Chapitre 6 : L'Hydre de Jotünheim


Alexandre demanda à sa mère l'autorisation d'aller se promener. Il se doutait que les gens le reconnaîtraient à ses traits claniques très marqués mais il ne supportait plus d'être enfermé, bien qu'il trouva Jagrül et Manir charmants. Sa curiosité avait été piquée au vif lorsqu'il avait aperçu les rues larges et les étales colorés. Plus loin, il aurait même juré avoir vu de la verdure.

« - Tu es certain ? Si tu veux, moi ou ton père pouvons t'accompagner. Lui proposa Loki en lui souriant tendrement.

- Je peux me débrouiller Müma, lui répondit Alexandre en lui embrassant la joue. Je ne risque rien, je suis le neveu du roi ! »

Sacha rit à sa blague mais son rire se perdit lorsque Loki haussa un sourcil désolé.

« - C'est justement pour ça que tu pourrais avoir des ennuis, fils. Lui dit-il.»

Alexandre regarda sa mère et n'osa répondre à cette remarque. Loki remarqua le trouble de son fils et lui caressa la joue en souriant comme seule un parent pouvait le faire.

« - Va, mon fils, découvre ce monde qui est aussi le tiens. »

Sacha s'apprêtait à partir quand Jagrül le chopa à la porte. Il lui attrapa la nuque et lui fourra une bourse d'or et d'argent dans la main.

« - Parce que tu es royal, les autres voudront tout d'offrir mais bien qu'il s'agisse d'une façon d'honorer le sang pur, c'est aussi un moyen d'obtenir des faveurs. Et dans notre monde, une promesse nous engage jusqu'à réalisation. Alors, paie ce qui te plaît mon garçon, mais n'accepte rien que tu n'aies pas acheté ... »

Puis dans l'autre main, le commandant glissa un objet de métal long et froid qu'il reconnut comme une dague à la garde simple et à la lame crantée.

« - Ne verse le sang que si tu y es contraint mais je ne t'apprends rien »

Sacha ouvrit la bouche et une fois encore, aucun son n'en sorti. D'ailleurs, il n'était plus si certain de vouloir sortir mais sa curiosité était quelque chose qui l'avait toujours perdu, de même que sa témérité.

Les rues grouillaient de vie, de couleurs et de senteurs diverses. Ce qui frappa Alexandre en premier fut les regards grenat qui le fixaient constamment accompagné de sourires aux dents acérées. Il était légèrement plus petits que la majorité d'entre eux mais il compensait largement ce léger manque par un corps musclé et souple. Il décida de ne pas y prêter attention bien que l'exercice ne soit pas simple. Il contempla les étales d'objets de bois et de métal, de pierres précieuses et surtout de nourritures. Il acheta plusieurs gâteaux et biscuits qu'on lui présenta au miel et aux fruits confits. Certains goûts lui étaient inconnus et les commerçants lui montrèrent les fruits que l'on ne trouvait que sur Jotünheim. Puis il tomba sur un géant semble-t-il féminin aux yeux de biche qui lui fit essayer de nombreux bijoux de tête et de poitrine. Toutefois, il ne réussit pas à détacher son regard de bagues faites d'un matériau sombre et dont les reflets changeaient d'une bague à l'autre. Lorsqu'il eut effectué son choix, la géante lui tendit son petit paquet et refusa l'argent qu'il lui présenta.

« - Toi, sang de roi. Offrande. »

Sacha remercia le ciel que les jotün fasse l'effort de lui parler dans sa langue. Il n'aurait pas réussi à marchander autrement. Il insista mais comme le lui avait dit Jagrül, une fois encore la marchande refusa. La stresse commença à grimper dans son corps et il sentit ses genoux être moins certains de leurs appuis. Il prit les lourdes pièces qu'ils avaient préparé et les posa sur la table. Et une fois encore, la marchande insista. Le stress se mua en peur de ne pas avoir réussi à agir comme Jagrül le lui avait dit. La géante récupéra les pièces posées sur le bois de son étalage et commença à les remettre dans la petite bourse jusqu'à ce qu'un inconnu grogne et intime à la marchande, dans une langue que Sacha ne connaissait pas, de prendre l'argent. Le regard de la femme s'agrandit de stupeur mais elle se reprit rapidement. Elle récupéra l'argent et cracha dans la direction de l'inconnu, non sans remercier de façon bien trop appuyée Alexandre.

