12
J'ai réellement besoin de voir un psy. Au départ je ne voulais pas. Parler avec une personne que je ne connais pas -non parler n'est pas le mot, c'est plutôt se confier- n'est pas une mince affaire. Mais je sais que ça m'aidera beaucoup.
Mon père a le pied dans le plâtre. On était tous les trois rentrés à la maison le jour même. Maman et lui se sont réconciliés même s'ils n'ont pas eu besoin d'en discuter.
L'accident de mon père a permis à ma mère de lui pardonner. Je ne sais pas comment mais elle lui a pardonné. Pour ma part, je ne lui en veux plus, plus tellement. Mais j'ai du mal à lui parler comme avant, comme si de rien n'était. Il me faut une discussion mais je ne sais ni par où commencer ni quand je dois l'approcher.
La situation me perturbe assez. Encore plus depuis que j'ai vu ce garçon à l'hôpital. Je n'ai jamais dit à mes parents que j'avais des remontées de souvenirs, pas parce que je ne le voulais pas mais plutôt parce que je n'y arrivais pas. Mais garder tout ça en moi m'empêche d'avancer alors j'ai pris une décision : j'irai voir un psy.
Mais comment m'y prendre ? C'était la question qui me tourmentait. J'ai encore du mal à m'exprimer, je ne sais donc pas comment le dire à mes parents.
- tout va bien Harley ?
Je lève les yeux pour apercevoir mon père debout grâce à ses béquilles. Je lui lance un bref sourire comme pour dire que tout allait bien même si c'est un sacré boucan dans ma tête.
- tu es sûre ?
Hésitante, j'acquiesce tout de même.
- bon si tu le dis, finit-il par dire après quelques secondes de silence
Il tourne les talons. J'avais soudainement eu envie de lui parler, de lui avouer le fond de ma pensée comme s'il n'y aurait plus d'occasion pour que je le fasse.
- papa... Euh... En fait, j'ai une... demande à faire
- je t'écoute chérie, dit-il attentif, un sourire rassurant sur les lèvres
Je baisse la tête, je garde le silence. C'était presque irrépressible. Comme si ne pas m'exprimer était devenu... une habitude. Je prends une grande inspiration et je me lance.
-j'ai besoin de voir un spécialiste
Un peu surpris, il se contente d'entrouvrir la bouche.
- tu veux dire un psychologue ou un psychiatre ?
- c'est ça, dis-je un peu honteuse
Il prend le temps de réfléchir.
- on va en discuter ta mère et moi mais pour ma part si ça peut t'aider à te sentir mieux, je suis d'accord.
Je souris à mon père.
Le soir venu, lors du dîner, mes parents et moi avions parlé :
- ton père m'a dit que tu voulais voir un psychologue, dit ma mère avec douceur
- oui, je pense que... Ça m'aiderait beaucoup, dis-je les yeux baissés.
- on en a discuté et on a décidé de demander au Dr Martin de nous fournir un psychologue. Dit mon père
Je souris et les remercie joyeusement. Je sais que ce n'est pas facile pour mes parents d'entendre que je voudrais me confier à d'autres personnes qu'eux mais je suis certaine qu'ils comprennent mon ressenti.
Finalement, le Dr Martin nous avait fourni une psychiatre. J'aurai une séance dès demain. Je suis contente mais un peu stressée.
Le lendemain, mes parents m'avaient ramenée devant un appartement qui servait peut-être de salle de séance pour la psychiatre.
On a sonné à la porte et c'est une femme, au long cheveux noirs de jais et aux yeux noisettes qui nous ouvrit. Elle portait un tailleur gris et des escarpins noirs.
- bonjour, vous devez être les Harper !
- bonjour, vous êtes sûrement le docteur Alma ! Répond mon père
Il tend sa main et se présente.
- enchanté ! Renchérit-il après sa présentation
- je suis Catherine, ravie de vous rencontrer. Ajoute ma mère en lui tenant la main
- de même, répond la psychiatre en souriant
- et voici Harley, votre nouvelle patiente ! Dit ma mère en me poussant légèrement vers l'avant
- bonjour, dis-je timidement en baissant les yeux
- bonjour Harley ! Je suis heureuse de prendre soin de toi ! J'espère pouvoir t'aider le plus possible !
Mes parents s'en vont. Dr Alma m'emmène dans -ce qui semblait être- son salon. Elle m'invite à m'asseoir et se place sur le fauteuil en face de moi. Elle dégaine son bloc-note et se prépare à prendre des notes. La voir aussi déterminée ne fait que m'angoisser encore plus.
Des questions commencent à germer dans ma tête : et si elle en parlait à mes parents ? Et si elle ne me comprenait pas ? Et si c'était moi qui m'exprimais mal ?
- pour commencer Harley, je vais te rassurer sur quelques points. Commence-t-elle avec un regard franc et un sourire tendre
J'acquiesce faiblement et esquisse un air attentif.
- tout ce qui se déroulera ici, c'est-à-dire tes confidences, nos activités etc... restent ici. Je n'accorderai aucun mot à tes parents. Il y a ce qu'on appelle secret professionnel. Je ne leur dirai que ce qu'ils doivent savoir.
- c'est-à-dire ?
- par exemple, s'ils doivent changer un comportement qui portent atteinte à ta santé.
- je vois...
- ensuite, je ne vais pas t'obliger à parler. Tu peux te confier ou pas. Mais, il serait préférable que tu me racontes ce que tu vis, c'est important d'en parler. Tu sais, notre corps est comme un vase qu'on remplit d'eau. À un moment, l'eau peut déborder. Si on bloque la sortie, le vase peut exploser. C'est pareil pour les émotions humaines. Si on garde tout en nous, on peut facilement se briser de l'intérieur. Et contrairement au vase, nous, on ne peut pas être réellement réparés.
- je... je vais essayer mais c'est encore compliqué pour moi.
- et c'est normal. Ton dossier est vraiment très intéressant Harley et je t'avoue que ce ne sera pas facile mais ne t'en fais pas, tout ira bien.
- d'accord...
Le Dr Alma a un petit je-ne-sais-quoi qui fait qu'elle est rassurante. Elle est patiente et très douce.
- bon, pour commencer tu vas me dire comment tu te sens ces derniers temps.
Comment je me sens ces derniers temps ? Moi-même je l'ignore. C'est difficile à décrire. Mais si je dois poser un mot dessus, ce serait...
- perdue. Je me sens perdue.
- très bien. Parle m'en un peu plus
- depuis que je suis sortie de l'hôpital, j'ai l'impression de ne plus faire partie de ce monde.
- c'est parce que tu t'es réveillée d'un coma, tu as passé beaucoup de temps inconsciente alors il est normal que quand tu te réveilles tu as l'impression d'être dans un monde inconnu
- et... comment je fais pour changer ça ?
- ne t'en fais pas, ça s'arrangera petit à petit. Cela ne fait que quelques temps que tu es sortie du coma, tâches juste de t'exprimer de temps à autre ou de visiter la ville à tes heures perdues.
- d'accord...
Le Dr Alma est quelqu'un de vraiment solaire. Elle est très compréhensive. Je sens qu'avec elle à mes côtés, je vais pouvoir avancer.
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Ça fait 9 mois depuis que j'ai publié le chapitre 11. Je me demande si ceux qui ont lus cette histoire s'en souviennent quand même 😅.
J'espère que ce chapitre vous a plu ! Pardon pour les fautes d'orthographe et les éventuelles incohérences !
Prenez soin de vous et que Dieu veille sur vous !
Lilicorn 🦄
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