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Les parents se disputent souvent, assez pour qu'on finisse par se dire que c'est normal. Les causes sont nombreuses. Ils peuvent se disputer pour un rien -le plus fréquent-, il peut s'agir de tromperie ou plutôt d'une suspicion de tromperie -causée par le manque de confiance envers le ou la partenaire et la jalousie-, et enfin cela peut être une cause spéciale.
Dans mon cas, je ne pense pas que mon père ait trompé ma mère, et s'ils s'étaient disputés pour rien ce ne serait pas aussi grave au point que ma mère lui ait demandé de partir donc c'est une raison spéciale et je pense que cette raison c'est moi. C'était une simple intuition.
Cela faisait 2 semaines que je n'avais pas vu mon père. On parlait par texto de temps à autre -je lui demandais souvent quand il allait rentrer- mais ce n'était pas pareil, ça ne me suffisait pas.
Et si c'était vrai ? Et si c'était réellement moi qui en était la cause ? Qu'est ce que je suis censé faire dans ce cas ?
Ma mère avait commencé à me laisser plus de liberté ces derniers temps. Je pouvais sortir pour acheter le pain, aller à la bibliothèque ou même au cinéma. Le seul soucis c'était que je n'avais toujours pas récupéré l'usage de la parole. Mais ça ne me gênait plus trop tant que ça, j'y étais un peu plus habituée.
Je repense souvent à ce qui s'était passé au centre commercial, quand j'étais restée dans les toilettes tandis que Ginny avait failli me découvrir. Je me demande parfois ce qui se serait passé si elle avait réussi à ouvrir la porte.
Je m'imagine nos retrouvailles : une minute de silence puis elle qui prendrait son air supérieur et qui me regarderait pitoyablement, moi qui ferais une crise d'angoisse sous l'effet de la panique et qui tomberais dans les pommes dans les toilettes. C'est un scénario qui aurait réellement pu se produire -heureusement que non-.
En y repensant, je crois que j'ai peur de retrouver mes amis du lycée. Oui, je me suis dégonflée. Je ne suis juste pas prête à les revoir -encore moins si je ne sais pas ce qui s'est passé- ça me ferait perdre mes moyens.
- chérie, tu me passe le sel ?
J'étais dans la cuisine entrain d'aider ma mère à faire le déjeuner. L'absence de mon père nous a rapprochées mais je me sens quand même.... incomplète. Je suis sûre que ma mère ressent la même chose.
On avait déjeuné dans le silence. Ce silence n'était ni pesant ni mal aisant, il était juste omniprésent.
- tu me diras un jour ce qui ne va pas avec papa ?
Dans le fond, je sais que je ne devrais pas lui en vouloir, parce que je ne connais pas ses raisons, qui sait ce que papa a fait, peut-être que je serais même d'accord avec elle. Mais de toute façon, ce ne sont pas mes affaires, même si ce sont mes parents. Je n'ai pas à m'en mêler même si l'envie me prenait.
- Harley, tu veux réellement en reparler ?
- non, laisse tomber
Oui je veux savoir -c'est certain- mais si c'est à cause de moi, vaudrait mieux pas que j'envenime les choses. Ça me rend quand même triste de les voir comme ça. Au pire même si je ne saurais pas pourquoi ils s'étaient disputés, je veux arranger les choses.
- je veux voir papa
- ce n'est pas une bonne idée Harley, il est préférable que tu prennes de la distance avec ton père.
- s'il te plaît, si tu ne veux pas me dire ce qui se passe, laisse moi au moins aller le voir pour prendre de ses nouvelles.
- mais vous parlez déjà par message
- tu sais bien que ce n'est pas pareil
- bon c'est d'accord, cède-t-elle en soupirant
Je la prends dans mes bras en signe de reconnaissance.
- je vais t'amener à lui, Dit-elle en se levant
- non laisse, j'y vais toute seule, va te reposer
- je ne suis pas fatiguée et de toute façon je ne me le pardonnerais jamais s'il t'arrivait quelque chose !
- ne t'inquiètes pas, s'il y a un truc qui ne va pas je t'enverrai un message !
- donc tout ira bien ?
J'aquiesce tout en lui offrant un sourire histoire de la convaincre.
- bon ok mais reviens saine et sauve.
- promis
Je mets un haut noir recouvert par un sweat gris oversize, et un justaucorps noir. Je chausse mes converses puis sors de la maison après avoir lancé un bref signe à ma mère.
Papa m'avait déjà dit -dans un de ses messages- où il séjournait. C'était dans un hôtel quatre étoiles dans le nord de la ville. Je compte bien lui faire la surprise. Je ne veux pas me mêler de leur dispute -même si je soupçonne déjà mon inclusion- mais je veux juste comprendre les choses. C'est dans ma nature d'être curieuse.
Je descends du car que j'avais tantôt pris, traverse la rue puis arrive dans le hall de l'hôtel. Là, je vais devoir assumer mon mutisme. J'espère juste que ça en vaudra le coût.
Je prends mon carnet de communication à la main et je commence à écrire. Je m'approche de la réceptionniste et lui montre le carnet. Elle est surprise mais commence à lire. Elle m'indique la chambre de mon père tout en souriant. Je la remercie et prends l'ascenseur.