« - Viens. »

Le géant à la voix grave le tira par le bras et le traîna à travers le marché. Il ne fut pas déçu de quitter cet endroit qu'il avait trouvé superbe au premier abord puis aussi stressant qu'un panier rempli de serpents.

Les deux géants se rendirent en dehors du marché et dès qu'ils se furent suffisamment éloignés, le géant lui lâcha la main en mettant un peu de distance entre eux.

« - Désolé de t'avoir touché. Dit-il sans un sourire.

- Merci de m'avoir aidé avec la marchande, je n'arrivais à lui dire non clairement. »

Le géant dont la voix étaient aussi grave qu'un son de corne mais aussi très mélodieuse lâcha un rire narquois en le jugeant de la tête aux pieds. Il grimpa continua de marcher jusqu'à arriver dans un genre d'arène à ciel ouvert d'une taille colossale et au sol fait d'une roche d'un noir profond qui contrastait avec la pierre blanche veinée de bleu dont était faite les murs.

« - Tu n'aurais rien pu faire, elle exerçait un charme sur toi.

- Pardon ? S'étrangla Alexandre. Comment tu le sais ?

- Parce que notre sang est constitué de magie. Entre nous, nous ne l'utilisons que très peu sauf dans l'arène. Mais quand un étranger s'aventure dans la cité, certains n'hésitent pas à les manipuler. »

Alexandre fut étonné de l'aisance avec laquelle il parlait sa langue. Il se rapprocha et lui frôla le coude pour lui demander de se tourner. Le géant le rabroua d'un mouvement de bras mais se retourna quand même. Il était magnifique, d'une beauté brute et dangereuse qui mit le feu au sang d'Alexandre. Lui aussi avait les cheveux de feu, longs également et maintenu en chignon tressé. Son visage était anguleux et ses joues creuses mettaient en avant des pommettes saillantes et des lèvres charnues d'un bleu plus claire. D'ailleurs sa peau était d'un bleu plus clair que celle des autres géants. Son corps était long et musclé, élancé comme un coureur mais aux épaules larges de quelqu'un qui savait évoluer dans l'eau. Il portait un pantalon de bandes de cuir qui moulait ses jambes puissantes à l'exception d'une ouverture triangulaire sur les côtés de ses cuisses qui descendait jusqu'au genou.

« - Tu n'es pas mal non plus. Se moqua le géant en le détaillant encore une fois. »

Alexandre, prit sur le fait, sentit ses joues chauffer mais ne voulut pas encore être la victime d'une quelconque moquerie. Il l'ignora donc du mieux qu'il put.

« - Tu parles bien ma langue contrairement aux autres.

- Ne te méprends pas sang-mêlé. Beaucoup de Jotün parle ta langue mais peu seront disposés à se faire comprendre tant que tu n'auras pas trouvé ta place. »

Alexandre se sentit blessé d'être ainsi rejeté par une personne qui avait été prévenante quelques minutes auparavant. Mais comme à chaque fois que le jeune homme était blessé, il sentait sa rancune prendre le dessus et s'éloigna pour admirer l'arène dont les sculptures retraçaient une histoire.

« - Où vas-tu, il est dangereux pour quelqu'un de faible de traîner seul.

- Trouver ma place, connard ! Lui cria-t-il par-dessus son épaule et s'en alla en entendant vaguement la réponse du rouquin. »

