux deux, parce que Fred n'arrivera jamais à se taire avec George. C'est un bon moyen de s'assurer qu'ils sont prêts à attendre ce que tu as à dire. S'ils sont assez disciplinés...

Bill eut un rictus amusé.

— S'ils sont assez disciplinés, reprit Fleur, ils y arriveront en quelques mois, ça te laissera le temps de te faire à l'idée qu'il faudra leur parler tôt ou tard.

— Peut-être...

— C'est une super bonne idée ! s'exclama Bill avec beaucoup d'enthousiasme.

— J'ai toujours de très bonnes idées, rétorqua Fleur.

— Je suis sûr que ça plaira à Fred, poursuivit-il en regardant l'horloge. Comme ça il arrêtera de te poser des questions.

— Oui voilà tout à fait, le problème est réglé, acheva Fleur rapidement.

— J'ai comme l'impression que vous essayez de vous débarrasser de moi, soupçonna Lucie.

— Pas du tout voyons, répondit Fleur tandis que dans le même temps Bill répondait par l'affirmative.

— Il me reste cinq minutes avant de perdre mon pari, avoua Bill.

Lucie avait déjà décidé qu'elle retournerait le voir ce soir, mais maintenant elle se dit qu'elle attendrait cinq petites minutes de plus.



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Question n°5: Qu'est ce qu'un Kelpy ?

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