Chapitre 15.1

Le claquement des deux sabres contre la cuisse de Thalya résonnait dans le réseau souterrain caché derrière la façade apparente de la Carrière. Des couloirs la transcendaient de haut en bas, se rassemblaient en de petites salles rocheuses, point de rencontre des mineurs et remontaient à la surface. Ou du moins autrefois. Le temps, les précipitations et les coups répétés du vent furieux avaient peu à peu élimé les sorties et des pans entiers de plafonds s'étaient écrasés au sol, rendant une entrée presque impossible.

Thalya avait découvert ces passages en tant qu'enfant, mais ne s'y était pas souvent risquée à cause des histoires sur les fantômes des travailleurs égarés morts dans le corps de la Carrière sans une bonne âme pour les soutenir dans leur voyage.

À présent, elle les explorait, affreusement consciente des tonnes de pierre qui la surplombaient. Le repère de l'Ecole ne pouvait rester en place depuis l'inspection des soldats, même si, Elésir soit louée, tout le monde avait réussi à déguerpir avant l'arrivée des soldats. Alors qu'elle s'était mis en tête de trouver un nouveau quartier général, l'idée de la Carrière lui était rapidement venue à l'esprit.

La plante de ses pieds glissait sur le sol lisse, nue, libre de toute contrainte. À chaque frôlement, une nouvelle image de la caverne se dessinait devant Thalya et l'aidait à s'orienter. Sa perle, sage, n'apparaissait pas. L'énergie qui bouillait dans son corps s'épuisait à chaque caresse avec la terre, mais était rapidement remplacée par une inspiration rédemptrice. Le Flux mélangé à l'air coulait de ses poumons jusqu'au sang et régénérait ses forces à chaque seconde.

Thalya connaissait la configuration des lieux, mais voulait surtout s'assurer que les plafonds renforcés il y a des années de cela ne lâcheraient pas juste au-dessus de la tête de ses camarades. Du sommet de la Carrière, à l'air libre, tout lui semblait stable, mais elle devait réduire la distance entre l'endroit à analyser et elle pour s'en assurer.

L'obscurité complète ne lui faisait pas peur. La nuit et son noir redoutable s'étaient liés d'amitié avec elle depuis longtemps déjà. Tandis que son sixième sens s'étendait comme des centaines de minuscules tentacules autour d'elle, la jeune fille avançait avec fermeté, ne s'arrêtant que pour poser sa main sur un des piliers porteurs du souterrain. Son esprit fusionnait alors avec la roche, s'immisçait dans les couches sédimentaires.

Ici, une brèche. Thalya fronça les sourcils, se concentra sur la source de son pouvoir. Il ne devait pas lui échapper. Elle la colmata sans grande difficulté, toute son attention dirigée vers sa réserve d'énergie qui baissait à chaque souffle. Puis, elle reprit sa route dans cet endroit qu'elle devinait presque féérique.

Dans la partie inférieure de la Carrière, les souterrains prenaient des allures de grottes. Des stalagmites montaient fièrement leur tour effilée vers la surface tandis que les stalactites, tels des amants en manque de tendresse tendaient vainement leur bras calcique vers leur moitié. Thalya se demanda quel spectacle lui révélerait ces cavernes une fois qu'elle aurait amenée quelques Sijites pour rendre l'espace habitable.

Sa mine s'assombrit à la pensée de son rival et une douleur familière lui noua l'estomac. Il aurait probablement approuvé la cachette, mais aurait insisté pour venir avec elle. La jeune fille soupira, chassa la pensée trop douloureuse comme on chasse une mouche et essuya la sueur qui perlait de son cou. Les agréables heures passées dans la pénombre, loin de l'agitation d'Istaldel la régénérait, mais il était temps pour elle de revenir à la surface ; Amelya l'attendait sûrement déjà.

Elle marqua la dernière caverne étudiée, puis reprit son chemin vers la surface. La vague idée de vérifier que personne n'était claustrophobe la troubla à peine alors qu'elle apercevait les rayons argentés de la pleine lune souiller la noirceur ambiante. Amara ne viendrait probablement jamais ici, de toute façon.

Après avoir rampé sur les derniers mètre, Thalya déboucha enfin dans un des replis de la Carrière et contourna le rocher qui lui bouchait la vue pour découvrir les cheveux bleus d'Amelya flotter dans les successions de bourrasques, tel un drapeau de mélancolie. La Championne lui fit signe de la rejoindre, ce que son amie fit sans discuter. Ses gestes efficaces lui permettaient de s'élever sans le moindre effort apparent.