L'arène était splendide. Ses pieds ne faisaient aucun bruit sur le sol de marbre noir et seul sa respiration brisait le calme du lieu. Le pourtour de l'arène étaient faites de colonnes imposantes soutenant de hauts gradins d'un millier de places. Et devant chaque colonne se trouvait une statue de géants combattants, chacun avec des armes différentes. Il les regarda une par une et s'imprégna des détails de chacune d'elles. Aucun des guerriers n'étaient identiques, ce qui voulait dire qu'il s'agissait probablement d'anciens combattants qui s'étaient illustrés. Quand il fut arrivé à l'extrémité du stade, il entendit des bruits et des grognements. Sa curiosité l'emportant encore une fois, il s'approcha et jeta un œil par la porte l'immense porte ouverte. Une dizaine de géants de toutes tailles et de toutes masses s'entraînaient ensemble. Certains se défiaient avec des armes, d'autres s'acharnaient à la lutte ou encore d'autres s'occupaient de trouer des cibles de leurs flèches. Il ne parvenait pas à détourner les yeux malgré sa peur de se faire prendre jusqu'à ce qu'une barrière de peau bleue recouverte d'une toison brune ne lui bloque la vue.

Il releva le visage vers celui du géant qui le toisait et ne comprit pas un traître mot de ce qu'il lui dit lorsqu'il lui parla. Il blêmit, ce changement de couleur se voyant sur sa propre peau d'un bleu plus foncé, ce qui fit ressortir ses lignes claniques. Le géant sourit en devinant à qui il avait à faire et tendit le bras pour le faire entrer dans la cour d'entrainement des combattants.

Le jeune géant avait tellement peur qu'il en claquait des dents suivant l'inconnu jusqu'à un immense feu à l'écart. Il le fit s'asseoir et lui donna une chope d'un liquide blanc et nacré. Sacha le renifla mais ne sentit qu'un filet aigre qui ne lui donna pas du tout envie d'y gouter mais quand les autres guerriers s'approchèrent en se servant eux-même une chope, il comprit qu'il n'y échapperait pas. Presque tous les géants s'étaient désormais approchés, souriant ou curieux. Alexandre remarqua tout du moins quelques autres qui restaient volontairement en retrait et le sondaient d'une façon sombre. Comme jaugeant un ennemi.

Des mots fusaient de ci de là sans que le pauvre jeune homme n'en comprenne un moindre mot puis quand un blanc s'installa, il devina qu'on attendait de lui qu'il parle. Il se leva, les genoux quelques peu tremblant et ... mon dieu ... là où habituellement il dépassait les autres, ici, il faisait parti des géants les moins imposants. Il déglutit et tout en triturant sa choppe tenta de dire quelque mot dans sa langue. Son espoir d'être comprit fut réduite à néant quand un géant pencha la tête sur le côté.

Il sourit et d'un haussement d'épaule, leva sa chope et la but d'un coup. Quitte à ne rien dire autant faire quelque chose qu'ils approuveront. Le liquide épais descendit sa gorge, laissant une traîné doucereuse et profondément abjecte. Il prit cependant sur lui de poser la chope avant de toute revomir dans un bac qu'il trouva à proximité. Un grognement accompagne son geste, ce bac devait avoir une tout autre utilité ...

Soudain, alors qu'il relevait un visage larmoyant, il aperçut son géant de feu debout devant l'immense porte. Il ricanait et parlait aux autres qui visiblement étaient globalement content de le voir.

« - Vous allez l'effrayer ! Plaisanta-t-il cette fois en langue midgardienne, ce qui permit à Alexandre de reprendre pied.

- On fait juste rire un peu, enchérit un géant trapu aux tatouage d'un rouge sombre sur les épaules et les bras. Tu aurais dû le voir, on entendait presque le claquement de ses genoux !

- Tu ne crains pas de te moquer d'un fils de prince ? ricana le rouquin en prenant la chopine qu'on lui proposa.

- Et toi, Lydr, tu as une idée de l'odeur qu'à ton fils de prince en ce moment ? Lui répondit le géant en le poussant gentiment de l'épaule. »

Lydr s'assit autour du feu et étala ses longues jambes devant lui. Le sang d'Alexandre accéléra sa course dans ses veines. Il imaginait très bien les avoir autour de son cou , bien ancré sur ses épaules pendant qu'il ...

MAIS A QUOI JE PENSE ?!

Alexandre baissa le regard aussi vite qu'il put avant de croiser ceux de Lydr ... Quel prénom ravissant à prononcer ...