Finalement, je crois que ce n'est pas la mort de montrer mon mutisme aux autres. Il y a sûrement ceux qui me regardent avec pitié mais d'autres en revanche m'accordent un sourire chaleureux.
Le ding de l'ascenseur m'a permise de revenir à la réalité.
Je me trouvais à présent devant la porte de la chambre de mon père. Je frappe puis quelqu'un m'ouvre quelques minutes plus tard.
- Harley...? Fit-il en étant surpris, Harley !
Il me prit dans ses bras et me serra très fort.
Je lui donne des tapes dans le dos pour lui demander de desserrer sa prise, n'arrivant plus à respirer. Il finit par me lâcher tout en rigolant.
- je suis désolé, je suis juste content de te voir ! Viens entre.
Je lui souris et entre dans la chambre d'hôtel. Je m'asseois sur le lit et regarde autour de moi. Pas de doute c'est vraiment un chambre de mec. Il y avait des vêtements qui traînaient par terre aux côtés des restes de nourriture. Ce n'est pas très glorieux tout ça.
- tu reviens quand à la maison ?
- tu m'as déjà demandé ça par message Harley.
- je sais bien
- et je dis toujours que ça va s'arranger
- oui mais dis moi au moins ce qui se passe, est-ce que c'est à cause de moi ?
Mon père détourne le regard avant de s'agenouiller pour se mette à ma hauteur.
- non Harley, c'est la mienne. J'ai caché des choses à ta mère et tout particulièrement à toi. Dit-il les yeux baissés
Je ne réponds rien, ne sachant pas quoi penser de tout ça.
- ne te triture pas la tête pour ça, tu veux quelque chose à manger ? Ou à boire ? Demande-t-il en se levant
- un gâteau au chocolat et du thé infusé ? Écrivis-je en souriant bêtement
Mon père rit et acquiesce avant de saisir le téléphone pour commander ce que je voulais. Pendant qu'il était dans la salle de bain, je rangeais un peu le bazar qu'il y avait.
En faisant le ménage, je suis tombée sur une boîte sous son lit, par hasard. Je l'ai prise et en l'ouvrant, j'ai découvert plusieurs lettres qui m'étaient destinées.
A cet instant, alors que je n'avais encore rien compris, mon père est sorti de la douche et m'a vu, les lettres à la main. Son air avait changé, il était passé du soulagement à l'inquiétude et la panique.
- Harley, où as-tu trouvé ça ? Dit-il en s'approchant lentement de moi comme si je détenais une arme.
Je pose les lettres sur le lit et prends mon carnet de communication.
- tu pourrais m'expliquer pourquoi elles m'étaient destinées sans qu'elles ne me soient parvenues ?
- je... Je les ai interceptées pour que tu ne les reçoivent pas. Dit-il en ravalant sa salive
Quoi ? Est-ce que j'ai bien entendu ?
- ce sont des lettres de vœux de rétablissement venant de tes amis.
Papa, tu t'enfonces là et pas qu'un peu.
- je les ai cachés pour ton bien.
On m'a répété ça à plusieurs reprises. Mais qu'est-ce ce qu'ils s'en fichent de "mon bien" ! Ils se servent de ça comme excuse pour que je ne puisse pas m'en mêler davantage. Mais j'en ai marre qu'on me balance tout le temps la même excuse.
- ça suffit ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ? J'ai cru que mes amis m'avaient tourné le dos et qu'ils n'avaient demandé aucune de mes nouvelles et voilà que j'apprends qu'en fait tout ça c'est à cause de toi ?
- je comprends ta colère mais...
- laisse moi tranquille !
J'étais en colère mais surtout triste. Je suis triste qu'il ait fait ça. Je sens mes larmes monter, je sors de sa chambre et pars de l'hôtel. C'en est trop ! Ils peuvent me cacher mon passé et m'empêcher de découvrir la vérité si ça leur chante mais que mon père me prive des lettres de soutien de mes amis c'est inacceptable.
- HARLEY !!!! ATTENTION !!!
Quoi.....?
Et là, tout passe au ralenti. Je me fais violemment pousser par mon père qui ne souhaitait qu'une chose : me sauver la vie. Une voiture aurait pu m'écraser, moi qui étais obnubilée par ma colère et ma peine, mais mon père s'est fait reversé à ma place.
- papa.... papa... hé papa... je t'en supplie... réponds moi...
Ma voix était frêle et tremblait. Je ne m'étais toujours pas rendu compte de ce que j'avais réussi à faire tant je m'inquiètais. Je m'approchais du corps de mon père qui semblait inerte. Je le secoue. Rien ne se passe. Il ne respire plus....
- papa... papa... ne me fais pas ça ! Papa !
Autour de nous, les gens paniquaient, on avait déjà appelé les secours. Mes larmes avaient commencé à déferler sur mes joues.
- papa...! PAPAAAAAAAA !!!!
Fallait-il que je vives ça pour pouvoir retrouver ma voix ?
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Voilà le chapitre 10, j'espère que ça vous a plu 🙂. Merci d'avoir lu et n'hésitez pas à voter ⭐ ! Pardon pour les fautes d'orthographes 😅.
Bonne journée / soirée / nuit 🙂.
Lilicorn 🦄
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