— Pourquoi se voir en pleine nuit ?

— Les oreilles indésirables se cachent dans les foules. Tu as bien pris les Sijites portables ? Parfait. Suis-moi.

Les deux jeunes filles repartirent dans le tunnel que Thalya venait de franchir en sens inverse. Amelya se laissa guidée dans l'obscurité sans broncher, même si un frémissement involontaire la trahit quand la main fraîche de Thalya s'empara de la sienne, chaude et moite de sueur.

— C'est ici qu'on va installer notre quartier général ?

— Oui, mets la Sijite ici, dit la Championne en lui indiquant une niche qu'elle avait repérée auparavant. Et active-la, s'il te plaît.

La pression autour du bras d'Amelya s'évapora. La jeune fille se retourna, pétrifiée de ne plus sentir le contact amical. Elle tourna la tête plusieurs fois, comme pour essayer de distinguer des détails dans la pénombre quasi-totale. Le bruissement d'un tissu dans l'air la fit sursauter, mais, après une dernière hésitation, elle ne s'en préoccupa pas et s'activa à obéir aux ordres de Thalya.

La lumière brillante de la pierre l'éblouit. L'ovale bleuâtre était probablement encore inscrit dans sa rétine lorsqu'elle se retourna pour apercevoir une sombre silhouette vêtue d'une cape noire et au visage recouvert d'un masque distinctif au long bec acéré.

Personne ne pouvait deviner la cascade d'émotion qui traversa la pâle figure de la jeune fille en apercevant le légendaire personnage. Une rougeur éclot enfin sur ses joues. Le Corbeau Noir s'inclina en une courbette ironique.

— Pour vous servir, mademoiselle.

Alors que les fils du secret n'auraient pu être plus visibles, un étonnement naïf trancha le masque d'impassibilité d'Amelya lorsqu'elle reconnut la voix légèrement rauque qui emplit son cœur d'adoration sans borne.

— Depuis le début...

Thalya se défit du faciès de l'oiseau royal, un sourire discret sur ses lèvres. Elle s'était rendu compte que garder son identité secrète lors d'une expédition s'avérerait très compliqué et que certains membres du groupe devaient être en mesure de la soutenir si nécessaire. Le problème avait été rapidement tranché : Amelya s'était montrée sa plus loyale compagne, dans n'importe quel conflit, même si Mika, par exemple, se montrait plus efficace.

— Qui d'autre est au courant ? demanda enfin la fille aux cheveux bleus, comme pour meubler le silence qui reprenait ses droits.

— Mon frère et Verince. Mais je crois que Lory a déjà deviné depuis longtemps.

— Verince... !

L'acidité de la jalousie s'infiltrait tel du poison dans son exclamation instinctive. Heureusement que la Championne avait volontairement omis de nommer Amara.

— Il l'a découvert par accident, trancha Thalya. Je ne comptais le dire à personne. J'aurai besoin de toi quand on s'attaquera à la Ruche, demain.

— Pourquoi si tôt ? s'étonna Amelya tout en cachant avec maladresse le plaisir évident d'avoir été choisie parmi le reste de la Bande de Drasil.

— L'albinos sera parti. On compte sur la lenteur de réaction des soldats en son absence pour réussir. Il n'y aura pas de seconde chance, il faut compter sur le facteur de la surprise.

Thalya n'avait pas besoin de demander si Amelya la seconderait dans cette tâche, ce serait même l'insulter. Le dévouement de son amie dépassait les limites de la rationalité depuis que la Championne lui avait sauvé la vie.



Note de la Créatrice

Des avis, des réactions ?

Un chapitre un peu court pour une publication si tardive, mais j'ai dû laissé mon ordi de côté pendant un certain temps, et mes rares heures de temps libre ne s'entrecoupent pas avec mon accès fragile au wifi. xD Les deux prochains chapitres devraient être plus longs, et ne devraient pas autant tarder.

if (Elly == régulière) {

cout <<  "À la semaine prochaine !" << endl;

} else {

cout << "À dans un jour aléatoire qui  fait partie de l'ensemble E t.q. E = le prochain mois" << endl;

...

Oui, j'ai commencé la programmation. Et oui, ça m'amuse, surtout si je peux écrire n'importe quoi dans les séries. J'ai même un dossier "Lyric trash" sur le compte de l'école pour stocker mes bêtises.

cout << "Arriverderci" << endl;

publié le 06.10.19





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