« - C'est le moment où jamais de le cueillir Lydr. Gronda un géant en face de lui. »

Tout était flou dans la tête d'Alexandre. Il avait chaud, probablement à cause de l'alcool. Et son nez était envahi de nombres d'odeurs, certaines désagréables et d'autres non. Mais une ressortait du lot car elle lui donnait envie de rester dans une bulle cernée par elle. Elle imprégnait ses sens et lui donnait l'impression d'être chez lui. Le feu de bois et le cèdre. Un savoureux mélange.

« - Remarque, Lydr, si tu ne veux pas de lui, je crois sentir qu'un ou deux autres ne le refuseraient pas. Rit le géant à la forte toison brune. »

Alexandre voulut se lever mais ses jambes le lâchèrent. Heureusement le géant brun le rattrapa et le reposa sur le banc bien calé contre une poutre.

« - Reste là gamin, laisse l'alcool se calmer. Après tu pourras te lever.

- Quelle idée de lui donner de ton grog, Kerou. Lui dit Lydr. Vous savez tous pour son sang midgardien.

- Enfin, Lydr, un grand gaillard comme lui ! Même toi, tu tiens le coup.

- Oh, je me moque de ce qui peut lui arriver, mais si sa mère l'apprend, je ne donne pas cher de ta peau ! »

Un murmure retentit dans la petite assemblée et ils frappèrent leur torse en rythme. Confus, Alexandre les imita.

« - Tu n'es pas obligé de le faire, gamin. Tu es le seul avec le roi à ne pas avoir à saluer ta mère. Lui expliqua Kerou calmement.

- Müma ? Tu es là ? hoqueta Alexandre. »

Les géants rirent et Lydr se leva pour se rapprocher de Sacha. Il lui prit l'épaule et l'aida à se lever.

« - Je crois que je vais l'aider à rentrer. Il sera mieux là-bas qu'entouré de votre joyeuse bande.

- Tu cherches surtout un moyen de t'isoler avec lui ! Se moqua ouvertement Kerou en le rabrouant une nouvelle fois. Je n'ai jamais senti une telle odeur chez un géant ! »

Puis comme les choses ne peuvent jamais bien se passer. L'un des géants qui se tenait jusqu'alors à l'écart fendit le groupe et poussa Lydr assez fortement pour que celui-ci doive se retenir à Kenou malgré la puissance de ses jambes.

« - Que tu parles de l'héritier, passe. Que tu le côtoies parce ton père soit notre général, passe. Mais n'oublie pas d'où vient aussi ton sang, Lydr. Cracha le géant. Tu n'es pas digne de le toucher. »

Le géant se tenait devant Alexandre. De taille similaire, le bleu de sa peau virait légèrement sur le vert et ses cheveux coiffé en crête oscillait entre le bleu et le gris. Quand il se retourna, Alexandre put voir ses crocs dépasser des ses lèvres et son nez épaté tacheté d'un vert encore plus sombre.

« - Veuillez l'excusez, votre altesse. Il ne connait toujours pas sa place.

- Nul besoin de t'excuser à ma place, Sriva. Je sais très bien où elle se trouve. Mais ce n'est pas à toi de décider de qui le touche ou non. »

L'odeur qui émanait de Sriva n'était pas désagréable mais Sacha la trouvait particulière. Une odeur de foin et de cendre. Cette agitation momentanée lui ramena les pieds sur terre et il sentit que l'alcool avait désormais moins d'emprise sur lui.

Sacha vit Lydre serrer les poings et son visage afficher une tristesse non feinte mais aiguisé d'un toute autre sentiment : la hargne. Il reporta son attention sur le géant dénommé Kenou.

« - Je vous remercie pour votre accueil, mais je n'aurais pas dû vous déranger dans votre ... entrainement ?

- Tu nous as rendu honneur en venant ici, jeune Prince. Le rassura Kenou. Nous sommes les gladiateurs du roi et ses soldats d'élite. Pardonne-nous de nous être joué de toi mais la tentation était trop grande. »

Les géants se frappèrent de nouveau le torse en fixant Alexandre. Décidemment, il n'était pas certain de s'habituer à sa fonction. Il se retourna vers Sriva et lui posa la question qui le démangeait.

« - Pourquoi Lydr (Dieu que le mot était doux sur sa langue) n'aurait pas le droit de s'approcher ou de me toucher ? »

Sriva jeta un coup d'œil à Lydr avant de répondre.

« - Vous ne devez pas encore le savoir comme vous êtes arrivé ici il y a peu mais ...

- Sriva, mesure tes paroles. Dit un autre des géants. »

Les autres géants restés dans l'ombre ricanaient et admiraient la scène en se délectant de la réaction du jeune Lydr.

« - Ne prends pas sur toi de le lui dire, Sriva. Grogna Lydr avant que l'autre n'ait ouvert la bouche. Il le saura tôt ou tard. Votre altesse, continua-t-il en s'adressant cette fois à Sacha, par ma mère, mon sang est souillé d'une union interdite. »

Alexandre fronça les sourcils.

« - En quoi cela me concerne-t-il ? Tu n'es pas responsable de ce qu'on fait tes parents.

- Pas ses parents votre altesse, en profita Sriva. Ses grands parents étaient tous deux frères et de leur union est née sa souillure de mère. »

Sriva semblait ravi de l'avertir de ce détail. Lydr quant à lui avait blêmit et continuait de regarder Sacha, la hargne remplacée par une blessure profonde. Il s'approcha de Sriva en grognant mais fut stoppé par Kenou.

« - Je t'interdis d'insulter ma mère ! Cracha Lydr.

- Ou sinon quoi, Lydr ? Tu vas me défier ? »

Sriva bomba le torse et gonfla ses muscles. Il était bien plus imposant que le jeune géant. Puis l'odeur de cendre emplit l'ensemble du lieu et Lydr en eut un haut le cœur. L'odeur de bois et de cèdre disparut au grand damne de Sacha qui fut saisit par l'horreur des paroles de Sriva.

« - Tu ferais mieux d'écarter les cuisses comme ta putain de mère. Je me ferais un plaisir de répondre à ton appel. Continua Sriva en miment un coup de hanche provocateur à Lydr qui le fusillait du regard.

- Sriva, c'est le dernier avertissement. Tona Kenou. »

Visiblement, Kenou tenait le rôle de chef d'équipe et Sriva cracha vers Lydr avant de se détourner. Mais il se stoppa net.

Le regard rubis d'Alexandre vibrait de colère. Ses lignes claniques ressortaient clairement et il sentit gonfler en lui une envie dévorante de remettre ce Sriva à sa place. Il s'avança lentement vers le géant qui s'était rapproché de ses compères cachés dans l'obscurité du stade.

« - Retire immédiatement ce que tu viens de dire. Gronda-t-il. »

Ses longs cheveux longs fouettaient l'air derrière lui et s'il suivait son instinct, il aurait bien volontiers étranglé ce connard avec !

A chaque pas, le sol craquelait sous lui mais il ne s'en rendit compte que quand il entendit le craquement du marbre en pénétrant dans l'arène. Cependant, la colère qu'il ressentait primait sur tout autre sentiment et il ne restait que lui et ce déchet à tuer.

Tuer ? Pensa Sacha. Punir ! Il avait remarqué que sa forme de Jotun exacerbait ses sentiments, les rendant plus fort, plus violent.

« - Votre altesse ... Tenta Sriva en courbant la nuque.

- Présente tes excuses. Gronda la voix de Sacha. »

Il sentit le grognement remonter de son ventre jusque dans sa gorge. Il serra les poings et l'air déjà froid se mit à mordre. Cela ne fit aucun effet aux géants mais ce froid s'accompagnait d'une magie qui épaississait l'air et saturait la respirations. Il pouvait sentir des crépitements dans ses membres et une certaine excitation le stimuler au point où toute gène, toute honte avait disparut de lui. Comme quand il avait déclaré ses sentiments à Jake. Alors qu'il ruminait depuis des mois, il avait soudainement ressenti le besoin urgent d'en parler à son ami puis avait eu lieu sa transformation.

Comme les excuses tardaient à venir, il frappa du pied au sol et envoya voler une multitude d'éclat de marbre. Puis il tenta de saisir Scriva par la gorge. Ce dernier recula au dernier moment et frappa la main d'Alexandre avant qu'il ne l'ai touché. Il vit rouge. Un grondement mauvais sorti de sa gorge et comme un animal (de son point de vu), il montra les crocs avant de foncer sur le g éant impudent qui osait désobéir.

L'adolescent au fond de lui était littéralement en larme devant autant d'inconscience de sa part. Mais qu'est-ce que je fais ??? il va me tuer !

Son esprit n'était que chaleur et senteur boisée. Tempête de feu et tâche de son. Regard de tristesse. Il allait lui faire passer l'envie de dire du mal de Lydr. Scriva entra pleinement dans l'arène suivi de près par Alexandre. Le gladiateur, plus expérimenté, fit apparaître une épée de glace et fendit l'air pour atteindre Alexandre qui comme le lui avait appris Thor, fit apparaître un bouclier de glace. Il se brisa dès que l'épée le toucha, ce qui fit ricaner quelques géants. Ils savaient tous qu'il ne maîtrisait pas encore son corps et ne lui feraient aucune faveur.

« - Tu n'es rien, Altesse. Le roi ne t'a pas encore reconnu comme héritier et nous sommes tous libres de te défier pour cette place, hybride.

- Ne te prive pas, je me ferais un plaisir de te faire avaler ton épée. Puis j'offrirai ta tête à celui que tu prends plaisir à insulter. Grogna Alexandre, un rire rauque s'échappant de sa poitrine. »

Je suis devenu fou ... Pensa Alexandre. Je vais me faire tuer. Et pourquoi fait-il aussi chaud ?!

Il avait chaud, très chaud et il était ... en érection ?! Il avait honte de lui et pourtant il était également fier de le montrer. Chacun verrait qu'il ne fallait pas insulter Lydr et pourquoi.

Il ne comprenait pas pourquoi il agissait ainsi, il s'en mordrait les doigts plus tard mais sur l'instant il ne voulait qu'une chose : que Lydr voit à quel point il voulait le protéger. Il se retourna donc vers lui, un sourire fier barrant son visage. Il se tenait droit, de toute sa hauteur, ses cornes grimpant vers le ciel.

Mais contrairement à ce qu'avait espéré le jeune Jotün, Lydr le regardait avec colère. Il le fusillait du regard et quand ses yeux tombèrent sur la turgescence de Sacha, il tiqua. Ce n'était pas la réaction qu'il avait espérée ... heureusement, l'odeur boisée flottait dans l'air et le détendait. Il expira intensément et plusieurs géants eurent des hauts le cœur en quelques secondes.

« - Dans quelques jours auront lieu des jeux en votre honneur. Nous espérons que vous ne vous contenterez pas de les regarder ... persiffla Scriva avant de quitter les lieux, suivi par les géants qui pensaient de la même façon. »

Lydr le fixait en grognant.

« - Tu es content de toi ?! Cria-t-il. Tu m'as ridiculisé !

- Calme-toi, tenta Kenou, il t'a protégé. Tu devrais remercier ton altesse. »

Lydr serra les dents et détourna le regard mais ne dit rien. Au grand damne de Sacha qui avait juste voulu le défendre.

« - Notre futur souverain est courageux. Commenta un autre jotün plus jeune que Kenou. J'ai hâte de le voir aux jeux ! »

Maintenant que la pression était retombée, Alexandre prenait seulement l'ampleur de ce qui s'était passé. Il avait défendu Lydr, il avait bandé pour lui, on l'avait défié, il avait accepté. Conclusion : il allait mourir de honte avant de mourir dans l'arène.

Il replaça son pagne pour cacher son sexe du mieux qu'il put puis il commença à longer les murs jusqu'à rejoindre Lydr qui ne lui jeta même pas un regard.

« - Je vais raccompagner sa jeune altesse et son jeune fauve. Je dois parler au capitaine et au roi. Entraînez-vous jusqu'à mon retour. »

Lesjotüns restant se mirent immédiatement à l'œuvre. Quant à Kenou, il ne pensa qu'àune seule chose jusqu'à la demeure de Jagrül : il était sacrément dans la merde.

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